Le Figuier de Nathanaël (suite)

Baptême du Christ, vitrail, église Saint-Denys, Arcueil (94)

Du bap­tême dans le Jourdain, et des jours qui vont suivre, saint Jean nous donne trois évè­ne­ments. Trois faits qu’à chaque fois il intro­duit par une expres­sion, alte­ra die… le jour suivant.

Trois répé­ti­tions qui dévoilent à saint Jean la per­sonne du Christ et com­ment le Christ cherche nos âmes. Trois évè­ne­ments qui l’ont mar­qué et qui sont, pour celui qui a dépo­sé sa tête dans le creux du côté du Christ, l’introduction aus­si bien de la vie inté­rieure que des mys­tères cachés du Sacré Cœur,

« Voici l’agneau de Dieu, voi­ci celui qui ôte le péché du monde ». C’est le regard de saint Jean-​baptiste sur Jésus. « Au milieu de vous se tient quelqu’un que vous ne connais­sez pas, avait-​il dit au Pharisien, quelqu’un qui était avant moi et qui vient après moi. » Le bap­tiste est le der­nier pro­phète. Les âmes qui l’ont sui­vi dans le désert se pré­pa­raient par un bap­tême de péni­tence à l’approche du temps de Dieu que les écri­tures avaient annon­cé. Il était la voix qui crie dans le désert et qui mon­trait au peuple de l’ancienne alliance la pro­messe de Dieu, la des­cen­dance d’Abraham.

« Je ne le connais­sais pas, mais celui qui m’a envoyé bap­ti­ser dans l’eau, m’a dit : Celui sur qui vous ver­rez l’Esprit des­cendre et repo­ser, c’est lui qui bap­tise dans l’Esprit Saint. » Je ne le connais­sais pas… Saint Jean-​Baptiste n’était-il pas pour­tant le fils d’Élisabeth, cette cou­sine que la sainte Vierge s’empressa d’aller aider, parce qu’elle était au sixième mois de sa gros­sesse, celle que l’on croyait sté­rile, parce qu’elle était fort avan­cée en âge pour mettre au monde ce fils annon­cé par l’ange. Et saint Jean Baptiste avant même que la Très Sainte Vierge n’ait salué sa cou­sine avait tres­sailli dans le sein de sa maman, parce qu’il avait été tou­ché par la grâce de la pré­sence réelle de Celui que por­tait la saint Vierge, comme le pre­mier ciboire de l’histoire de notre rédemption.

« Je ne le connais­sais pas ». Connaître Dieu tel qu’Il se connait, est un acte divin. Même si Jean-​Baptiste connais­sait la pro­phé­tie d’Isaïe sur le ser­vi­teur souf­frant, « sem­blable à l’agneau qu’on emmène pour être tué, sem­blable à la bre­bis muette devant ceux qui la tondent », lorsqu’il dit « voi­ci l’Agneau de Dieu », pro­non­cer dans la Vérité ces mots en dési­gnant Jésus n’était plus de l’ordre de l’intelligence humaine, mais de l’intelligence divine.

Pour avoir l’intelligence de Dieu, pour intel­li­ger, – intus legere – c’est à dire lire de l’intérieur Dieu, il faut un acte de Dieu en nous. Seul Dieu se connaît lui-​même et c’est tou­jours Lui qui se dévoile, c’est tou­jours Lui qui vient à nous. Il a fal­lu à saint Jean Baptiste, l’illumination de l’Esprit pour qu’il découvre en Vérité Jésus, l’Agneau de Dieu, celui qui s’offre à l’Éternel son Père pour tous les crimes des hommes… « et moi, je ne suis pas digne de délier la cour­roie de ses chaus­sures ».

La vie de saint Jean-​baptiste était d’être le héraut de Dieu, celui qui annonce et qui pré­pare la voie, mais qui n’est pas la voie. « Il y a au milieu de vous quelqu’un que vous ne connais­sez pas. » En mon­trant l’Agneau de Dieu à son dis­ciple, Il lui mon­trait com­ment il fal­lait regar­der le Christ, enfin… com­ment il fal­lait se lais­ser regar­der par le Christ.

En lui mon­trant le Christ, il lui mon­trait la Vie. Car la connais­sance de Dieu en Dieu est Vie, et voi­ci qu’elle vient à nous. Pour saint Jean, comme pour nous, Vivre, c’est trou­ver et entendre Celui qui vient. C’est n’avoir d’autre assu­rance que cette voix, ce signe ins­pi­ré par l’Esprit dans l’évangile qui nous montre le Fils de Dieu. La Vie chré­tienne est une vie inté­rieure, de silence et d’attente, et concrè­te­ment une vie non pas avec nous-​même, fas­ci­née par le moi, mais une vie d’intimité avec Jésus, l’autre de notre âme. « Qui aura per­du sa vie à cause de moi la trou­ve­ra », c’est une aven­ture que de suivre le Christ et de lui dire qu’on l’aime plus que nous même… A chaque fois, Il nous prend au mot. À suivre.