Pie IX

255ᵉ pape ; de 1846 à 1878

15 septembre 1851

Allocution consistoriale Quibus luctuosissimis

Où le Pape se fécile du concordat avec le royaume d'Espagne signé le 16 mars de la même année

Un concor­dat favo­rable est signé à Madrid le 16 mars 1851, entre le Saint-​Siège et le royaume d’Espagne, sous le pon­ti­fi­cat de Pie IX et le règne d’Isabelle II. Dans ce dis­cours pro­non­cé en consis­toire secret, le Pape se féli­cite de voir que ce concor­dat per­met d’ap­pli­quer la doc­trine catho­lique dans toute sa vigueur : la reli­gion catho­lique est recon­nue comme la seule reli­gion de l’é­tat, les cultes des fausses reli­gions sont inter­dits, les évêques d’Espagne jouissent du plein exer­cice de leur juri­dic­tion sans être entra­vés, ils jouissent du droit de cen­sure sur les livres reli­gieux, l’en­sei­gne­ment public ou pri­vé doit être enti­rè­re­ment conforme à la doc­trine catholique.

Vénérables frères,

Toute la terre connaît et vous connais­sez mieux que per­sonne les troubles et les cala­mi­tés, suite funeste de révo­lu­tions déplo­rables, qui ont agi­té, il y a plu­sieurs années, l’illustre nation espa­gnole, si dévouée à l’Eglise catho­lique et à ce Saint-​Siège. Vous savez aus­si quels maux graves et qu’on ne sau­rait assez déplo­rer en ont été la consé­quence pour les Eglises, les Evêchés, les cha­pitres et les monas­tères, pour tout le cler­gé et pour tout le peuple fidèle de ce vaste royaume ; quelle per­sé­cu­tion a sévi contre la reli­gion catho­lique, contre les sacrés Pasteurs et les autres ecclé­sias­tiques, et de quelles vio­lences ont été l’objet les droits les plus sacrés, les biens, les liber­tés de l’Eglise, la digni­té et l’autorité de ce Siège Apostolique. Vous n’ignorez pas non plus, Vénérables Frères, avec quelle sol­li­ci­tude, avec quel zèle, notre pré­dé­ces­seur Grégoire XVI, de sainte mémoire, s’efforça, par ses réclama­tions, ses plaintes, ses prières, et par tous les moyens en son pou­voir, de por­ter secours à la reli­gion dans ce pays et d’y répa­rer ses ruines. Elevé, mal­gré notre indi­gni­té, et par un secret juge­ment de Dieu, à la charge qu’occupait notre Prédécesseur, les pre­mières pen­sées de notre âme et nos pre­miers soins furent don­nés à cette nation si chère, afin d’y réta­blir les affaires ecclé­sias­tiques, autant que cela se pou­vait, d’une manière conforme à la règle des sacrés canons, et de gué­rir les bles­sures faites à cette Eglise. C’est pour­quoi, après Nous être assu­ré que cer­taines condi­tions et garan­ties impor­tantes et prin­ci­pales, d’abord pro­po­sées par Nous, avaient été adop­tées avec pro­messe de les obser­ver, condes­cen­dant avec joie aux ins­tances de Notre bien-​aimée Fille en Jésus-​Christ, Marie-​Isabelle, Nous envoyâmes, comme vous savez, muni des pou­voirs et des ins­truc­tions néces­saires, Notre Véné­rable Frère Jean, Archevêque de Thessalonique, pour rem­plir auprès de Sa Majesté Catholique les fonc­tions, d’abord de Délégat apos­to­lique, et plus tard celle de Nonce de ce Saint-​Siège, afin de trai­ter avec le plus grand soin et de faire abou­tir les affaires ecclé­sias­tiques de ce royaume. Vous vous rap­pe­lez, Vénérables Frères, que Nous avions sur­tout à cœur de pour­voir de pas­teurs légi­times les Eglises de ce royaume, si misé­ra­ble­ment veuves, depuis tant d’années, d’Evêques dignes de les régir, et que, par une pro­tec­tion particu­lière de Dieu et par les soins de Notre bien-​aimée Fille en Jésus-​Christ, Nous eûmes la joie d’atteindre ce but désiré.

Aujourd’hui Nous pou­vons vous apprendre que nos efforts pour régler les autres affaires sacrées et ecclé­sias­tiques de ce royaume n’ont pas été sté­riles, et que Nous le devons prin­ci­pa­le­ment à la bonne volon­té de Notre bien-​aimée Fille en Jésus-​Christ et au désir qu’elle a de pro­cu­rer le bien de la reli­gion. Après de longues négo­cia­tions entre Nous et la Reine Catholique, une conven­tion a été sous­crite par les plé­ni­po­ten­tiaires des deux par­ties : en Notre nom, par Notre Vénérable Frère l’Archevêque de Thessalonique ; au nom de la reine, par son ministre des affaires étran­gères, notre cher Fils le noble Em. Bertran de Lys. Cette conven­tion, rati­fiée par la reine, l’a été par Nous, après que Nous avons eu pris l’avis de Nos Vénérables Frères les Cardinaux de la Congrégation pour les affaires ecclé­sias­tiques extra­or­di­naires, et Nous ordon­nons qu’elle vous soit com­mu­ni­quée avec la Lettre apos­to­lique par laquelle Nous la confir­mons, afin que vous ayez ample et claire connais­sance de toute l’affaire.

dans la conven­tion sus­dite on a pris pour base ce prin­cipe que la reli­gion [catho­lique][…] doit, comme autre­fois, être exclu­si­ve­ment domi­nante dans ce royaume, de telle sorte que tout autre culte en sera ban­ni et y sera interdit.

Le grand objet de Nos pré­oc­cu­pa­tions est d’assurer l’intégrité de notre reli­gion très-​sainte et de pour­voir aux besoins spi­ri­tuels de l’Eglise. Or, vous ver­rez que dans la conven­tion sus­dite on a pris pour base ce prin­cipe que la reli­gion, avec tous les droits dont elle jouit en ver­tu de sa divine ins­ti­tu­tion et des règles éta­blies par les sacrés canons, doit, comme autre­fois, être exclu­si­ve­ment domi­nante dans ce royaume, de telle sorte que tout autre culte en sera ban­ni et y sera inter­dit. Il est par consé­quent éta­bli que la manière d’élever et d’en­seigner la jeu­nesse dans toute uni­ver­si­té, col­lège ou sémi­naire, dans toute école publique ou pri­vée, sera plei­ne­ment conforme à la doc­trine de la reli­gion ca­tholique. Les Evêques et les chefs des dio­cèses qui, en ver­tu de leur charge, sont tenus de pro­té­ger la pure­té de l’enseignement catho­lique, de le pro­pa­ger, de veiller à ce que la jeu­nesse reçoive une édu­ca­tion chré­tienne, ne trouve­ront aucun obs­tacle à l’accomplissement de ces devoirs ; ils pour­ront, sans ren­con­trer le moindre empê­che­ment, exer­cer la sur­veillance la plus atten­tive sur les écoles même publiques, et rem­plir libre­ment, dans toute sa plé­ni­tude, leur charge de pasteurs.

Nous avons, avec la même sol­li­ci­tude, tra­vaillé à assu­rer la digni­té et la li­berté du pou­voir ecclé­sias­tique. Il a été adop­té non-​seulement que les sacrés pas­teurs joui­raient de la plé­ni­tude de leur puis­sance dans l’exercice de la ju­ridiction épis­co­pale, afin de pro­té­ger effi­ca­ce­ment la foi catho­lique et la dis­cipline ecclé­sias­tique, de conser­ver dans le peuple chré­tien l’honnêteté des mœurs, de pro­cu­rer aux jeunes gens, à ceux prin­ci­pa­le­ment qui sont appe­lés à être le par­tage du Seigneur, une bonne édu­ca­tion, de rem­plir, en un mot, tous les devoirs de leur minis­tère ; mais, de plus, il a été conve­nu que les au­torités civiles devront, en toute occa­sion, s’attacher à faire rendre à l’autorité ecclé­sias­tique l’hon­neur, l’obéissance et le res­pect qui lui sont dus. Ajoutons que l’illustre reine et son gou­ver­ne­ment pro­mettent de sou­te­nir de leur puis­sance et de défendre les Evêques, lorsque leur devoir les obli­ge­ra de répri­mer la méchan­ce­té et de s’opposer à l’audace de ces hommes qui cherchent à per­vertir les esprits des fidèles ou à cor­rompre leurs mœurs, ou lorsqu’ils devront prendre des mesures pour éloi­gner de leurs trou­peaux et en extir­per la peste mor­telle des mau­vais livres.

Une nou­velle cir­cons­crip­tion dio­cé­saine du royaume d’Espagne était regar­dée comme pou­vant être la source d’un plus grand bien spi­ri­tuel pour les fidèles ; c’est pour­quoi, de Notre auto­ri­té et du consen­te­ment de la reine, Nous entre­prîmes de la tra­cer, et Nous publie­rons à ce sujet des Lettres apos­to­liques, lorsque tout ce qui regarde l’accomplissement de ce tra­vail sera dis­cu­té et conclu.

Quant aux com­mu­nau­tés reli­gieuses, si utiles à l’Eglise et à l’Etat lors­qu’elles sont main­te­nues dans la dis­ci­pline du devoir et régu­liè­re­ment gouver­nées, Nous n’a­vons pas man­qué, autant qu’il a été en Nous, de mettre les ordres régu­liers en situa­tion d’être conser­vés, réta­blis et mul­ti­pliés. Et en vé­rité, la pié­té tra­di­tion­nelle de la reine, Notre chère fille dans le Christ, et l’amour envers la reli­gion, qui est le trait dis­tinc­tif de la nation espa­gnole, Nous donnent la conso­la­tion d’espérer que les ordres reli­gieux recou­vre­ront chez ce peuple toute la consi­dé­ra­tion dont ils jouis­saient autre­fois, et y repren­dront leur ancienne splen­deur. Afin donc que rien ne pût nuire au bien de la reli­gion, non-​seulement il a été arrê­té que toute loi, ordon­nance ou décret contraire à la pré­sente conven­tion serait reti­ré et abro­gé, mais encore il a été sti­pu­lé qu’en ce qui concerne les affaires et les per­sonnes ecclé­sias­tiques, dont il n’est pas fait men­tion dans cette conven­tion, ou devra se confor­mer entiè­rement à la teneur des sacrés canons et de la dis­ci­pline aujourd’hui en vigueur dans l’Eglise.

Nous n’aurions pas à déplo­rer tant de maux et de cala­mi­tés de tout genre que per­sonne n’ignore, et qu’ont atti­rés sur la socié­té civile elle-​même ces iniques et sacri­lèges spo­lia­tions des choses et des biens ecclé­sias­tiques qui ont ouvert la voie aux funestes erreurs du socia­lisme et du com­mu­nisme.

Nous n’avons pas négli­gé les inté­rêts tem­po­rels de l’Eglise, et Nous avons mis toute notre sol­li­ci­tude à main­te­nir éner­gi­que­ment son droit, soit à acqué­rir, soit à pos­sé­der des biens et des reve­nus de toute nature ; droits qu’attes­tent, pro­clament et démontrent les actes innom­brables des Conciles, les ensei­gne­ments et les actions des saints Pères et les consti­tu­tions de Nos pré­décesseurs. Et plût à Dieu que par­tout et tou­jours les biens consa­crés à Dieu et à son Eglise fussent demeu­rés invio­lables, et que les hommes eussent con­servé pour eux le res­pect qui leur est dû ! Nous n’aurions pas à déplo­rer tant de maux et de cala­mi­tés de tout genre que per­sonne n’ignore, et qu’ont atti­rés sur la socié­té civile elle-​même ces iniques et sacri­lèges spo­lia­tions des choses et des biens ecclé­sias­tiques qui ont ouvert la voie aux funestes erreurs du socia­lisme et du com­mu­nisme.

Vous trou­ve­rez donc éta­bli et confir­mé dans la nou­velle conven­tion le droit de l’Eglise à acqué­rir de nou­velles pos­ses­sions ; il est de plus sti­pu­lé qu’à l’égard des biens dont elle jouit, ou qu’elle pour­ra acqué­rir dans la suite, l’Eglise en conser­ve­ra à tou­jours la pro­prié­té entière et invio­lable, et quant aux biens qui n’ont pas encore été ven­dus, qu’ils lui seront res­ti­tués sans re­tard. Cependant, ayant appris par des témoi­gnages graves et dignes de foi que quelques-​uns des biens non encore alié­nés sont tom­bés dans un état si misé­rable et d’une si oné­reuse admi­nis­tra­tion, qu’il y aurait avan­tage pour l’Eglise à les voir alié­nés et à en échan­ger la valeur contre des rentes sur l’Etat, Nous avons cru devoir consen­tir à cet échange, mais à cette condi­tion que les rentes don­nées en retour ne pour­ront jamais être détour­nées à aucun autre usage, et ce consen­te­ment, Nous ne l’avons don­né que pour les biens dont la res­ti­tu­tion à l’Eglise a été effectuée.

Nous avons de plus tout mis en œuvre pour que les Evêques, les cha­pitres, les paroisses et les sémi­naires jouissent de reve­nus conve­nables et assu­rés. Ces reve­nus assi­gnés à l’Eglise à titre per­pé­tuel seront lais­sés à sa libre adminis­tration. Tout cela, assu­ré­ment, ne peut pas se com­pa­rer à l’an­tique richesse du cler­gé espa­gnol, et, par suite de la dif­fi­cul­té des temps, ils sont de beau­coup infe­rieurs à ce que Nous aurions dési­ré Mais Nous savons quelle est la reli­gion et la pié­té du cler­gé de l’Espagne ; c’est pour­quoi Nous ne dou­tons pas le moins du monde que, se rési­gnant à la volon­té de Dieu et tra­vaillant de plus en plus à s’enrichir de toutes les ver­tus, il n’applique toutes ses forces à cul­tiver avec une indus­trie et une ardeur plus vive, labo­rieu­se­ment et en conscience, la vigne du Seigneur, d’autant plus qu’en ver­tu de la liber­té garan­tie à l’Eglise par la nou­velle conven­tion, il est heu­reu­se­ment déli­vré de tous les obs­tacles qui entra­vaient aupa­ra­vant le minis­tère sacré, et qu’il lui est par consé­quent plus facile de s’attirer et de se conci­lier l’obéissance, l’amour et la vé­nération des peuples. Au reste, le droit plein et entier d’acquérir étant sti­pu­lé et garan­ti, les Eglises espa­gnoles ont une voie ouverte pour arri­ver à la pos­session de reve­nus plus consi­dé­rables et qui leur four­nissent le moyen de pour­voir plus décem­ment à la splen­deur du culte divin et d’assurer aux membres du cler­gé un trai­te­ment plus conve­nable. Nous comp­tons aus­si, pour des temps meilleurs, sur la muni­fi­cence royale de notre bien-​aimée Fille en Jésus-​Christ, sur les soins de son gou­ver­ne­ment, et sur l’amour et le dévoue­ment que porte à la reli­gion la nation espa­gnole. Par tout ce que Nous vous indi­quons som­mairement et à la hâte, vous com­pre­nez, Vénérables Frères, avec quel soin Nous Nous sommes appli­qué à réta­blir les affaires ecclé­sias­tiques de l’Es­pagne, et quelle est notre espé­rance de voir dans ce beau royaume, avec l’aide de Dieu, l’Eglise catho­lique et sa doc­trine salu­taire gran­dir, croître et fleu­rir de plus en plus chaque jour par un mer­veilleux progrès.

Nous vou­lons main­te­nant vous faire connaître que notre bien-​aimé Fils en Jésus-​Christ, Léopold II, grand-​duc de Toscane et duc de Lucques, s’est trou­vé por­té, par la pié­té qui le dis­tingue, à vou­loir que les lois en vigueur dans la Toscane fussent mises en har­mo­nie avec les lois ecclé­sias­tiques. Il Nous a donc deman­dé avec ins­tance de Nous occu­per de cet objet. Ce prince si reli­gieux ayant réso­lu de conclure pour l’avenir avec le Saint-​Siège apos­to­lique une conven­tion éten­due, des­ti­née à régler dans les Etats qui lui sont sou­mis le gou­ver­ne­ment et l’administration des choses ecclé­sias­tiques, Nous avons la confiance que Notre bien-​aimé Fils en Jésus-​Christ s’empressera, en effet, selon nos dési­rs, de conclure une conven­tion sem­blable. C’est pour­quoi, de l’avis de nos Vénérables Frères les Cardinaux de la Sacrée Congrégation pour les affaires ecclé­sias­tiques extra­or­di­naires, quelques articles furent dres­sés et adop­tés par les Cardinaux de cette Congrégation, et ensuite rati­fiés par Nous et par le grand-​duc. Dans les­dits articles il est sti­pu­lé, entre autres choses, que les Evêques, en ce qui touche à l’exercice de leur minis­tère, joui­ront d’une pleine et entière liber­té ; qu’ils auront le droit de cen­sure sur les écrits et sur les livres qui traitent de la reli­gion ; qu’ils exer­ce­ront libre­ment leur propre juri­dic­tion épis­co­pale pour éloi­gner des fidèles toute lec­ture dan­ge­reuse, soit pour la foi soit pour les mœurs ; que cha­cun pour­ra libre­ment communi­quer avec cette Chaire, centre de la véri­té catho­lique et de l’unité, et que toutes les causes spi­ri­tuelles et ecclé­sias­tiques seront uni­que­ment et exclusive­ment sou­mises, comme le veulent les saints canons, au juge­ment de la puis­sance sacrée.

Nous avons aus­si éprou­vé une grande conso­la­tion en rece­vant de Notre bien-​aimé Fils en Jésus-​Christ la pro­messe et l’assurance qu’il don­ne­ra tous ses soins, et qu’il emploie­ra tout son pou­voir à défendre notre reli­gion très-​sainte, à pro­té­ger le culte divin, à pro­mou­voir l’honnêteté des mœurs et à ga­rantir par son puis­sant appui aux sacrés pas­teurs la liber­té la plus entière dans l’exercice de leur auto­ri­té épis­co­pale. Nous avons la confiance que, par le secours divin, les choses que Nous avons obte­nues seront utiles à l’Eglise, sur­tout en consi­dé­rant que celles qui, jusqu’à pré­sent, entra­vaient sa liber­té, ont été com­plè­te­ment enlevées.

Nous fini­rons en vous appre­nant que Nous Nous sommes appli­qué a réta­blir les affaires de la reli­gion catho­lique dans un pays loin­tain, et que Nous avons une grande espé­rance de conclure, là aus­si, une conven­tion qui sera, selon Nos dési­rs et les vôtres, propre à garan­tir les pré­ro­ga­tives et à assu­rer la pros­périté de l’Eglise. Nous sou­hai­te­rions ardem­ment qu’un tel exemple fût imi­té dans toutes les contrées éloi­gnées, dont Nous aimons ten­dre­ment dans le Sei­gneur les popu­la­tions, afin de por­ter remède aux maux si graves et si multi­pliés qui, dans quelques-​uns de ces pays sur­tout, affligent et oppriment l’Epouse imma­cu­lée du Christ. L’affliction que Nous en res­sen­tons est grande, mais Nous ne pou­vons Nous refu­ser la conso­la­tion de féli­ci­ter et de louer nos Véné­rables Frères qui, pla­cés dans une situa­tion si déplo­rable, n’en défendent pas moins avec toute l’ardeur et toute la fer­me­té du zèle pas­to­ral la cause de l’Eglise, sou­te­nant ses droits intré­pi­de­ment et veillant avec sol­li­ci­tude au salut de leur troupeau.

Telles sont les paroles que Nous avons cru devoir vous adres­ser en ce jour, Vénérables Frères. Cependant ne ces­sons jamais, ni le jour ni la nuit, d’un cœur humble, avec une foi sin­cère, une espé­rance assu­rée et une cha­ri­té ar­dente, de pré­sen­ter à la clé­mence du Père des misé­ri­cordes de conti­nuelles prières, afin que, de sa main toute-​puissante, qui com­mande aux vents et à la mer, il arrache sa sainte Eglise du sein des orages et que de l’orient à l’oc­cident il fasse luire sur elle le jour d’un nou­veau triomphe.

Source : Recueil des allo­cu­tions consis­to­riales, ency­cliques et autres lettres apos­to­liques citées dans l’encyclique et le Syllabus, Librairie Adrien Le Clere, Paris, 1865.