Des prêtres menant à la victoire

Le rayon­ne­ment de la tra­di­tion résul­te­ra de notre capa­ci­té à tra­vailler ensemble dans le même com­bat surnaturel. 

Sortie de com­mu­nau­té en Auxois le 15 octobre 2025

« Sois fidèle jusqu’à la mort, et je te don­ne­rai la cou­ronne de vie [1]. »

« Ils ont vain­cu Satan par le sang de l’Agneau et par la Parole à laquelle ils ont ren­du témoi­gnage, et pour laquelle ils ont mépri­sé leur vie jusqu’à mou­rir[2]. » Et saint Paul affir­mait au soir de sa vie : « j’ai com­bat­tu le bon com­bat, j’ai ache­vé ma course, j’ai main­te­nu la Foi A pré­sent, m’est réser­vée la cou­ronne des justes[3]. »

« Mais dans toutes ces épreuves, nous sommes plus que vain­queurs par celui qui nous a aimés[4]. »

Il faut par­ti­ci­per au com­bat du Christ pour par­ta­ger sa vic­toire. Les chré­tiens ont besoin pour cela de prêtres qui les guident avec sûre­té en ces temps trou­blés, et prennent avec cou­rage et réa­lisme les déci­sions salu­taires, sans se réfu­gier dans le silence.

On attend des chefs de l’Église un enseignement clair et solide.

Dans un contexte de perte totale de repères et de la civi­li­sa­tion chré­tienne. les hommes ont besoin avant tout de pos­sé­der fer­me­ment les bases de la foi catho­lique. Ce sera le point de départ du renou­veau. Il faut donc ensei­gner le caté­chisme, d’une façon évan­gé­lique, claire et pré­cise. Mais pour cela, les prêtres doivent eux-​mêmes pos­sé­der le tré­sor de la tra­di­tion multiséculaire.

L’insistance dans nos sémi­naires sur la rigueur doc­tri­nale et la spi­ri­tua­li­té sacer­do­tale authen­tique vise à nous rendre hum­ble­ment mais fer­me­ment sol­dats de la foi, capables d’assurer la trans­mis­sion de la foi catho­lique dans toute sa pure­té, de résis­ter aux dérives modernes et au rela­ti­visme moral sous pré­texte de compassion.

Qu’ils rappellent constamment la vraie raison d’être de l’Église.

Alors que l’axe du gou­ver­ne­ment actuel de l’Église paraît de plus en plus être celui de la rela­tion de cir­cons­tance, don­nant des gages aux idéo­lo­gies domi­nantes déver­sées par­tout par les médias — réchauf­fe­ment cli­ma­tique, immi­gra­tion, révo­lu­tion LGBT, démo­cra­ti­sa­tion des struc­tures de gou­ver­ne­ment de l’Église — la Fraternité Saint-​Pie X rap­pelle constam­ment que le Christ a fon­dé l’Église pour sau­ver les âmes, et que « le salut ne réside en aucun autre que Jésus- Christ » et l’Église catho­lique qu’il a fon­dée, « qui est son corps », et qu’à elle seule II a don­né les moyens de salut. Tous les dévoue­ments sociaux de l’Église visent l’union des âmes à Jésus-Christ.

Qu’ils encouragent les laïcs à mettre en pratique le règne social du Christ.

Contrairement à ce qu’affirment nos évêques de France, l’Église a tou­jours et par­tout cher­ché à ins­tau­rer des socié­tés chré­tiennes et non la laï­ci­té, qui ouvre la porte à toutes les erreurs et à tous les vices. La Fraternité tra­vaille à cette mis­sion à long terme, peu importe si la situa­tion actuelle semble dif­fi­cile. La Sainte Église est pas­sée par des moments bien cri­tiques dans son his­toire. Elle encou­rage les fidèles à se concen­trer sur la recons­truc­tion d’une chré­tien­té enra­ci­née, en com­men­çant par les familles, écoles, prieu­rés, réseaux et mis­sions. Elle sou­tient l’effort col­lec­tif des catho­liques qui tra­vaillent en ce sens.

Qu’ils transmettent une vision claire et stimulante de la crise touchant l’Église.

  • La pre­mière étape est la résistance.

Monseigneur Lefebvre a su se posi­tion­ner comme un défen­seur de la Tradition catho­lique, refu­sant les réformes du Concile Vatican II, dans la mesure où celles-​ci s’opposaient à l’en­sei­gne­ment constant de l’Église, et ouvraient la porte à un éloi­gne­ment pro­gres­sif des prin­cipes qui avaient sanc­ti­fié le monde pen­dant des siècles.

« Eh bien, nous résis­tons et nous résis­te­rons. Non pas par esprit de contra­dic­tion, non pas par esprit de rébel­lion, mais par esprit de fidé­li­té à l’Église, par esprit de fidé­li­té à Dieu, par esprit de fidé­li­té à Notre-​Seigneur Jésus-​Christ, par esprit de fidé­li­té à tous ceux qui nous ont ensei­gné notre sainte reli­gion, par esprit de fidé­li­té à tous les papes qui ont main­te­nu la Tradition. Et c’est pour­quoi nous sommes déci­dés à tout sim­ple­ment conti­nuer, à per­sé­vé­rer dans la Tradition, per­sé­vé­rer dans ce qui a sanc­ti­fié les saints qui sont au Ciel. Faisant cela, nous sommes per­sua­dés de rendre un ser­vice immense à l’Église. à tous les fidèles. »

  • La deuxième étape est la mise en lumière théo­lo­gique de la crise.

La Fraternité pré­sente une vision claire de la crise qui secoue l’Église actuel­le­ment : la crise interne à l’Église vient prin­ci­pa­le­ment de l’adoption depuis Vatican II d’un nou­veau rap­port entre l’Église et le monde, inven­té par les libé­raux, fai­sant fi de la réa­li­té des forces du mal à l’œuvre dans le monde. Il pro­duit l’in­fil­tra­tion dans l’Église des idées et des mœurs des­truc­trices, prô­nées par la révolution.

  • La troi­sième étape est d’inverser ce rapport.

Le remède de fond réside dans la rec­ti­fi­ca­tion de ce nou­veau rap­port. Que l’Église arrête d’être à la remorque du monde, mais soit son méde­cin aimant. Qu’elle cherche à for­ger une socié­té civile chré­tienne. Quelle prêche la Vérité sans accom­mo­de­ment, qu’elle rayonne la Pureté qui gué­rit, qu’elle donne la Charité jusqu’au sacri­fice de soi.

  • La qua­trième étape est de construire.

La vic­toire ne réside pas dans la pas­si­vi­té, mais dans l’action. Monseigneur a été un fon­da­teur. Il a créé. La Fraternité l’a sui­vi dans sa méthode, avec plus de 170 prieu­rés, et 800 lieux de messes implan­tés dans 35 pays. Car l’issue du com­bat est sur le terrain.

Chef hors norme, il sut se démar­quer de la masse, ne pas se lais­ser arrê­ter par les inter­dits romains, pour gui­der les catho­liques sur un che­min qui les mène­ra hors de la crise. Conduit par un esprit de défense de la Foi (« Notre vic­toire qui a vain­cu le monde, c’est notre Foi [5] »), allié à une grande humi­li­té, il res­pi­rait l’esprit de vic­toire et sut prendre

des déci­sions réprou­vées à Rome, parce que d’une abso­lue néces­si­té, comme celle de sacrer des évêques sans man­dat du pape. Il ren­for­ça ain­si la confiance et l’espoir chez les catho­liques fidèles.

La Fraternité est providentielle.

Si Monseigneur Lefebvre a tant ins­pi­ré, c’est qu’il vivait d’une manière peu com­mune cette foi sereine en la Providence divine, « qu’il ne faut jamais devan­cer ». En réa­li­té, il n’a rien cal­cu­lé, il se lais­sait gui­der. Mais quand la Providence lui mon­trait clai­re­ment le che­min il met­tait en œuvre son génie orga­ni­sa­teur pour y répondre.

Sur quoi s’appuyait une telle cer­ti­tude dans le combat ?

« Je ne suis pas un chef de file des tra­di­tio­na­listes, mais un simple évêque qui trans­met ce qu’il a reçu. » 

Il répé­tait sans cesse qu’il ne sui­vait pas des opi­nions par­ti­cu­lières mais trans­met­tait ce qu’il avait reçu. Il fut sui­vi pré­ci­sé­ment parce que les catho­liques trou­vaient en lui un homme qui conti­nuait à croire et à prê­cher ce que les papes avaient tou­jours cru et prê­ché, et refu­sait ce que les papes avaient condam­né : l’œcuménisme, la liber­té reli­gieuse, la laï­ci­té, la des­truc­tion de la famille, etc. Cette confiance abso­lue en la Providence a per­mis à la Fraternité de sur­mon­ter des obs­tacles qui, au départ, sem­blaient insurmontables.

Elle incarne la fidélité et la résilience.

La fidé­li­té de la Fraternité est claire pour les fidèles qui la fré­quentent. Mais elle est aus­si un phare pour les autres prêtres de l’Église. Nombreux sont ceux qui nous ont témoi­gné lire les publi­ca­tions ou sites inter­net de la Fraternité dès qu’un docu­ment romain ambi­gu est publié, afin d’y trou­ver un avis fon­dé sur le Magistère constant.

La rési­lience est l’une des qua­li­tés les plus impor­tantes d’un res­pon­sable en temps de crise. Nous for­mons des prêtres incar­nant l’esprit de vic­toire, sûrs de ce qu’ils ont reçu et de ce qu’ils trans­mettent, calmes et déter­mi­nés, même lorsqu’ils doivent faire face à des dif­fa­ma­tions, ou des condam­na­tions injus­ti­fiées — telles que les pseudo-excommunications.

La Fraternité conti­nue ni plus ni moins la mis­sion de l’Église qu’elle a reçue des auto­ri­tés et qui lui a été faus­se­ment reti­rée pour motif de non-​allégeance au libé­ra­lisme. Elle sait n’être rien par elle-​même, être un ser­vi­teur inutile, mais cette humi­li­té ne l’aveugle pas sur sa mission.

Sa légi­ti­mi­té est telle quelle est en mesure d’assumer ses res­pon­sa­bi­li­tés, sans les exa­gé­rer, ni les fuir. Elle n’a pas à se prou­ver, ni à prou­ver aux autres sa légi­ti­mi­té. Elle ne crie pas, elle n’exagère pas, elle sait que la force du dis­cours ne rem­pla­ce­ra jamais le tra­vail de ter­rain pour la sanc­ti­fi­ca­tion des âmes. Voilà pour­quoi elle pro­gresse avec séré­ni­té vers sa pleine matu­ri­té, sans redou­ter que les épreuves qui la touchent ne remettent en ques­tion ce quelle a reçu et défi­ni­ti­ve­ment assimilé.

La Fraternité encourage la collaboration et l’unité.

En période de crise, il est facile pour les prêtres et les fidèles de se sen­tir iso­lés ou de se replier sur leurs pro­blèmes indi­vi­duels. La Fraternité encou­rage les fidèles et tous les amou­reux de la tra­di­tion à un enga­ge­ment col­lec­tif pour résis­ter au moder­nisme, et pour que nos prieu­rés soient de vrais lieux d’unité et de dévoue­ment pour le règne du Christ. Le rayon­ne­ment de la tra­di­tion résul­te­ra de notre capa­ci­té à tra­vailler ensemble dans le même com­bat surnaturel. 

« Nous sommes plus que vain­queurs par celui qui nous a aimés[6]. »

Heureux les fidèles qui sont gui­dés par des pas­teurs habi­tés de cet esprit de vic­toire sur­na­tu­relle, ne crai­gnant pas le monde, les juge­ments faux des hommes, rebon­dis­sant sur tous les obs­tacles pour enthou­sias­mer, rele­ver les tom­bés, encou­ra­ger les faibles, sou­te­nir dans le com­bat quo­ti­dien, et gui­der ain­si vers la victoire ! 

source : Lettre aux Amis et Bienfaiteurs du Séminaire Saint-​Curé ‑d’Ars

Notes de bas de page
  1. Apoc. 2,10[]
  2. Apoc. 12,11[]
  3. II Tim. 4, 7[]
  4. Rom. 8, 37[]
  5. Mgr Lefebvre, homé­lie à Ecône, 1er novembre 1980[]
  6. Rom. 8,37[]

FSSPX

M. l’ab­bé Guillaume GAUD est actuel­le­ment Directeur du Séminaire Saint Curé d’Ars de Flavigny sous l’au­to­ri­té de la Maison Générale et donc supé­rieur majeur. Il est connu pour ses com­pé­tences à pro­pos de l’Islam.