Fraternité Saint Pie X : près de 80 nouveaux séminaristes

Photo de la rentrée 2022 au Séminaire de Flavigny

Béni soit Dieu pour la plus grande entrée de sémi­na­ristes depuis la créa­tion de la Fraternité Saint Pie X.
Cependant, rap­pe­lons que le nombre n’est pas for­cé­ment un signe de béné­dic­tion.
Ce que Dieu cherche, c’est la sainteté.

Éditorial de M. l’abbé Guillaume Gaud

Chers amis,

La ren­trée aca­dé­mique vient d’avoir lieu dans nos sémi­naires, et c’est un cri d’étonnement et d’action de grâces qui monte vers Dieu. Car nous venons d’avoir la plus grande entrée de sémi­na­ristes depuis la créa­tion de la Fraternité Saint Pie X par Son Excellence Monseigneur Lefebvre en 1970.

97 jeunes hommes sont entrés cette année en pre­mière année de for­ma­tion dans nos sémi­naires, dont 79 en vue du sacer­doce et 18 en vue de la vie reli­gieuse (Frères de la Fraternité). Ici à Flavigny, nous venons d’accueillir une pro­mo­tion de 21 sémi­na­ristes et 3 pos­tu­lants frères.

Pour les sémi­na­ristes : un Anglais, un Suisse, un Autrichien, un Hongrois, un Serbe, un Croate, un Danois, un Néerlandais, un Indien, un Sri Lankais, un Chilien, un Nicaraguayen, un Nigérian, 2 Canadiens, 2 Argentins, 2 Mexicains, 2 Italiens, 4 Brésiliens, 6 Allemands, 9 Polonais, 14 Français, 25 Américains.

Pour les pos­tu­lants frères : un Suisse, un Argentin, un Brésilien, 2 Canadiens, 2 Polonais, 3 Français, 8 Américains.

Nous vous invi­tons à chan­ter les misé­ri­cordes du Seigneur avec nous ; béni soit Dieu mille et mille fois car nous sommes les témoins de l’activité de Dieu dans les âmes et de sa force douce et patiente. Il est vrai­ment à l’œuvre, mal­gré tous nos défauts.

N’hésitons pas à nous appro­prier les mots de saint Vincent de Paul, pour nous main­te­nir dans l’humilité : « Estimons la Fraternité Saint Pie X, comme la plus petite de toutes les Compagnies ; pas même la pénul­tième, mais la der­nière… Ne met­tons jamais les yeux sur ce qu’il y a de bien en nous, mais sur ce qui est mal, c’est un grand moyen de conser­ver l’humilité [1]».

Il faut d’ailleurs bien se gar­der de s’imaginer que le nombre est for­cé­ment un signe de béné­dic­tion, puisque ce que Dieu cherche, c’est la sainteté.

Cependant cette aug­men­ta­tion du nombre de sémi­na­ristes suit une courbe géné­rale, d’une crois­sance lente mais constante, paral­lèle à la crois­sance du nombre de fidèles. Il est éclai­rant d’en dres­ser briè­ve­ment les facteurs.

Les facteurs intérieurs

En pre­mier lieu, c’est le fruit des familles cher­chant à vivre confor­mé­ment à l’Évangile, et à com­battre l’infiltration de l’esprit du monde actuel en leur sein, avec un bon équi­libre natu­rel. Cette année, 79% des jeunes hommes entrés à Flavigny pro­viennent de familles gar­dant la fidé­li­té à la Tradition catholique.

C’est aus­si le fruit des écoles de la Tradition, puisque 70% des can­di­dats de cette pro­mo­tion y ont été for­més, et par­mi eux tous les fran­çais y ont pas­sé un bon nombre d’années.

C’est en outre le fruit du déve­lop­pe­ment de l’apostolat mis­sion­naire des confrères. En effet, cette année nous accueillons, par­mi ces 79 sémi­na­ristes, 22 natio­na­li­tés dif­fé­rentes, ce qui est encore un record. Pensons aux prêtres, mis­sion­naires en tous ces pays, qui sèment année après année, et nous confient ces voca­tions. Ceci est pos­sible grâce à la rela­tive liber­té de la Fraternité dans ses fon­da­tions, et son élan mis­sion­naire non entra­vé par l’œcuménisme. Chaque voca­tion est presque un miracle de la grâce, en tout cas le fruit d’années de dévoue­ment et de prières.

Chers amis, vous le voyez, Dieu écoute vos prières pour les voca­tions. Un grand mer­ci pour votre persévérance.

Les facteurs extérieurs

La hausse des voca­tions suit à peu près la hausse du nombre de fidèles. Or ces der­nières années ont vu une consi­dé­rable aug­men­ta­tion de ceux-​ci, quoique de façon très inégale selon les pays.

Le pre­mier fac­teur a été l’attitude de nom­breux prêtres et évêques pro­gres­sistes, à l’occasion de la covid, qui cho­quèrent beau­coup de leurs fidèles. Ils inter­dirent la sainte com­mu­nion sur la langue, acce­ptèrent sans réel­le­ment s’y oppo­ser la fer­me­ture de nom­breuses églises, voire même l’arrêt total des sacre­ments. La stu­peur des chré­tiens fut au comble quand ils virent des prêtres refu­ser de bap­ti­ser. Tout cela a lais­sé l’impression forte d’un immense manque de foi dans une grande par­tie du clergé.

Le deuxième fac­teur, comme une vague de fond, est beau­coup plus durable et lucide, c’est ce que nous appe­lons le « phé­no­mène François ». Depuis des années, le pape François, par ses décla­ra­tions répé­tées et argu­men­tées, par ses condam­na­tions, par les appuis qu’il semble don­ner aux agents du Nouvel Ordre Mondial et l’apparence de sou­tien à cer­tains de leurs lob­bies, par son oppo­si­tion à ceux qui se montrent résis­tants à ce Novus Ordo sæcu­lo­rum, se met à dos la popu­la­tion mon­diale conser­va­trice. Ces der­nières années, nous voyons conti­nû­ment un afflux de per­sonnes qui s’approchent de la FSSPX pour des rai­sons d’opposition à ce qu’ils appellent l’idéologie poli­tique du pape. Ce sont sou­vent des catho­liques non pra­ti­quants, ou des non-​baptisés d’ascendance catho­lique. Ce sont aus­si des jeunes vou­lant agir pour leur pays, qui dépassent l’approche poli­tique en décou­vrant les tré­sors de la grâce.

Nouveau phé­no­mène, nous voyons arri­ver de plus en plus de « catho­liques conser­va­teurs », pra­ti­quant habi­tuel­le­ment dans les paroisses conci­liaires, ou Ecclesia Dei, mais très sen­sibles à la défense de la Vie, de la Famille nom­breuse, de la morale catho­lique, de l’autorité du père, des « racines chré­tiennes de l’Europe ». Ils ont com­pris une chose : il faut se battre, défendre l’Europe chré­tienne, c’est-à-dire lut­ter contre l’islamisation, contre le mons­trueux lob­by contre-​nature, contre la « cancel-​culture et le wokisme », contre la neu­tra­li­té désar­mante, contre la des­truc­tion des enfants. Les der­niers synodes, à com­men­cer par celui sur la famille et ses appli­ca­tions, les révoltent car ils y voient le désar­me­ment des catho­liques et la jus­ti­fi­ca­tion du progressisme.

Enfin, les der­niers docu­ments de Rome au sujet de la Messe ont mieux mis en lumière la lutte doc­tri­nale qui se joue depuis le Concile.

Bref, le Bon Dieu nous montre qu’on ne doit pas s’enorgueillir, car les causes de l’augmentation sont visi­ble­ment exté­rieures à nous. Mais nous espé­rons bien que les prières de tous, renon­ce­ments et efforts y contri­buent, quoique sans gloire, mais non sans fruit.

Appel en vue d’une élite dans la Tradition

Chers amis, à la suite du pape Pie XII [2], nous vou­drions vous encou­ra­ger à conti­nuer à tra­vailler pour déve­lop­per tou­jours plus une élite, même s’il ne faut pas viser seule­ment cela.

Donnons à nos jeunes l’envie de se jeter dans l’arène pour prendre part au com­bat pour l’avancement et la défense des bonnes causes. La noblesse a tou­jours été l’honneur de la France. Elle doit le res­ter. Je parle de la vraie noblesse, celle de l’âme, qu’on doit faire admi­rer à tout jeune catholique.

Montrons-​leur que l’amour du tra­vail sera le titre le plus solide qui leur assu­re­ra plus tard une place par­mi les diri­geants de la Société. Montrons-​leur que la valeur d’un homme est en dépen­dance étroite de son enga­ge­ment pour le bien com­mun. Montrons-​leur qu’il res­te­ra tou­jours aux catho­liques une large place dans la socié­té s’ils se montrent vrai­ment des élites, des opti­males, c’est-à-dire des per­sonnes remar­quables par la séré­ni­té de leur âme, leur promp­ti­tude à l’action, leur géné­reux dévoue­ment, et la recherche de l’excellence dans leur pro­fes­sion, quelle qu’elle soit. Il faut ban­nir l’abattement et la pusil­la­ni­mi­té en face de l’évolution des temps.

Cette pro­mo­tion de sémi­na­ristes voit entrer des jeunes hommes qui ont déve­lop­pé cette ardeur et rem­por­té des diplômes de doc­to­rat, d’ingénieur, mas­ters ou licences diverses ; qui furent enga­gés dans des mou­ve­ments de jeu­nesse, d’apostolat ou de poli­tique catholique.

L’influence de l’élite sur le renouveau moral de l’Église

Avant tout nous devons nous appli­quer à mener une conduite reli­gieuse et morale irré­pré­hen­sible, spé­cia­le­ment au sein de nos familles, et pra­ti­quer une vie sain­te­ment aus­tère. Le confort pares­seux est le pire enne­mi de l’élite. La connexion constante à l’internet l’est donc conséquemment.

Faisons en sorte que les autres hommes s’aperçoivent du patri­moine de ver­tus et de qua­li­tés qui nous dis­tinguent, sou­vent fruit de longues tra­di­tions fami­liales. Telles sont l’imperturbable force d’âme, la fidé­li­té et le dévoue­ment aux causes les plus dignes, la pié­té tendre et géné­reuse envers les plus faibles et pauvres, le com­por­te­ment ferme, mesu­ré et déli­cat dans les affaires graves, le res­pect constant envers tous. La mise en œuvre de ces qua­li­tés et l’exercice des ver­tus reli­gieuses et civiques sont la réponse la plus convain­cante aux pré­ju­gés et aux soup­çons, car ils mani­festent l’intime vita­li­té de notre esprit chrétien.

Dresser un rempart contre le relâchement des mœurs

Notre influence dans la socié­té peut viser à détour­ner un grave dan­ger propre à l’époque actuelle. Il faut bien sai­sir que la socié­té tombe en déca­dence quand les vices et les abus se com­mu­niquent entre les dif­fé­rents milieux (et au risque de se répé­ter : les films et médias ne doivent pas péné­trer chez vous sans dis­cer­ne­ment, car vous seriez les seuls fau­teurs de la perte de votre entou­rage et de vous-​mêmes), de même qu’elle s’élève quand les ver­tus d’une caté­go­rie de per­sonnes se com­mu­niquent aux autres.

Les catho­liques eux-​mêmes peuvent agir dans les deux sens : on peut faci­le­ment deve­nir des foyers de dérè­gle­ment des mœurs, notam­ment par ces abus qui menacent la sain­te­té du mariage, l’éducation de la jeu­nesse, la tem­pé­rance chré­tienne dans les diver­tis­se­ments, le res­pect de la pudeur. La tra­di­tion de nos familles et de nos patries doit être mise en lumière et défen­due dans ces domaines aus­si, et main­te­nue sacrée et invio­lable. Elle ne doit pas seule­ment être pro­té­gée des germes de cor­rup­tion, mais elle doit être conqué­rante et fière. Soyons une élite. Soyons nobles et magna­nimes. Que ce pro­fond res­pect des tra­di­tions que nous culti­vons, et par lequel nous nous dis­tin­guons dans la socié­té, soit notre hon­neur revendiqué.

Vous pouvez être cette élite

Vigueur et fécon­di­té des œuvres ! Voilà les deux carac­té­ris­tiques de la vraie noblesse d’âme engen­drant l’élite. Cela s’éduque dès le jeune âge, notam­ment par l’exemple des parents, qui ne traînent pas devant les écrans, mais savent contri­buer avec mesure au bien com­mun, hors de la famille.

Pour reprendre les mots d’Ernest Hello : « Si vous êtes vivants, exci­tez en vous la vie. Prenez votre âme et apportez-​la dans la mêlée ! Prenez vos dési­rs, pre­nez votre pen­sée, votre prière, votre amour ! Prenez dans vos mains les ins­tru­ments dont vous savez vous ser­vir et jetez-​vous tout entiers dans la balance où tout pèse. Si vous êtes endor­mis, réveillez-​vous. Si vous êtes morts, res­sus­ci­tez. Cherchez dans votre vie pas­sée, dans votre vie éteinte le meilleur de vos sou­ve­nirs. Rappelez-​vous le par­fum mati­nal des rosées d’au­tre­fois que vous avez dû sen­tir, et voyez si vous avez la force de dire : qu’importe !

Placés entre le feu de ceux qui aiment et le feu de ceux qui haïssent, il faut prê­ter main forte aux uns ou aux autres. Sachez-​le donc ! ce n’est pas à l’homme en géné­ral, c’est à vous en par­ti­cu­lier que l’ap­pel est fait ; car toutes les forces morales, intel­lec­tuelles, maté­rielles, qui se trouvent à votre dis­po­si­tion, sont autant d’armes que Dieu vous a mises dans les mains, avec la liber­té de vous en ser­vir pour lui ou contre lui. Il faut vous battre ; vous vous bat­tez nécessairement.

Il ne vous est lais­sé que le choix du camp ».

Source : Lettre aux amis et bien­fai­teurs du sémi­naire Saint-​Curé-​d’Ars N° 106

Notes de bas de page
  1. Avis et maximes, n°44 et 26.[]
  2. Pie XII, Devoirs des classes éle­vées, 09/​01/​58. Nous en tirons la plu­part des idées sui­vantes.[]

FSSPX

M. l’ab­bé Guillaume GAUD est actuel­le­ment Directeur du Séminaire Saint Curé d’Ars de Flavigny sous l’au­to­ri­té de la Maison Générale et donc supé­rieur majeur. Il est connu pour ses com­pé­tences à pro­pos de l’Islam.