Saint Bonnet (623/710)
Saint Bonnet (Bon ou Bonet en français ; Bonitus ou Bonifacius en latin) est né en 623 en Auvergne de Théodat et de Siagria, pieux descendants de sénateurs romains.
Siagria portant son enfant en son sein voulut recevoir la bénédiction d’un saint prêtre de passage, lequel répondit : « Mais vous plutôt bénissez-moi, ô saint Père et Seigneur vénérable ». Troublée par cette étrange réponse, elle reçut de ce prêtre la prédiction des hautes destinées de son enfant.
Théodat, étant décédé, le jeune Bont fut envoyé à la cour du roi des Francs d’Austrasie, saint Sigebert III. Les deux saints s’estimèrent vite mutuellement. Le roi nomma Bont grand échanson, puis référendaire ou chancelier, lui mettant son anneau d’or et son sceau entre les mains. Bon assuma la charge de référendaire pendant 30 ans sous les rois suivants saint Dagobert II, Clovis II, Clotaire III et Thierry III.
En 680, Thierry III confie à Bont le gouvernement de la Provence, province qui passait pour la plus importante de l’époque. Bont fit appliquer le décret de saint Bathilde, régente de Clotaire III, interdisant la vente d’esclaves. Il racheta plusieurs esclaves pour leur offrir la liberté. Il établit la paix entre les citoyens.
En 689, son frère aîné Avit II, qui était évêque de la Cité des Arvernes (Clermont-Ferrand ; fêté à Clermont le 21 février), étant à l’agonie, déclara à son peuple avoir reçu de Dieu l’inspiration de choisir son frère Bont comme successeur. Tandis qu’Avit décéda le 21 janvier 689, l’élection de Bont fut unanime et confirmée par Thierry III. Bont partit de Marseille pour Clermont où il fut sacré.
Le saint évêque jeûnait totalement trois ou quatre jours par semaine, priait une grande partie de la nuit et faisait retraite tout le Carême. Ses vêtements montraient souvent les traces de ses larmes, il secourait les pauvres. Lors des offices, il ne s’asseyait pas sur la cathèdre épiscopale.
Une grande sécheresse sévit sur les Arvernes, et Bont ordonna un jeûne et une procession, mais à peine eut-il dit la messe que la pluie fut si forte et empêcha les assistants de sortir de l’église. Plusieurs malades furent guéris en buvant l’eau dans laquelle il avait trempé ses mains. Il redressa un boiteux par un seul attouchement. Il délivra deux possédés en leur donnant la Confirmation. Une bretonne invoqua son intercession et fut guérie de la cécité.
La veille de l’Assomption, la Vierge lui apparut dans l’église Saint-Michel, ordonna aux anges de préparer la messe et désigna Bont pour la dire, mais il tenta de se cacher derrière un pilier, mais la pierre s’amollit et reçut de Bont son empreinte de sorte qu’il dût dire la messe. L’assemblée céleste disparut et laissa à Bont la chasuble mystérieuse qu’on pouvait encore observer jusqu’à sa destruction en 1793…
Sa conscience délicate lui faisait scrupule d’avoir succédé à son frère contre certains canons. Il consulta saint Tillon, ermite à Solignac, lequel lui conseilla de démissionner, ce qu’il fit vers l’an 699, en distribuant ses biens et préparant sa succession. Il se retira dans l’abbaye bénédictine de Manlieu où il séjourna près de quatre ans. Il fit un pèlerinage à Rome ; il passa à Lyon où il réconcilia Godin (Goduinus-688 archevêque de Lyon 701) et Drogon (fils de Pépin-690/7 duc de Bourgogne printemps 708), séjournant au monastère de l’Île-Barbe où il nourrit miraculeusement la communauté et fit d’autres miracles.
En Italie, il obtient pour le roi lombard Aripert II (fils de Raghinpert-700–3.712) une victoire contre son rival Luitpert (fils de Cunipert-700, 701–702) en 702 à Pavie. S’étant embarqué pour Rome, Bont calma une tempête qui avait déjà fait chavirer un autre navire. A Rome, il libéra plusieurs esclaves.
En 706, il quitte Rome avec une huile qui avait touché le tombeau de saint Pierre, ce qui lui permit en voyage d’opérer des miracles sur le compte de l’Apôtre. Il demeura au monastère de l’Île-Barbe de Lyon jusqu’à son décès. Il réconcilia son successeur à Clermont, Nodobert, avec un intriguant. Il souffrait de la goutte et reçut révélation du jour et de l’heure de son décès. Il reçut les derniers sacrements, fit ouvrir la fenêtre de sa cellule par laquelle, tout baigné de larmes, il regarda le ciel et expira le 15 janvier 710.
Lors de ses obsèques un paralytique fut guéri en touchant son cercueil. En 723, sa dépouille fut transférée à Clermont ; au cours de la translation, plusieurs miracles se réalisèrent, mais les miraculés retombaient malades dès qu’ils publiaient leur guérison, seuls ceux qui la gardaient secrète demeuraient guéris. On dénombre une quarantaine de communes sous son patronage (le plus souvent Saint-Bonnet). Il y eut à Paris une église dédiée à saint Bon, aujourd’hui disparue, au lieu de l’actuelle rue Saint-Bon dans le 4e arrondissement. Comme en témoigne un tableau de l’église de Villevenard près de Saint-Bon, près de Sézanne, saint Bon était invoqué par les malades atteints de panaris.
Abbé Laurent Serres-Ponthieu, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X