S.O.S Mamans – Journal de bord n° 48 de décembre 2011 à mars 2012

Jeudi 15 décembre 2011

Entre les dif­fé­rents bébés de ces semaines-​ci, men­tion­nons ceux des jeunes mamans russes Ivana et Michaela que nous avons pu ache­mi­ner, par nos canaux, vers la Sainte Russie (coût de ces deux sau­ve­tages, sur­tout en rai­son du voyage retour en camion : 2 x 800 Euro).

Il faut signa­ler que nos familles héber­geuses deviennent de plus en plus elles-​mêmes détec­teurs de bébés en situa­tion SOS IVG : sur la côte d’Azur nos coopé­rants ont trou­vé Nadège et Anneliese, deux élèves de 17 ans, enceintes depuis 1 mois et demi, qui n’osaient pas signa­ler leur gros­sesse à leurs parents crai­gnant que ce soit l’avortement d’office. Grâce à des amies qui nous connais­saient, elles ont été accueillies dis­crè­te­ment chez une de nos héber­geuses qui a une belle mai­son loin dans les mon­tagnes der­rière Nice. Pour le temps de la gros­sesse elles inter­rompent leurs études (BTS) pour les reprendre après. Une autre jeune fille, Sophie d’Antibes, éga­le­ment âgée de 17 ans, a pris le même che­min. Pourtant enceinte, elle avait été dro­guée à plu­sieurs reprises par son « copain » dont il fal­lait, selon sa demande, l’éloigner à tout prix. Maintenant elle est en paix.

Nos pro­té­gées mineures sont toutes logées et nour­ries par nos réseaux, mais elles se font elles-​mêmes leur argent de poche pour leurs besoins per­son­nels par des ser­vices aux alen­tours de leur loge­ment : baby-​sitting, courses, aides à des per­sonnes âgées etc. Si les cir­cons­tances s’y prêtent, elles peuvent suivre aus­si des cours pour pré­pa­rer leur vie de future mère, non-mariée…

Samedi 31 décembre 2011

Cet après-​midi nous avons orga­ni­sé dans un café du centre de Paris une galette des rois pour Sos Mamans, avec des bébés sau­vés qui ont aujourd’hui déjà 11 ans d’âge. Une mer­veille, ces enfants ! Le soir même, donc au début de la nuit St Sylvestre, nous avons pro­cé­dé, en cercle presque intime, pour la pre­mière fois à la consé­cra­tion de l’ac­tion Sos Mamans à l’Immaculée, devant l’autel de la Sainte Vierge au fond du chœur de l’église Saint Nicolas du Chardonnet à Paris qui a bien vou­lu nous accueillir pour cette petite céré­mo­nie. Voici le texte prononcé :

« Très Sainte Vierge Marie, Vous qui êtes l’Immaculée, forte comme une armée, celle qui écra­se­ra de son talon Satan et ses œuvres, nous Vous consa­crons ce soir notre action SOS MAMANS, avec tous ses actifs, ses familles héber­geuses, ses bien­fai­teurs et bien­fai­trices, mais sur­tout nous Vous confions tous les bébés que, avec l’aide de Dieu, nous avons pu sau­ver et que nous sou­hai­te­rions encore sau­ver, ain­si que leurs petites mamans, en France et ailleurs. Nous Vous deman­dons hum­ble­ment de bien vou­loir pro­té­ger toutes ces per­sonnes, main­te­nant et à l’a­ve­nir, et sur­tout nous Vous implo­rons de bien vou­loir obte­nir la grâce par­ti­cu­lière de Votre divin Fils que beau­coup de ces bébés puissent trou­ver, en dépit de tous les obs­tacles, le che­min vers le bap­tême catho­lique, pour une union tou­jours plus pro­fonde avec N.S. Jésus-​Christ déjà ici sur terre, et pour l’é­ter­ni­té. Dans cette confiance nous Vous pro­met­tons de renou­ve­ler cette consé­cra­tion au début de chaque année nouvelle. »

Maintenant nous sommes ras­su­rés que notre pro­blème pour trou­ver un moyen à ame­ner plus de nos bébés sau­vés au bap­tême catho­lique, se trouve en excel­lentes mains, celles de l’Immaculée. Deo gratias !

Lundi le 20 février 2012

Et voi­là : l’Allemagne annonce la dis­pa­ri­tion de l’argent liquide en 2012. Qu’est-​ce que nous avions pré­dit ? SOS MAMANS (UNEC) va bien être obli­gée de trans­for­mer la voi­ture de l’Unec en four­gon­nette et d’al­ler cher­cher, à chaque début du mois, les dons impor­tants en espèces direc­te­ment chez les dona­teurs. Comment Sos Mamans peut-​elle aider une fillette de 15 ans, enceinte, pour­chas­sée par ses parents (car ils veulent la for­cer d’a­vor­ter son bébé), sauf en argent liquide ? Ou une pros­ti­tuée russe enceinte qui n’a plus ses papiers, confis­qués d’of­fice par le sou­te­neur du bor­del ? Comment payer le camion­neur qui, la nuit, éva­cue­ra cette pros­ti­tuée dans son camion de Paris vers l’est ? Par chèque ? Par carte bleue ? Impossible. La dis­pa­ri­tion de l’argent liquide serait la fin de la vraie cha­ri­té chrétienne.

Nos ban­quiers nous avaient annon­cé cela dès 2010 : « On va vers l’a­bo­li­tion de l’argent en espèces ». Nous étions déjà « sus­pects », en rai­son des sommes en cash que nous dépen­sions, et deux banques nous ont chas­sés en fer­mant uni­la­té­ra­le­ment notre compte UNEC (SOS MAMANS): d’a­bord la BNP, puis la POSTE. Aujourd’hui nous sommes dans une banque pri­vée à Nanterre, en fait une banque copro­prié­taire asso­cia­tive. Pour l’ins­tant ça va. Pour com­bien de temps encore ? Nous nous sommes appro­chés de la BANQUE DE CHINE à Paris, pour l’ou­ver­ture éven­tuelle d’un compte UNEC chez eux. Les Yüan ne vont pas dis­pa­raître si vite, et il y aura tou­jours des négo­cia­teurs et échan­geurs à Paris, au pire cas au noir. Si nos ban­quiers et finan­ciers s’i­ma­ginent que nous aban­don­nions nos bébés mena­cés de mort par l’a­vor­te­ment, ils se trompent lour­de­ment. On conti­nue­ra à venir à leur secours, coûte que coûte.

Vendredi 9 mars 2012

Ce matin à 7 h., à l’hôpital de Rennes, ils ont avor­té le bébé de Sabrina, 15 ½ ans, musul­mane, contre sa volon­té. La pres­sion de la famille et de TOUS ceux qui l’entouraient, sauf son « ami » aus­si jeune qu’elle, fut ter­ri­fiante pour elle. La pire des ques­tions qu’elle se posait, fut celle-​ci : est-​ce que j’ai le DROIT de refu­ser qu’on avorte mon bébé ? Voilà la tyran­nie mor­telle qui entoure presque toutes nos petites mamans enceintes. D’autant plus héroïques sont les nom­breuses petites mamans – 99% de celles que nous accom­pa­gnons pen­dant cette lutte – qui se lèvent pour dire NON, pour défendre leur bébé en pre­nant tous les risques, y com­pris celui d’une sépa­ra­tion de leur famille. Oui, il faut de l’héroïsme pour cela, nous pou­vons l’attester. La culpa­bi­li­té de notre socié­té toute entière est terrible.

Voici la lettre que Sabrina, après avoir fait cor­ri­ger les fautes d’écriture par nous, avait glis­sé à sa mère, un jour avant la date fixée par celle-​ci pour l’avortement, c’est-à-dire hier. Pour rien. La dure­té des cœurs a prévalu.

« Ma maman ché­rie, Je m’applique pour t’écrire une belle lettre parce que je t’aime très fort, tu es ma mère et ma maman ché­rie, et parce que je ne sais pas com­ment te dire ce que je res­sens. Comme tu sais, je suis maman aus­si, puisque je porte un enfant qui gran­dit en moi. Ce bébé je l’aime déjà, comme toi tu m’aimes aus­si. C’est mon pre­mier bébé, je com­prends ta déci­sion, mais moi, je me sens maman, et ce n’est pas ma déci­sion d’avorter. Comment je pour­rais m’en remettre ? Je sais que je suis à ta charge, maman, je sais que c’est dur par­fois pour toi, en plus je ne suis pas tou­jours facile. Je suis une trop jeune maman, et ta peur, je la com­prends, mais pour mon bébé, et grâce à lui, je me bat­trai pour l’élever. Est-​ce qu’on pour­rait l’aimer toutes les deux ? Ce sont les règles et la socié­té qui veulent que j’avorte, mais le regard des gens, on devrait s’en moquer. Si j’avorte, je vais le regret­ter, je vais avoir du cha­grin, maman, parce que ce n’est pas mon choix. J’ai trop envie de gar­der mon bébé. J’ai peur aus­si de vou­loir mou­rir après l’IVG. Mon copain vou­drait bien que je garde le bébé, mais il a peur aus­si, il croit qu’il est obli­gé de consen­tir à ce que j’avorte. Mais je vois bien qu’il est inquiet. Il m’aime tel­le­ment grave. Si on lui disait qu’il a le droit d’aimer son bébé, il serait sou­la­gé lui aussi.

Est-​ce qu’on pour­rait être soli­daires de mon bébé et mon­trer au monde entier qu’on peut faire le choix de la vie et de l’amour ? Est-​ce qu’on ne serait pas fières de ça, toi et moi ? Est-​ce qu’on pour­rait choi­sir de défendre notre petite famille contre les ragots, plu­tôt que faire ce que les autres attendent de nous ? Moi je trouve que ce serait une grande action.

Maman tu sais, je serai très moti­vée à l’école parce que je sau­rai que l’avenir de mon bébé en dépen­dra. Et notre bon­heur en dépen­dra aus­si. Maman, je pense que tu as peur si je garde mon bébé, je le com­prends très bien, mais je suis sûre qu’il ne faut pas avoir peur. Le choix de l’amour est for­cé­ment le meilleur choix, c’est obli­gé, maman.

Je sais que tu as avor­té toi-​même quand tu étais jeune. Mais je ne suis pas sûre que ça t’ait vrai­ment fait plai­sir. Tu aimes les enfants et si tu avais pu, tu n’aurais pas avor­té. Mon bébé pour­rait gué­rir ton cha­grin, car je suis sûre que tu as eu du cha­grin, comme moi j’en ai main­te­nant. Je sais que je t’ai déso­béi, je n’aurais pas dû cou­cher avec mon ami, j’étais trop jeune, et tu savais me par­ler comme une bonne mère, mais je n’ai pas écou­té. Peut-​être que je ne me sen­tais pas heu­reuse (pas à cause de toi bien sûr) et peut-​être que j’ai cou­ché avec lui pour me faire aimer, sans le savoir ?

Mon bébé, je lui appren­drai aus­si qu’il ne faut pas cou­cher avec un gar­çon à 15 ans. Je lui dirai que j’aurais du écou­ter ma mère, sa grand-​mère, qu’elle avait rai­son, et qu’il peut écou­ter ses conseils. Ca t’embête d’être une jeune grand-​mère ? Moi je trouve ça plus cool que d’être une vieille grand-mère.

Si mon bébé sait qu’il est venu au monde parce que je l’aimais, et que toi aus­si tu l’aimais, et qu’il a failli – selon les exi­gences de la socié­té – se faire tuer, mais qu’il a sur­vé­cu au dik­tat des autres grâce à notre amour, sa vie aura un sens très fort. Et puis nous ne sommes pas seuls. Il existe des gens qui veulent aider ceux qui ont besoin d’aide en cas de gros­sesse qui n’arrive pas quand il faut. Ces gens disent que la vie vaut la peine d’être défen­due et pro­té­gée et ils veulent nous aider sans compter.

Maman, je sais que je t’ai créé du tour­ment, et je le regrette. J’ai pris une bonne leçon. Tu es cou­ra­geuse maman, et je te remer­cie de m’aimer. Sans toi je ne serais rien. Ne me laisse pas tom­ber s.t.p., maman, je t’en sup­plie. Je t’aime. Je ne te lais­se­rai jamais tom­ber moi non plus. Toute ta vie je serai là quand tu auras besoin, même quand j’aurai ton âge. Gros bisous, ta Sabrina chérie. »

Maintenant, depuis 7h30 ce matin, le bébé de Sabrina est mort, décou­pé, jeté dans la pou­belle d’un hôpi­tal gri­sâtre dans l’ouest de la France. Nous étions prêts à inter­ve­nir en der­nière minute, en voi­ture, mais la petite Sabrina, pour­tant si cou­ra­geuse, n’a pas trou­vé la force de s’évader, cette force presque sur­na­tu­relle que beau­coup d’autres jeunes mamans avant elle avaient pour­tant trou­vée. Quoi ajou­ter ? Nous ne pou­vons que nous remettre au Bon Dieu, n’y com­pre­nant rien. « Que Votre Volonté soit faite ! » – Requiescat in pace !

Samedi 10 mars 2012

Postscriptum. Ce matin, enfin des nou­velles de Sabrina, rapi­de­ment grif­fon­nées sur son télé­phone portable :

« Quand je me suis réveillée j’ai pleu­ré et récla­mé mon bébé. Ils ne m’ont jamais dit où il était. Je n’avais pas vou­lu prendre ces médi­ca­ments, je pleu­rais quand nous sommes arri­vés hier tôt le matin à l’hôpital, mais je ne pou­vais rien faire, ma mère était là tout le temps… Je suis déso­lée, je n’ai pas été assez forte, je n’ai fait que pleu­rer, et encore, quand ils m’ont remon­tée du bloc, je me disais « non, il est là, regarde : ton ventre est tou­jours comme avant ». J’aurais aimé lui don­ner ma vie pour qu’il ait la sienne. Malheureusement on ne peut pas. Que Dieu me par­donne et m’ac­corde sa clémence. » 

Sabrina s’était appe­lée « musul­mane athée » quand nous avions le pre­mier contact avec elle, il y a une semaine… Rappelons nous : « Est-​ce qu’il y a un plus grand amour que de don­ner sa vie pour un autre ? » Jésus par­lait de Lui-​même, mais aus­si… de Sabrina. Elle sera peut-​être un jour notre nou­velle Léa (qui est en fait très malade, ce matin 40,3 degrés de fièvre…). Elle aus­si avait avor­té quand elle était jeune, et a pour­tant sau­vé plus tard dans sa vie plus de 200 femmes et jeunes filles de cet abîme. Les plans de Dieu, de toute façon, sont impé­né­trables, à nous de L’adorer, et de dire, même après cet atroce avor­te­ment : « Que Votre Nom soit loué ! » Il faut évi­ter que notre manque de confiance fasse obs­tacle à l’Amour de Dieu qui, Lui, aime infi­ni­ment plus que nous Ses enfants.

Cher lec­teur, chère lectrice,

vous faites par­tie de nos dona­teurs ou coopé­rants, et nous nous fai­sons une joie de par­ta­ger avec vous, par le biais des extraits de notre “Journal de bord”, nos joies et nos peines. 

Ce “Journal” devient un monu­ment de l’es­pé­rance, prou­vant que le crime de l’a­vor­te­ment peut être vain­cu par la cha­ri­té chrétienne.

Nous sommes fiers et heu­reux de vous savoir à nos côtés. Restez y, s’il-​vous-​plaît !

Vous faites véri­ta­ble­ment par­tie de l’é­quipe de SOS MAMANS, mer­ci, et en avant !

Pour tout renseignement, contact ou don :

S.O.S MAMANS (UNEC)
B.P 70114
95210 St-Gratien
Rép/​Fax 01 34 12 02 68
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