Mgr Fellay à Kansas City : avec le pape François nous avons en face de nous un véritable moderniste

Basilique Sainte-Marie-Majeure - 14 mars 2013 - Le Pape François priant devant la chasse de saint Pie V, le lendemain même de son élection, en la chapelle sixtine construite par Sixte V et dédiée à saint Pie V

Voici les extraits les plus signi­fi­ca­tifs du ser­mon don­né par Mgr Bernard Fellay, Supérieur géné­ral de la Fraternité Saint-​Pie X, durant la Messe pon­ti­fi­cale célé­brée le dimanche 13 octobre 2013 en l’é­glise Saint-​Vincent de Paul, à Kansas City, lors du Congrès de l’Angelus Press. Avec l’aide de John Vennari que nous remer­cions vivement.

Extraits du sermon de Mgr Fellay

Mgr Fellay a déve­lop­pé cer­tains points concer­nant Fatima, le secret, les rela­tions en 2012 de la Fraternité avec Rome, puis il a évo­qué cer­tains des nom­breux pro­blèmes graves qui sont liés au pape François.

« Depuis le début, a‑t-​il dit, nous avons le sen­ti­ment que quelque chose ne va pas avec ce pape. Dès le début il a vou­lu se dis­tin­guer, être dif­fé­rent des autres ».

« Nous devons regar­der, a décla­ré Mgr Fellay, quelle est sa vision de l’Eglise, sa vision du Concile, et quelles sont ses perspectives. »

C’est au moment des Journées mon­diales de la jeu­nesse, vers la fin du mois de juillet de cette année, que François a com­men­cé une série impres­sion­nante de dis­cus­sions, entre­tiens, appels télé­pho­niques, etc. « Nous ne pou­vons pas avoir une idée pré­cise à ce stade, mais nous avons de quoi être terrifiés. »

Déclarations contradictoires du pape

Comme cela est typique du moder­niste, ce dont saint Pie X nous aver­tit dans Pascendi : le moder­niste par­le­ra par­fois d’une façon héré­tique, et ensuite par­le­ra de manière ortho­doxe. Mgr Fellay a don­né un exemple d’une de ces contradictions.

Il a cité l’en­tre­vue de début octobre que le pape François a accor­dée au jour­na­liste athée, Eugenio Scalfari, dans le quo­ti­dien romain La Repubblica. François semble alors pro­mou­voir un rela­ti­visme dangereux.

Scalfari : Votre Sainteté, existe-​t-​il une vision unique du Bien ? Et qui en décide ?

Pape François : Tout être humain pos­sède sa propre vision du Bien, mais aus­si du Mal. Notre tâche est de l’in­ci­ter à suivre la voie tra­cée par ce qu’il estime être le Bien.

Scalfari : Votre Sainteté, vous-​même l’a­viez écrit dans une lettre que vous m’a­vez adres­sée. La conscience est auto­nome, disiez-​vous, et cha­cun doit obéir à sa conscience. A mon avis, c’est l’une des paroles les plus cou­ra­geuses qu’un pape ait prononcée.

Pape François : Et je suis prêt à la répé­ter. Chacun à sa propre concep­tion du Bien et du Mal et cha­cun doit choi­sir et suivre le Bien et com­battre le Mal, selon l’i­dée qu’il s’en fait. Il suf­fi­rait de cela pour vivre dans un monde meilleur.

Avec une bonne dose d’é­mo­tion, Mgr Fellay a décla­ré au sujet de la réponse du pape : « Ce n’est vrai­ment pas catho­lique ! Parce que tout ce que je pense n’a abso­lu­ment aucune valeur si cela ne cor­res­pond pas à la réa­li­té. La pre­mière réa­li­té est Dieu !… Dieu est l’u­nique bon­té et la réfé­rence pour tout ce qui est bon ! … »

Nous avons une conscience, mais nous ne nous diri­geons vers le ciel que si notre conscience est un miroir de Dieu. La conscience doit être for­mée selon la loi de Dieu. « Donc, pré­tendre que cha­cun puisse suivre sa propre idée, c’est une sot­tise », a‑t-​il affir­mé. « Cela n’a rien à voir avec l’en­sei­gne­ment catho­lique. C’est un rela­ti­visme absolu. »

Cependant, quelques jours après, le pape François a par­lé de la néces­si­té de com­battre le diable, de la bataille finale avec le diable, que per­sonne ne peut com­battre le démon à moi­tié et que nous devons com­battre le relativisme.

« François a décla­ré le contraire de ce qu’il a dit à La Repubblica. »

Quelle est la vision du pape François sur Vatican II ?

Mgr Fellay affirme que le pape François « tient pour acquis que le Concile a été un suc­cès écla­tant. Quel était le but prin­ci­pal du Concile ? : relire la foi à la lumière de la culture moderne ». On pour­rait dire : « Incarner l’Evangile dans le monde moderne ». François « est très heu­reux avec cela … », et estime que « le Concile a pro­duit beau­coup de bons fruits. Le pre­mier exemple qu’il donne est la litur­gie – la litur­gie réfor­mée. C’est le beau fruit du Concile. C’est ce qu’il dit. Et il en est très satisfait. »

François nous affirme que « cette re-​lecture de l’Evangile dans la culture moderne est irré­ver­sible, donc nous n’al­lons pas reve­nir en arrière. Comment voulez-​vous que nous soyons d’ac­cord avec lui ? Nous sommes en face d’un com­bat majeur. »

Le pape François et la Messe

A pro­pos de la litur­gie et de l’an­cienne messe, François parle du “Vetus Ordo” (l’an­cien ordo). Il estime que Benoît XVI a pro­ba­ble­ment contri­bué à res­tau­rer l’an­cienne messe, comme un acte de pru­dence pour ceux qui tiennent encore à elle. « Mais ne vous atten­dez pas à ce que François revienne à l’an­cienne messe. Peut-​être va-​t-​il per­mettre qu’elle soit célé­brée en paix. Dieu seul le sait. »

Mais François « voit qu’il y a un pro­blème avec cette ancienne messe. Parce qu’il y a des gens qui idéo­lo­gisent cette messe. Devinez qui est-​ce qu’il vise… Je n’ai pas besoin d’en dire plus. Alors que va-​t-​il se pas­ser avec nous ?… Ce que je constate, c’est qu’il y a une obses­sion chez lui pour ces gens qui se tournent vers le pas­sé. Ecoutez les paroles du pape :

Pape François (dans l’en­tre­tien avec les jésuites) : « Ce qui est inquié­tant, cepen­dant, est le risque de l’i­déo­lo­gi­sa­tion du Vetus Ordo, son exploi­ta­tion. … Si le chré­tien est léga­liste ou cherche la res­tau­ra­tion, s’il veut que tout soit clair et sûr, alors il ne trou­ve­ra rien. La tra­di­tion et la mémoire du pas­sé doivent nous aider à avoir le cou­rage d’ou­vrir de nou­veaux espaces à Dieu. Celui qui aujourd’­hui ne cherche que des solu­tions dis­ci­pli­naires, qui tend de manière exa­gé­rée à la « sûre­té » doc­tri­nale, qui cherche obs­ti­né­ment à récu­pé­rer le pas­sé per­du, celui-​là a une vision sta­tique et non évo­lu­tive. De cette manière, la foi devient une idéo­lo­gie par­mi d’autres. Pour ma part, j’ai une cer­ti­tude dog­ma­tique, Dieu est dans la vie de chaque personne. »

Mgr Fellay pour­suit : « L’impression que nous avons avec le pape actuel, c’est qu’il a un zèle pour le “plus ou moins”, pour l »à peu près” ; et il veut à tout prix échap­per à ce qui est trop clair et trop cer­tain. Mais la foi est ain­si, parce que Dieu est ain­si. Eh bien, ce n’est pas ce qu’il pense. »

Une autre cita­tion trou­blante du pape François (dans l’en­tre­tien avec les jésuites) :

« Si quel­qu’un dit qu’il a ren­con­tré Dieu avec une totale cer­ti­tude et qu’il n’y a aucune marge d’in­cer­ti­tude, c’est que quelque chose ne va pas. C’est pour moi une clé impor­tante. Si quel­qu’un a la réponse à toutes les ques­tions, c’est la preuve que Dieu n’est pas avec lui, que c’est un faux pro­phète qui uti­lise la reli­gion à son pro­fit. Les grands guides du peuple de Dieu, comme Moïse, ont tou­jours lais­sé un espace au doute. »

En réponse, Mgr Fellay s’ex­clame : « Quel est donc son Evangile ? Quelle Bible possède-​t-​il pour dire de telles choses ? C’est hor­rible. Qu’est-​ce que cela a à voir avec l’Evangile ? Avec la foi catho­lique ? C’est du pur moder­nisme, mes bien chers frères. Nous avons en face de nous un véri­table moderniste. » …

« Combien de temps sera néces­saire pour que les per­sonnes inves­ties d’une auto­ri­té dans l’Eglise se lèvent et disent : “nous ne pou­vons pas accep­ter !” [ce nou­vel ensei­gne­ment] J’espère et je prie pour que cela arrive. Mais cela signi­fie qu’il y aura une immense divi­sion dans l’Eglise. »

François nous dit aus­si qu’il est un grand admi­ra­teur du car­di­nal jésuite ultra­li­bé­ral Martini (aujourd’­hui décé­dé). Martini a écrit un livre appe­lant à une révo­lu­tion totale dans l’Eglise. « Et c’est ce que François veut. Et il nous a dit que les huit car­di­naux qu’il a choi­sis pour l’ai­der à “réfor­mer” l’Eglise, pensent comme lui ! ».

Donnant comme der­nier exemple l’œ­cu­mé­nisme, Mgr Fellay dit que le pape François sou­tient que « très peu de choses ont été faites dans cette direc­tion ». C’est incroyable, estime le Supérieur de la Fraternité, parce que l’œ­cu­mé­nisme est à l’o­ri­gine d’une catas­trophe indi­cible dans l’Eglise, menant les nations chré­tiennes à l’a­po­sta­sie. « Pourtant, le pape actuel dit “très peu, presque rien n’a été fait dans ce sens.”…, et il ajoute : “mais j’ai l’hu­mi­li­té et l’am­bi­tion de faire quelque chose !” »

S’accrocher à la Tradition et au chapelet !

En conclu­sion, Mgr Fellay déclare : « Le mys­tère de l’é­clipse de l’Eglise n’a jamais été aus­si grand. Nous allons au devant de moments très durs. Il ne faut pas se faire d’illu­sions. Et il est clair que la seule solu­tion est de tenir for­te­ment à ce que nous avons, de le gar­der, de ne le lais­ser échap­per d’au­cune façon…

« Le pape saint Pie X a dit que c’é­tait l’es­sence de tout catho­lique de tenir fer­me­ment au pas­sé, et qu’en ce sens tout catho­lique est tra­di­tion­nel. Le pape actuel dit exac­te­ment le contraire : “oubliez le pas­sé, lancez-​vous dans l’in­cer­ti­tude de l’avenir.”

Certainement nous avons besoin du Cœur Immaculé de Marie. Ce que nous vivons, c’est le Secret de Fatima. Nous savons ce que nous devons faire : prier, prier, prier, et péni­tence, péni­tence, péni­tence. Prier le Cœur Immaculé de Marie, moyen qui nous est don­né pré­ci­sé­ment dans ces moments dif­fi­ciles… et prier le chapelet. »

« Soyez-​en sûrs », dit Mgr Fellay, « la pro­chaine Croisade du Rosaire n’est pas loin. Allez au cha­pe­let. Priez-​le tous les jours. Nous vivons dans des temps très dan­ge­reux pour la foi et nous avons besoin de cette pro­tec­tion céleste qui a été pro­mise et accor­dée, à nous de la prendre !… Il nous faut croître dans cette inti­mi­té avec la Vierge Marie et Dieu ».

Sources : Catholic Family News/sspx.org – Traduction fran­çaise DICI n°283 du 18/​10/​13

FSSPX Premier conseiller général

De natio­na­li­té Suisse, il est né le 12 avril 1958 et a été sacré évêque par Mgr Lefebvre le 30 juin 1988. Mgr Bernard Fellay a exer­cé deux man­dats comme Supérieur Général de la Fraternité Sacerdotale Saint Pie X pour un total de 24 ans de supé­rio­rat de 1994 à 2018. Il est actuel­le­ment Premier Conseiller Général de la FSSPX.