Editorial du n° 52 de décembre 2018 – Aux Sources du Carmel – Aimer les âmes !


Editorial du n° 52 de décembre 2018
Aimer les âmes ! , abbé Dubroeucq

Cher frère, Chère sœur,

Aimer les âmes ! Tel est le thème de ce bul­le­tin. Dieu nous aime et ce qu’il y a de plus aimable en l’homme, n’est-ce pas son âme immor­telle, appe­lée à la vie éter­nelle. Pour elle le Verbe s’est fait chair et a souf­fert la Passion et la mort sur la Croix.

Aussi les saints, imi­tant Dieu, ont-​ils aimé les âmes au point de sacri­fier leur vie pour les pré­ser­ver du péché, qu’il s’agît de l’âme du pro­chain ou de leur propre âme. Dieu créa l’homme à son image et res­sem­blance. Il dit à sainte Catherine de Sienne : « J’appelle l’âme un ciel, parce que ciel je l’ai faite, un ciel où j’ha­bi­tais d’a­bord par ma grâce, me cachant en son inté­rieur, et fai­sant en elle ma demeure par sen­ti­ment d’a­mour ! »[Dialogue, t.1, ch.3, Paris, Lethielleux, 1947, p. 112.].

L’âme régé­né­rée par l’eau du bap­tême, rede­vient un « ciel », par la grâce qui la sanc­ti­fie. Comment ne pas aimer toute âme ain­si habi­tée par la sainte Trinité car alors c’est Dieu que l’on aime en elle. Quant à celles qui sont pri­vées de cette pré­sence divine, le zèle doit nous ani­mer pour obte­nir que Dieu vienne habi­ter en elles, qu’elles s’ouvrent à la grâce.

Nos deux grandes saintes du Carmel sont un exemple vivant de cha­ri­té pour les âmes. Sainte Thérèse de Jésus exhor­tait ses sœurs à prier et à se sanc­ti­fier pour le salut des âmes qui se per­daient en grand nombre à la suite de la réforme pro­tes­tante.« J’aurais, me semblait-​il, don­né mille vies pour sau­ver une seule des âmes qui se per­daient en si grand nombre. […] Je réso­lus donc […] de suivre les conseils évan­gé­liques avec toute la per­fec­tion dont je serais capable, et de por­ter les quelques âmes qui sont ici à faire de même. »[Chemin de per­fec­tion, ch. 1, 2, in Thérèse d’Avila. Œuvres com­plètes, Paris,Cerf, 2010, p. 699.]. Le zèle de leur salut était éga­le­ment, chez la sainte de Lisieux, l’objectif constant de sa cha­ri­té apos­to­lique. « Le cri de Jésus sur la Croix reten­tis­sait aus­si conti­nuel­le­ment dans mon cœur : « J’ai soif ! » Ces paroles allu­maient en moi une ardeur incon­nue et très vive. […] Je me sen­tais moi-​même dévo­rée de la soif des âmes. […] Ce n’é­tait pas encore les âmes de prêtres qui m’at­ti­raient, mais celles des grands pécheurs, je brû­lais du désir de les arra­cher aux flammes éter­nelles… » {Manuscrit A, 46 r°, in Thérèse de Lisieux. Œuvres com­plètes, Paris, Cerf, 2010, p. 143.]. Des âmes d’apôtres et de mar­tyrs, des âmes de prêtres, elle en était pré­oc­cu­pée, car par leur sain­te­té, elle voyait d’innombrables âmes sau­vées. Par ses prières, ses sacri­fices, ses exemples et ses écrits, elle contri­bua ain­si à mul­ti­plier les sau­veurs d’âmes. « Ne per­dons pas notre temps …sau­vons les âmes … » [L. 94 , à Céline, in Œuvres com­plète, op. cit., p. 396.]. « Ah ! Céline, je sens que Jésus nous demande de nous deux, de désal­té­rer sa soif en lui don­nant des âmes, des âmes de prêtres sur­tout… » [L. 96, ibid.,p. 399.]. Pour venir en aide à toute l’Église, mili­tante et souf­frante, « je réso­lus de me tenir en esprit au pied de la Croix, pour rece­voir la Divine rosée qui en décou­lait, com­pre­nant qu’il me fau­drait ensuite la répandre sur les âmes… » [Manuscrit A 46 r°, in Œuvres com­plètes, op. cit., p. 143.]. Elle avait com­pris la voca­tion du mis­sion­naire qui, au pays où il est envoyé, « vient por­ter la lumière de l’Évangile et l’ai­mer comme il convient ; si bien qu’il ne recherche pas d’a­van­tages maté­riels, ni les inté­rêts de son ins­ti­tut reli­gieux, mais bien ce qui concerne le salut des âmes. »[Pie XII, ency­clique Evangelii prae­cones, 2 juin 1951, pas­sage cité in Cattin, Sources de la vie spi­ri­tuelle, Éd. St Paul, Fribourg, 1961, t. 2, n° 3466, p.1472.].

Cet amour des âmes se porte non seule­ment sur celles qui sont au loin, ou dans le pur­ga­toire, mais aus­si et avant tout sur ceux et celles qui sont proches de nous : Notre-​Seigneur n’a-​t-​Il pas dit : « Chaque fois que vous l’a­vez fait au plus petit de mes frères, c’est à moi que vous l’a­vez fait » ? [Mt 25, 40.]. C’est là que l’es­prit de foi doit nous ani­mer, afin de ne pas perdre de vue la pré­sence divine, et de voir en celui qui est proche de nous, et qui peut-​être éprouve notre ver­tu, Jésus Lui-​même, qui vient nous don­ner, par l’in­ter­mé­diaire de notre pro­chain, une occa­sion de prou­ver notre cha­ri­té. Ce que sainte Thérèse de l’Enfant-​Jésus aime dans son pro­chain, c’est l’a­mour de Jésus pour lui. Elle l’ex­prime bien dans sa poé­sie « Jésus mon Bien-​Aimé, rappelle-​toi » deman­dée par sa sœur Céline. [in Œuvres com­plètes, op. cit., p. 692–701.].

Chers ter­tiaires, efforçons-​nous de vivre ain­si ; nous plai­rons alors à Dieu et ferons du bien au pro­chain, l’ai­dant à pro­gres­ser. Que de mal­adresses par­fois, car on agit selon la nature et non selon la grâce ; ain­si, au nom de la véri­té, on manque de cha­ri­té. Sainte Thérèse, un jour, avant de reprendre une novice, s’y pré­pa­ra par la prière et, après l’a­voir dis­po­sée à rece­voir la remarque, la lui fit ; celle-​ci, alors, por­ta tout son fruit. Que de consé­quences désas­treuses par­fois, suite à une parole mal­heu­reuse, que l’on a vou­lu dire pour reprendre le pro­chain. Imitons Jésus devant la sama­ri­taine [Jn, ch.4, v.1–40.] et médi­tons sou­vent cette belle scène qui révèle la déli­ca­tesse du Cœur de Jésus pour les âmes.

En ce saint temps de Noël, que la Mère du divin Sauveur nous obtienne la grâce de nous iden­ti­fier davan­tage à Jésus. 

Je vous bénis. 

Abbé L.-P. Dubrœucq, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-​Pie X

Retraites carmélitaines

Retraites car­mé­li­taines

Retraites mixtes (hommes et dames),ouvertes prin­ci­pa­le­ment aux ter­tiaires du car­mel mais aus­si aux per­sonnes inté­res­sées par la spi­ri­tua­li­té du carmel.

Inscriptions auprès de M. l’ab­bé Dubroeucq au prieu­ré de Sorgues tél : 04 90 83 58 19

Renseignements :

Prieuré St-​Bénézet de Sorgues
Domaine de La Bretêche
484, Allée des Brantes
84700 Sorgues