Bulletin du Tiers-Ordre séculier pour les pays de langue française
La grâce du moment présent
Editorial de Monsieur l’abbé Louis-Paul Dubroeucq,
aumônier des tertiaires de langue française
Cher frère, Chère sœur,
« N’ayez donc point de souci du lendemain : le lendemain aura souci de lui-même. À chaque jour suffit sa peine [1] ». Par ces paroles, notre Divin Maître nous invite à vivre le moment présent et à le sanctifier.
Dans la prière du Pater, Il nous enseigne à demander « notre pain quotidien », car Dieu nous donne ses dons et en particulier sa grâce pour le moment présent, comme les Hébreux dans le désert recevaient la manne pour le jour même.
La salutation angélique, dans sa deuxième partie, insiste quant à elle sur le mot « maintenant » ; c’est pour ce moment que nous sollicitons les prières de Notre Dame, et pour l’heure de la mort lorsqu’elle sera devenue le moment présent.
Lors de sa dernière maladie, sainte Thérèse de l’Enfant Jésus disait : « je ne vois que le moment présent, j’oublie le passé et je me garde bien d’envisager l’avenir [2] »
Le présent est notre seule richesse, car le passé ne nous appartient plus et l’avenir nous est inconnu. De plus, Dieu veut que nous vivions dans le présent, sans nous inquiéter du lendemain. Le présent est une ouverture sur l’éternité. L’instant présent exprime la volonté de Dieu et nous livre la présence divine. Dieu nous demande d’être à telle place, à tel moment, accomplissant telle action ; c’est là qu’Il nous attend avec sa grâce. Si nous le cherchons ailleurs, nous Le manquerons.
L’espérance, qui nous fait attendre l’instant éternel, est la vertu qui amène l’âme à vivre l’instant présent. Car c’est en le sanctifiant que nous atteindrons l’objet de notre espérance. Ce que Dieu attend de nous, c’est de regarder et d’accomplir ce qu’Il met sous nos yeux et rend possible quand Il le veut. « Ce qui touche le cœur de Dieu et en triomphe, c’est une ferme espérance »,enseigne saint Jean de la Croix [3]. Dieu donne sa grâce au fur et à mesure de nos besoins. « Ma grâce te suffit »,disait-il à saint Paul [4] et sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus de reconnaître : « Il me donne à chaque instant ce que je puis supporter, pas davantage. Et si le moment après, Il augmente ma souffrance, Il augmente ma force. [5] »
Mais si l’espérance est nécessaire pour vivre l’instant présent, elle ne suffit pas. Il faut encore la foi et la charité. En effet, en vivant l’instant présent, nous devons ne plus penser ni au passé, ni au futur. Mais de plus il faut croire que Dieu est présent dans ce moment, par sa volonté qu’Il manifeste et la grâce qu’Il accorde. « La foi nous donne Dieu », explique saint Jean de la Croix [6], à la mesure où nous savons ouvrir notre âme. La foi nous permet de nous unir à Dieu dans l’instant présent et de Le rencontrer en toutes choses sous des aspects différents : dans la souffrance, comme dans le prochain ou dans le devoir d’état ou tel événement imprévu. « Tout concourt au bien de ceux qui aiment Dieu »,disait saint Paul [7].
Quant à la charité, elle nous fait vivre dans l’action de grâces et l’offrande de nous-mêmes. Dieu attend l’offrande de ses dons pour redoubler de libéralité à notre égard ; Il attend même l’oblation de nous-mêmes. Par ce don de soi nous possédons Dieu. « L’âme qui souhaite que Dieu se livre entièrement à elle, doit se livrer tout entière à Lui, sans aucune réserve. [8] »
Comment sanctifier l’instant présent au milieu de nos occupations quotidiennes en ce XXIème siècle trépidant ? Les temps que nous vivons nous obligent à compter davantage sur Dieu car nous ne pouvons plus nous fier aux valeurs humaines. Aussi notre époque est-elle bien propice à comprendre la valeur de l’instant présent. La première disposition est d’accomplir la volonté de Dieu en tout : faire ce qu’Il veut et quand Il le veut ; être disponible, attentif à sa grâce et accepter joyeusement ce qu’Il nous offre. De plus, il faut le détachement de soi-même, de sa volonté propre, la pauvreté spirituelle : c’est la condition pour être disponible. Lorsque nous sommes alors unis à Dieu à chaque instant, nous dominons le temps et vivons l’éternité commencée. Nous faisons ce que nous ferons dans l’éternité : nous bénissons Dieu, nous L’adorons, nous L’aimons.
« Celui qui a l’instant présent, a Dieu », affirme sainte Thérèse d’Avila [9].
Saint temps de Carême !
† Je vous bénis.
Abbé L.-P. Dubrœucq †
« Avoir une grande douleur pour tout moment perdu ou qui ne se passe pas à aimer Dieu. » St Jean de la Croix, Écrits spirituels, Degrés de perfection, 7, in Jean de la Croix. Œuvres complètes, Cerf, 1997, p. 313. |
Retraites carmélitaines
Retraites carmélitaines : Retraite du 7 au 12 janvier 2013 : 16 H 00 ‑16 H 00 au Prieuré de Gastines, 49380 Faye d’Anjou Retraites mixtes (hommes et dames),ouvertes principalement aux tertiaires du carmel mais aussi aux personnes intéressées par la spiritualité du carmel. Inscriptions auprès de M. l’abbé Dubroeucq au prieuré de Gastines tél : 02 41 74 12 78 Comme l’indique l’ordo de 2012,des messes sont célébrées au Mans Chapelle Notre-Dame de l’Annonciation Tél : au prieuré Saint Louis-Marie Grignon de Montfort, 49380 Faye d’Anjou ou au 06 16 80 63 17 |
- Mt. 6, 34.[↩]
- Histoire d’une âme, ch. XII, édition 1907, p. 233–234. [↩]
- Œuvres spirituelles de saint Jean de la Croix, Paris, Éd. du Seuil, 1948, Maxime 112, p. 1195. [↩]
- 2 Cor., 12,9.[↩]
- Histoire d’une âme, ch. XII, édition 1907, p. 245–246.[↩]
- Montée du Carmel, livre II., ch. 24.[↩]
- Rom. VIII, 28.[↩]
- St Jean de la Croix, in Jean de la Croix. Œuvres complètes, Éd. Cerf, 2001, p. 284, n°126.[↩]
- Cf. Jean Lafrance, Prie ton Père dans le secret, Paris, Éd. Médiaspaul, 1993, p. 133.[↩]