Editorial du n° 51 de septembre 2018 – St Jean de
la Croix, le Père du Carmel Réformé, abbé Dubroeucq
Cher frère, Chère sœur,
Saint Jean de la Croix, par sa sainteté et sa vie, ses exemples et ses maximes, nous rappelle vivement l’esprit de Jésus-Christ, notre modèle, et semble nous indiquer les voies droites et sûres à suivre. En tant que Tertiaires du Carmel, il vous est nécessaire de contempler le visage de ce saint Docteur, d’étudier, de connaître, d’imiter davantage un Père si grand afin de le faire connaître, apprécier, aimer des autres.
Dans une brochure séparée, vous sont exposées les premières vicissitudes de la vie tourmentée et sainte de ce Père du Carmel.
Je vous invite ici à étudier son esprit à travers les événements de sa vie et à travers ses écrits admirables. Nous en avons le devoir. Ne sommes-nous pas ses fils ? N’appelons- nous pas Jean du doux et grand nom de Père ? Il est le Père du Carmel Réformé.
Voici un extrait de la lettre pastorale adressée par le R.P. Pierre-Thomas de la Vierge du Carmel, préposé général, à l’Ordre des Carmes déchaussés, à l’occasion du quatrième centenaire de la naissance de saint Jean de la Croix, le 24 juin 1942 :
« Quand nous remontons par la pensée aux origines de notre Réforme, subitement se présente à nous, majestueuse et sublime, la figure de Notre Mère Sainte Thérèse de Jésus. À elle appartient la première place. Thérèse de Jésus a conçu et réalisé la réforme du Carmel. Elle ouvre le premier monastère des carmélites déchaussées à Avila, elle en fonde dix-sept autres, elle en voit ériger trente-trois avant sa mort. Thérèse de Jésus songe aussi à la réforme des carmes, elle obtient des supérieurs la permission de fonder deux couvents, elle choisit les religieux capables pour une entreprise aussi difficile et elle travaille de tout son pouvoir à l’inauguration de la vie régulière dans le premier couvent à Duruelo. C’est elle la Mère, la Réformatrice. Jean, il est vrai, est le fils de Thérèse de Jésus. D’elle il a reçu la lumière sur sa vocation, d’elle il a reçu le saint habit. Il ne remplit jamais la première charge dans le Carmel renouvelé, on lui donne toujours des emplois secondaires. Cependant, il est le Père parce qu’il a donné à la Réforme son esprit : il a formé les premiers novices, il a éduqué les étudiants, il a établi les points de l’observance, il a donné la lumière, l’orientation, la direction, la doctrine, il a forgé l’esprit de la Réforme, il a formé une tradition de vie intérieure qui s’est transmise de génération en génération et qui comme une sève a imprégné tous les rameaux du Carmel régénéré. Pendant que les autres confrères travaillent à l’organisation extérieure, dirais-je, de la Réforme : érections de couvents, obtentions, pendant les dures luttes, du patronage des princes, des prélats et du roi, Jean crée, dans le labeur caché et silencieux du cloître, une âme, un esprit, l’âme et l’esprit du Carmel renouvelé, il lui donne une vie nouvelle et sublime.
C’est ainsi qu’il devient le Père. C’est de ce doux et grand nom de Père que l’appellent depuis trois siècles les carmes et les carmélites répandus dans le monde entier, ces religieux et ces religieuses qui par l’observance intégrale de la règle sont revêtus de son esprit, ont embrassé ses sublimes enseignements, ont suivi ses merveilleux exemples. Modèle de perfection carmélitaine. Et quel Père fut jamais pour nous Jean de la Croix ? La vie qu’il a donnée et donne à ses fils fut avant tout vécue par lui. On pourrait dire de Jean ce que l’Évangile atteste de notre divin Sauveur, modèle et maître de sainteté : « cœpit Jesus facere et docere ». Comme Jésus, Jean a vécu la vie carmélitaine avant de l’enseigner par la parole et par la plume, nous donnant les exemples qui devraient se dresser sans cesse devant notre esprit et notre cœur et devenir l’objet de notre constante et fidèle imitation. Très chers fils et filles, voilà notre modèle. Dans ses écrits, il nous parlera d’abnégation, de renoncement, en nous enseignant la doctrine du rien ; il nous parlera de douleur et de sacrifice, il nous excitera à la pratique des vertus les plus ardues et aux plus hauts exercices de l’amour. Mais avant d’écrire et d’enseigner tout cela, il s’est renié lui-même, il s’est renoncé, il s’est mortifié, anéanti, il a souffert, il a invoqué la souffrance, il a gravi les cimes les plus élevées de l’amour divin, devenant un chérubin et un séraphin d’amour. Je voudrais que notre première étude fût celle-ci : contempler Jean de la Croix, notre Père, pour l’imiter, pour connaître et estimer sa vie et la faire revivre en nous. Je ne crois pas me tromper en affirmant que Jean est également peu connu sous cet aspect et regardé souvent, peut-être trop, comme un grand saint, un géant de la sainteté, un mystique éminent, un séraphin héroïque, qu’il faut plus admirer qu’imiter.
S’il est vrai qu’il n’est pas donné à tous de monter à la cime où le Seigneur l’a élevé, il n’est pas moins certain que la sainteté de Jean est imitable et que l’imitation de ses vertus est la condition nécessaire et essentielle pour qui veut être un authentique et digne fils d’un père si grand. Tous, fils très chers, nous pouvons et nous devons suivre les traces du Père. Que nous appartenions au premier, au deuxième ou au troisième Ordre, que nous vivions dans le cloître ou dans le monde, peu importe, si nous avons embrassé la règle du Carmel ce devoir nous incombe : connaître notre Père pour l’imiter, faire revivre sa vie en nous. Les exemples à imiter ne nous manquent certes pas. A Jean n’a pas été donné le titre de premier carme déchaussé uniquement parce qu’il a revêtu le premier l’habit à Duruelo, mais bien dans un sens beaucoup plus noble et plus expressif : il l’a reçu parce qu’il a été le premier dans la pratique et l’esprit de la perfection carmélitaine.
En lui resplendit l’éclat le plus lumineux, le type du carme déchaussé ; l’idéal du Carmel a été vécu par lui avec une intensité et une profondeur telle qu’on pourrait l’appeler son incarnation. Tout ce qui constitue la vie, la perfection, la sainteté carmélitaine trouve en Jean sa plus exacte et plus merveilleuse actuation. Si au début de sa vie religieuse il songe à la Chartreuse, c’est parce que son âme est avide de contemplation, d’union à Dieu, mais dans la rencontre qui a lieu à Medina del Campo avec Thérèse de Jésus en 1567, celle- ci lui assure qu’au Carmel et au Carmel renouvelé il trouvera ce que son cœur ardent désire. Depuis cinq ans, Thérèse de Jésus a réalisé son idéal dans le petit monastère de Saint-Joseph d’Avila.
En écoutant les paroles de Thérèse, Jean voit l’idéal carmélitain, il le comprend, il en perçoit tout le sublime, son cœur est attiré, il en devient enamouré et à partir de ce jour Jean n’a plus qu’une pensée, un seul désir, un but unique, devenir un carme parfait. 4Sa vie nous montre bien que Notre Mère Sainte Thérèse ne s’est pas trompée en choisissant Jean pour premier carme et pour pierre fondamentale de la réforme. »
Comme sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, sainte Elisabeth de la Trinité et tant d’autres membres de l’Ordre de la Vierge du Carmel, mettons-nous à l’école de ce grand maître qui a su si bien, et par sa vie, et par ses écrits, nous transmettre la spiritualité carmélitaine.
† Je vous bénis.
Abbé L.-P. Dubrœucq, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X
Retraites carmélitaines
Retraites carmélitaines Retraites mixtes (hommes et dames),ouvertes principalement aux tertiaires du carmel mais aussi aux personnes intéressées par la spiritualité du carmel. Inscriptions auprès de M. l’abbé Dubroeucq au prieuré de Sorgues tél : 04 90 83 58 19 Renseignements : Prieuré St-Bénézet de Sorgues |