Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit,
Tous les lieux, tous les pays appartiennent au bon Dieu, et pourtant il y a des lieux que le bon Dieu a choisis, particulièrement. Il y a des lieux qui sont consacrés par l’Église, par son autorité d’épouse. Elle peut consacrer des lieux, des églises, des basiliques, des cathédrales. Mais il y a des lieux que le bon Dieu lui-même, que la Sainte Vierge, ont choisi. Et Pontmain est un de ces lieux choisis par Dieu, pour protéger la France. Le bon Dieu a bien manifesté ici, à Pontmain, sa sollicitude pour notre pays.
Tous les temps appartiennent à Dieu. En tout temps, nous devons avoir recours à Dieu. La vie chrétienne, la vie intérieure est une conversation, devrait être une conversation actuelle avec le bon Dieu. Et pourtant, il y a des temps où le bon Dieu bénit davantage. Il y a des temps liturgiques, il y a des pèlerinages, il y a des grâces que le bon Dieu donne aujourd’hui. Et il faut recevoir aujourd’hui la grâce que le bon Dieu donne.
Le bon Dieu est riche en miséricorde. Il donne quantité de grâce. Toutes les grâces viennent de lui. Il donne toutes ces grâces qui nous conduisent au ciel. Dans nos misères, dans nos demandes, nous savons que le bon Dieu est toujours là. Il répond à tous les besoins. Pourtant, il y a des grâces particulières à demander, en ce lieu-ci, en cette date, en ce dimanche qui précède la fête de l’Ascension. Oui, nous sommes venus ici pour demander l’Espérance. Voilà la grâce que le bon Dieu veut certainement nous accorder aujourd’hui, ici, à Pontmain.
Et demandons cette grâce, tout d’abord, pour la France, puisqu’ici le bon Dieu a manifesté sa bonté, son attention sur notre pays. Oui, nous sommes venus ici pour prier pour la France.
Nous sommes venus ici aussi, bien sûr, pour prier pour l’Église. Car la crise qui secoue l’Église est notre grande préoccupation, notre grande croix. Et nous ne pouvons pas oublier notre Mère.
Et puis bien sûr, nous sommes venus ici demander, au-delà de toutes nos intentions particulières, nous sommes venus ici demander tout simplement le salut de notre âme. Car c’est bien là l’objet de la vertu d’Espérance. Oui, j’espère le bonheur éternel dans l’autre. J’espère que vous me donnerez, Seigneur, votre grâce en ce monde, et si j’observe vos commandements, le bonheur éternel dans l’autre.
Nous sommes venus pour la France. Le 17 janvier 1871, alors que l’Empire était tombé, alors que les Prussiens étaient à Laval, voilà que la Sainte Vierge apparaît dans le ciel et arrête cette invasion, sauve notre pays qui allait périr.
La Sainte Vierge s’occupe de politique. Car la politique, la cité, c’est le lieux où nous nous sanctifions. Il importe à la Sainte Vierge, il importe à notre sanctification, que nous soyons dévoués à notre pays, que nous ayons l’amour de notre patrie, et la Sainte Vierge a manifesté ce souci qu’elle avait de la France qui est notre pays.
Le bon Dieu avait manifesté cette sollicitude pour les questions temporelles bien sûr, à travers l’envoi de Jeanne d’Arc. Et la Sainte Vierge elle-même, ici, à Pontmain, est venue pour protéger la France.
Nous aimons notre patrie, c’est-à-dire cet héritage de foi, de vertu, qui fait la France. Nous l’aimons alors que la France, elle, s’est rendue coupable. Nous aimons notre pays, nous sommes venus ici, pour implorer la miséricorde de Dieu.
Comment pourrions nous espérer des grâces de Dieu, si d’abord nous ne demandions pas pardon pour les péchés de la France, l’impiété de ce pays, qui a enlevé de sa constitution le nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ, le nom même de Dieu ? Ce pays qui a produit dans sa législation des lois iniques, contraires à la loi naturelle, aux choses les plus élémentaires de la nature humaine. Un pays, qui en raison même de son impiété, de son péché, est au bord de la dissolution, pris dans un étau effroyable aux deux mâchoires d’une Europe impersonnel et d’un Islam conquérant. Le bon Dieu va-t-il sauver la France ?
Il n’y a aucune promesse. L’empire romain, chrétien, l’empire romain est tombé. Saint Jérôme a pleuré la disparition de l’empire romain. Allons-nous, nous aussi, pleurer la disparition d’un pays, de la France ?
Nous sommes venus ici, peut-être pas dans l’Espérance, mais dans la confiance. Dans la confiance parce que la Sainte Vierge, qui est venue ici, eh bien, ne va pas nous abandonner.
Nous sommes venus ici aussi, comme appuyés, appuyés sur la prière de nos aïeux. Nous ne sommes pas les premiers. Nous venons ici tous les ans, prier Notre-Dame de Pontmain ; il y a des générations et des générations d’âmes chrétiennes qui sont venues prier pour le salut de la France. Et appuyés sur cette prière qui se répète, qui persévère, oui, nous avons confiance que le bon Dieu va faire quelque chose pour notre pays, que le bon Dieu va sauver, sauver la France et la rendre de nouveau fidèle à la grâce de son baptême.
Nous sommes venus prier pour l’Église. Le 9 avril dernier, il n’y a pas encore un mois, le chef de l’État prononçait un discours devant les évêques de France et disait que son rôle était d’assurer que les français puissent croire ou ne pas croire, qu’ils aient le droit de manifester leur athéisme. Et il demandait aux évêques de France, eh bien, un respect absolu, total, sans compromis, de toutes les lois de la république française. Et les évêques, entendant ce discours, ont applaudi, avec ferveur !
Cet applaudissement nous glace le sang ! C’est un acte d’apostasie ! C’est le refus de faire régner Notre-Seigneur Jésus-Christ ! C’est le refus d’exercer cette autorité qui est la leur, l’autorité de paître le troupeau, de conduire les âmes à Dieu. Pauvres prêtres, pauvres évêques qui ne croient plus dans la royauté de Notre-Seigneur Jésus-Christ !
Oui, ces âmes, ces âmes ont comme perdu la foi, perdu leur foi en Notre-Seigneur Jésus-Christ, car véritablement si l’on croit qu’il est Dieu, comment peut-on ne pas désirer, ne pas travailler à ce règne social, à ce règne de Notre-Seigneur Jésus-Christ ?
Si ce n’était qu’un découragement – car ce fut certainement un découragement – pourquoi est-ce que l’Église en est arrivée là ? Pourquoi est-ce que ces hommes, pourquoi est-ce que ces prêtres, ces évêques, finalement ont pensé que la liberté religieuse était une chose merveilleuse ? Qu’il fallait effectivement, au nom de la conscience, donner cela à tous les hommes ? De pouvoir effectivement, publiquement, à la face de tous, nier l’existence même de Dieu ? Au début certainement cela était un manque d’Espérance. Une espèce de perte de Foi dans le pouvoir qui leur est donné, dans cette capacité qu’ils ont de prêcher l’Évangile. Ils ont été bénis par Notre-Seigneur pour cela ; c’est eux, les évêques, qui ont ce pouvoir de paître, et d’annoncer l’Évangile, ils ont été envoyés pour cela. Et voilà qu’ils n’y croient plus. Ils ne sentent plus la force de prêcher le nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ.
Il semble qu’ils aient, au nom de cette liberté religieuse, au nom de cet œcuménisme, finalement renoncé à leur autorité. Quand le Saint Père réunit ceux qui s’appellent « chrétiens », leur demande-t-il de croire en lui ? De se soumettre à son autorité ?
Lui qui est Pierre, lui qui est le successeur de saint Pierre, le vicaire de Notre-Seigneur Jésus-Christ ! Le représentant de Dieu sur la terre ! Leur demande-t-il d’obéir, de se soumettre ? Non. Non, c’est fini. Il n’ose plus, ne dit plus rien. Lui qui est Pierre, au contraire, prêche la liberté, la dispersion des brebis du Seigneur. Lui qui est chargé d’assurer l’unité de l’Église, par son autorité, il ne le demande pas. Que chacun croit ce qu’il veut, et tout le monde, ainsi, pourrait aller au ciel.
A Pontmain, la Sainte Vierge a manifesté ce respect qu’elle avait pour l’autorité de l’Église. Le curé, Monsieur l’abbé Guérin, était curé de Pontmain depuis trente-cinq ans, quand la Sainte Vierge est apparue. La Sainte Vierge, tant que le curé n’était pas là, ne disait rien, n’annonçait rien, ne manifestait pas sa volonté. Quand le curé est venu, et au fur et à mesure des prières que le curé faisait réciter ou chanter, alors la Sainte Vierge changeait d’expression. Suivant le cantique que Monsieur le curé demandait, alors elle se réjouissait, elle souriait. Il semblait même qu’elle dirigeait du doigt cette musique, ce cantique.
Au contraire, quand c’était un cantique de repentance, alors on voyait la Sainte Vierge triste. Il semblait que la Sainte Vierge était comme obéissante à ce curé, à ce prêtre qui effectivement, avec beaucoup de zèle, avait converti, avait maintenu dans une grande ferveur toute sa paroisse.
Elle était habillée de bleu parce que Monsieur le curé avait décoré de bleu son église. Elle était entourée de bougies parce qu’effectivement Monsieur le curé, dans son église, avait mis des bougies, quatre bougies autour de la statue de la Sainte Vierge. Quel respect de l’autorité !
Quel exemple pour nous ! Oui, voilà un curé ! Voilà quelqu’un qui est chargé du salut des âmes, de son troupeau ! Que font les prêtres aujourd’hui ? Que font les curés ? Que font les évêques ? Que fait le Pape ?
Nous allons prier, oui, ici à Pontmain, pour que l’Église retrouve sa fierté, que les hommes d’Église retrouvent leur fierté. Que le Pape comprenne qu’il est le premier, l’autorité suprême sur la terre. Et que tous doivent reconnaître son autorité pour aller au ciel. C’est précisément pour lui que nous prions et que nous souffrons dans cette crise de l’Église. Par lui, très certainement, malheureusement, mais surtout pour lui. Nous voulons offrir nos prières et nos sacrifices pour qu’il redevienne effectivement Pape, en vérité, dans ses actes ! Et qu’il gouverne l’Église ! Et qu’il annonce l’Évangile aux âmes ! Et qu’il leur annonce les conséquences de la désobéissance à Dieu, qu’il y a un ciel, et qu’il y a un enfer ! Qu’il le dise ! Il a autorité pour cela.
Oui, nous prions Notre-Dame de Pontmain pour qu’elle redonne l’Espérance, la fierté aux hommes d’Église.
Et puis nous venons ici bien-sur pour prier pour notre salut, notre salut éternel. Ah voilà l’objet, l’objet de la vertu d’Espérance. Oui, j’espère, j’espère un jour, eh bien, vous voir au ciel.
Le bon Dieu, nous donne toutes ces grâces, à nous qui prions. Celui qui prie, se sauve, certainement.
On a remarqué bien sûr qu’à Pontmain, c’était aux petits enfants, que la Sainte Vierge apparaissait. Parce que dans l’enfance, eh bien, il y a une innocence. Mais c’est une innocence qui est de fait. Ce n’est pas dire que les enfants n’ont pas été marqués par le péché originel. Il suffit de regarder les enfants dans n’importe quelle cour de récréation, pour se rendre compte que cette innocence n’est pas parfaite. C’est une innocence de fait. Trop jeunes encore pour être vraiment méchants, trop jeunes pour pouvoir vraiment faire du mal.
Nous voulons redevenir de vrais enfants par la vertu, nous voulons cette innocence du cœur. Il n’y a que les enfants qui entrent au ciel. Voyez quelle Espérance, quelle Espérance admirable ! Oui, moi, pauvre pécheur, pauvre vieux bonhomme, j’espère, j’espère avoir un jour cette innocence de l’enfance. Et arriver au ciel pur, car il n’y a que les cœurs purs qui peuvent voir le bon Dieu.
L’Espérance est une vertu qui est divine, qui est théologale. Ce que nous espérons n’est pas purement humain. Notre Espérance n’est pas dans les choses temporelles. Notre Espérance, c’est la Charité du bon Dieu. Ce que nous voulons, c’est cette innocence parfaite, qui nous permettra de ressembler à Dieu lui-même. Que vous soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait ! (Mt 5, 48). Voilà ce que nous espérons, oui, être parfaits comme Dieu lui-même. Voilà ce que le bon Dieu nous demande, et voilà ce qu’il nous commande d’espérer
Que la Très Sainte Vierge Marie, notre bonne Mère du ciel, nous bénisse ! Qu’elle bénisse notre pays ! Qu’elle redonne à l’Église sa fierté, aux hommes d’Église leur fierté, et qu’elle nous procure bientôt le salut éternel !
Au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, ainsi soit-il !
Abbé Thierry Gaudray
Pour conserver à ce sermon son caractère propre, le style oral a été maintenu