Mes bien cher amis,
Mes bien chers frères,
Hæc dies, quam fecit Dominus, exsultemus, et lætemur in ea (Ps. 117,24- Graduel de Pâques).
En ce jour qu’a fait le Seigneur, réjouissons-nous et laissons nos âmes aller à la joie.
Les scribes et les pharisiens avaient cru que Notre Seigneur Jésus-Christ était bien mort et ils se moquaient de Lui lorsqu’Il était sur la Croix ; qu’Il avait les bras étendus ; qu’Il n’avait plus figure d’homme, comme dit l’Écriture. Alors ils lui disaient : « Si tu es Dieu, descends de la croix, alors nous croirons en toi ». Et voici que Notre Seigneur, Lui qui a dit : Ego sum resurrectio et vita : Je suis la Résurrection et la vie. Notre Seigneur est ressuscité.
Mais devant cette réalité, les scribes et les pharisiens donnent de l’argent aux soldats, aux gardes, afin qu’ils aillent répandre dans la ville que les apôtres ont enlevé le corps de Jésus et l’ont caché. Les misérables ! Au lieu de croire à la vérité, au lieu de se soumettre à Notre Seigneur Jésus-Christ, puisqu’ils avaient dit qu’ils croiraient s’il descendait de la Croix. Le voilà ressuscité, mais ils ne veulent pas croire ; ils s’enferment dans l’aveuglement de leurs esprits et ils décident de le combattre encore, alors qu’il sera ressuscité.
Mais les anges sont témoins. Marie est témoin ; les apôtres le seront bientôt. Jésus est bien ressuscité.
Ce que les scribes et les pharisiens, mes bien chers frères, ont fait alors, aujourd’hui encore, il y a des scribes, il y a des pharisiens et ils recommencent la même histoire.
Et depuis deux mille ans, il y a des scribes et des pharisiens qui disent à Notre Seigneur : Descends de la Croix et nous croirons en toi. Mais ils Le poursuivent de leurs injures ; ils Le poursuivent de leur malice. Et aujourd’hui encore, ils s’imaginent qu’ils ont triomphé. L’Église est morte ; l’Église catholique n’existe plus ; elle est démantelée : ils ont la victoire. De Jésus, bientôt, il ne sera plus question.
Et l’on sent venir ce danger de l’Est où Notre Seigneur est l’ennemi, l’ennemi que l’on pourchasse ; dont on veut effacer la mémoire.
Étant à Rome, ces derniers jours, j’ai entendu, de la bouche d’un prélat qui me disait, l’ambassadeur de Yougoslavie auprès du Saint-Siège, disait à un évêque yougoslave qu’il visitait quelques jours avant de prendre son poste auprès du Saint-Siège : « Nous espérons bien que dans quelque temps, la religion n’existera plus ».
Voilà ce que pensent les ambassadeurs communistes auprès du Saint-Siège. Quel travail peuvent-ils faire à Rome, ces gens-là, qui souhaitent la disparition de la religion, la disparition de Notre Seigneur Jésus-Christ tout simplement.
Alors quel est notre devoir à nous qui croyons ? À nous qui, peut-être, avons hésité comme les apôtres qui se sont enfuis devant le drame de la Passion ? Qui ont craint que Notre Seigneur ne ressuscite pas. Et voici que maintenant leur joie déborde : Jésus est ressuscité !
Pour nous, nous devons avoir la foi. Et c’est peut-être le plus grand drame de notre temps. C’est que dans l’Église, à l’intérieur de l’Église, comme le disait si bien saint Pie X, dans son encyclique Pascendi, lorsqu’il condamnait le modernisme, c’est-à-dire l’esprit qui anime aujourd’hui l’homme moderne, et malheureusement il le disait lui-même déjà, il y a aussi des prêtres – et nous pourrions dire aujourd’hui, tout simplement des évêques, des cardinaux – qui sont pétris de modernisme et qui n’ont plus la véritable foi en Notre Seigneur Jésus-Christ.
Désormais, ils croient aux moyens humains ! Il faut sauver l’Église ; il faut développer l’Église ; il faut répandre le nom de Notre Seigneur Jésus-Christ, par des moyens humains, par la diplomatie, par les compromis, par un œcuménisme de mauvais aloi ; voilà comment on sauvera la religion, voilà comment on sauvera l’Église.
Eh bien c’est clair : ceux d’aujourd’hui sont les mêmes ennemis que dénonçait déjà saint Pie X. Ils n’ont pas cru vraiment en Notre Seigneur Jésus-Christ ; ils n’ont pas cru vraiment en sa résurrection.
Notre Seigneur Jésus-Christ est tout-puissant. Il nous a donné les promesses de la vie. Alors nous devons avoir la foi en Notre Seigneur Jésus-Christ ressuscité. Et nous savons que c’est Lui qui nous sauvera ; que c’est par ses moyens, les moyens qu’il nous a donnés, que nous serons sauvés.
Et d’abord par son Saint Sacrifice de la messe, par sa Croix : Ave Crux, spes unica. Oui, saluons la Croix qui est notre unique espoir. C’est par la Croix que les apôtres ont sauvé l’Église, qu’ils ont planté l’Église. C’est par la Croix que Constantin a vue apparaître dans les cieux avec cette phrase : In hoc signo vinces : Par ce signe tu vaincras. Et c’est par le signe de la Croix que Constantin a vaincu et que l’Église est devenue triomphante. C’est par ce signe de la Croix que les armées catholiques ont vaincu les musulmans à Lépante. Le pape avait demandé que l’on mette la Croix sur toutes les voiles des bateaux, partout, et que l’on prie avant de combattre. Et ils ont eu la victoire. Ils ont empêché l’Europe de devenir musulmane.
C’est par la Croix que Jeanne d’Arc a sauvé la France et si elle n’avait pas sauvé la France, la France serait aujourd’hui protestante, sous la domination anglaise.
C’est donc par la Croix que Dieu veut que les âmes se sauvent ; que Dieu veut que l’erreur soit condamnée. C’est par le Croix qu’il a vaincu le démon, qu’il a vaincu le monde ; qu’il a vaincu le péché.
Alors que devons-nous faire, nous ? Ne sommes-nous pas des hommes de peu de foi ? Si nous disons : nous sommes si peu nombreux qui croyons en Notre Seigneur Jésus-Christ, qui croyons en sa Résurrection, qui croyons en son Saint Sacrifice de la messe, en ses sacrements, en son catéchisme, en son Écriture Sainte, alors que pouvons-nous faire, si peu nombreux, devant cette masse d’incroyants, cette masse d’incrédules, même à l’intérieur de l’Église ?
Eh bien, permettez-moi de dire ma satisfaction à tous ceux qui ont fait écho à ce petit mot que j’ai eu l’occasion de dire sans même penser à ce moment-là qu’il pourrait avoir un certain écho dans les âmes et dans la réalité : ceux qui étaient présents le 23 septembre à Paris, lors de mon jubilé sacerdotal, ont entendu que j’ai fait allusion à une croisade. Eh bien, je remercie Dieu qui m’a permis de prononcer ce mot et qui grâce à Dieu aujourd’hui, dans les écoles, dans nos écoles, dans les groupements traditionalistes, partout, dans nos séminaires, a un écho véritable.
Dernièrement, je me trouvais à l’école Saint-Michel de Châteauroux, et ce sont les enfants eux-mêmes qui m’ont demandé : « Mais dites-nous ce que vous entendez par la croisade. Que devons-nous faire pour être des croisés aujourd’hui ? »
Et puis quelque temps plus tard, je me trouvais à la réunion du M.J.C.F. à Paris, réunion magnifique de tous ces jeunes qui ont encore une foi profonde et qui sont d’ailleurs une pépinière de vocations et de parents chrétiens, ils me demandaient eux aussi : « Dites-nous ce que nous devons faire pour être des croisés. Dites-nous ce que nous devons faire pour cette croisade ».
Et voici que j’apprends que dernièrement ici, dans le Valais, les anciens retraitants de la Fraternité se sont unis en une association pour également mettre en pratique cette croisade.
Je pense que le Bon Dieu le veut. Nous sommes à un temps où nous devons combattre, pas seulement nous lamenter, pas seulement nous plaindre du malheur des temps, du malheur de l’Église, de la destruction de l’Église, mais que nous devons combattre contre l’ennemi, contre l’ennemi traditionnel qui est Satan. Et qui avec tous les scandales du monde, cherche à nous faire tomber dans le péché et à nous entraîner avec lui en enfer. Nous devons donc combattre. Avec quels moyens ? Mais précisément avec les moyens traditionnels de toujours. L’Église a vaincu par sa foi. Elle a vaincu par le signe de la Croix. Et le signe de la Croix, c’est précisément notre Sainte Messe, qui est la Croix vivante que Notre Seigneur nous a laissée.
Alors, avec Notre Seigneur, nous vaincrons. Nous ne savons pas comment, ni quand, ni de quelle manière, mais si nous nous confions à Notre Seigneur Jésus-Christ, nous pouvons être certains d’avoir la victoire.
Si nous avons quelques hésitations, quelques doutes dans nos cœurs, comme ceux qui se sont trouvés pendant ces trois jours pendant lesquels Jésus était dans le Tombeau, il nous semble aussi aujourd’hui que Jésus-Christ dort comme Il était endormi sur la barque avec les apôtres alors que la tempête sévissait : Jésus-Christ dormait. Il nous semble aussi qu’aujourd’hui Jésus-Christ dort. Où est-Il ? Que fait-Il ? Pourquoi ne vient-Il pas à notre secours ?
Jésus viendra. Il est tout-puissant. Il peut avec peu de personnes. Avec douze apôtres, Il a fait la chrétienté. Que ne ferait-Il pas avec tous ces jeunes qui se donnent à nous aujourd’hui ? Tous ces jeunes séminaristes, ces jeunes prêtres, ces jeunes religieux, ces jeunes religieuses, ces jeunes qui ont des convictions, qui veulent fonder des foyers vraiment chrétiens. Il y a là un grand espoir ! Nous ne pouvons pas ne pas croire que le Saint-Esprit travaille dans les cœurs et dans les âmes.
Alors soyons des croisés, aimons la Croix ; suivons les bonnes traditions de tous ceux qui nous ont précédés dans le combat spirituel contre le démon, contre le péché, contre toutes les occasions de péché, contre tous les scandales.
Alors je souhaite vivement que ceux qui se sont associés ici, dans le Valais, pour accomplir cette croisade, aient des objectifs précis et qu’ils essayent de rendre à ce pays du Valais, à cet État du Valais, son vrai visage. Le visage de la Tradition, le visage qu’il avait il y a seulement trente ans, quarante ans, où les vocations étaient très nombreuses, de telle sorte que de nombreux missionnaires sont sortis de ce pays, ont peuplé les couvents, les monastères. Alors il faut que ce pays redevienne ce qu’il a été. Mais pour cela, eh bien, il faut prier ; il faut nous sacrifier ; il faut persévérer dans le combat.
Et il faut également avoir le courage de faire en sorte que ceux qui ont des responsabilités dans l’État, soient catholiques, soient de vrais catholiques, car ils peuvent faire beaucoup. Ceux qui ont le pouvoir administratif, qui ont le pouvoir politique, ont une énorme influence pour faire progresser l’Église ou au contraire pour la détruire. Nous n’avons pas le droit d’être indifférents à cela.
Alors combien je souhaite qu’un jour, grâce à ce courage qu’auront nos anciens retraitants et tous ceux qui se joindront à eux, pour refaire un Valais catholique et vraiment chrétien, combien je souhaite qu’un jour ils puissent rendre au Valais ce qu’il était : un État catholique et ce qu’il n’est plus, malheureusement par la volonté des clercs plus que par la volonté des laïcs.
C’est bien ce que saint Pie X prévoyait. Saint Pie X voyait le mal dans ces clercs qui sont comme il le disait des révolutionnaires et des novateurs. Ce sont ses propres mots. Or, voici ce que dit saint Pie X : Les vrais amis du peuple, ne sont ni novateurs, ni révolutionnaires, mais traditionalistes. Ce sont ses propres paroles, je n’invente rien.
Alors ayons confiance. Nous devons être de ces traditionalistes, comme le demande saint Pie X. Saint Pie X est le dernier saint Pape. Il a été lumineux. Il a été un pape extraordinaire dans le combat qu’il a mené contre les erreurs modernes.
Demandons à saint Pie X aujourd’hui, en ce jour de la Résurrection de Notre Seigneur, demandons-lui de nous donner ses grâces et le courage qu’il a eu malgré toutes les oppositions qui l’entouraient, malgré toutes les difficultés qu’il a rencontrées, d’affirmer la Vérité et de compter sur Notre Seigneur Jésus-Christ. De lutter avec les armes de la foi et non pas avec les armes humaines, les armes de la diplomatie ou d’un faux œcuménisme.
Demandons aussi, à la très Sainte Vierge Marie, elle qui est forte comme une armée rangée en bataille, qu’elle nous aide à être de vrais croisés et d’imprimer dans notre cœur en signe d’or cette Croix par laquelle nous avons été sauvés.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.