Mes bien cher amis,
Mes bien chers frères,
Tout au cours de cette nuit de Noël, sur la demande de l’Église et sur son invitation, nous avons chanté les louanges de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Nous avons admiré et essayé de participer le plus que nous le pouvions, de tout notre cœur, de toute notre âme, à ces cantiques, à ce magnifique invitatoire de Matines, à ces hymnes, ces psaumes, ces graduels et puis tous les textes de la messe. Tout nous invite à chanter les louanges de Notre Seigneur et surtout à venir L’adorer.
Encore il y a quelques instants, le graduel (l’alléluia ?) nous invitait : Venite adoremus, venite adoremus, oui, nous voulons adorer l’Enfant-Jésus ; nous voulons adorer le Dieu fait homme. Et en cela, imiter d’abord la Vierge Marie et saint Joseph qui L’entouraient. Avec quelle profondeur, avec quelles conscience et foi, Marie et Joseph devaient adorer l’Enfant-Jésus .
Et à eux sont venus s’associer les bergers, les anges du Ciel, et bientôt les Rois Mages. Et d’année en année les adorateurs de Notre Seigneur se multiplieront. La joie sera grande dans le monde, non seulement parmi les juifs : gaudium magnum annuntio vobis, disent les anges. Oui, on nous annonce une grande joie.
Pour le peuple juif sans doute, mais non seulement pour le peuple juif, mais aussi pour tous les Gentils, pour le monde entier et pour toutes les générations ; Dieu s’est fait homme ; Jésus est parmi nous. Et le Verbe s’est fait chair.
Mais, hélas, nous sommes obligés de constater aussi que s’il y a beaucoup d’adorateurs de Notre Seigneur Jésus-Christ et si nous voulons être de ceux-là, dès la naissance de Jésus, il y en a qui ont cherché à Le faire mourir ; qui ont voulu Le persécuter. Il a dû s’enfuir ; Il a dû partir jusqu’en Égypte, sous la menace du roi Hérode. Et des enfants ont été tués à Bethléem avec l’espoir que l’Enfant-Jésus était parmi eux. Et eux aussi, tant parmi le peuple juif, que parmi les Gentils, ils communiqueront leur haine de Notre Seigneur Jésus-Christ de génération en génération. Et l’Église a connu dans son sein, des divisions et des négations de la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Ce furent les grandes hérésies christologiques : hérésie de l’arianisme, hérésie de tous ceux qui n’ont pas voulu adorer en Jésus le Verbe de Dieu, ou qui ont prétendu que le Verbe de Dieu, n’était pas Dieu, comme Arius.
Alors si le Verbe de Dieu n’est pas Dieu, comme le disait si bien saint Augustin dans la Leçon que nous avons récitée au cours de cette nuit, alors la mère de Jésus n’est pas la Mère de Dieu. Et c’est précisément contre cette affirmation que le concile de Nicée a affirmé la virginité de Marie et la maternité divine de Marie. Elle est Mère de Dieu, parce que Jésus est Dieu. Et malheureusement, Arius a eu des successeurs.
Tout au long de l’Histoire de l’Église, les hérésies se sont multipliées. Hérésies qui ont atteint la Personne de Notre Seigneur Jésus-Christ, à travers la Personne de Notre Seigneur Jésus-Christ, la Trinité Sainte.
Et s’il y a des divisions dans ceux qui croient en Notre Seigneur Jésus-Christ, mais qui n’y croient pas d’une manière authentique, comme par exemple les Grecs qui pensent que le Saint-Esprit tire son origine seulement du Père, mais pas du Fils. Et c’est pourquoi ils ont supprimé le filioque, dans le Credo. Ils n’acceptent pas que le Saint-Esprit tire son origine aussi bien du Père que du Fils. Et par là même, ils nient l’égalité du Fils et du Père ; niant l’égalité du Fils et du Père, ils nient la divinité du Verbe et la divinité de Notre Seigneur Jésus-Christ par le fait même. Cela peut paraître peu de choses aux yeux de ceux qui regardent les choses d’une manière purement extérieure, mais voyez la profondeur de la division qui s’est introduite dans l’Église. Si l’Esprit Saint ne tire pas son origine du Père et du Fils, le Fils n’est pas égal au Père. Et donc, la Trinité Sainte n’est plus la Trinité Sainte.
Et c’est pourquoi l’Église a voulu – inspirée par le Saint-Esprit – prononcer d’une manière définitive, des mots qui évidemment nous semblent un peu barbares, en ce sens qu’ils sont des mots très philosophiques, mais qui précisent d’une manière exacte et définitive la foi de l’Église à ce sujet.
C’est pourquoi l’Église a affirmé qu’en Notre Seigneur Jésus-Christ, en Jésus, en cet Enfant, en cet homme qui a vécu dans la Palestine, qui a donné son Sang pour nous racheter, se trouve la Personne de Dieu, la Personne du Verbe, qui est Dieu – et deux natures : la nature humaine et la nature divine qui sont unies par l’union hypostatique. Ce terme de l’union hypostatique oblige à croire que Notre Seigneur Jésus-Christ est Dieu et qu’il n’y a en Lui qu’une seule Personne, la Personne de Dieu, la Personne du Verbe. Mais qu’il est également homme et pleinement homme ! Parce que Dieu en assumant dans sa Personne, la nature de Notre Seigneur Jésus-Christ en a fait une Personne bien plus parfaite comme nous pouvons l’imaginer.
Si Dieu a voulu créer en nous une Personne distincte de sa propre Personne, notre personne est faible, notre personne est créée. Mais là il n’y a pas de Personne créée, Notre Seigneur prend Lui-même en responsabilité tous les actes de cette Personne. Parce qu’il est Lui-même la Personne qui dirige tous les actes de cet homme qui a une âme comme la nôtre ; qui a une intelligence, une volonté, qui a un corps comme le nôtre. Voyez l’importance de ces termes qui nous paraissent très difficiles à comprendre peut-être, mais cependant qui ont rejeté l’hérésie.
Eh bien, si je tiens a apporter ces détails, ces explications, c’est parce que, en notre temps, les erreurs aussi se multiplient. Et je devrais ajouter, revenir sur ce que je disais au sujet de la très Sainte Trinité.
La très Sainte Trinité a été protégée de l’erreur par le mot de « consubstantiel », qui définit que toutes les Personnes sont égales. Si elles sont consubstantielles, elles ont la même substance ; elles sont parfaitement égales. Aucune d’entre elles n’est diminuée par rapport aux autres et moindre que les autres. Et c’est pourquoi, il est important de garder ce terme de consubstantiel.
Et c’est pourquoi nous résistons, lorsque dans la traduction du Credo français, on a dit que le Fils était « de même nature » que le Père. Mais c’est précisément ce qu’ont dit les hérétiques, pour éviter le mot de consubstantialité et pour éviter que toutes les Personnes de la Trinité soient égales. Et tout cela nous fait revenir encore à l’arianisme, qui ne veut pas que le Verbe soit égal au Père, que le Verbe est moindre que le Père.
Alors, vous voyez, l’Église – inspirée par le Saint-Esprit – a par ce simple mot de consubstantialité, affirmé définitivement jusqu’à la fin des temps, que les trois Personnes de la Sainte Trinité sont égales entre elles.
Et vous voyez l’importance que cela revêt pour nous-mêmes, pour chacun d’entre nous. Parce que si les Personnes ne sont pas égales, elles sont donc créées, par conséquent Notre Seigneur Jésus-Christ n’est pas Dieu ; nous n’avons pas à L’adorer ; nous nous trompons lorsque nous venons adorer Notre Seigneur Jésus-Christ.
Mais s’il est égal au Père et au Saint-Esprit, Il est Dieu comme eux et par conséquent – car il n’y a qu’un seul Dieu – nous devons L’adorer. Nous devons lui rendre tous les honneurs qui sont dus à Dieu.
Et alors, aujourd’hui quelle est l’hérésie qui circule, qui serpente, qui est partout à l’intérieur de l’Église ? Eh bien, cette hérésie c’est celle qui attaque l’Eucharistie, la présence de Notre Seigneur Jésus-Christ dans l’Eucharistie. C’est encore Notre Seigneur Jésus-Christ qui est attaqué. C’est encore le démon qui veut faire disparaître l’adoration que nous devons à Jésus, présent dans la Sainte Eucharistie.
Et alors comment l’Église a‑t-elle poursuivi ceux qui ne veulent pas que nous adorions l’Eucharistie, ceux qui disent que c’est de la superstition, de l’idolâtrie, que d’adorer la Sainte Eucharistie ? Elle a trouvé un mot qui définitivement affirme que Notre Seigneur Jésus-Christ – Dieu – est présent dans la Sainte Eucharistie par le terme de « transsubstantiation ».
On nous dira : Jésus est présent réellement ; les Pères de Taizé nous diront cela ; les protestants nous disent cela : Nous acceptons la présence réelle. Plus loin, ils diront nous acceptons la présence substantielle de Jésus, dans le Pain eucharistique.
Mais si vous leur demandez : Acceptez-vous la transsubstantiation, c’est-à-dire la disparition de la substance du pain remplacée par la substance du Corps et du Sang de Notre Seigneur, alors ils le nient. Et c’est cela qui nous distingue de tous ceux qui ne veulent pas croire à la Présence réelle de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Il ne faut pas se leurrer par les mots qu’ils peuvent nous dire. Demandez-leur, à ceux qui disent : Mais nous croyons aussi à la présence de Notre Seigneur Jésus-Christ dans l’Eucharistie, demandez-leur s’ils croient à la Transsubstantiation. Si ceux-là croient à la transsubstantiation, alors ils sont catholiques. S’ils n’y croient pas, ils ne sont pas catholiques.
Or, on a vu des évêques dire dans des réunions sacerdotales : Ne parlons plus de transsubstantiation. Ne parlons plus de cela. Ce sont des termes moyenâgeux, qui ont été employés au Moyen Âge. Ce sont des termes scolastiques qui ne signifient pas grand chose. Ce n’est plus pour notre époque.
Ce sont des misérables qui détruisent notre foi ! Si le concile de Trente a cru devoir insister sur la transsubstantiation, c’est précisément pour détruire les erreurs et mettre dans notre cœur cette foi en la présence de la Personne de Notre Seigneur Jésus-Christ dans la Sainte Eucharistie sous les espèces apparentes du pain et du vin.
Cela a une importance considérable pour toute notre vie chrétienne, pour notre vie personnelle, pour notre avancement dans la perfection. Et c’est pour cela que nous voyons aujourd’hui que l’on adore plus la Sainte Eucharistie.
Même dans les congrès eucharistiques ! On ne veut plus faire de processions dans les congrès eucharistiques. C’est là un signe de cette négation de la présence de Notre Seigneur Jésus-Christ dans la Sainte Eucharistie, parce que l’on a voulu faire de l’œcuménisme et les protestants n’acceptent pas d’adorer la Sainte Eucharistie.
Et par conséquent si l’on veut s’unir aux protestants, dans un congrès eucharistique, on ne peut plus faire de processions ; on ne peut plus adorer Notre Seigneur Jésus-Christ dans l’Eucharistie. Cet œcuménisme est dangereux pour notre foi, car il détruit notre foi.
Alors aujourd’hui, au moment où l’Église dans cette fête de Noël, nous demande de venir entourer l’Enfant-Jésus, avec la Vierge Marie, saint Joseph, les bergers, les Rois Mages, que nous entourions tous ceux qui adorent Notre Seigneur Jésus-Christ : Venite adoremus…procedimus (…) : Venez, adorons et prosternons-nous devant l’Enfant-Jésus.
Et alors, nous qui avons la joie de croire en la présence de Notre Seigneur Jésus-Christ dans la Sainte Eucharistie, venez et adorons et prosternons-nous devant la Sainte Eucharistie, de tout notre cœur, de toute notre âme sans hésitation, sans restriction. Voilà vraiment ce qu’est notre foi catholique.
Alors, à l’occasion de cette fête de Noël, renouvelons notre foi et maintenons-la. Et c’est précisément à cause de ce désir et de cette volonté ferme de maintenir notre foi, jusqu’à notre dernier soupir, que nous résistons à ces manières de faire qui se répandent à l’intérieur de l’Église et qui nous empêchent d’adorer Notre Seigneur Jésus-Christ, qui ruinent notre foi dans la Présence réelle dans la Sainte Eucharistie.
Promettons à la très Sainte Vierge Marie aujourd’hui, à la Mère de Jésus de croire toujours à la divinité de son divin Fils, que nous l’appellerons toujours la Mère de Dieu. Elles est bien la Mère de Dieu. Elle est la Mère de ce Jésus qui est dans l’Eucharistie. Demandons-lui de nous donner sa foi ; demandons à saint Joseph de nous donner sa foi ; demandons aux bergers de nous donner leur foi et de la garder ainsi jusqu’à la fin de nos jours.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.