Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
Nous sommes encore sous cette influence émouvante des journées que nous avons vécues au milieu de ces chants ; de ces lectures, de ces rappels des événements les plus extraordinaires que l’humanité ait vécus par la présence de Dieu en cette terre, pour nous racheter de nos péchés.
Nous avons suivi pas à pas tous ces événements depuis le Cénacle, nous sommes montés sur la colline du Calvaire ; nous sommes restés au pied de la Croix avec la très Sainte Vierge Marie, saint Jean, les saintes Femmes. Nous avons suivi Jésus jusqu’à son tombeau.
Et voici que nous apprenons qu’il est ressuscité : Resurrexit sicut dixit. « Il est ressuscité comme Il l’a dit ».
Mais que signifient, mes bien chers frères, tous ces événements ? Quelle explication donner à cette présence de Dieu venant mourir et faisant de sa mort la source de vie ? Oui, car c’est bien cela : faisant de sa mort une source de vie.
Saint Paul parlant aux Éphésiens, en quelques mots, résume tous ces événements et leur signification (Ep 2, 4–5) :
Deus autem qui clives est in misericordia (…) et cum essemus mortui peccatis : Dieu qui est riche en miséricorde, comme nous étions morts par le péché (…) propter nimiam caritatem suam qua dilexit nos : à cause de son immense charité par laquelle Il nous a aimés (…) et cum essemus mortui peccatis (…) et conresuscitavit et condere fecit in cœlestibus in Christo Jesu (Ep 2,6) : Il nous a fait participer à sa vie dans le Christ Jésus, alors que nous étions morts par le péché. Il nous a fait ressusciter avec Lui spirituellement et Il nous a fait asseoir in cœlestibus, dans le Ciel avec Lui.
Oui, voilà la grande réalité, mes bien chers frères. Le grand drame qui s’est déroulé pendant ces journées, concrètement. Nous aurions pu vivre à cette époque et nous aurions pu constater nousmêmes ces événements et en avoir la signification par les apôtres, par l’Église, par Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même.
Vingt siècles, qu’est-ce que cela ! C’est bien peu de choses. Il y a bien peu de temps que Notre Seigneur a foulé le sol de la terre, le sol de Jérusalem, le sol de la Palestine. Et la cérémonie de cette nuit, nous a expliqué d’une manière admirable la signification de tous ces événements.
Le feu, le feu de l’Esprit qui a ressuscité Notre Seigneur, l’Esprit Saint, l’Esprit de Dieu. Et puis, la Lumière, Lumière éclatante qui a terrassé les soldats qui entouraient (le tombeau). Lumière qui va se répandre dans le monde.
Et comment va-t-elle se répandre dans le monde ? Eh bien, comme Dieu l’a voulu ; comme l’a voulu Notre Seigneur Lui-même : par le baptême.
Et c’est pourquoi la cérémonie de cette nuit nous a si bien expliqué ce qu’était le baptême. Et dans ce magnifique Exultet, nous a montré le plan de Dieu, le plan divin sur les hommes pécheurs, en disant même : O felix culpa : Ô bienheureuse faute qui nous a valu une si grande Rédemption et une si grande richesse de grâces.
Et les apôtres ont parcouru le monde, baptisant des milliers et des milliers de juifs, de païens, de ceux qui étaient attachés au culte des idoles ; qui étaient soumis à l’empire de Satan.
Bien sûr, ils ont soulevé la colère du démon qui s’est acharné sur eux, les a persécutés, les a martyrisés. Mais le souffle divin a été plus fort, plus puissant, le souffle qui a ressuscité Notre Seigneur – et qui nous a ressuscites aussi – qui a ressuscité ces gens morts dans leurs péchés. Et les princes des prêtres eux-mêmes sont venus demander le baptême, les rois, les empereurs, les chefs d’État sont venus demander le baptême.
Et l’Église s’est répandue particulièrement dans l’Europe, puisque Pierre avait établi son siège à Rome – et Paul avait évangélisé plus particulièrement ces contrées – s’est répandu à travers l’Europe. Toute l’Europe est devenue catholique en définitive, jusqu’aux confins de l’immense Russie.
Et les missionnaires sont partis à travers le monde, l’Extrême-Orient, l’Afrique, l’Amérique et partout le même feu, partout le même Esprit Saint, partout le même baptême, partout la même foi, la même espérance : espérance de l’éternité, espérance du Ciel. Alors sous l’effet de cette espérance, les âmes se transformaient, en pensant qu’elles n’étaient plus seulement destinées à mourir misérablement sur cette terre, dans leurs péchés, dans la haine, dans les divisions, dans l’attachement aux misérables biens de ce monde, dans la luxure.
Espérance, espérance du Ciel. Alors, on voyait – les missionnaires le disent et moi-même j’en ai fait l’expérience – on voyait même physiquement ces gens se transformer, ces visages s’épanouir. Les familles chrétiennes se multipliaient, la sainteté du mariage rendant ces familles chrétiennes heureuses, vivant dans la paix, dans la sérénité, dans la joie spirituelle. Et les vocations se multipliaient. Et le célibat des prêtres et la virginité des vierges – et les couvents se multipliaient partout – merveilles des merveilles. Merveilles de la grâce de Notre Seigneur. Merveilles de cette mort qui apportait la vie, qui nous apportait la résurrection de nos âmes.
Alors nous devons garder cette foi profonde, dans la nécessité que nous avons de nous rattacher à Notre Seigneur Jésus-Christ, dans sa vie et dans sa mort pour avoir sa vie. Dans sa Croix, pour ressusciter avec Lui, abandonnant le péché.
Nous qui étions, comme dit saint Paul, des fils de colère, nous sommes devenus des enfants de Dieu, destinés à partager sa gloire dans le Ciel.
Mais bien sûr, le démon n’est pas resté inactif. Et tout au cours des siècles et tout au cours de la transmission de cette vie de Notre Seigneur Jésus-Christ dans le monde entier, il a suscité des schismes, des haines contre ces chrétiens, les persécutant de toutes les manières.
Et voici que maintenant, nous-mêmes nous vivons un drame, un drame incroyable, peut-être le plus dur, le plus pénible que l’Histoire de l’Église ait connu. Ceux qui devraient donner la Vérité ; ceux qui devraient donner la vie ; ceux qui devraient continuer à porter le flambeau et le feu de l’amour de Notre Seigneur Jésus-Christ, s’unissent à ceux qui sont les persécuteurs de Jésus-Christ, leur prêtant la main pour la destruction de l’Église, pour l’apostasie, pour lutter contre le règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ. Incroyable ! Inimaginable !
Que s’est-il donc passé ? Le démon, Satan, a juré de lutter contre Notre Seigneur jusqu’à la fin des temps. Alors nous nous trouvons, vous mes bien chers frères et nous, mes bien chers amis, comme sur une île, comme isolés, voyant le désastre partout ; voyant l’ouragan détruire les églises, les couvents, les écoles catholiques, les presbytères, les familles chrétiennes. L’ouragan emporte tout. Nous en sommes là, témoins de cette catastrophe incroyable, inimaginable.
Qu’allons-nous faire ? Allons-nous donner nous aussi la main, à ceux qui soufflent cet ouragan et qui le provoquent pour la destruction du règne de Notre Seigneur ?
Non ! Jamais ! Nous sommes fidèles aux promesses de notre baptême. Nous avons redit durant cette nuit les promesses de notre baptême : fidélité à Jésus-Christ et pour toujours, jusqu’à la mort, pour l’éternité.
Pratiquement, cela se traduira comment ? Pour vous, mes bien chers frères, qui avez des responsabilités de famille, par le maintien de la foi dans vos foyers, par le maintien de la foi, comme vous le faites et comme vous en montrez l’exemple par les écoles chrétiennes. Vous faites des sacrifices importants pour que vos enfants soient éduqués chrétiennement ; pour qu’ils gardent ce feu de l’Esprit Saint, dont nous avons été les témoins au cours de cette nuit. Ce feu de l’Esprit Saint doit rester en eux.
Alors vivent tous les moyens qui peuvent garder en eux cette charité de l’Esprit qui vivifie leur cœur et leur âme. Mouvement de jeunesse comme la Croisade Eucharistique, mouvements de jeunesse qui protègent les jeunes et qui enseignent les jeunes dans la foi catholique. Ces écoles catholiques que vous construisez et ces chapelles que vous construisez pour pouvoir continuer à recevoir ce qui suit le baptême : le sacrement de pénitence, l’Eucharistie, la très Sainte Messe de toujours. Vous vous attachez à la Croix afin de garder vos âmes prêtes au jour où Jésus vous appellera pour l’éternité.
Allons-nous changer parce que les autres ont changé ?
Allons-nous abandonner ces voies qui ont été celles que l’Église a employées pendant des siècles pour convertir les peuples et qui ont fait les peuples chrétiens ? Allons-nous prendre un autre chemin ?
Et pour vous de même, mes bien chers amis, vous êtes venus ici avec la pensée d’être prêtres comme l’ont été tous vos prédécesseurs, saints Prédécesseurs qui ont évangélisé le monde, les apôtres et tous les prêtres qui les ont suivis, qui leur ont succédé. Et tous ces monastères qui sont un exemple de sainteté.
Alors nous sommes bien décidé à garder ces traditions merveilleuses qui produisent les mêmes effets partout. Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Que ce soit en Chine, que ce soit au Japon, que ce soit en Afrique, ou en Amérique, ou en Europe, l’Esprit Saint produit les mêmes effets.
La grâce de Jésus transforme les cœurs, leur donne les mêmes vertus. Nous retrouvons les mêmes vertus chrétiennes, dans les familles africaines chrétiennes, les familles chinoises chrétiennes, il n’y en a qu’une : celle que produit Notre Seigneur Jésus-Christ dans nos âmes. Nous nous retrouvons tous, en Notre Seigneur Jésus-Christ, dans la même foi. Et c’est pourquoi nous serions tenté de dire avec saint Paul, à ceux qui ont pris un autre chemin, qui ont trouvé une autre manière de transformer le monde et de lui porter l’Évangile : O insensati Galatæ (Ga 3,1) : Ô Galates insensés, dit saint Paul, comment est-il possible qu’en si peu de temps vous ayez changé votre Évangile et que vous ayez suivi un autre évangile que celui que je vous ai prêché.
Voilà ce que dit déjà saint Paul aux Galates : O insensati Galatæ. Oui, mes bien chers frères, nous sommes tenté de dire cela à ceux qui ont choisi un autre chemin. Ô Galates, insensés êtes-vous (Ga 3,1). Pourquoi avez-vous donc voulu changer l’Évangile (Ga 1,6) Pourquoi voulez-vous prendre un autre évangile que celui qui vous a été prêché pendant vingt siècles ?
Et c’est alors qu’il prononce ces paroles extraordinaires : « Si un ange du Ciel ou moi-même je vous prêchais une autre doctrine que celle que je vous ai prêchée primitivement, que je sois anathème » (Ga 1, 8–9). Il le répète deux fois.
Eh bien, nous dirions volontiers la même chose, mes bien chers frères, mes bien chers amis. Si nous, ou un ange du Ciel venait prêcher un autre évangile que celui que nous prêchons, que nous avons prêché, que nos prédécesseurs ont prêché, que nous soyons anathème.
Voilà la conclusion de toutes ces méditations que nous avons pu faire au cours de ces dernières journées, journées merveilleuses qui nous remplissent du véritable esprit chrétien, du véritable esprit de l’Évangile, du véritable esprit de l’Église.
Alors demeurons bien unis à la Croix de Jésus, bien unis aussi, par conséquent, à sa Résurrection pour arriver un jour à son Ascension. Et demandons à notre bonne Mère du Ciel de nous aider à comprendre ces mystères ; de nous aider à les garder fidèlement, elle qui a suivi Notre Seigneur et qui a été tellement illuminée dans son intelligence, dans son âme, dans son cœur, par tous ces grands mystères de son divin Fils. Demandons-lui qu’elle nous aide à maintenir notre foi et mettons-nous sous son manteau, comme cette image qui, je crois, est à la cathédrale d’Oviedo et qui montre la Vierge ayant sous son manteau tous les membres de l’Église.
Eh bien, nous ne voulons pas quitter le manteau de la Vierge Marie ; nous ne voulons pas sortir de ce manteau. Nous voulons garder la Tradition avec elle, rester avec elle et ne pas nous éloigner d’elle pour aller chercher d’autres sentiers, pour prêcher notre Évangile ou pour nous convertir. Restons avec la Vierge Marie. Restons-lui fidèles et elle nous sera fidèle.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.