Mes bien chers amis,
Mes bien chers frères,
Nous voici réunis aujourd’hui pour fêter l’Immaculée Conception. Fête bien importante dans le calendrier liturgique de l’Église, parce qu’elle réunit en elle comme la synthèse de toutes les grandes vérités de notre foi.
Dieu a voulu que pour notre rédemption Il s’incarnât et qu’Il s’incarnât dans le sein de la Vierge Marie. Évidemment, comment sa Mère aurait-elle pu connaître l’ombre d’un péché !
C’est pourquoi nous fêtons avec joie aujourd’hui, l’Immaculée Conception de la très Sainte Vierge Marie.
Et mes bien chers amis, c’est une coutume maintenant dans la Fraternité, de renouveler les promesses, en ce jour de l’Immaculée Conception. Renouveler pour ceux qui l’ont déjà fait, et prononcer ces engagements pour la première fois pour ceux qui sont entrés il y a un an, un peu plus d’un an, dans le séminaire.
C’est à vous surtout, mes bien chers amis, qui allez prononcer pour la première fois vos engagements, que je voudrais adresser quelques mots d’encouragement et en même temps vous donner – autant qu’il est possible en quelques instants – ce qu’est vraiment l’orientation de la Fraternité dans laquelle vous allez vous engager.
Je pense que, au cours des mois qui ont passé maintenant, et particulièrement au cours de l’année de spiritualité, vos directeur et professeurs vous ont bien expliqué les statuts de la Fraternité dans laquelle vous allez vous engager, afin de vous donner exactement quelle est la fin et quels sont les moyens que la Fraternité entend pratiquer, employer pour atteindre sa fin.
Vous le savez, vous entrez dans une Fraternité Sacerdotale, sacerdotale. La Fraternité Saint-Pie X est essentiellement sacerdotale.
Sans doute nous avons la joie d’avoir avec nous quelques chers frères qui ont fait leur profession religieuse et qui nous aident dans notre apostolat, mais la Fraternité est essentiellement sacerdotale.
Et c’est là je dirai, à la fois ce qui explique et la fin de la Fraternité, le but et tous ses moyens.
Il suffit pour cela de lire bien sûr les quelques pages de nos statuts qui expliquent d’une manière très précise ce qu’est la fin de la Fraternité et quels en sont les moyens, mais tout simplement de réfléchir sur la conception que l’Église catholique se fait du sacerdoce.
Ce sacerdoce qui est la fin de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, est le sacerdoce catholique.
N’allons pas chercher ailleurs. N’allons pas chercher les définitions du sacerdoce ou de l’Église, ou du Sacrifice qui est essentiel au sacerdoce. Cherchons le dans la Tradition de l’Église catholique et nous saurons ce qu’est la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X.
Mais ceci aujourd’hui, mes bien chers amis, est d’une importance capitale, d’une importance essentielle pour l’avenir de l’Église et le salut des âmes. Car, en cela, l’Église n’a point changé. La doctrine de l’Église ne peut pas changer. Elle ne peut pas. Même si, hélas, aujourd’hui, et particulièrement depuis le concile Vatican II, de nombreuses idées ont été émises à ce sujet. Et il faut bien le dire, encore dernièrement, dans le dernier synode. Mais tout cela ne change pas la vérité éternelle de l’Église au sujet du sacerdoce. Car cette vérité ne dépend pas de l’Église ; elle dépend de Notre Seigneur Jésus-Christ Lui-même, qui Prêtre, a voulu transmettre son Sacerdoce et non point un autre sacerdoce ; a voulu transmettre son Sacrifice et non pas un sacrifice quelconque. Et Il a institué l’Église sur sa Croix, pour lui confier ce trésor extraordinaire de son Sacerdoce et de son Sacrifice.
Toute l’Église n’a de sens et de signification que par cette volonté de Notre Seigneur Jésus-Christ qui est Dieu, pour le salut des âmes, pour notre rédemption.
Mes bien chers amis, vous vous destinez à être prêtre. Et si la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X, n’est pas une société religieuse, puisque, comme il est dit dans nos statuts la Société Saint-Pie X est une société de vie commune sans vœux, comme il y en a un certain nombre dans l’Église : société de vie commune sans vœux.
Pourquoi sans vœux ? Eh bien, mes chers amis, il m’a semblé que les vœux par rapport à la fin de la Société Saint-Pie X pouvaient être non pas un obstacle, mais pouvaient mettre assez fréquemment les membres de la Fraternité dans une situation, disons d’éloignement des vœux, ou de désobéissance aux vœux. En particulier dans l’application du vœu de pauvreté. Vous avez et vous aurez dans vos fonctions à remplir dans les prieurés, dans quelques fonctions que l’on pourra vous donner dans la Fraternité, vous aurez à disposer de quelques biens, de quelques moyens. Et pour un religieux, le religieux doit être entièrement soumis pour (observer) la pauvreté, à son supérieur. Il ne peut rien avoir à lui-même ; il ne peut disposer d’aucun bien, d’aucun objet matériel.
Est-ce que cela veut dire que parce que vous n’êtes pas religieux vous êtes donc plus libres de pratiquer la vertu de pauvreté, de pratiquer la vertu de chasteté et de pratiquer la vertu d’obéissance.
Mes bien chers amis, je vous en supplie, ne tombez pas dans ce travers, ne tombez pas dans cette erreur. Là encore, je vous ramène au sacerdoce ; je vous ramène au sacrifice, au Sacrifice de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Pourrez-vous dire devant la Croix de Notre Seigneur Jésus-Christ, que Celui que vous allez porter dans vos mains à l’autel et pour lequel vous prononcerez les paroles de la Consécration, de la transsubstantiation – Notre Seigneur Jésus-Christ sera présent de vous, tous les jours – dites-moi si Celui que vous devez imiter, n’a pas pratiqué les vertus d’obéissance, de pauvreté, de chasteté ?
Obéissant jusqu’à la mort, et jusqu’à la mort sur la Croix : Obediens usque ad mortem, mortem autem crucis (Ph 2,8).
Direz-vous que Jésus n’a pas été obéissant et que par conséquent vous ne devez pas l’imiter, vous prêtre, prêtre du Seigneur, qui renouvelez le Sacrifice de la Croix sur les autels ?
Direz-vous que Jésus n’est pas pauvre, n’a pas pratiqué la vertu de pauvreté sur sa Croix ? Que lui reste-t-il ? Il a même donné sa Mère à saint Jean. Jésus meurt dans le plus complet abandon.
N’a‑t-Il pas pratiqué la vertu de chasteté, Lui dont le corps virginal est lacéré par la flagellation. Oui, Il a pratiqué la vertu de chasteté. Il s’est entouré de vierges. Sa mère était vierge ; son père (nourricier) était vierge ; saint Jean était vierge. Ce sont les âmes qui L’ont vraiment entouré de plus près. Alors Jésus a pratiqué la vertu de chasteté.
Alors, vous prêtres, oserez-vous dire que parce que vous n’êtes pas religieux, vous pouvez donc en prendre à votre aise avec ces vertus ? Je vous en supplie, suivons notre Maître. Soyons au contraire aujourd’hui dans ce monde de perdition, dans ce monde désordonné, des exemples de ces vertus d’obéissance, de pauvreté et de chasteté.
Voilà ce que doit être votre idéal, comme membre de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X.
Et puis vous méditerez sur le Sacrifice de Notre Seigneur Jésus-Christ. Ce n’est pas rien ce Sacrifice ! La Croix de Jésus domine l’histoire de l’humanité, domine l’Histoire du monde.
Stat crux dum volvit mortem : La Croix demeure jusqu’à ce que survienne la mort. La Croix demeure, la Croix est immuable devant les vicissitudes du monde. Plus vous approcherez de la Croix, plus vous serez des croisés, plus vous serez des crucifiés, plus vous participerez à l’immutabilité de l’éternité.
Fixé à la Croix pour toujours, vous ne changerez pas, vous ne changerez plus. Le Sacrifice et le prêtre sont des notions qui ont une relation non pas accidentelle, mais comme vous dites, en philosophe que vous êtes : une relation transcendantale.
C’est-à-dire qu’il ne peut pas y avoir… on ne peut pas définir le Sacrifice sans le prêtre et que l’on ne peut pas définir le prêtre sans le Sacrifice. Ils sont essentiellement liés. Le prêtre est fait pour le Sacrifice. Il ne peut pas y avoir de sacrifice sans prêtre.
C’est pourquoi vous devez réfléchir à ce qu’est le Sacrifice, pour savoir exactement ce qu’est le prêtre, ce que vous êtes.
Or ce Sacrifice est une chose mystérieuse, profonde, divine. C’est un trésor que vous pouvez méditer pendant toute votre vie sacerdotale et qui ne sera pas encore épuisé au moment de votre mort. Nous ne le comprendrons bien que dans l’au-delà, ce qu’est ce Sacrifice de Notre Seigneur et ce Sacrifice que nous renouvelons tous les jours à l’autel.
Or, voyez-vous, c’est une chose très importante, à bien comprendre.
On nous dit parfois : « Oh, vos séminaires ont un aspect négatif. Vous êtes contre ; vous êtes des gens contre ; vous êtes anti-libéraux ; vous êtes anti-œcuménistes ; vous êtes anticommunistes ; vous êtes des « anti ». »
Mes bien chers amis, nous ne sommes pas des « anti » pour être « anti ». Nous sommes anti, parce que la Croix de Notre Seigneur Jésus-Christ est anti, anti-libérale, anti-œcuméniste, anti-communiste. Pourquoi ? Parce que par la Croix de Notre Seigneur a rétabli l’ordre, l’ordre vers Dieu, l’ordre vers le prochain. Il a rétabli l’ordre. Et que toutes ces erreurs sont des erreurs subversives de l’ordre, qui détruisent l’ordre.
Le libéralisme détruit la liberté. Le communisme détruit l’ordre à Dieu et même l’ordre naturel. L’œcuménisme détruit le premier commandement de Dieu qui est l’ordre à Dieu.
Par conséquent, notre Sacrifice, le Sacrifice de la Croix que nous vénérons, que nous adorons, que nous réalisons tous les jours, nous apprend cela ; nous apprend à rétablir l’ordre et à nous mettre dans la Paix, car la paix c’est la tranquillité de l’ordre. L’ordre chrétien, l’ordre de la Croix, c’est l’ordre qu’a poursuivi l’Église pendant toute son Histoire. Et vous serez les héritiers de l’Église, en recherchant cet ordre, en le poursuivant, d’abord en vous – comme je viens de vous l’expliquer – par les vertus que vous vous appliquerez, vous rétablirez l’ordre vis-à-vis de Dieu.
Et puis, vous vous efforcerez aussi de rétablir l’ordre dans les âmes des fidèles en leur donnant Jésus Crucifié dans la Sainte Eucharistie, afin de rétablir l’ordre dans les âmes et dans les familles. Vous rétablirez l’ordre dans les familles, vous rétablirez l’ordre aussi dans la Société afin que Jésus soit le Roi du monde qu’il doit être et que Sa volonté soit faite sur la terre comme au Ciel et non pas seulement au Ciel.
Voilà, mes chers amis, ce qu’est la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X. N’allez pas chercher des spiritualités particulières, spéciales. La spiritualité de la Fraternité, c’est la spiritualité du Sacrifice de la Croix, qui est la spiritualité de l’Église tout simplement.
Regardez tous les saints, ils portent la Croix. On les représente presque toujours la Croix dans les mains. Regardez saint Pie V, il a la Croix dans les mains. Pourquoi ? Parce que pour eux, la Croix c’est le centre de leur vie. Ils l’ont plantée dans leur cœur et ils veulent imiter toutes les vertus de la Croix et recevoir toutes les vertus de la Croix.
Alors, c’est un grand privilège que vous avez, d’être prêtre. Et par le fait même que vous êtes prêtres, mes chers amis, vous aurez un pouvoir sur le Corps physique de Notre Seigneur, mais aussi sur son Corps mystique. Et c’est précisément ce qui va vous distinguer des laïques.
On ne veut plus aujourd’hui faire de distinction entre le prêtre et le laïque. Mais si, vous serez distinct des laïques par votre sacerdoce. Et les vrais fidèles désirent que les prêtres soient des prêtres. C’est-à-dire que les prêtres soient des pères qui leur donnent leur nourriture ; leur nourriture intellectuelle, spirituelle, morale et la Sainte Eucharistie, les sacrements, la sanctification. C’est votre rôle : predicare, sanctificare, redigere. Voilà ce qu’est le prêtre vis-à-vis du Corps mystique de Notre Seigneur Jésus-Christ.
Eh bien, c’est votre rôle. Il y a l’ecclesia docens et l’ecclesia dicens. Il y a l’Église qui enseigne et l’Église qui écoute. C’est cela qu’a toujours enseigné l’Église et c’est cela qui fait la beauté, la grandeur de l’Église.
Soyez cela, mes chers amis, et vous rendrez gloire au Bon Dieu et vous servirez l’Église et vous servirez les âmes.
Demandez cette intelligence du Sacrifice de la messe ; demandez l’intelligence du sacerdoce, à la très Sainte Vierge Marie. Elle est la Mère du Prêtre. Elle a formé dans son sein le Prêtre éternel. Entrez dans le sein de Marie – oui – avec Jésus, pour que Marie vous forme, qu’elle forme en vous le vrai prêtre de l’Église, le prêtre attaché à Notre Seigneur Jésus-Christ ; le prêtre à la fois contemplatif des grandes vérités, contemplatif de Dieu et en même temps grand missionnaire, désireux de porter la bonne nouvelle, désireux de porter Notre Seigneur Jésus-Christ au monde. Voilà ce que vous serez si vous écoutez la Vierge Marie et que vous êtes ses fils.
Au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Ainsi soit-il.