Lettre aux parents, amis et bienfaiteurs
Pour lire toute la lettre, cliquez sur l’image ci-dessus ou sur le lien ci-dessous
Pour lire toute la lettre : nouvelles, activités, projets !
Editorial de l’abbé Bernard de Lacoste
Les bienfaits de Facebook
Il est indispensable d’avoir des amis. L’homme est un être social. Il n’est pas fait pour vivre seul. A tout moment, mais surtout dans les périodes difficiles, une amitié solide est un soutien et un réconfort qui n’ont pas de prix. Dès lors, ce qui peut contribuer à tisser des liens étroits d’amitié doit être encouragé. On pense alors immédiatement aux réseaux sociaux d’internet. Il y a trois ans, Facebook était inconnu. Aujourd’hui, très rares sont les jeunes qui n’utilisent pas ce réseau social. Ils savent que ce n’est pas sans danger, mais pensent qu’une utilisation prudente et mesurée du site est une garantie sure. Cet engouement mérite quelques réflexions.
Dieu voit tout. Dieu sait tout. Rien ne lui est inconnu, pas même les photos ou les conversations protégées par un mot de passe et réservées aux amis intimes. Mon profil sur Facebook plaît-il à Dieu ? Voilà la vraie question à laquelle tous les utilisateurs doivent répondre, en toute sincérité. Lorsque mon pèlerinage terrestre sera achevé et que je paraîtrai devant le souverain Juge, serai-je fier des heures que j’aurai passées sur ce site ?
J’ai interrogé plusieurs jeunes, garçons ou filles, sur la qualité des discussions présentes sur le site : Etaient-elles intéressantes ? Avaient-elles un contenu valable ? Tous m’ont répondu que la plupart du temps, les sujets abordés étaient idiots, stupides et même parfois mauvais. Peut-être est-ce l’absence physique de l’interlocuteur qui diminue la retenue. Toujours est-il que, de fait, le niveau des conversations se dégrade très rapidement, surtout chez les plus jeunes : collégiens et lycéens.
Analysons les péchés commis fréquemment par les utilisateurs de Facebook.
D’abord, la curiosité est un vilain défaut, dit l’adage. Nous ne sommes pas des concierges. Occupons-nous de ce qui nous regarde. Il y a assez à faire. S’informer des faits et gestes du prochain, c’est une œuvre louable si elle contribue à notre édification ou à la pratique de la charité. Mais souvent, les personnes dont on s’informe sont l’objet de jugements téméraires, de médisance ou de calomnies. Que de réputations abîmées sottement par de vaines conversations ! Et le catéchisme nous enseigne que c’est une faute qu’il faut réparer. Quant à la discrétion, elle semble avoir disparu. Elle est une qualité qui consiste principalement à savoir garder les secrets d’autrui. Comme le dit un autre adage, toute vérité n’est pas bonne à dire. On pourrait ajouter : toute photo ne mérite pas d’être publiée.
En plus, le temps est précieux. Il est un don de Dieu. Nous n’avons pas le droit de le gaspiller. Quelle tristesse de voir des lycéens ou des étudiants échouer lamentablement à leurs examens tandis qu’ils passent trente minutes tous les soirs sur Facebook, en toute sérénité ! Interrogés par leur confesseur sur leur vie de prière, ils affirmeront avec aplomb n’avoir pas le temps de réciter chaque jour leur chapelet ! En réalité, le temps ne manque à personne. Ce qui manque, c’est l’esprit de foi et le courage pour mettre un ordre dans ses activités et donner la priorité à celles qui le méritent. Il y a quelques semaines, le Figaro titrait un article sur la question : « Une activité chronophage ». C’est en effet une activité qui « mange le temps ». Chez la plupart des utilisateurs, Facebook a le même effet qu’une drogue : quand on l’a goûté, on en devient dépendant. Il est très difficile de fermer définitivement son compte. Celui qui a plusieurs « amis » recevra tous les jours de multiples messages. Il sera tenté d’y répondre, d’ajouter des commentaires, de se lier à de nouvelles connaissances, de découvrir de nouvelles fonctionnalités, etc. Plusieurs jeunes lucides reconnaissent que Facebook leur fait perdre un temps précieux. Pourtant, leur lien de dépendance est tel qu’ils n’ont pas la force de fermer leur compte. N’est-ce pas le signe d’une passion non maîtrisée ?
Ajoutons que c’est parfois la pudeur qui est atteinte par les photos. Certains jeunes s’affichent publiquement dans des tenues telles qu’ils semblent avoir perdu toute dignité. Quant aux publicités qui apparaissent automatiquement, elles sont rarement des exhortations à la vertu…
Enfin, la vertu de prudence est elle aussi concernée par l’usage de ce site. Les informations sur la vie privée publiées sur Facebook peuvent être lues et utilisées par des personnes à qui elles n’étaient pas initialement destinées. Certaines entreprises utilisent Facebook pour collecter des informations sur leurs employés tandis que des recruteurs s’en servent pour leur sélection de candidats. En plus, le logiciel utilise les informations personnelles des utilisateurs afin d’introduire des publicités adaptées à leur profil et vend les informations livrées par les utilisateurs à des entreprises privées, comme c’est indiqué dans sa charte. Certains se croient à l’abri en réglant avec précision les paramètres de confidentialité. Ils risquent d’avoir des mauvaises surprises par la suite. Imaginons qu’une personne malveillante conserve les photographies ou les propos légers d’un adolescent, et les publie cinq ans plus tard alors que l’individu concerné, devenu plus sérieux, vient de se fiancer…
Je ne vous conseille pas pour autant de vous isoler du monde, ni de refuser le progrès. Mais les vraies amitiés ne se construisent pas devant un écran. Elles se fondent sur la vertu et sur un idéal commun, et supposent une bonne connaissance réciproque. Celle-ci suppose à son tour des conversations sérieuses et des activités communes constructives. Remarquons enfin que les vrais amis sont aussi précieux que rares. « Qu’un véritable ami est une douce chose ! », disait Montaigne. Qui osera prétendre que les contacts via Facebook renforcent de vrais liens d’amitié ? Le simple fait d’étaler sa vie privée au grand jour est un obstacle à l’amitié. Notre Seigneur disait à ses apôtres : « Je ne vous appelle plus mes serviteurs, parce que le serviteur ignore ce que fait le maître. Je vous ai appelés amis, parce que tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître ». Un ami est en effet celui à qui l’on confie ses secrets. C’est un confident. On le sait suffisamment discret pour conserver les secrets, suffisamment proche de nous pour nous comprendre, suffisamment raisonnable pour nous donner de bons conseils, suffisamment généreux pour nous aider en toute occasion. Combien d’« amis » de Facebook possèdent ces qualités ?
Ayons donc des amis, mais de vrais amis. Gardons avec eux des contacts, mais des contacts réels.
Abbé Bernard de Lacoste, Directeur