7ème partie du reportage – Le 1er août 2009 : jour 6
« Il passa en faisant le bien. » (Actes 10 :38)
« He went by doing good. » (Acts 10:38)
Ce mât de cocagne ne sera conquis que grâce à de véritables pyramides enfantines.
Only a solid pyramid can make them reach the summit of this greasy poll !
Pendant que les derniers patients attendent, l’abbé Ghela organise
des jeux pour la joie des enfants . et des plus grands.
As the line of patients is reaching its end, Fr. Ghela organized games for the joy of all, children and adults.
Chaque soir il fallait refuser des malades. Chaque soir ceux-là repartaient vers leur incertitude, emportant avec eux la douleur qui les avait amenés. Chaque soir les volontaires éprouvaient cette frustration devant l’impossible.
[Every night we had to refuse some sick people. Every night these unfortunate went back home, bringing back the sickness they had brought with them. And every night, the volunteers felt frustrated in front of the impossible. ]
Ils ont alors décidé malgré la pluie, la boue du chemin et la fatigue, d’offrir une nouvelle journée de soin aux refoulés de la veille. Et ce fut l’ultime pansement pour ce pouce redevenu sain. L’ancien malade souriant, gratifia Bernadette d’un « Salamat po ! » (merci) reconnaissant.
[Then, they decided, in spite of the rain, the mud of the road and their fatigue, to offer another day to those who had been refused medical assistance so far. And thus, it was an ultimate bandage for this newly healed thumb. The old patient smiling gave his nurse Bernadette a grateful « Salamat po ! » (Thanks!) ]
Jean Pierre Dickès : une fine lame pour opérer ce patient.
Dr. Jean Pierre Dickès, during one of his numerous surgical interventions.
Jean-Pierre eut le temps d’extraire un kyste profondément enfoncé dans un bras, pendant que piqûres et auscultations se succédaient.
Sr. Maria Concepcion, exemplaire traductrice ayant dû repartir, la pharmacie eut recours à Magali pour expliquer les prescriptions aux patients dans un tagalog dont elle avait appris les rudiments dès son arrivée. Parfois, les explications, trop difficiles, nécessitaient l’aide et la bonne volonté d’une jeune philippine.
[Sr. Maria Concepcion, the pharmacy’s exemplary translator having left, she was replaced by Magali who explained in a very basic Tagalog the various prescriptions to the patients. Sometimes, though, a generous young Filipina had to come to her help.]
Le maire de Tanay, venu en personne, remercie l’équipe de la mission, prêtres et volontaires.
The mayor of Tanay insisted in visiting the mission and thanking
in person the priests and the generous team of volunteers.
Le maire de Tanay, dont dépend Sampaloc, vint remercier l’ensemble des volontaires en leur offrant un diplôme personnalisé en gage de reconnaissance.
[Tanay’s mayor, under whose jurisdiction is Sampaloc, came in person to thank the team of volunteers and gave each, as a token of gratitude, a personalized certificate.]
L’armée philippine, tellement présente lors de cette mission catholique et humanitaire se joignit aux vœux de la municipalité pour que l’année prochaine la mission tende de nouveau ses tentes et ses bâches autour de cette même chapelle, dans ce même village.
[The Philippine army who played a great part in this truly Catholic Medical Mission also expressed its wishes to see our Mission return next year with its tarps and tents around our little chapel.]
Jusqu’au dernier jour, médecins et volontaires ont travaillé dans ces conditions.
Conditions of the medical team until the very last day of the Mission.
Une décision qui sera très difficile à prendre pour les responsables de l’ACIM car la même demande a déjà été enregistrée à mille kilomètres de là : à Sarangani, lieu de la précédente mission.
[This will be a difficult decision for the leaders of ACIM since the authorities of Sarangani, 1000 km to the South and who received us last year, have also made the same request.]
La mission touche sa fin, la nuit est tombée, et seule cette petite lampe
permet à la pharmacie de fonctionner jusqu’au bout.
The last moments of the Mission at the pharmacy in the early night with that single little lamp.
En cette fin de cette toute dernière journée, les volontaires étaient heureux car 3 130 philippins furent soignés en six jours.
[Finally, at the end of this very last day, the volunteers were radiant when they heard the final number of patients treated in the short six days : 3,130.]
Record battu.
[A new record!]
02 août 2009 – Photos de Philippe Gressier, de Boulogne-sur-Mer, textes bilingues du Distict d’Asie pour LPL
Le fort et émouvant témoignage d’un participant…
La fin de la mission : le temps des larmes
Samedi 1er août. Tant de monde encore à voir. Nous décidons de rester une journée de plus. Elle sera la plus éprouvante. En effet une partie des volontaires sont repartis. Les militaires ont regagné leur caserne. Il reste une dentiste philippine, les deux médecins français. Jean-Pierre Dickès crèvera le plafond du nombre des consultations en voyant 129 personnes. Le déluge du ciel nous tombe sur la tête ce qui permet de faire halte au feu après douze heures de travail. Nous n’avons même plus faim. Nous pataugeons dans la boue. Trempés jusqu’aux os, nous nous débarassons de nos chaussures. Les médecins aux pieds nus. Les Philippins ne portent pas de chaussures. Seulement ces sandales plastiques appelées tongues. Les chaussures dans l’eau et la boue sont bien inutiles.
Les filles rejoignent la villa d’accueil : elles sont six dans une même chambre. Les volontaires phillipines sont entassées dans un trou à rat jouxtant l’ancienne chappelle à deux pas. Les garçons s’entassent et dorment à même le sol dans les combles de l’église en construction. Le traiteur comme tous les Philippins se repose le samedi. Menu du soir : cacahuètes. Quelques-uns d’entre nous, les privilégiés sont dans un « resort » sorte de pavillons un peu dispersés. On nous prévient que dans le bâtiment central il y aura la fête, sorte de karaoké. « Doc, vous n’auriez pas des fois un somnifère ! » Doc a tout prévu.
Le dimanche aprés la Messe, Il faut partir. Nous verrons alors une chose inouïe. Les gens de la ruelle sont sur le pas de leur porte pour nous dire adieu. Certains fondent en larmes. Et nous aussi, les gorges se nouent. Les larmes montent aux yeux. La Grâce du don des larmes.
Il faut en venir au bilan. Nous avons effectué 3 130 actes médicaux. Les médecins ont travaillé de quatre à sept selon les jours. Les dentistes de un à cinq. Ce sera l’aide principale de l’armée. Des liens d’amitiés se sont créés. Le nombre des volontaires a oscillé entre 67 et 77. Rappelons que si nous avions pu effectuer la mission au Capitole de Sarangani comme prévu nous aurions été le double. Et pourtant nous avons battu notre propre record de 2008 qui était de 2 780 patients mis en dossiers à Géneral Santos, Mindanao. A Sanpaloc à l’Est de Manille, tout le monde est catholique. Donc pas de baptêmes sinon que des préparations à ce sacrement et au mariage. Trois Extrême Onctions, bénédiction de 120 maisons. 2000 chapelets seront distribués. 500 scapulaires imposés.
Lundi , c’est le retour à Manille. L’équipe commence à s’éffilocher.Le hasard nous fait nous noyer dans la foule qui rend un dernier hommage à Corazon Aquino ; 250 000 personnes pour admirer un personnage libéral qui notamment en ne maîtrisant pas la corruption avait réussi l’exploit de faire passer son pays de la deuxième position économique de tous les Etats Asiatiques après le Japon, à la quatrième dernière.
Un ami de la Tradition nous reçoit dans une sorte de club de plongée. Le repos est de deux jours. Un peu de natation. Dormir…Mais les coqs omniprésents ne savent pas ce qu’est le sommeil des humains.
Un de nos objectifs était de nous occuper des pygmées. Les attermoiments du gouverneur de l’île Leyte où ils sont nombreux, nous avait obligés à y renoncer. Mais une tête de pont avait été lancée par l’abbé Couture arrivé avec deux tonnes de riz en fin d’année dernière à 120 kilomètres au Nord Manille. Une sorte de petit reste épargné par la catastrophe de l’éruption du Pinatubo en 1990. Péniblement une sainte religieuse du nom d’Eva essayait dans le cadre de multiples actoins de les aider. Nous sommes arrivés très tard. En effet le chemin d’accès était transformé en ruisseau de boue. Deux kilomètres à faire en gravissant la montagne. Les carabaos (buffles) tirant les médicaments et les 500 kilos de riz que nous apportions. Notre équipe ACIM France donna les premiers soins d’urgence. Promettant à Sœur Eva que nous reviendrions.
Mais nous n’avions pas encore réalisé que le pire nous attendait. Nous ne nous étions pas aperçus que toute l’humilité de ces pauvres gens, l’aide que nous leur avions apportée dans des circonstances diffficiles avait créé une unité fantastique entre nous. Nous étions devenus un seul corps, une seule âme au contact de ces pauvres gens qui nous avaient donné tant de sourires, de salamat (merci !). Nous avions tous le même sentiment qu’avec nos prêtres, des liens quasi surnaturels nous réunissaient en un seul corps. Rosa Mystica. Une fleur dont les pétales allaient se perdre, se disperser. Magali partait pour quatre mois à General Santos afin d’aider Yolly notre vaillante secrétaire à la permanence de ACIM Asia. Chacun d’entre nous la serra dans ses bras en pleurant. Pleurer de notre séparation et pleurer de bonheur. Tous simplement parce que nous avions tous implicitement compris que notre vie après ce que nous avions vu ne sera plus jamais la même. Mais l’an prochain nous serons tous là et au même endroit.
Merci mon Dieu pour la pluie, le bain de boue et le bain de Grâces.
A l’année prochaine !
Pour aider la Mission Acim Asia 2009
Les dons pour ACIM ASIA doivent être envoyés au : Dr Jean-Pierre Dickès Il est rappelé que la totalité des dons est envoyé à la mission sans prélèvement de quelque nature que ce soit. D’autant qu’ACIM France prend en charge intégralement le fonctionnement |