Le terroriste de Nice est un migrant tunisien entré illégalement en France via Lampedusa, venu dans le dessein manifeste de tuer, selon le ministre français de l’intérieur. Cela ouvrira-t-il les yeux du pape François ?
Le pape argentin a fait de l’île italienne de Lampedusa, point important d’entrée en Europe de nombreux migrants venus d’Afrique du Nord, le lieu symbolique de son message en faveur de l’accueil inconditionnel de tous les migrants.
C’est là qu’en 2013 il s’était rendu pour une visite destinée à frapper les esprits, à l’occasion de son premier voyage papal. Dans le sermon de la messe qu’il avait célébrée, il avait accusé l’égoïsme des sociétés européennes d’être responsable de la mort de migrants en mer. « Qui est responsable de ce sang ? », s’était-il alors écrié, pour inciter les européens à ouvrir leurs portes.
Pour une immigration sans entrave
A l’époque, la classe politique italienne s’était montrée gênée, un député soulignant la différence entre la prédication religieuse d’une part et « la gestion par l’État d’un phénomène aussi difficile, complexe et insidieux » que l’immigration d’autre part, phénomène marqué notamment par l’intervention de groupes criminels.
Ces avertissements n’ont rien changé au message pontifical. En 2017, sa lettre rédigée pour la 104e « journée mondiale du migrant et du réfugié », contenait « 21 mesures concrètes, (…) qui résument sa pensée sur la question des migrations. Elle vise, tant dans les pays d’origines que dans les pays d’accueil, à rendre légale l’immigration illégale. Dans ce document, le pape promeut un accueil large, généreux et légalement organisé des migrants et des réfugiés sans mentionner l’idée d’une quelconque restriction des flux migratoires » (JM Guénois, Le Figaro du 22 août 2017). En 2018, il rappelait son geste de Lampedusa en célébrant, pour marquer les cinq ans de sa visite, une messe dédiée aux migrants et à ceux qui les secourent.
Dans son encyclique Fratelli tutti, le pape a renouvelé ce qu’il appelle lui-même ses rêves : « rêvons en tant qu’une seule et même humanité » (§8). Rêve en particulier d’un monde totalement ouvert quant aux migrations (§129 et suiv.), car pour le pape, les « limites et les frontières des États ne peuvent pas s’opposer » à l’arrivée d’un migrant car il n’est pas un « usurpateur ». Ainsi « personne ne peut être exclu, peu importe où il soit né », puisque « chaque pays est également celui de l’étranger ». Il est donc « important d’appliquer aux migrants arrivés depuis quelque temps et intégrés à la société le concept de citoyenneté » et de « renoncer à l’usage discriminatoire du terme “minorités” ». En effet, « les migrants, si on les aide à s’intégrer, sont une bénédiction, une richesse, un don qui invitent une société à grandir ».
Générosité ou égoïsme ?
Comme toujours, le pape fait l’impasse sur la question de la religion des migrants, majoritairement musulmane : il en va pourtant de la vie ou la survie des nations chrétiennes (cf Nouvelles de Chrétientén°169). Ainsi, outre l’imposture consistant à occulter ce qui pose problème dans l’actuel phénomène migratoire, « cette irréaliste générosité dévoile un égoïsme » soulignait il y a quelques années un éditorialiste du Figaro (Yvan Rioufol, 24 août 2017). « Le Pape se désintéresse, en effet, du désarroi des peuples européens confrontés à la montée en puissance d’une immigration du tiers-monde et d’une culture islamique offensive. (…) Sa défense d’une Europe multiculturelle est même suicidaire : elle permet à une civilisation historiquement opposée à l’Occident de s’y enraciner, y compris par l’intimidation ou la force ». « A faire l’ange, le Pape met l’Europe en danger ».
Venu de Tunisie en France via Lampedusa, en profitant d’une société aux frontières ouvertes, du moins poreuses, le terroriste de Nice a assassiné trois catholiques, donnant une résonnance particulière à cette question que François lançait à Lampedusa : « Qui est responsable de ce sang ? ».