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« Serviteurs de l’unité »
Au mois de juin 1988, Mgr Marcel Lefebvre, supérieur général de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, a conféré l’épiscopat sans mandat, et malgré l’interdiction formelle du Saint-Siège, à quatre prêtres de son institut. Par cet acte schismatique, il a encouru automatiquement l’excommunication, lui-même ainsi que les prélats concernés et ceux qui les suivraient en adhérant à leurs positions et à leur acte de séparation. Ce que l’on pouvait redouter est arrivé, avec la constitution progressive d’un groupe dont les membres n’adhéraient pas à l’ensemble de l’enseignement de l’Eglise catholique, notamment à plusieurs textes doctrinaux majeurs du Concile oecuménique Vatican II.
Dans leur souci de travailler à la réconciliation, les Papes successifs ont multiplié les tentatives de rapprochement. Ce fut une entreprise très difficile, la plupart du temps sans grand succès. Certains prêtres et fidèles, attachés à leurs traditions et aussi à leurs pratiques liturgiques, ont néanmoins compris que l’unité de l’Eglise était plus importante, et ont retrouvé le chemin de celle-ci. Contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, le fond du problème n’est pas d’abord d’ordre liturgique, et ce n’est pas une question de latin.
La levée de l’excommunication des quatre évêques le 24 janvier dernier ne marque pas la fin de la blessure. Elle est un pas de plus pour rappeler à ces personnes et à ceux qui leur font confiance que le vrai Pasteur va sans cesse à la recherche de la brebis éloignée, jusqu’à ce qu’il l’ait retrouvée. La route est ouverte, mais elle passe par des étapes incontournables sur le sens de l’Eglise, le rapport à Dieu et au monde, la rencontre des cultures et des autres religions. Le Concile Vatican II, avec l’aide de l’Esprit Saint, s’inscrit profondément dans l’Ecriture et la Tradition de l’Eglise, qu’il illustre pour notre époque aux prises avec des situations nouvelles. L’histoire ne s’arrête pas en 1962.
La route sera donc longue jusqu’au retour de la pleine communion qui doit être notre objectif et que nous voulons servir. Les rebondissements intervenus autour de cette mesure exceptionnelle, et le tourbillon médiatique qui n’a pas faibli depuis, montrent s’il était nécessaire que beaucoup d’efforts et beaucoup de vigilance sont indispensables. Il va falloir éprouver la sincérité de la demande du supérieur général actuel, s’entendre sur un processus de discussion, et peut-être prévoir ensuite un cadre adapté de prise en charge pastorale pour les chrétiens concernés. De toute façon, certains aspects ne seront en aucun cas négociables. Ils concernent non seulement les propos négationnistes ou révisionnistes infâmes tenus ces jours-ci, mais aussi les positions inadmissibles qui les sous-tendent. Une clarification s’impose.
Etre serviteur de l’unité. J’en mesure toute la responsabilité et les conséquences. Avec le Saint-Père, je veux m’y engager en ouvrant ma porte à qui voudra dialoguer. C’est par une fidélité plus grande que nous progresserons, en nous souvenant que la charité appelle aussi un dialogue dans la vérité.
Si la communication n’a pas été très heureuse dans cette affaire, j’espère comme Mgr Boishu que les diocésains qui seraient passés par des moments d’incompréhension, ou même qui auraient été blessés jusque dans leurs convictions, puiseront dans l’Evangile la force de leur attachement à l’Eglise. Je redis ma confiance aux prêtres, aux diacres, aux consacrés et aux personnes engagées dans la vie de l’Eglise diocésaine. Les Orientations pastorales, issues de la démarche synodale, sont claires. A l’écoute de la Parole de Dieu et de la Tradition de l’Eglise, nous voulons témoigner dans le monde d’aujourd’hui, guidés par l’Esprit Saint qui nous entraîne au large.
Mgr Thierry Jordan, Archevêque de Reims