Une nouvelle école pour Nice

Le 20 sep­tembre pro­chain, l’école Maris Stella ouvri­ra ses portes dans le quar­tier du Parc Impérial et les domi­ni­caines ensei­gnantes de Brignoles y accueille­ront la pre­mière pro­mo­tion d’élèves.

Si quelqu’un m’avait dit, en sep­tembre der­nier, que notre Prieuré Saint-​Joseph ouvri­rait une école l’année sui­vante, jamais je ne l’aurais cru. Le sujet n’était tout sim­ple­ment pas d’actualité. Certes, l’année 2021 com­men­cée, quelques parents vinrent me sol­li­ci­ter ; si leur rêve était beau, il me sem­blait néan­moins rele­ver de l’utopie. Aussi je ne pen­sais guère y don­ner de suite. Mais qui suis-​je ? Oracle de Yahvé, mes pen­sées ne sont pas vos pen­sées, vos voies ne sont pas mes voies (Is 55, 8). Saint Joseph, quant à lui tou­jours à l’écoute des voix divines dans l’Évangile, prit donc le relai. Il usa de sa puis­sance pour pré-​parer l’école qui allait être confiée à sa très chaste épouse, l’école Maris Stella.

C’est en effet au mois de mars, consa­cré à saint Joseph, que tout se mit en place. Les pre­miers bien­fai­teurs poten­tiels se signa­laient, le Ciel pro­po­sait un lieu suf­fi­sam­ment attrayant pour m’être allé­chant, et les parents deve­naient plus nom­breux à crier famine pour leurs enfants. Bref, le 17 mars et sans avoir aucu­ne­ment pré­mé­di­té la date –anni­ver­saire des appa­ri­tions de Notre-​Dame à Bargemon, et au pas­sage fête de saint Patrick – je me retrou­vais chez les domi­ni­caines ensei­gnantes de Brignoles à évo­quer le pro­jet avec la Mère Générale de la Congrégation. Ni une ni deux, la voi­ci niçoise pour un jour, et quel jour : nous étions le 25 mars, fête de l’Annonciation. Aussi auda­cieuses que conquises, les domi­ni­caines ne furent pas longues à signa­ler leur accord : leur congré­ga­tion s’engagerait dans ce pro­jet de fon­da­tion, et ce dès la ren­trée 2021. Elles seront donc deux à arri­ver cet été, dans l’attente de ren­forts à venir, au fur-​et-​à-​mesure des années. 

Souvent, le Ciel agit avec la sur­abon­dance qui le carac­té­rise ; il mul­ti­plie les gestes pour mani­fes­ter sa pré­sence. Aussi, comme les locaux ini­tia­le­ment envi­sa­gés s’avéraient pré­sen­ter de réels incon­vé­nients, une autre pro­prié­té nous était pro­po­sée le… 1er mai, en la fête de saint Joseph ! Et quelle pro­prié­té ! On la croi­rait taillée tout exprès pour nos besoins. En plein Nice, elle sera facile d’accès pour les parents ; dans le calme du Parc Impérial, elle res­te­ra un cocon de silence pour les reli­gieuses qui y vivront en com­mu­nau­té ; et le tout à seule­ment un quart d’heure du Prieuré, aspect agréable aux prêtres qui chaque jour la des­ser­vi­ront. Quant aux enfants, ils joui­ront d’un cadre idéal, leur per­met­tant de se dégour­dir allè­gre­ment les jambes tout en jouis­sant d’une vue magni­fique. La répar­ti­tion même du bâti semble avoir été fait pour nous. Bref ; pro­po­sée le 1er mai, il ne fal­lut pas trois jours pour que nos domi­ni­caines soient à nou­veau sur place, et signent sur le champ une offre d’achat, bien vite acceptée. 

Ainsi donc, le 20 sep­tembre pro­chain, l’école Maris Stella ouvri­ra ses portes au 29 cor­niche Bellevue, pour accueillir sa pre­mière pro­mo­tion d’élèves, sans doute plus proche de la tren­taine que de la ving­taine. Seigneur, que vos œuvres sont grandes, que vos pen­sées sont pro­fondes ! (Ps 91, 6) Je vou­drais aus­si ici remer­cier les laïcs qui, tout au long, se sont faits les ins­tru­ments de la divine Providence par leur dévoue­ment et géné­ro­si­té. Et puisque c’est fina­le­ment à Notre-​Dame, Étoile de la Mer, que seront confiés nos enfants, prions-​là dès main­te­nant. Si des tem­pêtes sans pré­cé­dent agitent notre monde pré­sent, que Notre-​Dame daigne for­ger en cha­cune de ces petites âmes ceux qui demain seront des phares pour leurs contem­po­rains, dans la mesure où ils auront appris à reflé­ter la divine lumière, dont Marie fut la pre­mière à rayon­ner l’éclat.

Abbé Patrick de La Rocque

Les premières images de la future école Maris Stella

Sous le patronage de la Vierge, Maris Stella

La séquence mariale de l’Ave Maris stel­la est connue. Elle remonte aux temps caro­lin­giens, et fut des plus répan­dues dès les pre­mières heures du Moyen-​Âge. La Vierge y est saluée comme étoile de la mer. D’où lui vient donc cette appel­la­tion, à quoi ren­voie cette dévotion ?

L’étoile : déno­mi­na­tion tel­le­ment par­lante, lorsqu’il s’agit de Marie. Sa lumière n’est pas sienne, elle ne la tient pas d’elle-même. En elle, tout est humi­li­té, tout est récep­ti­vi­té. Créée imma­cu­lée, elle s’est sim­ple­ment lais­sée enva­hir en tout son entier par la divine lumière d’éternité, par Celui qui est cette lumière même, et à qui elle a don­né humanité. 

Elle en encore notre étoile ; tout d’abord, parce qu’elle est l’une des nôtres, de notre famille humaine. Mais surtout,en ren­ver­sant par son oui le péché de nos pre­miers parents, elle est deve­nue pour nous por­teuse de lumière. Là où la pre­mière Ève avait intro­duit en notre monde les ténèbres de la mort, Marie met au monde Celui qui est la Lumière du monde, et nous invite à l’être à sa suite. 

Une étoile se dis­tingue encore du soleil, en ce qu’elle n’éblouit pas. Ainsi, Marie est pour nous l’astre por­teur de lumière qui éclaire dou­ce­ment sans jamais nous aveu­gler. Mère sans pareil, sa dou­ceur et atten­tion est d’autant plus grande qu’elle nous sait fra­giles ; d’elle, jamais nous ne devons avoir peur.

L’astre enfin, s’il est tou­jours pré­sent, se remarque sur­tout pen­dant la nuit. Ainsi en est-​il de Marie, mère de misé­ri­corde et refuge des pécheurs. Au milieu des ténèbres de ce monde, elle nous indique tout à la fois la route et le terme, elle nous montre son Fils et nous dit : Faites tout ce qu’Il vous dira (Jn 2, 11). En la sui­vant, nous ren­con­trons Dieu vers lequel infailli­ble­ment elle nous mène. Toujours elle brille et ravive l’espérance, qui plus est quand les ténèbres sont pro­fondes, ou vio­lentes les tem­pêtes. Enlevez Marie de l’océan immense de notre monde, disait saint Bernard, et sans cette étoile de la mer, que reste-​t-​il, sinon l’obscurité de toutes parts, l’ombre des souf­frances et de la mort ?

Une telle étoile, aimons à la saluer, Ave maris stel­la !

Source : Lou Pescadou n° 212

FSSPX

M. l’ab­bé Patrick de la Rocque est actuel­le­ment prieur de Nice. Il a par­ti­ci­pé aux dis­cus­sions théo­lo­giques avec Rome entre 2009 et 2011.