Ve UDT : « Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Eglise. »

Promotion : Gilbert-​Keith Chesterton [1]
Un grand écri­vain anglais deve­nu catho­lique à 48 ans

Editorial de l’abbé de Cacqueray

Chaque dimanche, à la messe, nous pro­fes­sons notre Foi en « l’Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique ». Nous sommes les fils de cette Eglise Catholique dont nous croyons de toute notre âme qu’Elle a été fon­dée par Notre Seigneur Jésus-​Christ : « Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâti­rai mon Eglise. »

Cependant, cette Eglise, dont nous sommes deve­nus les membres par la grâce de notre Baptême, au lieu d’être célé­brée par tous les hommes comme étant l’Arche de Salut qui mène les âmes de cette terre à l’éternité bien­heu­reuse, au lieu d’être recon­nue en sa qua­li­té de plus grande bien­fai­trice de l’humanité, se trouve être en per­ma­nence la cible pré­fé­rée des quo­li­bets, de la déri­sion et de la haine de nos contemporains.

Tout semble mis en œuvre pour que les catho­liques se trouvent comme obli­gés de devoir bais­ser la tête et de rou­gir de l’Eglise, de la papau­té, du sacer­doce… Le pas­sé de l’Eglise est remis en cause d’une façon sys­té­ma­tique. L’Eglise est pré­sen­tée comme sexiste, allant jusqu’à dou­ter de l’existence de l’âme chez la femme, comme bel­li­queuse et meur­trière lors des Croisades, fana­tique par son Inquisition, obs­cu­ran­tiste dans l’affaire Galilée, sec­taire avec le Syllabus, com­plice des crimes du nazisme par le silence de Pie XII. Quel est le mal que l’Eglise n’a pas com­mis ? La charge est deve­nue si habi­tuelle et si vio­lente que les catho­liques les mieux dis­po­sés finissent par se poser des ques­tions face à un tel raz-​de-​marée de cri­tiques. Comment une Eglise qui n’a ces­sé de fomen­ter le mal tout au long des siècles serait vrai­ment celle que Dieu a vou­lu don­ner aux hommes ? Parallèlement, le Judaïsme et l’Islam sont trai­tés avec res­pect et bien­veillance et pré­sen­tés comme des exemples de reli­gions éclai­rées et tolérantes …

Au cours de cette cin­quième uni­ver­si­té d’été, nous allons donc expo­ser métho­di­que­ment pen­dant le cycle de nos confé­rences ce qu’est l’Eglise Catholique : sa nature, sa divine consti­tu­tion, ses notes et ses pro­prié­tés. Nous mon­tre­rons que cette Eglise est bien celle que Notre Seigneur Jésus-​Christ a ins­ti­tuée. Les ate­liers, quant à eux, nous don­ne­ront l’occasion, contre la pen­sée unique, de réta­blir la véri­té his­to­rique sur les grandes contes­ta­tions que la moder­ni­té bran­dit contre l’Eglise. Et nous démon­tre­rons que, loin d’avoir à rou­gir de l’Eglise, Elle mérite tout note amour, elle qui est bien l’Epouse sainte et imma­cu­lée de Notre Seigneur Jésus-Christ.

Enfin, nous n’écarterons pas l’objection que l’on nous fait aus­si à nous autres, prêtres de la Fraternité saint Pie X : « Vous êtes bien mal pla­cés pour prendre la défense de l’Eglise, vous autres qui avez été mis à son ban. Ne croyez-​vous pas qu’au lieu d’en faire le thème de votre uni­ver­si­té d’été, vous devriez com­men­cer par déjà don­ner l’exemple de l‘obéissance ? » Nous n‘éluderons pas cette ques­tion. Bien au contraire, nous la ren­drons volon­tai­re­ment pré­sente tout au long de nos débats.

C’est pour­quoi cette uni­ver­si­té d’été 2010 pré­sen­te­ra une occa­sion unique et pri­vi­lé­giée, pour nos fidèles mais aus­si pour tous ceux qui se posent des ques­tions et qui veulent en poser sur la crise de l’Eglise et sur les posi­tions de la Fraternité, de pou­voir le faire auprès de ses prêtres.

Nous vous invi­tons cor­dia­le­ment, vous tous qui ne vou­lez pas res­ter pas­sifs face à la démo­li­tion de la chré­tien­té, vous qui vou­lez au contraire être des ouvriers actifs de la conver­sions des âmes de ceux qui vous entourent, à vous rendre à Saint-​Malo pour ce grand moment d’intelligence de la Foi et d’amitié catho­lique. Comme chaque année, nous aurons aus­si la joie de fêter magni­fi­que­ment l’Assomption de Notre Dame par notre grande pro­ces­sion dans les rues de la belle cité malouine.

Abbé Régis de Cacqueray-​Valménier, Supérieur du District de France

Gilbert Keith Chesterton

[1] G. K. Chesterton, de son nom com­plet Gilbert Keith Chesterton (29 mai 1874 – 14 juin 1936) était un des plus impor­tants écri­vains anglais du début du XXe siècle. Son œuvre est extrê­me­ment variée : il a été jour­na­liste, poète, bio­graphe, apo­lo­giste du chris­tia­nisme ; aujourd’­hui, il est sur­tout connu pour la série de nou­velles dont le per­son­nage prin­ci­pal est le Père Brown (The Wisdom Of Father Brown, The Incredulity Of Father Brown..)

Chesterton a été sur­nom­mé « le prince du para­doxe ». Il uti­lise abon­dam­ment les pro­verbes et dic­tons popu­laires, les lieux com­muns – en les retour­nant soi­gneu­se­ment. On trouve par exemple dans Le nom­mé Jeudi cette phrase : « Les cam­brio­leurs res­pectent la pro­prié­té. Ils veulent juste que la pro­prié­té, en deve­nant la leur, soit plus par­fai­te­ment respectée ».

Il fut par­ti­cu­liè­re­ment renom­mé pour ses œuvres apo­lo­gé­tiques et même ses adver­saires ont recon­nu l’at­trait de textes comme Orthodoxie ou L’homme éternel(1). En tant que pen­seur poli­tique, il dénigre éga­le­ment libé­raux et conser­va­teurs : « Le monde s’est divi­sé entre Conservateurs et Progressistes. L’affaire des Progressistes est de conti­nuer à com­mettre des erreurs. L’affaire des Conservateurs est d’é­vi­ter que les erreurs ne soient corrigées. »

Chesterton par­lait sou­vent de lui-​même comme d’un chré­tien « ortho­doxe », et iden­ti­fia tel­le­ment cette posi­tion avec le chris­tia­nisme lui-​même qu’il se conver­tit au catho­li­cisme romain. George Bernard Shaw, son adver­saire et ami, dit de lui dans le Time : « C’était un homme d’un génie colossal ».

Eléments biographiques

Chesterton étu­die à la St Paul’s School de Londres, puis à la Slade School of Art dans le but de deve­nir illus­tra­teur. Il suit plus tard des cours de lit­té­ra­ture à l’University College, sans pour autant obte­nir de diplôme. En 1896, il com­mence à tra­vailler pour l’é­di­teur lon­do­nien Redway, puis chez T. Fisher Unwin chez qui il reste jus­qu’en 1902. Pendant cette période, il se lance aus­si dans le jour­na­lisme comme pigiste dans la cri­tique lit­té­raire et artis­tique. En 1901, il épouse France Blogg. L’année sui­vante, une chro­nique d’o­pi­nion heb­do­ma­daire lui est pro­po­sée dans le Daily News, puis en 1905 à l’Illustrated London News où il res­te­ra pen­dant trente ans.

D’après son propre témoi­gnage, dans sa jeu­nesse, il aurait été fas­ci­né par l’oc­cul­tisme, et aurait notam­ment uti­li­sé avec son frère un Ouija. Avec l’âge, il s’in­té­resse de plus en plus au chris­tia­nisme, pour fina­le­ment se conver­tir au catho­li­cisme en 1922 [1].

Il était grand (1,93 m) et de forte cor­pu­lence (il dépas­sa 130 kg). Il por­tait habi­tuel­le­ment un cape, une canne-​épée, avait conti­nuel­le­ment un cigare à la bouche. Un jour, il fit la remarque sui­vante à son ami George Bernard Shaw : « À vous voir, tout le monde pour­rait pen­ser que la famine règne en Angleterre » ; à quoi Shaw aurait rétor­qué : « À vous voir, tout le monde pour­rait pen­ser que c’est vous qui en êtes la cause ». Il oubliait fré­quem­ment où il était cen­sé se rendre et on rap­porte qu’à plu­sieurs reprises, se trou­vant dans un lieu éloi­gné, il envoie à sa femme, Frances Blogg, un télé­gramme où il écrit quelque chose comme : « Suis à Market Harborough. Où devrais-​je être ? », auquel elle répond : « À la maison ».

Chesterton aimait le débat, et se lan­çait sou­vent dans des dis­cus­sions publiques et ami­cales avec George Bernard Shaw, Wells, Bertrand Russell et Clarence Darrow, entre autres. D’après son auto­bio­gra­phie, lui et Shaw auraient joué des cow-​boys dans un film muet qui ne fut jamais réalisé.

Il mène une cam­pagne vic­to­rieuse contre un amen­de­ment dépo­sé par Winston Churchill à la loi de 1913 sur les han­di­ca­pés men­taux, ins­tau­rant un pro­gramme de sté­ri­li­sa­tions contraintes.

Il meurt dans sa mai­son de Beaconsfield, dans le Buckinghamshire, le 14 juin 1936. C’est Ronald Knox qui pro­nonce l’ho­mé­lie de sa messe de funé­railles, dans la cathé­drale Westminster de Londres. Il est enter­ré au cime­tière catho­lique de Beaconsfield.

La foi catholique de Gilbert-​Keith Chesterton

Comment ce grand écri­vain anglais est deve­nu catho­lique à 48 ans 

Né en 1874 dans une famille angli­cane, Chesterton n’en­ten­dit pas par­ler du catho­li­cisme pen­dant sa jeu­nesse mais un sou­ve­nir le mar­que­ra : une ren­contre inopi­née avec « un spectre vêtu de flammes », – le car­di­nal Manning – lequel sor­tit de voi­ture devant lui et son père qui pas­saient dans le secteur.

Autour d’eux, une foule à genoux, priait sur le pavé…

La per­sonne du Christ

Alors qu’il pri­vi­lé­gie le des­sin et l’é­cri­ture, « GKC » garde un atta­che­ment sen­ti­men­tal pour la per­sonne du Christ : « Un homme a vécu, il y a des siècles en Orient. Et je ne puis regar­der une bre­bis, une hiron­delle, un lys, un champ de blé, une vigne, une mon­tagne, sans son­ger à lui… »

La ver­tu d’hu­mi­li­té le touche éga­le­ment et, contrai­re­ment à Nietzsche, il pressent qu’elle « était non le refuge des faibles mais le pain des forts » (Agnès de La Gorce).

Humour et paradoxes

Devenu polé­miste, Chesterton aime trop la vie pour sous­crire au pes­si­misme et au désa­bu­se­ment qu’on trouve, entre autres, chez Wells et Shaw.

La déli­ques­cence de son époque, il décide de la com­battre en publiant des véri­tés mécon­nues. Pour cela, il uti­lise deux armes qui devien­dront sa marque de fabrique : l’hu­mour et les paradoxes…

L’anglo-​catholicisme

Avec le temps, influen­cé par son ami Hilaire Belloc, il regrette la dis­pa­ri­tion de l’an­cienne foi catho­lique de son pays. Regret qui s’in­ten­si­fie en 1901 quand il épouse une anglo-​catholique pra­ti­quante et zélée, Frances Blogg.

Les anglo-​catholiques déplorent le déchi­re­ment de la chré­tien­té au XVIe siècle et rêvent d’une récon­ci­lia­tion entre Rome et Canterbury. Chesterton va long­temps che­mi­ner à leurs côtés…

Catholique

Mais en 1922 il saute le pas et devient catho­lique. Trois ans plus tard, il écrit son chef d’œuvre, L’Homme éter­nel, une large fresque sur le déve­lop­pe­ment de l’i­dée reli­gieuse à tra­vers les civilisations.

Sa conver­sa­tion lui per­met de ne plus res­sen­tir ce sen­ti­ment d’in­co­hé­rence et d’ins­ta­bi­li­té qui carac­té­rise le monde ici-​bas, qu’il a si fine­ment décrit en 1910 dans What’s wrong with the world (Le Monde tel qu’il ne va pas).

Le péché

Questionné sur le pour­quoi de sa conver­sion, il répond que c’est pour être débar­ras­sé de ses péchés. Pour lui, l’Eglise sonde les mys­tères du cœur humain avec une acui­té supé­rieure à toute autre reli­gion et mène une action effi­cace sur le pêché.

Cette convic­tion, Chesterton la doit à la fré­quen­ta­tion d’un simple curé de cam­pagne, Father O’Connor, qui lui ins­pi­re­ra le per­son­nage du Père Brown.

Dogmes rai­son­nables

Aux jour­na­listes qui lui reprochent d’être « enchaî­né par des dogmes vétustes », il répond que ce sont « les héré­sies qui meurent », pas les « dogmes rai­son­nables » qui, eux, vivent assez long­temps « pour qu’on les regarde comme des antiquités ! »

« L’Eglise catho­lique pos­sède un choix varié de richesses, écrit-​il ; elle peut faire une sélec­tion par­mi les siècles et sau­ver une époque par une autre. Elle peut aus­si faire appel au vieux monde pour redres­ser l’é­qui­libre du nouveau… »

Bien sûr s’il a choi­si l’Eglise catho­lique c’est parce qu’il lui trouve de nom­breux bien­faits. Par exemple, elle est « la seule chose qui épargne à l’homme l’es­cla­vage dégra­dant d’être un enfant de son temps ».

Sources :

G.K. Chesterton, par Agnès de La Gorce (in Convertis du XXème siècle, Casterman)

(1) L’Homme éter­nel de Chesterton contri­bua à la conver­sion de C. S. Lewis au chris­tia­nisme. Dans une lettre du 31 décembre à Rhonda Bodle, il écrit : « La meilleure (et de loin) défense popu­laire du chris­tia­nisme que je connaisse est L’Homme éter­nel de G. K. Chesterton ».

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