La crèche de Bethléem reflète les chambres d’un orphelinat

A l’ap­proche de Noël, M. l’ab­bé Theresian tient à remer­cier les géné­reux dona­teurs fran­çais des dons reçus pour l’or­phe­li­nat en Inde.

Chers amis et bienfaiteurs,

Dans les moments de calme de la vie, lorsque le bruit s’atténue et que l’agitation du monde se tait, nous nous retrou­vons sou­vent face à une véri­té pro­fonde : nous avons reçu tant de choses, mais nous man­quons sou­vent de les voir. Nos vies, sur­tout à notre époque moderne, débordent d’un confort inima­gi­nable pour ceux qui nous ont pré­cé­dés. Et pour­tant, com­bien faci­le­ment laissons-​nous de petites contra­rié­tés — une com­mande de café erro­née, un repas trop cuit, un colis retar­dé — deve­nir la source de nos plaintes.

C’est un para­doxe pro­fon­dé­ment humain : plus nous avons, moins nous sem­blons capables d’apprécier.

Cette céci­té face à nos béné­dic­tions croît sou­vent dans les périodes d’abondance, tan­dis que c’est dans les moments de perte ou de dif­fi­cul­té que nos cœurs s’éveillent aux tré­sors que nous pos­sé­dions depuis tou­jours. Cette véri­té est intem­po­relle, et peut-​être qu’aucune his­toire ne l’illustre mieux que celle de Job.

Job était un homme pros­père, entou­ré de béné­dic­tions. Mais lorsque ces béné­dic­tions lui furent reti­rées — sa richesse, sa famille, même sa san­té — il fut plon­gé dans une souf­france qui bri­se­rait la plu­part des hommes. Et pour­tant, au milieu des cendres de son cha­grin, Job dit quelque chose d’extraordinaire : « Le Seigneur a don­né, le Seigneur a repris ; que le nom du Seigneur soit béni. » Ses paroles nous rap­pellent que la grâce ne dépend pas de l’abondance, mais qu’elle coule le plus libre­ment lorsque nous sommes dépouillés, sans rien d’autre à quoi nous rac­cro­cher que Dieu Lui-même.

Les leçons de Job ne sont pas confi­nées au monde ancien. Aujourd’hui encore, beau­coup d’entre nous affrontent leurs propres épreuves : l’esclavage de l’addiction, le poids d’un mariage bri­sé, la perte d’un emploi, le cha­grin face à la rébel­lion d’un enfant. Ce ne sont pas seule­ment des épreuves ; ce sont des invi­ta­tions à tom­ber à genoux. Comme Job, nous sommes appe­lés à com­prendre que c’est dans les moments de plus grande pri­va­tion que la puis­sance de Dieu agit le plus pro­fon­dé­ment, trans­for­mant notre dou­leur en un mérite céleste.

Cette trans­for­ma­tion sacrée est nulle part plus évi­dente que dans l’histoire de Bethléem.

Imaginez l’étable : un lieu de pau­vre­té, où la nature offrait bien peu. Un sol dur, l’odeur du fumier, le froid de l’air. Pourtant, de cette scène humble, la grâce a abon­dé. Le Roi des rois a choi­si de naître non pas dans un palais, mais dans un abri pour les sans-​abri, nous ensei­gnant que Dieu ne réside pas dans la gran­deur du monde, mais dans la sim­pli­ci­té d’un cœur prêt à L’accueillir.

La crèche de Bethléem reflète les chambres d’un orphelinat.

Nos enfants orphe­lins n’ont aucun des luxes que le monde célèbre — pas de parents atten­tion­nés, pas de mai­sons somp­tueuses. Mais ce dont ils manquent en confort maté­riel, ils le com­pensent lar­ge­ment par leur foi et leur gra­ti­tude. En les regar­dant pen­dant la Messe de Minuit, leurs visages illu­mi­nés par la lueur des bou­gies, il est clair qu’ils com­prennent le mys­tère de Noël bien mieux que la plu­part d’entre nous. Leur joie en rece­vant les plus petits cadeaux — un sac d’école, une paire de vête­ments neufs, quelques acces­soires pour che­veux et un repas chaud — reflète la sim­pli­ci­té et l’humilité qui carac­té­ri­sèrent la pre­mière nuit de Noël.

Tout comme l’étable débor­dait de grâce, ces chambres d’orphelinat en sont éga­le­ment rem­plies. Le monde pour­rait y voir du vide, mais Dieu y voit de l’abondance. Le monde pour­rait comp­ter ce qui manque, mais Dieu mul­ti­plie ce qui est pré­sent. Ces enfants, à l’image de l’Enfant Jésus, nous rap­pellent que la véri­table richesse se trouve non pas dans les pos­ses­sions, mais dans un cœur ouvert à Son amour.

Chers amis, pre­nons à cœur ces leçons. Arrêtons-​nous pour voir les béné­dic­tions qui nous entourent — l’amour de notre famille, le don de la foi, les occa­sions de par­ta­ger la vie des autres. Lorsque nous affron­tons nos propres périodes de séche­resse, rappelons-​nous que c’est dans les lieux les plus bas que la grâce coule le plus libre­ment. Tout comme Job trou­va Dieu dans ses cendres et les ber­gers Le trou­vèrent dans une man­geoire, nous aus­si pou­vons Le trou­ver au milieu de nos luttes.

Puissions-​nous, comme les ber­gers de Bethléem, nous age­nouiller avec émer­veille­ment devant ce Magnum Mysterium, et, comme les Mages d’Orient, offrir le don de nous-​mêmes à Celui qui renou­velle toutes choses.

Avec ma béné­dic­tion sacer­do­tale, mêlée aux prières de nos petits orphe­lins, je vous sou­haite à tous une très sainte sai­son de Noël. Merci pour votre géné­reux soutien.

Joyeux Noël.

Abbé Therasian Xavier