Reportage photos et sermon du pèlerinage 2015 à la Sainte Tunique d’Argenteuil

M. l’ab­bé Louis-​Marie Berthe conduit la procession

Depuis 10 ans, l’UNEC (Union des Nations pour une Europe Chrétienne, BP 17 – 95— Saint-​Gratien) et les cha­pelles de Pontoise et Conflans-​Ste-​Honorine, orga­nisent durant le carême un pèle­ri­nage à Argenteuil (Val-​d’Oise). Pourquoi dans cette ville, nous avons Lourdes, Pontmain, Montligeon, La Salette, … ? Oui ! Mais à Argenteuil, il y a un vête­ment de N.S.J‑C. Incroyable ! Pas pos­sible ! Mais si ! Et ce vête­ment n’est pas une tenue de soi­rée ; c’est la Tunique que Jésus avait sur Lui durant sa pas­sion, deux jours d’hor­ribles tor­tures : fla­gel­la­tion, cou­ron­ne­ment d’é­pines et por­te­ment de la Croix, avec coups de fouets en sup­plé­ment. Cette Tunique, cou­verte du Sang Divin, fût tirée au sort pen­dant que Jésus expi­rait cloué sur la croix pour nous rache­ter, nous per­mettre de retrou­ver le Bonheur céleste : « Tout est consommé ».

Le sol­dat qui gagna le tirage a empor­té la Tunique. Ce vête­ment, unique au monde, véné­ré au même titre que la Sainte Croix, fût remis à l’Empereur Charlemagne, qui, en tant qu’Empereur de l’Occident, défen­dait par son impo­sant pres­tige les Lieux Saints déjà occu­pés par l’Islam Ottoman. Notre Empereur par de splen­dides et gran­dioses pro­ces­sions fît dépo­ser la sainte Tunique dans un monas­tère dont sa fille était la Mère Supérieure. Ce monas­tère se trou­vait à… Argenteuil. C’est ce vête­ment qui nous véné­rons aujourd’­hui. Le sang dont il est cou­vert est du même groupe que le Suaire d’Oviedo (Espagne) et que le Linceul de Turin (Italie).

Donc ce dimanche 15 mars 2015 vers 15h, quelques 250 pèle­rins (Chiffres don­nés tant par les orga­ni­sa­teurs que par …la police : donc pas d’er­reur pos­sible !) pro­ces­sion­nèrent plus de 45 minutes dans les rues d’Argenteuil (ville où le grand rem­pla­ce­ment est presque ter­mi­né), pré­cé­dés de la Croix et de l’Abbé Berthe en grande chape rouge, priant et chan­tant : Ave maria… Je suis chré­tien.… Nous vou­lons Dieu... . Ces can­tiques, chan­tés de tout cœur, réson­nèrent dans les étroites rues du centre de la ville pour se ter­mi­ner sur l’es­pla­nade de la basi­lique, dédiée à Saint Denis, au fron­ton de laquelle est gra­vé dans la pierre : liber­té, éga­li­té, fra­ter­ni­té (mots dont le sens change au fil des géné­ra­tions !)

Arrivé devant la basi­lique, Monsieur l’ab­bé Berthe pro­non­ça un petit mot …. par­don, pas un petit mot, pro­non­ça l’ho­mé­lie suivante :

« Je remer­cie le Père Eric, rec­teur de cette basi­lique, de bien vou­loir nous accueillir en ce sanc­tuaire pour y clore notre pèle­ri­nage. Je remer­cie aus­si, et féli­cite par la même occa­sion, M. Wuermeling, pré­sident de l’UNEC, qui a orga­ni­sé, encore cette année, et ce pour la dixième fois consé­cu­tive, ce pèle­ri­nage à Argenteuil. Que son zèle et son dévoue­ment soient ici salués.

Et avant de ren­trer en cette église pour faire le che­min de croix, et véné­rer tout à l’heure la sainte tunique du Christ, de notre Jésus qui s’est don­né lui-​même pour notre salut, il faut pro­fi­ter de ces ins­tants, de cette mani­fes­ta­tion publique de notre foi, de ces moments pri­vi­lé­giés de fer­veur pour redire à quel point le Christ est le centre de notre vie, et pour, en consé­quence, recen­trer nos exis­tences sur la per­sonne de Notre Seigneur Jésus-​Christ. Car toute notre vie consiste à mar­cher sur les pas du Christ cru­ci­fié ; elle consiste à se rap­pro­cher tou­jours plus du Christ Jésus ; elle consiste à vivre au dia­pa­son de ses sen­ti­ments. Et c’est pour­quoi, quand on peut s’approcher de cette tunique, imbi­bée du pré­cieux sang ; ce vête­ment qui cou­vrait encore le corps sacré du Christ quelques ins­tants avant de mon­ter sur la croix, on ne peut s’empêcher de deman­der à Dieu, et à la Vierge aus­si, qui est ici, n’en dou­tons pas, parce que cette tunique, si ce n’est elle qui l’a cou­su, du moins elle l’a plus d’une fois contem­plée sur son Jésus ; on ne peut s’interdire de deman­der à Dieu et à la Vierge de tein­ter notre cœur et notre amour de ce rouge sang qui est la cou­leur, faut-​il le rap­pe­ler de la cha­ri­té, du sacri­fice et du martyre.

Car voi­là qui devra nous impres­sion­ner tout à l’heure, devant l’insigne relique, c’est de voir ce vête­ment impré­gné de sang, cette tunique mar­quée du rouge de l’amour, et trem­pée de cette sueur que le Christ ne peut rete­nir dans ces heures si pénibles ; le Christ se vidant pour inon­der notre terre du sang de l’amour divin. 

Et cette tunique, comme une éponge, s’est imbi­bée de ce sang de Dieu, pour nous lais­ser le témoi­gnage irré­cu­sable de son amour, pour nous lais­ser un signe mani­feste de notre rédemp­tion accom­plie, mais aus­si pour adres­ser un reproche per­ma­nent à notre tié­deur, à notre lâche­té, à notre res­pect humain, qui nous fait rou­gir, non d’amour, mais de honte.

Alors tout à l’heure, quand nous serons devant la tunique du Christ, ce sera le moment de don­ner notre réponse à l’amour de Dieu qui s’offre à nous sous la relique poi­gnante de ce vête­ment plein de sang, dans le contexte dra­ma­tique de la Passion du Christ ; ce sera le moment de renou­ve­ler notre enga­ge­ment bap­tis­mal, nous qui avons été blan­chi dans le Sang de l’Agneau ; ce sera le moment de réveiller l’ardeur de notre pre­mier amour, que nous avons peut-​être aban­don­né, tiraillé que nous sommes par les sol­li­ci­ta­tions du monde.

Il y a dans le sang du Christ, une ver­tu propre, que sainte Catherine de Sienne en son temps avait chan­té ; et je me per­mets d’emprunter à ses paroles enflam­mées, quelque jave­lot qu’elle lan­çait à l’un de ces pré­lats de son temps, qui lui parais­sait un peu fadasse : « Donnez, oui, don­nez le sang du Christ à votre âme afin que, éna­mou­rée, elle se lance dans la bataille et com­batte viri­le­ment. … Que la volon­té s’élance, comme ivre du sang du Christ, où elle a décou­vert l’abîme de sa cha­ri­té, pour l’aimer ; qu’elle l’aime de tout son cœur, de toute son affec­tion, de toutes ses forces jusqu’à la mort, ne son­geant jamais à elle, mais seule­ment au Christ crucifié ».

Et puis, dans ce sang du Christ dont il faut nous abreu­ver tous les jours, pour qu’il vivi­fie notre corps, pour qu’il batte dans notre cœur, qu’il cir­cule dans nos artères, pour qu’il irrigue tout notre être ; dans ce sang du Christ, nous trou­ve­rons, non seule­ment la force pour aimer Dieu, mais encore le cou­rage d’aimer tous les hommes. Et là, je le rap­pelle, il n’y a pas de plus grand amour que de dire la véri­té, qui est fac­teur de paix. Cette véri­té, qui n’est pas pour le chré­tien, une simple idée dés­in­car­née ; mais une per­sonne qui s’est fait chair et sang, et qui a été sur la croix cru­ci­fiée. Elle est là la Vérité du chré­tien : une Vérité incar­née pour mieux nous intro­duire, nous, êtres de chair et de sang, dans la véri­té du Dieu Trinité. 

Alors c’est le moment ou jamais, à Argenteuil, de rap­pe­ler aux chré­tiens leur devoir d’évangéliser, et d’annoncer le Christ à tous les hommes, quels qu’ils soient, et cela, sans dis­tinc­tion de cou­leur, de culture, et de couvre-​chef. Je ne crois pas qu’on puisse res­ter indif­fé­rent à la vue de cette tunique émaillée de sang, quand on se sou­vient avec saint Paul, que là y est conte­nu le prix de notre salut. Le prix, payé, s’il vous plaît, par le Christ, non seule­ment pour notre salut à nous, mais aus­si pour le salut de ceux qui n’ont pas encore rejoint par la foi le Christ Sauveur. Va-​t-​on donc rendre, par notre pas­si­vi­té, par notre iner­tie et notre lâche­té, va-​t-​on rendre inutile ce sang du Christ ver­sé pour nous et pour le plus grand nombre, en rémis­sion des péchés ? 

Au contraire cette tunique est là pour nous pro­pul­ser dans l’annonce du Christ et de son Evangile. Et pla­cée dans cette basi­lique, elle vient ampli­fier l’appel urgent lan­cé par le Christ dans le cœur des chré­tiens, qui nous dit : qu’as-tu donc fait des pro­messes de ton bap­tême, qui t’engage à être le sel de la terre et la lumière du monde ? Qu’as-tu donc fait de cette mis­sion, qu’avant de quit­ter la terre pour le Ciel, j’avais lais­sé à mes dis­ciples en leur com­man­dant : « Allez, ensei­gnez toutes les nations ; et baptisez-​les au Nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit ». Qu’as-tu fait de cette nou­velle alliance, que par mon sang j’avais scel­lée entre Dieu mon Père et l’humanité toute entière ? Qu’as-tu fait de cet appel, que du haut de la Croix je lan­çais une der­nière fois : « J’ai soif ». Soif des hommes à soi­gner, à sau­ver, à aimer.

Alors, com­ment, chers pèle­rins, en cette ville d’Argenteuil ne pas son­ger avec affec­tion à nos frères qui sont nés dans l’Islam ? Car il est pour eux aus­si le Christ, le Fils du Dieu vivant. Pour eux aus­si, ce sang ver­sé sur la Croix, qui a tein­té les fibres de cette tunique. Pour eux aus­si le prix du salut a été payé et ver­sé abon­dam­ment. Pour eux aus­si cette basi­lique qui conserve au milieu d’eux le témoi­gnage pré­cieux d’un Dieu dont ils ignorent encore les folies de l’amour.

Ils n’attendent qu’une chose : c’est la visite du Christ dans leurs vies. Et là je vous prie, allez‑y avec cou­rage, avec joie, avec amour. Mais ne lais­sez pas, par pitié, cette occa­sion pas­ser ; ne lais­sez pas des mil­liers de cœur s’enfermer dans l’erreur, dans l’ignorance, quand ce n’est la vio­lence. Ne lais­sez pas des mil­liers d’âmes s’éloigner de leur Sauveur, Notre Seigneur Jésus-Christ. 

Point de doute là-​dessus : c’est là un des signes de notre temps, qu’il nous faut obser­ver ; un des signes que l’Esprit-Saint envoie à son Eglise pour diri­ger sa course dans le monde : un signe qui vient nous dire et la lan­gueur de notre foi, et la néces­si­té de l’évangélisation, et la pri­mau­té du Christ dans nos vies. Car tous ces conver­tis, et il y en a bien sûr, qui fran­chissent avec cou­rage les portes de l’Eglise ; très sou­vent viennent nous rap­pe­ler à quel point ils ont tout trou­vé dans le Christ.

Alors c’est ce que nous deman­de­rons tout à l’heure, quand nous nous pros­ter­ne­rons devant la sainte tunique du Christ : por­ter haut et fort les cou­leurs de l’amour, de l’amour de Dieu pour tous les hommes qui se mani­feste sen­si­ble­ment dans la sainte tunique du Christ tâchée de sang. Que la Vierge nous donne de le comprendre.

Au nom du Père et du Fils et du Saint-​Esprit. »

Ainsi pour péné­trer dans la basi­lique, c’est le corps entier, vivi­fié, et for­ti­fié que les pèle­rins firent le Chemin de Croix en pen­sant cette sainte Tunique qui, au fil des sta­tions, ne ces­sait d’être rem­plie de sang. Ce sang qui aujourd’­hui se voit encore sur la Sainte Tunique devant laquelle une grande prière d’in­vo­ca­tions fût dite par tous les pèle­rins. Puis avant de se sépa­rer un der­nier chant retentit : 

Salut, Robe sacrée
Ouvrage mater­nel
De sang toute empour­prée
Par le Christ éter­nel. (bis)

Lentement quit­tant la Basilique, les pèle­rins ne pou­vaient s’empêcher de pen­sant à ce qu’é­cri­vait le 1er juillet 1916 le Bx Charles de Foucauld à René Bazin : 

« …Si nous n’a­vons pas su faire des Français de ces peuples, ils nous chas­se­ront. Le seul moyen qu’ils deviennent fran­çais est qu’ils deviennent chré­tiens. Sinon, avant cin­quante ans, nous serons chas­sés de l’Afrique du Nord ». Ni à ces sou­ve­nirs rap­por­tés par le RP Avril dans son livre « la XIIe croi­sade » : Le 14 décembre 1940, alors que j’at­ten­dais la car à Blida à la place du Gouvernement, un musul­man, une nota­bi­li­té, vu son main­tien et sa tenue, me fixe lon­gue­ment dans les yeux avant de m’as­sé­ner cette phrase ter­rible : »pour­quoi refusez-​vous de nous conver­tir, serions-​nous si mépri­sables ? Peu de sai­sons pas­se­ront avant que vous ne le regret­tiez amèrement ! » 

Et cet autre sou­ve­nir, plus ter­rible encore ; En 1964, réfu­gié à Salérans près de Gap, avec des familles de Harkis, ayant fuis nos dépar­te­ments Algériens, pour échap­per aux mas­sacres du FLN, le R.P. Avril, ayant pré­pa­ré au bap­tême ces familles, et, après plu­sieurs demandes, est reçu par l’é­vêque de Gap. Celui-​ci s’op­pose caté­go­ri­que­ment pour ces baptêmes :

(Le Père Avril) j’ose deman­der naï­ve­ment et au bord des larmes : « Alors il n’y a rien à faire ? » « Mais oui, me répond Mgr de Digne, il faut les aider à res­ter de bons musul­mans, à pra­ti­quer leurs fêtes, à ne pas deve­nir athées ».Le concile avait par­lé la cause était entendue.

La conclu­sion, si l’on peut dire de ce pèle­ri­nage, est : rat­tra­per le temps per­du ; mettre aujourd’­hui en action cet ordre de N.S.J‑C : Nul ne va au Père s’il ne passe par moi… Aimez-​vous les uns les autres comme je vous ai aimé...Allez ensei­gnez tous les peuples.… baptisez-​les.… Celui qui croi­ra sera sauvé.…

Jean BOJO, envoyé spé­cial pour La Porte Latine

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