21 mars 2015 – Reportage photos et sermon du pèlerinage pour les vocations à Saint-​Louis de Poissy


L’abbé Bernard de Lacoste-​Lareymondie, prieur de ver­sailles, lors de son ser­mon dans la col­lé­giale de Poissy

Le sermon de M. l’abbé de Lacoste-Lareymondie

Mes biens chers frères,

Je vou­drais d’abord remer­cier le Père Courtois pour son cha­leu­reux accueil dans cette col­lé­giale de Poissy, terme de notre pèle­ri­nage paroissial.

Saint Louis est né à Poissy en 1214 et fut bap­ti­sé dans cette belle église qui conserve encore quelques frag­ments des fonds bap­tis­maux de l’époque. Devenu roi, il aimait à s’en sou­ve­nir. Un de ses contem­po­rains rap­porte le fait sui­vant. Il advint, un jour que le roi Louis était à Poissy, qu’il dit en riant à ses fami­liers que le plus grand bien et le plus grand hon­neur qu’il avait eu en ce monde, NS lui avait fait à Poissy. Quand ils enten­dirent cela, ses gens se deman­dèrent de quel hon­neur il par­lait, car ils pen­saient qu’il eût mieux dit cela de la cité de Reims, où il reçut la sainte Onction et la cou­ronne du royaume de France. Alors le bon roi se mit à rire, puis il leur dit qu’en la cité de Poissy, il avait reçu la grâce du saint bap­tême, laquelle chose, par-​dessus tous les hon­neurs et les digni­tés du monde, il tenait sans com­pa­rai­son plus grand don de Dieu et plus grande digni­té. Et c’est pour­quoi il advint par­fois que, quand il envoyait des lettres secrètes à cer­tains de ses fami­liers, il ne vou­lait pas mettre le nom de roi, il s’appelait Louis de Poissy.

Ses bio­graphes nous racontent qu’il com­mu­niait au moins six fois par an, à Pâques, à l’Ascension, à la Pentecôte, à la Toussaint, à Noël et à la Purification de Marie. C’est peu, mais il rece­vait la sainte Eucharistie avec une telle dévo­tion, une telle humi­li­té, un tel amour de Notre Seigneur, qu’il édi­fiait tous les assis­tants par ses dispositions

Saint Louis assis­tait à la messe, non pas une, mais deux fois par jour, tôt le matin. Si son emploi du temps le lui per­met­tait, il assis­tait même à une 3ème messe en fin de mati­née. Des cour­ti­sans lui ont sug­gé­ré que peut-​être il se sur­me­nait en assis­tant si sou­vent à la Messe. Le roi a répondu : 

» Si je pas­sais bien plus de temps à m’a­don­ner aux plai­sirs de la chasse, ou à rece­voir mes amis au cours de ban­quets somp­tueux, ou si je fré­quen­tais plu­sieurs heures par jour les théâtres et les lieux d’a­mu­se­ment, vous ne me repro­che­riez pas de consa­crer trop de temps aux plai­sirs. Vous oubliez, mes bons amis, qu’en enten­dant la Messe je n’ob­tiens pas seule­ment pour moi-​même d’in­nom­brables béné­dic­tions, mais que je confère ain­si à mon royaume les avan­tages les plus impor­tants, bien plus que je ne pour­rais le faire d’au­cune autre manière. »

Quant au sacre­ment de péni­tence, le roi très chré­tien le rece­vait chaque semaine. Tous les ven­dre­dis, il confes­sait hum­ble­ment tous ses péchés à un prêtre, repré­sen­tant de Jésus Christ, pour en rece­voir la sainte abso­lu­tion qui puri­fiait son âme. D’où venaient, chez saint Louis, un tel amour et un tel res­pect pour la messe et les sacre­ments ? De son pro­fond esprit de foi. Et s’il a pu béné­fi­cier du tré­sor que consti­tue la récep­tion fré­quente des sacre­ments, c’est parce que les prêtres, au XIIIème siècle, étaient très nom­breux en France.

Notre pays manque cruel­le­ment de prêtres. Si une socié­té se trouve pri­vée de prêtres, qui répan­dra sur les âmes le pré­cieux sang du Calvaire ? Qui ensei­gne­ra le caté­chisme aux enfants ? Qui consa­cre­ra la sainte Eucharistie qui nour­rit les âmes et leur donne la force néces­saire pour atteindre le ciel ? Qui pro­non­ce­ra sur les pécheurs les paroles de l’absolution par les­quelles la misé­ri­corde de Dieu efface les péchés ? Qui don­ne­ra aux malades l’extrême-onction ? En un mot, qui gui­de­ra les âmes vers le ciel ? Louis de Poissy, don­nez à la France beau­coup de saints prêtres !

Saint Louis avait aus­si en grande estime la vie reli­gieuse. Il a sou­te­nu et mul­ti­plié les ordres reli­gieux à tra­vers tout le pays. Par exemple, il fit édi­fier pour les cis­ter­ciens l’abbaye de Royaumont, où il se plai­sait à séjour­ner. En même temps, sa mère Blanche de Castille fon­dait pour les reli­gieuses cis­ter­ciennes les monas­tères de Dammarie les lys, près de Melun, et de Maubuisson, près de Pontoise. Saint Louis a sou­te­nu effi­ca­ce­ment les ordres men­diants, fran­cis­cains et domi­ni­cains. Il a fait construire une mai­son près de Charenton pour les Carmes. Il a offert aux Augustins un monas­tère près de la porte de Montmartre. Il a ins­tal­lé les ser­vites de la Mère de Dieu, sur­nom­més reli­gieux des blancs man­teaux, près de la porte du temple.

Ce saint roi avait com­pris qu’un pays ne peut pas vivre seule­ment de com­merce et de biens maté­riels. Un pays ne peut pas res­ter long­temps civi­li­sé sans vie contem­pla­tive, parce que l’homme n’est pas seule­ment un corps, il est aus­si une âme immor­telle appe­lée à contem­pler Dieu dans l’éternité. Lorsqu’une socié­té juge inutile les ordres contem­pla­tifs, elle est sur le che­min de la déca­dence. Or, notre pauvre monde est une conspi­ra­tion contre toute forme de vie contem­pla­tive. La France ne pour­ra se rele­ver de son triste état actuel que si les âmes contem­pla­tives se multiplient. 

Louis de Poissy, vous qui contem­plez Dieu dans l’éternité, dai­gnez jeter un regard sur le pays que vous avez autre­fois gou­ver­né. Aujourd’hui, les hommes qui gou­vernent la France ne sont pas chré­tiens. Leur pre­mier sou­ci semble consis­ter à arra­cher de l’âme des fran­çais toute trace de catho­li­cisme. Non contents de renier les racines chré­tiennes de la France, ils encou­ragent au vice, au blas­phème et à l’apostasie.

Comment la France se relèvera-​t-​elle de cette déca­dence, sans une légion d’âmes consa­crées ? Pour que notre pays revive, il est néces­saire que de nom­breuses jeunes filles, que de nom­breux jeunes hommes, quittent le monde et se consacrent à Jésus Christ dans un esprit de pau­vre­té, de chas­te­té et d’obéissance. Seul l’exemple héroïque de ces âmes qui aban­donnent tout pour suivre le Christ, peut redon­ner un idéal à la France et attire sur elle les béné­dic­tions du ciel. Notre pays a besoin de prêtres qui célèbrent chaque jour le Saint Sacrifice de la messe, qui récitent le bré­viaire et qui nour­rissent les âmes des sacre­ments et de la doc­trine catho­lique tra­di­tion­nelle. Notre pays a besoin de reli­gieux et de reli­gieuses qui, dans l’obscurité du cloître ou dans l’apostolat exté­rieur, offrent à Dieu une vie de prière et de sacri­fice pour répa­rer les péchés du monde et implo­rer la grâce divine. 

Saint Louis, vous avez tout quit­té pour répondre à l’appel de Dieu et par­tir en croi­sade. Vous y avez même lais­sé votre vie. Aux jeunes filles et aux jeunes gens que le bon Dieu appelle à son ser­vice, don­nez la même force et le même déta­che­ment. Qu’ils sachent dire oui sans regar­der en arrière. Qu’ils donnent tout sans rien gar­der pour eux.

Abbé Bernard de Lacoste-​Lareymondie, le 21 mars 2015 en la col­lé­giale de Poissy

Les photos du pèlerinage


Comment la France se relèvera-​t-​elle de cette déca­dence, sans une légion d’âmes consacrées ?