Présentation de la Milice de l’Immaculée

En ce qui concerne la conver­sion des âmes, il n’y a que par Marie et pas autre­ment que nous pou­vons y par­ve­nir. Dieu, dans sa bon­té infi­nie, a consti­tué la Mère très sainte tré­so­rière de toutes les grâces, et c’est seule­ment par elle qu’elles se déversent sur le monde. Il est nor­mal de deman­der ces grâces à Dieu, cepen­dant il faut le faire par l’intermédiaire de l’Immaculée.

Père Maximilien Kolbe (Conf 30. V. 1933)

La Milice de l’Immaculée (du latin : Militia Immaculatæ : Chevalerie de l’Immaculée) nous vient du zélé Père Maximilien Marie Kolbe. En 1917, le Père Kolbe fon­da à Rome, avec d’autres Franciscains, l’organisation catho­lique de la Milice de l’Immaculée (MI), qui a construit son propre centre de mis­sion après la fin de la Première Guerre mon­diale : Niepokalanów près de Varsovie. D’après l’idée du Père Maximilien, il s’agit d’une armée spi­ri­tuelle au ser­vice de l’Immaculée dans la lutte pour le salut des âmes.

Son origine

1917 – année de la Révolution d’Octobre en Russie, mais aus­si année des appa­ri­tions de Notre-​Dame à Fatima ! A Rome, la Franc-​maçonnerie fête le deuxième cen­te­naire de sa fon­da­tion. Partout appa­raissent des dra­peaux et des affiches repré­sen­tant l’archange saint Michel vain­cu et ter­ras­sé par Lucifer. Des défi­lés rem­plissent les rues de la ville éter­nelle et sur la place Saint-​Pierre, on entend des slo­gans sem­blables à :

Satan devra régner sur le Vatican, le pape devien­dra son serviteur.

Le frère Maximilien Marie Kolbe, fran­cis­cain conven­tuel polo­nais, est alors étu­diant en théo­lo­gie à la Grégorienne de Rome et devient ain­si bon-​gré mal-​gré témoin de ces mani­fes­ta­tions inquié­tantes. Il se pose alors cette ques­tion : « Est-​il pos­sible que nos enne­mis déployent tant d’activité pour nous domi­ner, tan­dis que nous res­tons oisifs, tout au plus appli­qués à prier, sans pas­ser à l’action ? Ne possédons-​nous pas des armes encore plus puis­santes, ne pouvons-​nous pas comp­ter sur le Ciel et tout spé­cia­le­ment sur l’Immaculée ? ».

Méditant les Saintes Ecritures et les écrits des Pères de l’Eglise, s’inspirant de la doc­trine des grands saints mariaux, comme saint Louis-​Marie Grignion de Montfort, consi­dé­rant aus­si le dogme de l’Immaculée Conception et les appa­ri­tions de Notre-​Dame à Lourdes, et consi­dé­rant l’application pra­tique et sociale de ces grandes véri­tés, le jeune frère abou­tit à la conclu­sion suivante :

La Vierge sans tache, vic­to­rieuse de toutes les héré­sies, ne céde­ra pas le pas à son enne­mi qui se tourne contre elle ; en trou­vant des ser­vi­teurs fidèles et dociles à son com­man­de­ment, Elle rem­por­te­ra de nou­velles vic­toires, plus grandes que celles que nous pour­rions imaginer.

En 1917, c’est aus­si l’anniversaire à Rome, d’une grande vic­toire de l’Immaculée : conver­sion ful­gu­rante en 1842 du juif Alphonse Ratisbonne, grâce à l’efficacité de la Médaille Miraculeuse. Ceci pousse le frère Maximilien à conçe­voir l’institution de la Militia Immaculatæ, qui pren­dra comme signe de ral­lie­ment et de pro­tec­tion de ses “che­va­liers”, la Médaille Miraculeuse.

Ainsi, le 16 octobre 1917, en la fête de l’apparition de saint Michel au Mont Tombe, trois jours après le miracle du soleil à Fatima, frère Maximilien, entou­ré de six confrères et avec la per­mis­sion de ses supé­rieurs, fonde la Milice de l’Immaculée (M.I.). Cette céré­mo­nie eut lieu devant l’autel de l’Immaculée, dans la cha­pelle du Collège Séraphique.

Les statuts originaux de la M.I.

(Nous nous en tenons aux sta­tuts ori­gi­naux, qui furent écrits par St. Maximilien lui-même.)

« Elle t’écrasera la tête. » (Gen 3, 15)

« Par vous, toutes les héré­sies du monde ont été vain­cues. » (tiré du bré­viaire romain)

I. But

Chercher la conver­sion des pécheurs, héré­tiques, schis­ma­tiques, juifs, etc…, et spé­cia­le­ment des francs-​maçons ; et obte­nir la sanc­ti­fi­ca­tion de tous sous la pro­tec­tion et par la média­tion de la Vierge Immaculée.

II. Conditions

  1. Consécration totale de soi-​même à la bien­heu­reuse Vierge Marie Immaculée, comme ins­tru­ment entre ses mains immaculées.
  2. Porter la Médaille Miraculeuse

III. Moyens

  1. Si pos­sible, au moins une fois par jour, réci­ter l’oraison jacu­la­toire : “O Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous et pour tous ceux qui n’ont pas recours à vous, spé­cia­le­ment pour les francs-​maçons et pour tous ceux qui vous sont recommandés.”
  2. Utiliser tous les moyens légi­times pour la conver­sion et la sanc­ti­fi­ca­tion des âmes, selon la diver­si­té des états de vie, condi­tions et cir­cons­tances de cha­cun, et cela avec zèle et pru­dence. Cependant, nous recom­man­dons par­ti­cu­liè­re­ment la dif­fu­sion de la Médaille Miraculeuse.
    N.B. Ces moyens ne sont indi­qués qu’à titre de conseil, et non d’obligation. Aucun d’entre eux n’oblige donc sous peine de péché même véniel. Notre objec­tif prin­ci­pal consiste en ceci : Que le plus grand nombre d’âmes s’unissent au Sacré-​Cœur de Jésus, par la média­tion de l’Immaculée

Nature de la M.I.

La M.I. n’est pas une confré­rie ayant pour but la for­ma­tion d’une caté­go­rie par­ti­cu­lière de per­sonnes : « Elle est un mou­ve­ment qui doit entraî­ner les masses et les arra­cher à Satan. Seulement, par­mi ces âmes déjà conquises à l’Immaculée, il est pos­sible d’en for­mer quelques-​unes pour qu’elles aillent jusqu’au som­met de l’abandon, même héroïque, pour la cause de la dif­fu­sion du Royaume de Dieu par le moyen de l’Immaculée. A la M.I. peuvent appar­te­nir aus­si tous les Ordres reli­gieux, toutes les Congrégations, toutes les œuvres d’Eglise. L’appartenance à la M.I. per­met­tra à chaque membre de don­ner à l’apostolat tout ce qu’il a de meilleur en lui-​même, et de rejoindre de cette façon la per­fec­tion chré­tienne dans son propre état, ou dans sa pro­fes­sion. »Retenons-​le bien : « Il est néces­saire que la M.I. soit “trans­cen­dante” plu­tôt que “géné­rale”, c’est-à-dire qu’elle ne devienne pas tout-​à-​fait une orga­ni­sa­tion aux côtés de beau­coup d’autres, mais plu­tôt qu’elle pénètre en pro­fon­deur toutes les autres orga­ni­sa­tions » (L. 31. XII. 1935).Le Père Kolbe dis­tingue 3 degrés dans la M.I., cor­res­pon­dant au zèle, aux capa­ci­tés, et à la voca­tion des membres : 

  1. « Dans le pre­mier degré de la M.I., cha­cun se consacre sépa­ré­ment à l’Immaculée et cherche à pour­suivre le but de la Milice, en pri­vé, selon ses propres pos­si­bi­li­tés et sa pru­dence. »
    C’est le degré du mili­tant de base, priant et agis­sant seul.
  2. « Dans le deuxième degré de la M.I., des sta­tuts par­ti­cu­liers et des pro­grammes lient ensemble les membres qui, en unis­sant leurs forces, veulent plus rapi­de­ment en pour­suivre le but. »
    C’est le degré du groupe de prière et d’action, réunis­sant plu­sieurs membres d’un même Institut, quar­tier, ou bourg, d’une même paroisse ou agglomération.
  3. « Dans le troi­sième degré de la M.I. se réa­lise la consé­cra­tion sans limites à l’Immaculée. Ainsi elle pour­ra faire de nous tout ce qu’elle veut et comme elle le veut. Nous sommes entiè­re­ment à elle et elle à nous. Nous fai­sons tout avec son aide, nous vivons et tra­vaillons sous sa pro­tec­tion. » C’est le degré de la com­mu­nau­té reli­gieuse, toute consa­crée à cet apos­to­lat de l’Immaculée. « Et ain­si le pre­mier degré se limite à l’action indi­vi­duelle, le deuxième ajoute l’action sociale, et le troi­sième, bri­sant toute limite, tend à l’héroïsme » (Lettre 25. V. 1920).