La Milice de l’Immaculée d’observance traditionnelle

Une armée de 15000 chevaliers

Satan règne­ra au Vatican et le pape sera son ser­vi­teur ». Cette phrase, effrayante, pou­vait être lue sur des ban­nières, en 1917, pro­me­nées dans les rues de Rome, par des mani­fes­tants qui fêtaient le 200e anni­ver­saire de la nais­sance de la franc-​maçonnerie. Mais elle eut le don de faire réagir sain­te­ment un jeune fran­cis­cain polo­nais : Frère Maximilien Marie Kolbe, étu­diant en théo­lo­gie à l’université gré­go­rienne. « Est-​il pos­sible, se deman­da le jeune reli­gieux, qu’en pré­sence d’une telle acti­vi­té déployée par les enne­mis de l’Eglise de Dieu, il nous soit per­mis de res­ter oisifs ? Après tout, n’avons-nous pas d’armes bien plus puis­santes ? Ne pouvons-​nous pas comp­ter sur le Ciel et en par­ti­cu­lier sur l’Immaculée ? »

Le jeune frère reli­gieux médi­ta les Saintes Écritures, les Pères de l’Église, les ensei­gne­ments des grands saints mariaux comme, par exemple, ceux de Saint Louis-​Marie Grignon de Montfort. Il médi­ta éga­le­ment le dogme de l’Immaculée Conception, ain­si que le sens des appa­ri­tions de Notre-​Dame à Lourdes. « La Vierge sans tache, dit-​il, vic­to­rieuse de toutes les héré­sies, ne recu­le­ra pas devant l’ennemi qui relève la tête devant Elle. Lorsqu’Elle trou­ve­ra des fidèles ser­vi­teurs obéis­sant à ses ordres, Elle rem­por­te­ra de nou­velles vic­toires, bien plus grandes que ce que nous pou­vons imaginer ».

Frère Maximilien eut alors l’idée d’une che­va­le­rie de l’Immaculée. Son emblème serait la médaille mira­cu­leuse. Trois jours après le miracle du soleil à Fatima, le 16 octobre 1917, il fon­da, avec la per­mis­sion de son supé­rieur, et à genoux devant l’autel marial de la cha­pelle du Collège Séraphique de Rome, la « Militia imma­cu­latæ », la Milice de l’Immaculée (MI).

Les sta­tuts, écrits en latin par Frère Maximilien, défi­nissent d’abord le but de la MI : « Chercher la conver­sion des pécheurs, héré­tiques, schis­ma­tiques, juifs, etc, et spé­cia­le­ment des francs-​maçons ; et la sanc­ti­fi­ca­tion de tous sous la pro­tec­tion et par la média­tion de la Vierge Immaculée ». Dans un deuxième para­graphe, il est par­lé des condi­tions : « 1. Consécration totale de soi-​même à la Bienheureuse Vierge Marie Immaculée, comme ins­tru­ment dans ses mains imma­cu­lées. 2. Porter la Médaille mira­cu­leuse ». Enfin, dans un troi­sième para­graphe, sont évo­qués les moyens : « 1. Si pos­sible, au moins une fois par jour, réci­ter l’invocation ‘’Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous qui avons recours à vous et pour tous ceux qui n’ont pas recours à vous, spé­cia­le­ment pour les francs-​maçons.’’ 2. Utiliser, tou­jours pour la conver­sion et la sanc­ti­fi­ca­tion des âmes, tous les autres moyens légi­times dans la mesure du pos­sible, selon la diver­si­té des états de vie, condi­tions et cir­cons­tances de cha­cun, et cela avec zèle et pru­dence. La pro­pa­ga­tion de la médaille mira­cu­leuse est tou­te­fois par­ti­cu­liè­re­ment recommandée ».

Chaque che­va­lier se consacre donc à l’Immaculée. Le Père Kolbe dit pour­quoi il faut se tour­ner vers Elle : « Quant à la conver­sion des pécheurs, nous ne pou­vons accom­plir uni­que­ment cela qu’en pas­sant par Marie. Dans sa bon­té infi­nie, Dieu nom­ma Marie tré­so­rière de toutes les grâces, et elles ne se déversent sur le monde que par Elle. Bien sûr, nous devons deman­der à Dieu lui-​même ces grâces, mais tou­jours à tra­vers l’intercession de l’Immaculée ». Le Père Kolbe explique encore : « Cette consé­cra­tion (que fait donc le fidèle pour entrer dans la Milice) n’entraîne abso­lu­ment pas la néces­si­té de se reti­rer du monde, d’abandonner sa famille et d’entrer dans un cloître. Non, cha­cun est libre de conti­nuer à se dévouer à toutes les res­pec­tables acti­vi­tés de son état pré­cé­dent. En revanche, nous n’offrons plus ces tâches jour­na­lières mais l’Immaculée, dont nous sommes deve­nus la pro­prié­té, les offre Elle-​même. La Vierge sans péché, tou­te­fois, ne peut offrir à Dieu quoi que ce soit de cor­rom­pu ou d’entaché. Dans ses mains imma­cu­lées, nos tra­vaux impar­faits deviennent eux aus­si imma­cu­lés, purs et ain­si incom­pa­ra­ble­ment plus précieux ».

Le che­va­lier porte éga­le­ment la médaille mira­cu­leuse et la dis­tri­bue, comme le conseille for­te­ment le fon­da­teur de la Milice. « Diffusons par­tout la médaille mira­cu­leuse, autant qu’il est pos­sible. Distribuons-​la aux bons comme aux mau­vais, aux catho­liques comme aux incroyants. Car qui­conque l’honore, ne serait-​ce que très peu (en accep­tant par exemple la médaille), Elle ne l’abandonnera pas, mais l’amènera à la foi et à la repen­tance. Ainsi nous devons pro­pa­ger sa médaille et en même temps prier avec fer­veur pour l’implorer d’obtenir notre conver­sion et celle des autres ».

Frère Maximilien Kolbe dis­tingue trois degrés dans la MI : « Dans le pre­mier degré, cha­cun se consacre soi-​même à l’Immaculée et cherche à pour­suivre le but de la Milice indi­vi­duel­le­ment. (…) Dans le deuxième, des sta­tuts par­ti­cu­liers et des pro­grammes lient ensemble les membres. (…) Dans le troi­sième, se réa­lise la consé­cra­tion sans limites à l’Immaculée ». Dans ce der­nier degré, le che­va­lier scelle sa consé­cra­tion par des vœux reli­gieux. En 1927, le Père Maximilien fon­da Niepokalanow (la Cité de l’Immaculée), afin de mettre en pra­tique l’idéal du 3e degré. Douze ans après sa fon­da­tion, cette cité comp­tait 762 frères reli­gieux, dévoués à l’apostolat marial sous toutes ses formes, en par­ti­cu­lier sous sa forme de la presse catho­lique. Le maga­zine men­suel, le che­va­lier de l’Immaculée, était tiré à près d’un mil­lion d’exemplaires. En 1930, le père Kolbe fon­da une deuxième cité de l’Immaculée, à Nagasaki, au Japon. Elle fut mira­cu­leu­se­ment épar­gnée du bom­bar­de­ment ato­mique de la ville en 1945. Au début des années 60, la MI comp­tait 500 filiales sur les cinq conti­nents, et était forte de plus de trois mil­lions de membres.

La révo­lu­tion engen­drée par le deuxième concile du Vatican n’épargna pas la MI, et des chan­ge­ments radi­caux s’y intro­dui­sirent. Les sta­tuts, modi­fiés, ont été adap­tés à l’esprit du Concile. Il n’y est plus fait état de la conver­sion des francs-​maçons et des héré­tiques. Ont éga­le­ment dis­pa­ru des sta­tuts la conver­sion des âmes, le com­bat contre l’erreur et les efforts pour rame­ner les catho­liques éga­rés dans le giron de notre sainte Mère l’Église. Il n’y a plus un seul mot concer­nant Satan, le grand enne­mi de l’Immaculée et des âmes. Devant ces faits, le Supérieur de la Fraternité Saint Pie X en Pologne a déci­dé, le 6 mai 2000, de res­sus­ci­ter la Milice, en confor­mi­té avec le texte des sta­tuts ori­gi­naux. En octobre 2016, la MI d’observance tra­di­tion­nelle était forte de 15000 chevaliers.

Tout fidèle peut donc s’engager indi­vi­duel­le­ment dans la MI (c’est le pre­mier degré). Lors de la céré­mo­nie d’admission, le prêtre bénit puis impose la médaille mira­cu­leuse. Puis les nou­veaux membres lisent leur acte de consé­cra­tion, qui leur fait notam­ment dire à la Très Sainte Vierge : « Faites de moi un ins­tru­ment dans vos mains imma­cu­lées et misé­ri­cor­dieuses afin de Vous ser­vir, afin d’augmenter votre hon­neur auprès de tant d’âmes tièdes qui se sont éga­rées loin de la foi, et ain­si d’étendre le royaume du Sacré-​Cœur de Jésus. » Le péché ori­gi­nel a fait tom­ber l’homme. Seule l’Immaculée est res­tée debout. Le che­va­lier de l’Immaculée s’appuie donc sur celle qui reste debout pour venir en aide aux âmes que la Providence place sur sa route.

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