C’est par une belle matinée printanière qu’une bonne trentaine de pèlerins, venant de Troyes, Charleville-Mézières et Le Hérie se retrouvent à l’église Notre-Dame de France de Reims pour y entendre la sainte messe avant de partir pour ces trois jours de pèlerinage de Pentecôte.
Après la bénédiction des pèlerins, c’est le départ sur les routes de la Champagne , de l’Aisne et des Ardennes en direction du sanctuaire de Neuvizy.
Le sanctuaire de Neuvisy : histoire
Si Neuvisy, petit village des Ardennes, est connu au loin, il ne le doit qu’à son pèlerinage de Notre-Dame de Bon-Secours.
Le 30 avril 1752, huit enfants de ce village se rendaient à Villers-le-Tourneur, dont Neuvizy était l’annexe, pour assister au catéchisme de première communion. Ils avaient pris le sentier de la forêt et s’étaient arrêtés auprès d’une fontaine, sans doute pour s’y amuser. C’était là que Dieu les attendait.
Un chêne était à quelques pas des enfants, ils y portèrent leurs regards, non pas machinalement et au hasard, mais poussés, ont-ils dit, et attirés par quelque chose qui agissait sur eux. Que voient-ils ? Une statue de la Sainte Vierge portant l’Enfant Jésus et attenant au chêne à la hauteur d’environ trois mètres. Des branches de lierre l’environnaient, lui formant comme une niche.
D’où venait cette petite statue de la Mère de Dieu ? Sans doute était-elle là depuis longtemps, déposée peut-être à cet endroit par un bûcheron qui la voulait, veillant sur son travail ? Était-elle environnée ce jour-là d’une auréole lumineuse ? A défaut de témoignages contemporains, ce sont aujourd’hui des questions insolubles. Mais ce qui est hors de doute, c’est que les enfants furent comme forcés de regarder dans cette direction. Une puissante impression s’empara d’eux ; ils tombèrent à genoux et ils récitèrent ensemble les litanies de la Très Sainte Vierge et le « Salve Regina ». Puis ils continuèrent leur route et, bientôt, arrivés à Villers-le-Tourneur, racontèrent à Monsieur le Curé ce qu’ils avaient vu. Leur récit, simple et naturel mais précis, fit impression sur le Pasteur qui se hâta de vérifier les faits. Il vint et vit la petite statue à l’endroit indiqué par les enfants.
Rentrés à Neuvizy, les enfants parlèrent dans leurs familles et autour d’eux de ce qu’ils avaient vu. Leur témoignage rencontra d’abord de l’opposition, mais ils maintenaient leurs dires avec une telle insistance que, peu à peu, les plus incrédules se sentirent ébranlés et se laissèrent entrainer dans le bois.
Déjà la renommée avait fait son chemin et c’était de tous les villages environnants qu’on accourait en foule pour contempler et vénérer la Vierge trouvée sur le chêne.
Marie voulait qu’on vint là en pèlerinage, car elle encourageait et récompensait ce premier élan de la foi populaire par des grâces nombreuses. La reconnaissance faisait éclater sa joie et le lieu de la découverte retentissait des remerciements et des invocations à la « Bonne Vierge », à la « Bonne Notre-Dame », à « Notre-Dame de Bon-Secours » : telles étaient les appellations qui, dans le langage des pèlerins, étaient la consécration des merveilles opérées par Marie.
Dès ce moment on vit se multiplier des guérisons merveilleuses, des conversions extraordinaires. Ces prodiges donnèrent au pèlerinage naissant un développement étonnant. On vit accourir des pèlerins des diocèses de Verdun, de Troyes, de Beauvais. L’autorité diocésaine jugea alors qu’il était de son devoir d’intervenir et d’examiner soigneusement le fait de la découverte et les merveilles qu’on publiait partout. Au commencement d’octobre 1752, Monseigneur de Rohan, archevêque de Reims, députa Monsieur Meunier, chanoine de la métropole, homme prudent, pour faire une enquête minutieuse. Le résultat fut en faveur du culte rendu à la Vierge de Neuvizy. Il fut décidé que la statue serait solennellement transférée dans l’église de Neuvizy. Cette translation se fit le jeudi 12 octobre 1752, et trois jours après, le dimanche 15 octobre, elle fut déposée dans un reliquaire où elle est restée jusqu’ à la Révolution, exposée à la vénération des fidèles.
Pendant quarante ans, de 1752 à 1792, la statue de Neuvizy fut l’objet d’éclatantes manifestations de piété. En 1793, l’église fut pillée par les révolutionnaires, les objets sacrés vendus ; mais la statue fut sauvée par un chrétien, Monsieur Duhal, maréchal-ferrant, qui demeurait près de l’église.
Dès que la liberté fut rendue au culte, les populations reprirent peu à peu la route du pèlerinage. Il faudrait un volume pour raconter toutes les grâces obtenues par N.D. de Bon-Secours : qu’en soient simplement témoins les ex-voto qui garnissent les murs de l’église actuelle, dont la construction, commencée en 1865, fut achevée en 1876.
Depuis, la protection de Notre-Dame de Bon-Secours ne s’est pas démentie et nombreux sont les pèlerins et les touristes qui, surtout au mois de mai, s’arrêtent confiants auprès de la Vierge de Neuvizy.
En pèlerinage
Un pèlerinage à N.-D. de Bon-Secours de Neuvizy doit être un acte de foi. Faisant trève un instant à leurs travaux et à leurs occupations ordinaires, les chrétiens viennent à Neuvizy afin de solliciter de N.-D. de Bon-Secours les grâces dont ils ont besoin. Les uns vont demander le salut de leur âme, les autres vont confier à Marie des intérêts temporels, la réussite d’une affaire, la guérison d’un malade ; tous désirent honorer Dieu et rendre hommage à la Vierge Marie ; tous veulent s’édifier par le spectacle de leur foi vive et de leur prière ardente.
Les faveurs nombreuses accordées par la Sainte Vierge de Neuvizy montrent l’importance, et le bienfait de ce pieux voyage.
Pour éprouver la protection toute puissante de N.-D. de Bon-Secours, on peut sans doute se contenter de la prier avec confiance. Il y a pourtant certaines pratiques dont il n’est guère permis de se dispenser si l’on veut accomplir un fructueux pèlerinage.
Quand vous serez arrivé à Neuvizy, cher pèlerin, que votre première visite soit pour l’église, où vous passerez le plus de temps que vous pourrez.
Puis, vous rappelant que c’est le péché qui a attiré sur les hommes la colère du Tout-Puissant et introduit dans le monde la mort et toutes les maladies, ne manquez pas de vous disposer par une humble confession de vos péchés et une fervente communion à obtenir les faveurs que vous venez solliciter.