Une lettre de Noël de l’Inde

Les orphe­lins com­prennent le mys­tère de Noël mieux que qui­conque d’entre nous.

Chers amis et bienfaiteurs,

Notre monde moderne repose sur un manège de bruit et de publi­ci­té. De tous côtés, la mon­da­ni­té enva­hit nos familles mal­gré tous nos efforts pour les pro­té­ger. Même dans nos vies per­son­nelles, nous pou­vons faci­le­ment nous sen­tir bom­bar­dés par l’a­vi­di­té et la convoi­tise d’un monde com­mer­cia­li­sé qui exige un diver­tis­se­ment constant et une gra­ti­fi­ca­tion instantanée.

La solu­tion au chaos peut être trou­vée dans le lieu le moins pro­bable : le silence de l’étable.

Dieu est acces­sible à tous. Il n’est pas limi­té aux per­sonnes ins­truites, sages ou riches. De fait, par­fois ceux qui semblent avoir le plus en cette vie sont ceux qui ont le moins.

Ici, en Inde, nos petits orphe­lins ne pro­fitent pas des nom­breux luxes que la vie a à offrir. Et pour­tant ils sont capables de vivre plei­ne­ment le mys­tère de Noël.

Après tout, qui mieux qu’un orphe­lin peut com­prendre ce que c’est que d’a­voir froid ? Ils savent cer­tai­ne­ment ce que c’est que d’être pauvre. Et en voyant leurs visages priants briller à la lumière des bou­gies de la messe de minuit, je vous assure qu’ils ont une grande Foi. Et le matin de Noël, leurs rires joyeux révèlent une pro­fonde gra­ti­tude, même pour les cadeaux les plus simples.

Je crois vrai­ment que les orphe­lins com­prennent Noël mieux que qui­conque d’entre nous. Seul l’es­prit de Dieu peut pla­cer sa Vérité sur le sol d’une étable pour que tous puissent la voir. Les esprits sophis­ti­qués passent à côté de la beau­té de la chose parce qu’ils regardent trop haut. Si l’Évangile était une phi­lo­so­phie com­pli­quée néces­si­tant un titre pres­ti­gieux et des années d’é­tudes, les simples et les incultes ne pour­raient jamais espé­rer trou­ver le salut.

Il existe une his­toire clas­sique datant de 1966, dans laquelle un simple enfant fait com­prendre le véri­table sens de Noël. Un petit gar­çon s’est vu confier le rôle de l’au­ber­giste dans une pièce de la nati­vi­té. Son texte lui deman­dait de repous­ser la Sainte Famille au milieu de la nuit.

« Cherchez à vous loger ailleurs. Il n’y a pas de place pour vous à l’au­berge ! » Il avait l’air sévère comme il se doit.

Joseph a tris­te­ment pla­cé son bras autour de Marie et tous deux ont com­men­cé à s’é­loi­gner. Mais l’au­ber­giste n’est pas ren­tré. Il se tenait dans l’embrasure de la porte, obser­vant le couple déses­pé­ré. Il avait la bouche ouverte, le front plis­sé par l’in­quié­tude et les yeux rem­plis de larmes, sans aucun doute.

Et sou­dain, cette crèche est deve­nue dif­fé­rente de toutes les autres.

« Ne pars pas, Joseph », a crié l’en­fant. « Ramène Marie. » Le visage de l’au­ber­giste s’est trans­for­mé en un sou­rire écla­tant. « Tu peux prendre ma chambre ! »

La solu­tion de Dieu est plus facile que nous ne pou­vons l’i­ma­gi­ner. Nous devons regar­der la vie à tra­vers les yeux d’un enfant. Je dirais même, à tra­vers les yeux d’un enfant orphe­lin. Le Christ a dit un jour : « Si vous ne deve­nez pas comme des petits enfants, vous ne pour­rez pas entrer dans le royaume des cieux. » Nous devons nous deman­der : « Qu’y a‑t-​il donc chez un enfant que Dieu aime tant ? »

Leur humi­li­té. Leur sim­pli­ci­té. Leur foi d’en­fant. Nous devons redé­cou­vrir le véri­table sens de Noël. D’une cer­taine manière, cela signi­fie redé­cou­vrir l’in­no­cence de notre enfance.

Laissez-​moi vous pré­sen­ter l’un des anges de notre com­mu­nau­té – la petite Clara. Sa mère, Rita, était une orphe­line qui est arri­vée chez nous il y a 22 ans. A Noël, Rita et ses deux enfants sont reve­nus chez nous pour Noël ! La pré­sence de Clara et d’autres petits anges illu­mine nos journées !

Avant de par­tir, permettez-​moi de par­ta­ger ma pro­fonde gra­ti­tude avec cha­cun d’entre vous. Je deviens peut-​être sen­ti­men­tal avec l’âge, mais lorsque je vois arri­ver vos dons, aus­si petits soient-​ils, je ne peux m’empêcher d’in­cli­ner la tête en signe de remer­cie­ment et de ver­ser une larme. Je vous assure que votre impact ici en Inde est immense. Je vais offrir une messe pour tous nos chers bien­fai­teurs. Que Dieu vous récom­pense pour votre géné­ro­si­té conti­nue envers notre petit foyer.

Je vous sou­haite à tous un très saint Noël et une nou­velle année 2023 pleine de bénédictions !

Dans la sim­pli­ci­té de la nais­sance du Christ,

Abbé Therasian Xavier

FSSPX Inde