La Fraternité de la Transfiguration à Poitiers
Après la mise en place de la nouvelle messe en 1969, des catholiques de Poitiers trouvèrent un point de repère sûr, à 50 km de là, à la paroisse de Mérigny (Indre), qui avait pour curé le Père LECAREUX, fondateur de la Fraternité de la Transfiguration, resté fidèle à la liturgie traditionnelle.
Le nombre de fidèles intéressés augmentait à Poitiers, et l’Association Saint-Hilaire fut fondée, qui fit, dans la ville même, l’acquisition d’un ancien dépôt de margarine Astra, afin de le transformer en chapelle (au 40 de la rue Saint-Vincent-de-Paul).
Le Chanoine BERNARD, prêtre retraité du diocèse d’Oran, accepta alors, bien qu’il fût largement septuagénaire, de venir s’installer à Poitiers pour desservir cette chapelle, qui fut bénie par Mgr LEFEBVRE le 17 septembre 1977, sous le vocable de l’Immaculée Conception. Il y eut dès lors des liens soutenus entre le chanoine et la jeune Fraternité de la Transfiguration : le chanoine contribua à la formation des clercs, et les religieux de Mérigny l’aidèrent pour les catéchismes. Si bien que, lorsque le chanoine tomba malade en août 1982, la chapelle fut tout naturellement confiée à la Fraternité de la Transfiguration, qui venait de bénéficier de deux ordinations à Ecône, et dont les Pères vinrent désormais tous les dimanches desservir la cité de saint Hilaire.
La nouvelle chapelle de Poitiers
A Poitiers, le groupe paroissial se développa, avec un catéchisme de plus en plus suivi et les activités du MJCF… Il fallut se mettre à la recherche d’un établissement plus grand, ce qui n’alla pas sans peine car, malgré l’existence de plusieurs chapelles désaffectées en ville, l’ennemi (mitré) veillait. Les recherches n’aboutirent qu’en 2008, lorsque les Père de Mérigny parvinrent, employant des ruses de sioux, à acheter une partie des bâtiments de l’évêché de Poitiers (en vente depuis l’année précédente), situé dans le même quartier du centre ville de Poitiers, à quelques centaines de mètres de l’ancienne chapelle. La Fraternité de la Transfiguration put aménager un sanctuaire plus vaste dans l’ancienne salle des archives diocésaines, sans compter des salles annexes qui trouveront facilement à être employées (catéchisme, bureaux, salles de réunion…).
Le nouveau sanctuaire, situé au 44 de la rue Jean Jaurès, a été béni solennellement par Mgr Tissier de Mallerais, le samedi 24 avril 2010, à 10 h 00. Il y eut quelques frayeurs de dernière minute : les corps de métier achevèrent juste à temps les finitions ; quant à Monseigneur, bloqué quelques jours plus tôt outre-Atlantique par de sombres histoires de poussières volcaniques, il trouva finalement un avion dès le mercredi et la cérémonie put se dérouler conformément aux prévisions, avec la présence fraternelle d’une dizaine de soutanes amies, en particulier celle de M. l’Abbé Loïc Duverger venu de Suresnes. L’assistance était fort fournie (environ 400 personnes) ; heureusement l’on avait prévu bancs et sonorisation à l’extérieur, et les conditions météorologiques étaient parfaites, ce qui permit à une grande partie du public de suivre parfaitement la cérémonie depuis les jardins de l’ancien évêché. Après le vin d’honneur sur place, des agapes fraternelles non loin de là –au château de Vayres (commune de St-Georges-les-Baillargeaux), chez un paroissien et ami restaurateur- réunirent encore 230 personnes.
Il convient alors de retracer rapidement l’histoire des bâtiments de l’évêché où la Fraternité est parvenue à s’installer.
Les bâtiments de l’ancien évêché
Ce qui fut l’évêché jusqu’en 2007 était constitué de deux bâtiments reliés par un jardin. Le plus ancien, au n° 19 rue de la Cathédrale, assez délabré, daterait du XVIIe siècle. Il fut en possession d’une famille d’Église : les Vareilles Sommières (Mgr de La Broue de Vareilles, ancien évêque de Gap réfractaire au concordat – il n’accepta de démissionner qu’en 1815 – termina sa vie dans cet hôtel particulier, où il mourut en 1831, à l’âge de 97 ans). Vers 1880, la demeure fut donnée par Mademoiselle de Vareilles Sommières à son neveu, M. de Briey, qui était frère de deux évêques : Mgr Albert de Briey, évêque de St-Dié, et Mgr Emmanuel de Briey, évêque de Meaux.
Ce n’est qu’en 1898 que l’évêque de Poitiers, Mgr Pelgé, acheta aux Briey cet immeuble pour y installer une école cléricale. Et en 1911, chassé depuis peu de son palais épiscopal par la loi de séparation de l’Église et de l’État, l’évêque - Mgr Humbrecht alors – y fixa sa résidence. Le jardin s’étendait jusqu’à la rue Bourbon, percée sous le Second Empire. Cette rue avait été rebaptisée (si l’on peut dire) rue Jean Jaurès lorsque Mgr Mesguen y fit construire un nouveau bâtiment au n° 44, en 1934–1935. Ce bâtiment, en belles pierres en ronde-bosse, devait abriter les bureaux et les archives de l’évêché. Sur la façade qui devint dès lors l’entrée principale de l’évêché, Mgr Mesguen fit graver ses armes épiscopales avec sa devise : « Albæ ad messem » (« les blés sont mûrs pour la moisson »), sur la façade de la rue Jean Jaurès – nous avons religieusement laissé en place cette inscription, ce qui d’ailleurs était exigé par le contrat de vente de la part de l’actuel évêque.
En 2007 donc, Mgr Rouet (qui, à tous points de vue, restructure son diocèse) vendit l’ensemble des bâtiments et le jardin, pour s’installer plus modestement place Sainte-Croix, dans les locaux occupés précédemment par les vieux prêtres. Un promoteur immobilier acheta l’immeuble de la rue de la Cathédrale (avec une partie du jardin), et la Fraternité de la Transfiguration put acquérir le reste, pour les usages indiqués plus haut.
La vocation religieuse du bâtiment, malgré les vicissitudes du temps, a ainsi été sauvegardée. Après la désacralisation de la chapelle du Patro Saint-Joseph, et alors que des menaces planent sur la magnifique chapelle des Feuillants, il est réconfortant de savoir que les Poitevins disposent d’un nouveau lieu de culte catholique au cœur de la vieille cité de saint Hilaire et de sainte Radegonde.
Merci aux Pères de Mérigny pour ce texte et à l’abbé Loïc Duverger pour les photos (LPL).