Cardinal Sarah : « Nous sommes tous spirituellement des fils de la Vendée martyre ! »

Dans son ser­mon, que nous vous pro­po­sons de lire dans son inté­gra­li­té ci-​dessous, le car­di­nal Robert Sarah lors de sa messe du 12 août [Messe dite « anti­ci­pée » du dimanche 13 août] à Luçon en Vendée a fait l’éloge du sacri­fice héroïque des Vendéens face aux colonnes infer­nales de la Révolution.

Il n’a pas craint de dénon­cer le défer­le­ment pla­ni­fié et métho­dique de la Terreur la com­pa­rant à la haine contre l’Eglise et a inter­pe­lé les fidèles par ces mots : « Qui donc se lève­ra aujourd’hui pour Dieu ? Qui ose­ra affron­ter les per­sé­cu­teurs modernes de l’Eglise ? »

Enfin, face à la démo­li­tion de la famille dans la socié­té, et même au plus haut niveau de l’Eglise, il a conclu en décla­rant : « Les familles sont deve­nues comme autant de Vendée à exterminer. »

Remercions le car­di­nal pour ses fortes paroles et prions pour que Son Eminence aille jus­qu’au bout de son ques­tion­ne­ment : quelle est la cause pre­mière de cette révo­lu­tion per­ma­nente dans la socié­té et dans l’Eglise ?

La Porte Latine du 15 août 2017

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« Mes frères,

Nous offrons ce soir le sacri­fice de la messe pour le repos de l’âme de tous les béné­voles du Puy-​du-​Fou décé­dés depuis le début de cette belle œuvre, il ya qua­rante ans.

Par votre tra­vail, vous tous qui êtes ici ras­sem­blés, vous réveillez chaque soir la mémoire de ce lieu. Le châ­teau du Puy-​du-​Fou, ruine dou­lou­reuse, aban­don­née des hommes, s’élève come un cri vers le Ciel. Entrailles ouvertes, il rap­pelle au monde que, face à la haine de la foi, un peuple s’est levé : le peuple de Vendée !

Mes chers amis, en don­nant vie à cette ruine, tous les soirs, vous ren­dez la vie aux morts ! Vous ren­dez la vie à tous les ven­déens, morts pour leur foi, pour leurs églises et pour leurs prêtres. Votre œuvre s’élève sur cette terre comme un chant por­tant le sou­ve­nir des mar­tyrs de la Vendée ! Vous faites vivre ces trois cent mille hommes, femmes et enfants, vic­times de la Terreur ! Vous don­nez une voix à tous ceux que l’on a vou­lu faire taire, parce qu’ils refu­saient de se lais­ser arra­cher la liber­té de croire et de célé­brer la messe ! Je vous le dis solen­nel­le­ment : votre œuvre est juste et néces­saire. Par votre art, par vos chants, par vos prouesses tech­niques, vous offrez enfin une digne sépul­ture à tous ces mar­tyrs que la haine révo­lu­tion­naire avait vou­lu lais­ser sans tom­beau, aban­don­nés aux chiens et aux corbeaux !

« Face au déferlement planifié et méthodique de la Terreur, les Vendéens savaient bien qu’ils seraient écrasés. Ils ont pourtant offert leur sacrifice au Seigneur en chantant. »

Votre œuvre est donc bien plus qu’une œuvre sim­ple­ment humaine. Elle est comme une œuvre d’Eglise. Votre œuvre est néces­saire ! Car nos temps semblent assou­pis ! Face à la dic­ta­ture du rela­ti­visme, face au ter­ro­risme de la pen­sée qui, à nou­veau, veut arra­cher Dieu du cœur des enfants, nous avons besoin de retrou­ver la fraî­cheur d’esprit, la sim­pli­ci­té joyeuse et ardente de ces saints et de ces martyrs.

Quand la Révolution vou­lut pri­ver les Vendéens de leurs prêtres, tout un peuple s’est levé. Face aux canons, ces pauvres n’avaient que leurs bâtons ! Face aux fusils, ils n’avaient que leurs faux ! Face à la haine des colonnes ter­ro­ristes, ils n’avaient que leur cha­pe­let, leur prière et le Sacré-​Cœur cou­su sur leur poitrine !

Mes frères, les Vendéens ont sim­ple­ment mis en pra­tique ce que nous enseignent les lec­tures de ce jour. Dieu n’est pas dans le ton­nerre et les éclairs, il n’est pas dans la puis­sance et le bruit des armes. Il se cache dans la brise légère ! Face au défer­le­ment pla­ni­fié et métho­dique de la Terreur, les Vendéens savaient bien qu’ils seraient écra­sés. Ils ont pour­tant offert leur sacri­fice au Seigneur en chan­tant. Ils ont été cette brise légère, brise en appa­rence balayée par la puis­sante tem­pête des colonnes infer­nales. Mais Dieu était là. Sa puis­sance s’est révé­lée dans leur fai­blesse ! L’histoire – la véri­table his­toire – sait qu’au fond, les pay­sans ven­déens ont triom­phé. Par leur sacri­fice, ils ont empê­ché que le men­songe de l’idéologie ne règne en maître. Grâce aux Vendéens, les prêtres ne sont pas deve­nus les esclaves ser­viles d’un Etat tota­li­taire, ils ont pu demeu­rer les libres ser­vi­teurs du Christ et de l’Eglise. Les Vendéens ont enten­du l’appel que le Christ nous lance dans l’Evangile de ce jour : « Confiance ! C’est moi, n’ayez pas peur ! ». Alors que gron­dait la tem­pête, alors que la barque pre­nait l’eau de toute part, ils n’ont pas eu peur, tant ils étaient cer­tains que, par delà la mort, le Cœur de Jésus serait leur unique patrie !

« Qui donc se lèvera aujourd’hui pour Dieu ? Qui osera affronter les persécuteurs modernes de l’Eglise ? »

Mes frères, nous chré­tiens, nous avons besoin de cet esprit des Vendéens ! Nous avons besoin de cet exemple ! Comme eux, il nous faut quit­ter nos semailles et nos mois­sons, lais­ser là nos sillons, pour com­battre, non pour des inté­rêts humains, mais pour Dieu !

Qui donc se lève­ra aujourd’hui pour Dieu ? Qui ose­ra affron­ter les per­sé­cu­teurs modernes de l’Eglise ? Qui aura le cou­rage de se lever sans autres armes que le cha­pe­let et le Sacré-​Cœur, pour affron­ter les colonnes de la mort de notre temps que sont le rela­ti­visme, l’indifférentisme et le mépris de Dieu ? Qui dira à ce monde que la seule liber­té qui vaille la peine qu’on meurt pour elle est la liber­té de croire ?

Mes frères, comme nos frères Vendéens d’autrefois, nous sommes aujourd’hui appe­lés au témoi­gnage, c’est-à-dire au mar­tyre ! Aujourd’hui en Orient, au Pakistan, en Afrique, nos frères chré­tiens meurent pour leur foi, écra­sés par les colonnes de l’Islamisme per­sé­cu­teur. Et toi, Peuple de France, toi, Peuple de Vendée, quand donc te lèveras-​tu avec les armes paci­fiques de la prière et de la cha­ri­té pour défendre ta foi ? Mes amis, le sang des mar­tyrs coule dans vos veines, soyez‑y fidèles ! Nous sommes tous spi­ri­tuel­le­ment des fils de la Vendée mar­tyre ! Même nous, Africains, qui avons reçu de tant de mis­sion­naires ven­déens venus mou­rir chez nous pour annon­cer le Christ. Nous nous devons d’être fidèles à leur héritage !

L’âme de ces mar­tyrs nous entoure en ce lieu. Que nous disent-​ils ? Que veulent-​ils nous trans­mettre ? D’abord le cou­rage ! Quand il s’agit de Dieu, aucune com­pro­mis­sion n’est pos­sible ! L’honneur de Dieu ne se dis­cute pas ! Et cela doit com­men­cer par notre vie per­son­nelle, de prière et d’adoration. Il est temps, les frères, de nous révol­ter contre l’athéisme pra­tique qui asphyxie nos vies ! Prions en famille, lais­sons à Dieu la pre­mière place ! Une famille qui prie est une famille qui vit ! Un chré­tien qui ne prie pas, qui ne sait pas lais­ser de place à Dieu par le silence et l’adoration, finit par mourir !

De l’exemple des Vendéens, nous devons aus­si apprendre l’amour du Sacerdoce. C’est parce que leurs « bons prêtres » étaient mena­cés qu’ils se sont révol­tés. Vous, les plus jeunes, si vous vou­lez être fidèles à l’exemple de vos aînés, aimez vos prêtres, aimez le sacer­doce ! Vous devez vous poser la ques­tion : et moi, suis-​je appe­lé aus­si à être prêtre à la suite de tous ces prêtres mar­ty­ri­sés par la Révolution ? Aurai-​je moi aus­si le cou­rage de don­ner toute ma vie pour le Christ et mes frères ?

« Les familles sont devenues comme autant de Vendée à exterminer. »

Les mar­tyrs de Vendée nous apprennent encore le sens du Pardon et de la misé­ri­corde. Face à la per­sé­cu­tion, face à la haine, ils ont gar­dé au cœur le sou­ci de la paix et du par­don. Souvenez-​vous com­ment le chef Bonchamp fit relâ­cher cinq mille pri­son­niers quelques minutes avant de mou­rir. Sachons affron­ter la haine sans res­sen­ti­ment et sans aigreur. Nous sommes l’armée du Cœur de Jésus, comme Lui nous vou­lons être plein de douceur !

Enfin, des mar­tyrs ven­déens, il nous faut apprendre le sens de la géné­ro­si­té et du don gra­tuit. Vos ancêtres ne se sont pas bat­tus pour leurs inté­rêts, ils n’avaient rien à gagner. Ils nous donnent aujourd’hui une leçon d’humanité. Nous vivons dans un monde mar­qué par la dic­ta­ture de l’argent, de l’intérêt, de la richesse. La joie du don gra­tuit est par­tout mépri­sée et bafouée.

Or, seul l’amour géné­reux, le don dés­in­té­res­sé de sa vie peut vaincre la haine de Dieu et des hommes, qui est la matrice de toute révo­lu­tion. Les Vendéens nous ont appris à résis­ter à toutes ces révo­lu­tions. Ils nous ont mon­tré que face aux colonnes infer­nales, comme face aux camps d’extermination nazis, face aux gou­lags com­mu­nistes, comme face à la bar­ba­rie isla­miste, il n’est qu’une seule réponse : le don de soi, de toute sa vie. Seul l’amour est vain­queur des puis­sances de mort !

Aujourd’hui encore, plus que jamais peut-​être, les idéo­logues de la révo­lu­tion veulent anéan­tir le lieu natu­rel du don de soi, de la géné­ro­si­té joyeuse et de l’amour. Je veux par­ler de la famille ! L’idéologie du genre, le mépris de la fécon­di­té et de la fidé­li­té sont les nom­breux slo­gans de cette révo­lu­tion. Les familles sont deve­nues comme autant de Vendée à exter­mi­ner. On pla­ni­fie métho­di­que­ment leur dis­pa­ri­tion, comme autre­fois celle de la Vendée. Ces nou­veaux révo­lu­tion­naires s’inquiètent devant la géné­ro­si­té des familles nom­breuses. Ils raillent les familles chré­tiennes, car elles s’incarnent tout ce qu’ils haïssent. Ils sont prêts à lan­cer sur l’Afrique de nou­velles colonnes infer­nales pour faire pres­sion sur les familles et impo­ser sté­ri­li­sa­tion, avor­te­ment et contra­cep­tion. L’Afrique, comme la Vendée, résis­te­ra ! Partout, les familles chré­tiennes doivent être les joyeux fers-​de-​lance d’une révolte contre cette nou­velle dic­ta­ture de l’égoïsme !

C’est désor­mais dans le cœur de chaque famille, de chaque chré­tien, de tout homme de bonne volon­té, que doit se lever une Vendée inté­rieure ! Tout chré­tien est spi­ri­tuel­le­ment un Vendéen ! Ne lais­sons pas étouf­fer en nous le don géné­reux et gra­tuit. Sachons comme les mar­tyrs de Vendée pui­ser ce don à sa source : dans le Cœur de Jésus.

Prions pour qu’une puis­sante et joyeuse Vendée inté­rieure se lève dans l’Eglise et dans le monde !

Cardinal Robert Sarah, Luçon le 12 août 2017

Sources : Famille chrétienne