Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA) du 16 juillet 2007


[…]Comme tous les dimanches, le père Christian Gouyaud pré­si­dait hier matin la messe de la com­mu­nau­té tra­di­tio­na­liste de Strasbourg. L’église Saint-​Joseph à Koenigshoffen est le seul endroit recon­nu par l’Église où la messe est dite en latin.[…] 

Ite missa est

Comme tous les dimanches, le père Christian Gouyaud pré­si­dait hier matin la messe de la com­mu­nau­té tra­di­tio­na­liste de Strasbourg. L’église Saint-​Joseph à Koenigshoffen est le seul endroit recon­nu par l’Église où la messe est dite en latin.

Le Vatican a publié, il y a une dizaine de jours, un texte qui auto­rise les curés à célé­brer la messe en latin si les parois­siens le leur demandent. Une mesure qui ne devrait pas chan­ger grand-​chose à Strasbourg.

Paroisse Saint-​Joseph, hier matin, à Koenigshoffen. Dos aux fidèles, un prêtre célèbre une messe en latin. Comme tous les dimanches, le père Christian Gouyaud pré­side la messe de la com­mu­nau­té tra­di­tio­na­liste de Strasbourg. Et c’est d’un très bon oeil qu’il voit la publi­ca­tion récente du Motu pro­prio par le Vatican (lire ci-dessous).

Une cohabitation parfois difficile

« Cela va par­ti­ci­per à la dédia­bo­li­sa­tion de notre com­mu­nau­té », explique-​t-​il. « Notre rite n’est pas une remise en cause de Vatican II ! » Car contrai­re­ment à la Fraternité Saint-​Pie X, fon­dée par Mgr Lefebvre, les tra­di­tio­na­listes de Saint-​Joseph res­tent atta­chés à l’Eglise.

Du coup, dans cette paroisse, « tra­dis » et « modernes » se par­tagent le même lieu de culte. Mais à des horaires dif­fé­rents. « L’unité n’a jamais signi­fié uni­for­mi­té », jus­ti­fie le père Gouyaud.

Si les rela­tions entre les res­pon­sables des deux com­mu­nau­tés sont pai­sibles, cela n’a pas tou­jours été le cas. Jusqu’à l’au­tomne der­nier, la com­mu­nau­té tra­di­tio­na­liste était accueillie à la paroisse Saint-​Bernard – Saint-​Maurice. Où elle a sus­ci­té bien des lour­deurs et des dif­fi­cul­tés. « Nous accep­tions des contraintes que nous ne sommes plus prêts à accep­ter aujourd’­hui », explique le père Vincent Steyert, curé de la paroisse.

Eviter une situation d’anarchie

Avant de tem­pé­rer : « Pour le moment, je ne vois venir aucune demande par­ti­cu­lière, car la plu­part des fidèles tra­di­tio­na­listes ont sui­vi leur com­mu­nau­té à Saint-​Joseph ».

Dans le dio­cèse de Strasbourg, le sujet demeure sen­sible. Pour preuve, la lettre envoyée par l’ar­che­vêque Mgr Grallet à tous les prêtres de la région. Une expli­ca­tion qui s’a­joute à la lettre que Benoît XVI avait lui-​même écrite aux évêques lors de la publi­ca­tion du Motu pro­prio. Le suc­ces­seur de Mgr Doré demande aux fidèles tra­di­tio­na­listes de pra­ti­quer « comme cela était déjà pré­vu dans le dio­cèse, dans les lieux de culte dévo­lus à la paroisse tra­di­tion­nelle, à Strasbourg et à Colmar ». Autrement dit, rien ne doit changer.

« On veut avant tout évi­ter une situa­tion d’a­nar­chie », explique le chan­ce­lier de l’ar­che­vê­ché, Bernard Xibaut. A Strasbourg, les curés ren­ver­ront donc sys­té­ma­ti­que­ment les fidèles tra­di­tio­na­listes vers Saint-Joseph.

La dédia­bo­li­sa­tion deman­dée par l’ab­bé Gouyaud se heurte à la volon­té de l’é­vêque de conte­nir les tra­di­tio­na­listes en un lieu unique. Les prêtres stras­bour­geois ne sont donc pas près de célé­brer la messe en latin dans leur paroisses.

Loup Besmond de Senneville

Ce que dit le « Motu proprio »

Le docu­ment publié la semaine der­nière par le Vatican est un « Motu pro­prio », c’est-​à-​dire une lettre signée per­son­nel­le­ment par le pape. Pour la pre­mière fois, un tel docu­ment est accom­pa­gné d’une lettre de Benoît XVI aux évêques.

Le sou­ve­rain pon­tife y éta­blit que la messe pour­ra être célé­brée en latin si « un groupe stable de fidèles atta­chés à la tra­di­tion litur­gique anté­rieure » en fait la demande auprès du curé de la paroisse.

De plus il est rap­pe­lé que la célé­bra­tion de la messe en latin est une « forme extra­or­di­naire de la litur­gie de l’Église ». Depuis 1970 et le concile Vatican II, la messe doit en effet être célé­brée prio­ri­tai­re­ment dans la langue usuelle.

Enfin, la messe doit être célé­brée par un prêtre « idoine », c’est-​à-​dire habi­li­té par l’Église. En d’autres termes, le « Motu pro­prio » ne réha­bi­lite pas les prêtres de la Fraternité Saint-​Pie X dont le fon­da­teur, Mgr Lefebvre, avait rom­pu avec le Vatican en 1976.