À l’occasion du 40ème anniversaire de l’Institut Saint-Pie X, les dossiers d’étudiants ont été dépouillés pour établir un premier bilan chiffré du travail accompli depuis 1980.
Chers parents, bienfaiteurs et amis,
Dans tous les établissements d’enseignement, élèves, professeurs et responsables administratifs œuvrent tout au long de l’année académique le regard fixé et l’esprit concentré sur les objectifs pédagogiques : notions à expliciter ou à acquérir, programmes à finir, examens à organiser ou à passer avec succès. A I’Institut Universitaire Saint-Pie X, la tension n’est pas moindre. C’est à peine si l’on peut jeter en arrière de furtifs regards pour évaluer le chemin parcouru et jauger les résultats quantitatifs.
À l’occasion du quarantième anniversaire de l’Institut, il nous a toutefois été possible de dépouiller les dossiers d’étudiants et d’établir un premier bilan chiffré du travail accompli depuis 1980.
Plus d’un millier d’étudiants, 1046 exactement, ont suivi un cursus plus ou moins long au 21 rue du Cherche-Midi depuis 1980. 62 % d’entre eux étaient des jeunes filles, 38 % des jeunes gens, ce qui correspond à une répartition habituelle dans les filières littéraires.
Un peu plus étonnante est la présence d’une proportion non négligeable d’étudiants étrangers : 82 en 41 ans, soit 8 % de l’effectif total, en provenance de 21 pays différents, francophones comme la Belgique, la Suisse, le Canada ou le Gabon mais pas seulement : il y eut aussi des ressortissants américains, britanniques, grecs, italiens, japonais, mexicains, ukrainiens… A l’image de la FSSPX qui lui a donné le jour, l’institut a eu très vite un modeste mais réel rayonnement international. Actuellement, trois Américains, un Polonais et une Gabonaise y suivent des cours.
Des trois filières proposées depuis la fondation, c’est l’Histoire qui se taille la part du lion, totalisant 56 % des inscriptions ; viennent ensuite la Philosophie (26 %) et les Lettres classiques (18 %).
Milieu d’origine
En 1980, certains auraient pu penser que la petite université naissante, fondée à l’initiative de valeureux et distingués professeurs, deviendrait, pour employer une formule peu flatteuse, un « moule à pédagogues », réservé aux fils d’enseignants et produisant des enseignants. Or il y a plus de fils d’ingénieurs (11 %) ou de militaires ( 11 % aussi) que de fils de professeurs (9 %) parmi les anciens étudiants de l’Institut. Toutes les catégories socio-professionnelles sont représentées dans leurs familles : des agriculteurs (3 %) aux professionnels de la santé (9,5 %), et dans des proportions qui correspondent grosso modo à la répartition des actifs de la population française entre les différentes branches professionnelles. On peut juste souligner des pourcentages légèrement supérieurs aux données de référence pour les métiers de service et de dévouement (armée, éducation, santé).
La proportion de retraités parmi les parents est notable (presque 12 % des pères des nouveaux inscrits). Dans la mesure où les catholiques de Tradition ont des familles nombreuses, il est normal qu’ils soient à la retraite lorsque leurs derniers enfants entament des études supérieures. On imagine sans peine que cette situation a imposé de lourds sacrifices tant aux familles qu’à l’Institut.
Niveau et formation antérieure
68 % des étudiants entrent à l’Institut juste après le bac. Pour certains de ces jeunes, encore fragiles, l’IUSPX peut être considéré comme une sorte de « mesure barrière » — qui les préserve d’une brutale contamination par l’esprit du monde au sortir de la pension — et un excellent concentré de vitamines contre les virus intellectuels. 18,5 % des nouveaux inscrits ont étudié au moins une année dans une autre université avant de venir à l’Institut, 7,5 % sortent d’une classe préparatoire.
La moyenne des notes moyennes obtenues au baccalauréat par les étudiants des 41 premières années de l’Institut, toutes séries confondues, s’établit précisément à 12,47 ce qui atteste d’un bon niveau global à l’inscription. 55 % des entrants avaient une mention (29 % Assez Bien, 20 % Bien, 7 % Très Bien). À la petite moitié (45 %) des candidats de bonne volonté qui n’avaient pu obtenir de mention au baccalauréat, l’Institut a offert une opportunité de formation et de sanctification que d’autres parcours d’études supérieures, plus sélectifs et moins catholiques… n’auraient pas proposée.
Comme bien l’on s’en doute, la grande majorité des étudiants de l’Institut, soit 79 % d’entre eux, sont titulaires d’un baccalauréat littéraire (série Philo puis A puis L puis options littéraires du nouveau baccalauréat général…). Cela signifie tout de même que 21 % des candidats se sont présentés rue du Cherche-Midi avec un diplôme scientifique ou économique en poche. Souvent, dans ce cas, il s’agit d’esprits attirés par la formation philosophique dispensée à l’Institut.
62,5 % des inscrits à l’IUSPX entre 1980 et 2021 sortaient d’une école hors contrat catholique traditionnelle, 1 % d’une autre école hors contrat, 23 % d’un lycée privé sous contrat et 13,5 % d’un lycée public. Ces chiffres s’expliquent par le fait que, dans les années 80, les écoles de la Tradition étaient encore peu nombreuses et par la volonté jamais démentie d’accueillir à l’Institut tous les étudiants désireux d’y suivre des cours, à condition qu’ils en aient les capacités.
Taux de réussite
A l’Institut, pour les étudiants inscrits à partir de 2001 — auparavant les diplômes étaient passés en Sorbonne — le taux de réussite, c’est-à-dire la proportion de ceux qui ont obtenu leur diplôme de licence 3 ans après leur entrée en première année est de 56 %. Si on calcule ce taux 4 ans après l’entrée en L1, il monte légèrement : 58 %. Pour comparaison, à l’université publique, à peine plus d’un quart (28 %) des étudiants en Licence obtiennent leur diplôme à l’issue de trois années de formation et 41 % après une année supplémentaire.
Débouchés
L’importance de l’Institut pour l’éclosion et la première formation des vocations (spécialement pour la Fraternité et les dominicaines) est évidente, de même qu’il accueille les anciens séminaristes soucieux de trouver une situation dans le monde et les prêtres qui souhaitent une formation complémentaire. Parmi nos anciens, on compte 130 vocations confirmées (13 % des jeunes passés par l’Institut) dont 27 prêtres, 12 religieux, 79 dominicaines enseignantes, 14 autres religieuses. On pourrait ajouter une vingtaine de jeunes qui ont généreusement fait un essai de vie religieuse ou sacerdotale avant de revenir à la société civile.
Comme nous l’avons vu, tous les étudiants de l’Institut ne sont pas fils de professeurs ; tous non plus ne se destinent pas à l’enseignement mais 49 % d’entre eux s’y engagent à la fin de leurs études. C’est une belle phalange de pédagogues qui, selon les goûts et les possibilités de chacun, se consacre à la formation de la jeunesse des classes primaires au supérieur, aussi bien dans les établissements privés que dans l’Éducation nationale. Depuis 2010, 42 ont pu suivre et valider la Formation des Maîtres intégrée aux cursus de licences et bachelor.
Que devient l’autre moitié des étudiants ? Les réponses sont variées. Les diplômes de licence d’Histoire et d’Humanités, aussi bien que le bachelor de Philosophie, ne sanctionnent pas la maîtrise d’un savoir-faire professionnel ; ils couronnent une formation intellectuelle qui aiguise la capacité de réflexion et le jugement critique, apporte une culture générale solide et des habitudes méthodologiques, cultive les facultés d’expression, aussi bien à l’écrit qu’à l’oral, donc un ensemble de compétences qui trouvera à s’employer dans des métiers très variés.
De fait, les débouchés sont tellement divers qu’il est difficile d’établir des catégories pertinentes. En s’y risquant, on obtient les pourcentages suivants : 7,5 % des anciens se dirigent vers les métiers de la culture (bibliothécaire, documentaliste, archiviste, conservateur du patrimoine, journaliste, écrivain etc.), 8 % vont dans l’industrie, 5,5 % dans le commerce et les services, 3 % s’engagent dans l’armée et 3 % intègrent la fonction publique civile, les autres s’orientant vers une profession médicale, paramédicale ou artistique. Voici, pêle- mêle, quelques exemples de carrières choisies par tel ou tel et qui ne vous seraient peut-être pas venues spontanément à l’esprit quand vous pensiez à l’IUSPX : médecin urgentiste, informaticien, peintre maître-verrier, notaire, diplomate, agent du Renseignement, assistante vétérinaire, joaillier, gouvernante dans un palace, chef d’État-major de la Présidence de la République…
Ce premier inventaire chiffré nous encourage à poursuivre vaillamment notre œuvre de transmission d’un patrimoine intellectuel menacé et de formation d’une jeunesse équilibrée, prête à affronter le monde d’aujourd’hui. A long terme cependant, ne l’oublions pas, l’unique débouché important est celui qui, après des trajectoires diverses, ouvre les portes de l’éternité bienheureuse. A l’IUSPX, nous faisons notre possible pour préparer les étudiants à cette échéance lointaine mais décisive ; les comptes définitifs ne seront faits, et les résultats de cet « Examen » connus, qu’au Ciel !