Oportet ergo, ex his viris, qui nobiscum sunt congregati in omni tempore, quo intravit et exivit enter nos Dominus Jesus, incipiens a baptismate Joannis usque in diem qua assumptus est a nobis, testem resurrectionis ejus nobiscum fieri unum ex istis.
Actes, 1–21.22
Il faut donc que, parmi les hommes qui nous ont accompagnés tout le temps que le Seigneur a vécu avec nous, à partir du baptême de Jean, jusqu’au jour où il a été enlevé du milieu de nous, il y en ait un qui devienne, avec nous, témoin de sa résurrection.
Actes, 1–21.22
Bien chers amis,
Deux versets des Actes des Apôtres suffisent à annihiler l’entreprise de démolition organisée par certains modernistes pour mettre en doute l’authenticité de la Sainte Ecriture, voire en détruire tout aspect historique. Les textes évangéliques seraient, d’après eux, de rédaction tardive et le fruit des rêveries pieuses des premières communautés. De là à penser que tout ce qui nous a été enseigné sur la Révélation n’a guère d’assise, il n’y a qu’un pas à faire. Pour certains il est déjà franchi, hélas !
Deux versets donc pour contredire nos contestataires. C’est saint Luc qui a mené l’enquête avec beaucoup de compétence et de précision. Il va aux sources les plus sûres : la Vierge, les apôtres. A son ami Théophile il écrira ces lignes :
J’ai raconté, dans mon premier livre, toute la suite des actions et des enseignements de Jésus, jusqu’au jour où, après avoir donné, par l’Esprit-Saint, ses instructions aux apôtres qu’Il avait choisis, Il fut enlevé aux ciel (Actes, 1–1.2).
On apprend, ainsi, l’importance du mystère de l’Ascension pour l’Eglise primitive : elle clôt la vie terrestre du Seigneur et atteste sa divinité. Pour précher la bonne Nouvelle il faudra des témoins qui aient vécu avec le Christ et assisté à sa glorieuse Ascension vers le Ciel d’où « Il reviendra pour juger les vivants et les morts ».
L’apôtre devra donc se faire « semeur d’espérance ».
L’Ascension, nous dit saint Thomas, est la cause de notre salut, non par mode de mérite, mais par mode d’efficience
Le Christ assis à la droite du Père est monté au ciel pour nous préparer la place :
je vais vous préparer une place, dit saint Jean 14–2,
ou encore, comme l’écrit le prophète Michée 2–13 :
Il est monté en ouvrant le chemin.
Il est en effet notre chef, et, là où le chef a passé, il faut que passent les membres.
Il faut que là où je suis, vous soyez aussi (Jean 14–3).
En montant au ciel, il a emmené captive, la captivité, chante le Psaume 68–19.
C’est à dire que ceux qui avaient été faits captifs par le démon, Il les emmenés avec Lui au ciel comme en un lieu étranger à la nature humaine, captifs d’une bonne capture, puisqu’Il les a acquis par la victoire.
Désormais, le Christ, grand prêtre de la Nouvelle et éternelle Alliance en son sang, se fait Médiateur pour nous devant son Père.
Dieu, nous précise saint Thomas, qui a exalté de la sorte la nature humaine du Christ, aura aussi pitié de ceux pour lesquels le Fils de Dieu a assumé la nature humaine. Nous avons, par le sang du Christ, libre accès dans le sanctuaire (Hébreux 10–19)
La route est tracée, encore faut-il vouloir l’emprunter !
Au Ciel, glorieusement régnant à la droite de Dieu le Père, le Seigneur Jésus nous veut près de Lui.
Il ne veut pas nous laisser orphelins, aussi pour nous aider Il va nous envoyer son Esprit. Cette troisième Personne de la Sainte Trinité est l’Amour du Père et du Fils. Dans l’Eglise Il en est l’âme : Il la vivifie, la dirige, par sa perpétuelle assistance. En chacun, chacune d’entre nous, Il travaille pour maintenir dans l’unité et dans la foi de notre baptême. Il nous soutient aussi dans les épreuves et les tentations pour ne jamais nous faire oublier le sens de notre vie : le ciel et l’amour de notre Seigneur qui nous l’a obtenu par l’effusion de son précieux Sang sur la croix.
On nous a dit, souvent, chez les latins surtout, que l’Esprit Saint était le grand Inconnu dans la maison : ce n’est pas faux. A la Pentecôte on insiste, un peu, sur son rôle mais, au cours de l’année, on oublie facilement de le découvrir à l’œuvre dans notre vie spirituelle pour nous aider à faire notre salut.
Cet Esprit d’amour que Jésus nous envoie est essentiellement Vie. Jésus nous le rappelle :
Je suis la Résurrection et la Vie.
Cette vie se communique en nous par son Esprit, à travers la prière et les sacrements.
C’est à nous de faire appel à Lui pour être vivifiés par Lui. Saint Athanase aime le décrire dans son rôle au sein de la Trinité :
Comme le rayon naît du soleil, et que la chaleur procède et du rayon et du soleil, ainsi le Fils naît du Père, et le Saint Esprit procède et de l’un et de l’autre.
Cette « procession » du Saint Esprit étant éternelle bien sûr !
Il nous revient de faire appel à Lui pour être eclairés par Lui. Nous devons d’abord L’adorer ‑réactiver notre foi, notre espérance, notre charité à son contact‑, le remercier chaque jour de ses bienfaits et de ses grâces.
Efforçons-nous d’être dociles et fidèles à ses saintes aspirations. Que de vocations s’étiolent par manque d’appel à l’Esprit Saint :
Nolite contristare Spiritum Sanctum.
Ne le contristons pas ; gardons-nous surtout de Lui résister, de le chasser de notre cœur par nos infidélités et nos péchés.
Que dirait-on d’un personnage qui, ayant bâti un mur devant sa baie vitrée, se plaindrait de ne plus être éclairé par le soleil ? A qui la faute ?
L’Esprit est essentiellement le révélateur du Verbe fait Chair. Son rôle près de la Vierge Sainte est primordial :
L’Esprit Saint vous couvrira de son ombre
dit l’archange Gabriel à Notre-Dame dans la maison de Nazareth. Il vient toujours « rendre témoignage » de cette sainte Incarnation. C’est Lui qui va nous conduire à redécouvrir le sens de la présence réelle de Notre-Seigneur sur nos autels et dans nos tabernacles. C’est urgent.
Qui pourrait nier, dans la nouvelle liturgie, l’affaiblissement du respect porté à la Présence réelle et substancielle de Notre-Seigneur ?
Implorons alors l’Esprit du Père et du Fils pour raviver en nous cet amour envers la Sainte Eucharistie et, pieusement, relisons et méditons, chaque jour, la séquence de la Pentecôte :
Venez Esprit Saint et envoyez du ciel un rayon de votre Lumière. Ô Lumière bienheureuse, remplissez jusqu’au plus intime les cœurs de vos fidèles. Lavez nos souillures, assouplissez nos raideurs, réchauffez nos froideurs.
Qu’Il nous aide à croître dans l’amour de la sainte Eucharistie, ici-bas, pour avoir place un jour près du même Seigneur dans le rayonnement de sa lumière.
R. P. Lecareux †
Source : La Simandre (Fraternité de la Transfiguration)