La crise religieuse terrible que nous vivons et subissons nous fait souffrir, c’est évident : on ne peut assister à la ruine de la foi parmi nos proches, dans notre pays et même dans l’Église, sans être saisi d’une profonde tristesse.
Cette même crise doit aussi nous faire peur : pourquoi et comment résisterons-nous mieux et davantage que tant de chrétiens apparemment fidèles, de prêtres formés dans les meilleurs séminaires ? D’autant que les obstacles, les pièges, les fausses solutions ne manquent pas. Et que nous n’avons plus la voix d’un Pie XII, par exemple, pour nous éclairer et nous guider.
Cependant, lorsqu’on interroge ceux qui ont réussi à conserver la foi, à défendre la Tradition dans la grande tourmente des années 70, la phrase qui revient le plus souvent est celle-ci :
Je n’ai jamais cessé de réciter mon chapelet.
Que ce soit dans des groupes constitués (issus du Padre Pio, de Fatima ou autre) ou que ce soit de façon individuelle, ceux qui ont « tenu » le doivent d’abord à la bienheureuse Vierge Marie. Elle a été la mère et l’éducatrice de leur foi, elle les a éclairés, guidés, préservés, soutenus au milieu des pires épreuves.
Et comme cette crise se prolonge, s’intensifie, s’aggrave, nous devons nous aussi, encore et toujours, recourir à Marie comme au phare de notre foi : c’est ce à quoi nous invite ce 150ème anniversaire de la proclamation de l’Immaculée Conception.
La bienheureuse Vierge Marie va d’abord nous éclairer sur la doctrine, sur la foi. La liturgie nous parle de Marie comme ayant « vaincu toutes les hérésies ». Mère de Jésus, elle ne peut que nous vouloir fidèles à son divin Fils. Mère de l’Église, elle nous veut aussi et pour la même raison fidèles à l’Église catholique. Reine des Apôtres, elle nous gardera fidèles à la Tradition apostolique, loin de toutes les nouveautés trompeuses.
La bienheureuse Vierge Marie va aussi nous guider dans la morale, dans l’action vertueuse. Son unique préoccupation, elle l’a exprimée aux serviteurs des noces de Cana : « Faites tout ce qu’il vous dira. » Marie nous veut intégralement fidèles à la volonté de Dieu, aux dix commandements et aux Béatitudes, à l’Évangile de son divin Fils tel qu’il a toujours été prêché.
La bienheureuse Vierge Marie va encore nous préserver de la corruption du monde. C’est pour chacun de nous un sujet de préoccupation. Tout est conçu autour de nous pour la corruption des âmes. On ne peut vivre, travailler, circuler, sans être agressé et intoxiqué d’erreurs doctrinales, de principes fallacieux et d’étalage d’une perversion morale souvent insoutenable.
Si nous nous confions à Marie, si nous nous recommandons à elle constamment, si nous prenons l’habitude de réciter le chapelet, en particulier lors de nos déplacements, elle saura ne pas nous faire entendre une erreur pernicieuse, ne pas nous faire voir une affiche licencieuse, passer purs dans un monde impur.
On raconte de saint Louis-Marie Grignion de Montfort que, dans Paris, il se promenait les yeux modestement baissés vers le sol, mais qu’il connaissait l’emplacement des images pieuses qui parsemaient alors la ville : la Vierge l’avait elle-même guidé pour ne lui faire connaître que ce qui était beau, chaste et saint. L’image est certes un peu naïve, mais elle nous aide à comprendre comment Marie peut nous préserver d’un monde de péché sans nous couper des beautés de la nature et de la grâce.
Oui, la bienheureuse Vierge Marie, dont nous célébrons avec joie le grand privilège de la préservation de tout péché, saura nous guider, nous protéger et nous fortifier dans le combat apocalyptique que nous menons aujourd’hui. Nous en avons cette assurance que répètent tous les saints :
Un vrai dévot envers Marie ne peut se perdre.
Régis de Cacqueray †