Un héritage spirituel
Ce que l’Abbé Bonneterre nous a donné pendant ses vingt deux ans de présence à Nantes, et ce qu’il nous laisse en partant pour Paris, c’est le sens de l’Eglise et l’amour de la Sainte Eglise catholique romaine, l’amour du Pape successeur de Pierre.
Dans sa prédication constante, il a toujours su conserver un équilibre entre :
- d’une part, la critique anti-moderniste, critique sans concessions des novateurs et des orientations théologiques et pastorales postconciliaires, en s’appuyant sur la Tradition de l’Eglise et notamment sur les textes du Magistère et l’enseignement des Papes.
- d’autre part, la mise en garde contre la tendance au repli sur nous-mêmes, pouvant apparaître en raison de notre marginalisation par les autorités ecclésiastiques, notamment les évêques français.
Il nous a ainsi souvent parlé du mystère de l ’Eglise, essentiellement surnaturel, de son universalité, de l’amour et du respect que nous devons au Pape, même lorsqu’il est défaillant, et de la nécessité vitale de la prière pour lui, puisque la sortie de la crise ne se fera pas sans lui.
A partir du message de Sainte Thérèse de Lisieux, dont il est sûrement l’un des meilleurs spécialistes dans la Fraternité Saint-Pie X, l’Abbé Bonneterre a aussi développé inlassablement le thème de la Miséricorde divine et de la confiance.
Dans ses homélies, dans ses conférences spirituelles, il aimait à nous montrer, en commentant des scènes évangéliques , comment « la Miséricorde est la voie même du Seigneur, combien elle est la passion brûlante du Cœur de Jésus, poignante et sans mesure, combien elle est au principe de son Incarnation et de sa Croix » (Sermon du 22 Avril 2001). Il répétait que c’était pour cela que le Seigneur était venu, « pour chercher et sauver ce qui était perdu » (Luc XIX, 10), et que « ce n’était pas notre misère qui pouvait nous éloigner de Lui, mais c’était au contraire de ne pas la Lui donner ». Là se situe la place de la Confiance en Dieu, confiance dans son Amour et sa Miséricorde, que l’intelligence surnaturelle de Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus a si bien comprise, jusqu’au sommet de sa vie spirituelle qui est son « acte d ’offrande à l’Amour Miséricordieux ». Lorsqu’il nous parlait de l’acte d’offrande de Sainte Thérèse, nous sentions bien que notre prieur en vivait intérieurement, au point d’y voir la solution même de la crise de l’Eglise, le moyen pour que la Charité, l’Amour Divin, circule à nouveau dans l’Eglise, le corps mystique du Christ dont nous sommes les membres.
Un pasteur d’âmes
Ayant longtemps côtoyé l’Abbé Bonneterre nous avons pu apprécier en lui un prêtre surnaturel, religieux, humble dans son obéissance à ses Supérieurs où il voit la volonté du Seigneur, toujours.
Au confessionnal comme dans sa direction spirituelle, il fut un père.
Cette paternité s’est exercée envers tous. Il a su écouter, encourager, toujours avec un grand respect des âmes qui s’adressaient à lui. Il a fait preuve à Nantes d’un souci particulier des jeunes en qui il voit l’avenir, de la société civile bien sûr, mais surtout de l’Eglise : il a fondé pour eux le Cercle Saint-Pie X, pour leur donner une vraie formation doctrinale sans laquelle rien n’est possible, et pour développer en eux le sens de la responsabilité, de l’engagement , de la générosité dans le Service de Dieu, de l’Eglise et du prochain.
Son intelligence analytique très vive et sa culture étendue lui ont permis de porter toujours un jugement équilibré et clairvoyant sur les événements, surtout sur la crise de l’Eglise dont il a vécu les débuts aux côtés de Monseigneur Marcel Lefebvre, à qui il est resté toujours fidèle.
Fidélité et constance ont été des traits marquants de sa personnalité, ainsi qu’une grande sensibilité qui traduit sa délicatesse d’âme.
Enfin, nous savons que l’Abbé Bonneterre a un grand sens de l’amitié et, dans l’intimité, il sait rire et faire rire.
Tout cela, les fidèles de la Chapelle Sainte-Germaine le découvriront rapidement.
[Hermine n° 1 de novembre-décembre 2004].
Sermon de l’abbé Bonneterre prononcé le 9 mai 1993 en la solennité de sainte Jeanne-d’Arc
Sermon écrit prononcé par l’abbé Bonneterre le 9 mai 1993