Bien chers fidèles,
« Veuillez noter qu’une grande attention sera portée à des vêtements appropriés : les dames doivent avoir les épaules et le ventre couverts et porter une jupe jusqu’aux genoux au moins, les messieurs des pantalons longs et une chemise ou au moins un T‑Shirt. »
Il y a quelques jours je suis tombé sur cet avis. Le contenu ne vous étonnera guère. Mais vous ne vous attendiez pas à l’origine du texte. Il s’agit d’un guide de voyage des éditions Michael Müller dont le titre est « Ligurie » datant de 2010. A la page 80 sous la rubrique « églises » on trouve les mots que j’ai mis en introduction.
Je saisis l’occasion de cette citation pour écrire quelques lignes sur le thème du vêtement. Je suis bien conscient que ce thème appartient aux questions les plus délicates et les plus chargées d’émotion qu’un prêtre peut, et parfois doit, aborder.
Avant d’écrire mes pensées, je voudrais à cet endroit de ma lettre confier au papier quelque chose qui n’a peut-être encore jamais été exprimé ainsi : un grand éloge aux nombreuses femmes qui, avec cohérence, portent une robe et prennent soin de se vêtir de façon digne à l’église, au travail, durant les loisirs et chez elles. Pour beaucoup d’entre elles ce témoignage est un défi, car il demande de surmonter le respect humain. Mais le monde a besoin de ce témoignage ! Bravo et continuez !
« Il viendra des modes qui offenseront gravement mon divin Fils. » Ce sont les mots de la Mère de Dieu à la petite Lucie il y a 100 ans à Fatima. Quand on regarde les photos des vêtements des voyants, on comprend tout de suite que, par ces modes impudiques, ce n’est pas ce temps-là mais le nôtre qui est évoqué. C’est pourquoi la très sainte Vierge Marie emploie le futur dans sa déclaration. J’interprète les mots « offenseront gravement » en ce sens que dans ce domaine de graves péchés sont possibles.
Malheureusement tous les fidèles de la Fraternité ne parviennent pas toujours à porter des vêtements convenables. Certains l’ont ressenti douloureusement à Rome en l’an 2000, l’année sainte. Les portiers ne les ont pas laissés entrer dans les basiliques car ils ne remplissaient pas les conditions citées ci-dessus ! C’est facile de critiquer Rome et le pape. Il nous faut maintenant vraiment faire mieux et donner le bon exemple en tout – même dans la façon de s’habiller.
Approfondissons un peu. Nous appartenons au genre humain qui souffre des conséquences du péché originel. Adam et Eve remarquèrent, tout de suite après leur péché, qu’ils étaient nus. Nous sommes malheureusement tous aussi blessés par les conséquences du péché originel. Pour les hommes la faiblesse se manifeste surtout par les tentations qui, à travers les yeux, mettent l’âme à l’épreuve. C’est pourquoi ils doivent prendre particulièrement à cœur les paroles du Sauveur dans le sermon sur la montagne :
« Quiconque jette sur une femme un regard de convoitise, a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur » .
Les femmes sont affaiblies par le péché originel au point que souvent elles ne remarquent pas quel effet leur vêtement serré provoque chez les autres, particulièrement les hommes. En d’autres mots : si une femme ne voit aucun problème dans ses vêtements, cela ne veut pas du tout dire que tout est en ordre et que ses vêtements sont assez modestes et plaisent à Dieu. Une saine méfiance envers leur propre sentiment est nécessaire. C’est pour cela que l’Apôtre saint Paul prévient les femmes par ces mots :
« Pareillement, que les femmes soient en vêtements décents, se parant avec pudeur et simplicité » .
Comme je l’ai dit, l’homme accueille beaucoup de sensations par le sens de la vue. La femme qui comme l’homme est faite de corps et d’âme, peut influencer assez fortement ce que l’homme perçoit d’elle. Si elle porte un vêtement qui met en évidence les formes du corps, même si elles sont recouvertes, elle dirige automatiquement les sens de l’homme sur son corps. Si au contraire elle porte un vêtement ample, elle manifeste sa spiritualité, son intériorité, sa noblesse et sa relation avec Dieu et dirige les regards de l’homme sur son âme. Le vêtement de la femme n’est jamais neutre pour cette raison. Il peut d’un côté nuire au prochain et le séduire, de l’autre faire l’effet contraire, c’est-à-dire l’édifier, l’encourager à la vertu, ou même le conduire à Dieu.
Comme les femmes, les hommes sont aussi le temple du Saint-Esprit et doivent à leur corps le respect qu’il mérite. Même s’ils manquent beaucoup plus rarement aux 6e et 9e commandements en ce qui concerne le vêtement, ils peuvent aussi manifester plus ou moins la noblesse de leur âme. Des pantalons râpés et délavés n’expriment qu’insuffisamment le respect dû au corps. Les équipements de sport et les baskets ne correspondent pas à la sainteté d’une église, mais conviennent à la salle de sport et à la piste de jogging.
Que tous les fidèles prennent à cœur l’avertissement du guide de la Ligurie et suivent fidèlement les règles d’habillement voulues par Dieu non seulement à l’église mais partout – pour leur salut personnel comme pour celui du prochain !
Abbé Pascal Schreiber, Supérieur du District de Suisse de la FSSPX
Sources : Extrait du bulletin – Juin – juillet 2018 /La Porte Latine du 13 juin 2018