Le pape et la Confédération latino-américaine
et des Caraïbes des religieux et religieuses
Le 6 juin le pape s’est adressé aux responsables de la CLAR (Confédération latino-américaine et des Caraïbes des religieux et religieuses).
Selon la synthèse publiée par Reflexión y Liberación [1], « ils ont conversé, installés en rond, entre égaux, comme c’était à l’époque des premières communions fondées par Jésus ».
Le pape a commencé par encourager ses interlocuteurs à « ouvrir les portes » sans trop se préoccuper des blâmes qu’ils pourraient recevoir de la part de la congrégation pour la Doctrine de la foi :
Ouvrez les portes… ouvrez les portes ! Vous allez vous tromper, vous aller faire des gaffes, ce sont des choses qui arrivent ! Peut-être quemême va vous arriver une lettre de la congrégation pour la Doctrine (de la foi) disant que vous avez dit telle ou telle chose… Mais ne vous inquiétez pas. Expliquez ce que vous devez expliquer, mais continuez à aller de l’avant… […] Je préfère une Église qui se trompe parce qu’elle fait quelque chose qu’une Église qui tombe malade parce qu’elle reste enfermée…
Puis il a fait part à ses interlocuteurs de ses préoccupations :
L’une est le courant pélagien qu’il y a dans l’Église en ce moment. Il y a certains groupes restaurationnistes. J’en connais quelques-uns, il m’est arrivé de les recevoir à Buenos Aires. Et l’on sent que c’est comme revenir 60 ans en arrière ! Avant le Concile… On se sent comme en 1940… Une anecdote, seulement pour illustrer, non pas pour rire, je l’ai prise avec respect, mais cela me préoccupe ; quand je fus élu (pape), j’ai reçu une carte de l’un de ces groupes, et ils me disaient ; « Votre Sainteté, nous vous offrons ce trésor spirituel, 3525 rosaires. » Pourquoi ne disent-ils pas : nous prions pour vous, nous demandons… mais cette façon de tenir des comptes… Et ces groupes reviennent à des pratiques et à des disciplines que j’ai vécues, vous non, car aucun n’est vieux, à des disciplines, à des choses qui à ce moment-là se vivaient, mais maintenant non, maintenant elles sont passées.
Rappelons que le pélagianisme est une hérésie qui remonte au moine Pélage (350–420). Elle enseigne que la grâce n’est pas vraiment nécessaire au salut, elle ne sert qu’à le faciliter. Il est bien évident que la Tradition ne se réduit pas à certaines « pratiques » ou « disciplines », et que celles-ci ne prétendent pas assurer le salut sans la grâce, mais faciliter l’obtention de la grâce par nos prières et nos efforts. Il est difficile de mieux caricaturer.
Extraits du Sel de la Terre n° 86 – Automne 2013
- http://www.reflexionyliberacion.cl. Voir aussi DICI n° 277, p. 3 et 4[↩]