Le cardinal Kasper affirme que des éléments de bien peuvent exister dans une union homosexuelle

Note de la rédac­tion de La Porte Latine :
il est bien enten­du que les com­men­taires repris dans la presse exté­rieure à la FSSPX
ne sont en aucun cas une quel­conque adhé­sion à ce qui y est écrit par ailleurs.

Le pré­sident émé­rite du Conseil pon­ti­fi­cal pour la pro­mo­tion de l’u­ni­té des chré­tiens s’ex­pri­mait mer­cre­di 27 mai dans une inter­view au quo­ti­dien ita­lien Corriere del­la Sera.

La Croix résume ainsi les propos du cardinal :

« S’il existe une union stable (dans un couple homo­sexuel, NDLR), des élé­ments de bien existent sans aucun doute et il faut les recon­naître », affirme le car­di­nal Walter Kasper dans le quo­ti­dien ita­lien Corriere del­la Sera mer­cre­di 27 mai.

« Mais nous ne pou­vons pas com­pa­rer cela (avec le mariage, NDLR), pour­suit cepen­dant le pré­sident émé­rite du Conseil pon­ti­fi­cal pour la pro­mo­tion de l’unité des chré­tiens en assu­rant que « la famille for­mée d’un homme et d’une femme et ouverte à la pro­créa­tion est la cel­lule fon­da­men­tale de la société ».

« Attention à ne pas uti­li­ser des expres­sions qui peuvent paraître blessantes »

Interrogé sur l’expression « incli­na­tion objec­ti­ve­ment désor­don­née » pour qua­li­fier la seule ten­dance homo­sexuelle, uti­li­sée par la Congrégation pour la doc­trine de la foi en 1986, le car­di­nal confie qu’il faut « faire atten­tion à ne pas uti­li­ser des expres­sions qui peuvent paraître bles­santes, sans pour autant dis­si­mu­ler la vérité ».

« Nous devons dépas­ser la dis­cri­mi­na­tion qui a une longue tra­di­tion dans notre culture », ajoute le théo­lo­gien alle­mand connu pour son ouver­ture en faveur d’un meilleur accueil des per­sonnes homo­sexuelles ou encore des couples divor­cés rema­riés dans l’Église.

Le Salon Beige, de son côté, fait l’analyse suivante :

« Au fond, il rejette le caté­chisme de l’Eglise catho­lique en ses n°2357 à 2359 :

« S’appuyant sur la Sainte Écriture, qui les pré­sente comme des dépra­va­tions graves (cf. Gn 19, 1–29 ; Rm 1, 24–27 ; 1 Co 6, 10 ; 1 Tm 1, 10), la Tradition a tou­jours décla­ré que  » les actes d’homosexualité sont intrin­sè­que­ment désor­don­nés » (CDF, décl. » Persona huma­na » 8). Ils sont contraires à la loi natu­relle. Ils ferment l’acte sexuel au don de la vie. Ils ne pro­cèdent pas d’une com­plé­men­ta­ri­té affec­tive et sexuelle véri­table. Ils ne sau­raient rece­voir d’approbation en aucun cas.Un nombre non négli­geable d’hommes et de femmes pré­sente des ten­dances homo­sexuelles fon­cières. Cette pro­pen­sion, objec­ti­ve­ment désor­don­née, consti­tue pour la plu­part d’entre eux une épreuve. Ils doivent être accueillis avec res­pect, com­pas­sion et déli­ca­tesse. On évi­te­ra à leur égard toute marque de dis­cri­mi­na­tion injuste. Ces per­sonnes sont appe­lées à réa­li­ser la volon­té de Dieu dans leur vie, et si elles sont chré­tiennes, à unir au sacri­fice de la croix du Seigneur les dif­fi­cul­tés qu’elles peuvent ren­con­trer du fait de leur condi­tion. Les per­sonnes homo­sexuelles sont appe­lées à la chas­te­té. Par les ver­tus de maî­trise, édu­ca­trices de la liber­té inté­rieure, quel­que­fois par le sou­tien d’une ami­tié dés­in­té­res­sée, par la prière et la grâce sacra­men­telle, elles peuvent et doivent se rap­pro­cher, gra­duel­le­ment et réso­lu­ment, de la per­fec­tion chrétienne. »

On peut éga­le­ment se deman­der si le car­di­nal alle­mand ne sou­haite pas remettre en cause l’ins­truc­tion de 2005 de la Congrégation pour l’Education catho­lique sur les cri­tères de dis­cer­ne­ment voca­tion­nel au sujet des per­sonnes pré­sen­tant des ten­dances homo­sexuelles en vue de l’ad­mis­sion au sémi­naire et aux Ordres sacrés :

« […] Dans la lumière de cet ensei­gne­ment, ce Dicastère, en accord avec la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements estime néces­saire d’af­fir­mer clai­re­ment que l’Eglise, tout en res­pec­tant pro­fon­dé­ment les per­sonnes concer­nées, ne peut pas admettre au Séminaire et aux Ordres sacrés ceux qui pra­tiquent l’ho­mo­sexua­li­té, pré­sentent des ten­dances homo­sexuelles pro­fon­dé­ment enra­ci­nées ou sou­tiennent ce qu’on appelle la culture gay. Ces per­sonnes se trouvent en effet dans une situa­tion qui fait gra­ve­ment obs­tacle à une juste rela­tion avec des hommes et des femmes. De plus, il ne faut pas oublier les consé­quences néga­tives qui peuvent décou­ler de l’Ordination de per­sonnes pré­sen­tant des ten­dances homo­sexuelles pro­fon­dé­ment enra­ci­nées. Par contre, au cas où il s’a­gi­rait de ten­dances homo­sexuelles qui seraient seule­ment l’ex­pres­sion d’un pro­blème tran­si­toire, comme, par exemple, celui d’une ado­les­cence pas encore ache­vée, elles doivent de toute façon être clai­re­ment dépas­sées au moins trois ans avant l’Ordination dia­co­nale. […] »

Il serait utile de connaître ce qu’en pensent les 3 évêques fran­çais qui ont par­ti­ci­pé à la réunion [1] de lun­di der­nier à Rome avec le car­di­nal Kasper : Mgr Pontier, Mgr Brunin et Mgr Feillet. »

Enfin, Sandro Magister dénonce les positions ultra-​progressistes, mais heureusement non unanimes, de l’épiscopat allemand :

« L’épiscopat alle­mand repré­sente la pointe la plus avan­cée et la plus com­ba­tive de ce front réfor­miste. La der­nière en date de ses décla­ra­tions offi­cielles – elle a été dif­fu­sée, en plu­sieurs langues, au com­men­ce­ment de ce mois de mai – a été sa réponse au ques­tion­naire qui avait été dis­tri­bué par Rome dans la pers­pec­tive de la pro­chaine ses­sion du synode. En lisant cette décla­ra­tion, on constate que l’Allemagne met déjà lar­ge­ment en pra­tique ce que le magis­tère de l’Église inter­dit et que le synode devrait encore dis­cu­ter. C’est-à-dire l’accès des divor­cés rema­riés à la com­mu­nion, l’acceptation des rema­riages de divor­cés, l’approbation des unions homo­sexuelles […]

Quelques jours plus tard, le 9 mai, le Zentralkomitee der Deutschen Katholiken, l’association his­to­rique des laïcs catho­liques alle­mands, a publié une décla­ra­tion encore plus avan­cée, dans laquelle il réclame la béné­dic­tion litur­gique pour les rema­riages de divor­cés et pour les unions entre per­sonnes du même sexe, en plus de l’abandon en bloc de l’enseignement de l’Église à pro­pos de la contra­cep­tion […]

Mais atten­tion. Tout cela ne signi­fie pas que la tota­li­té de l’Église d’Allemagne soit d’accord avec ces opi­nions. La réa­li­té est tout autre. Que ce soit par­mi les évêques ou par­mi les laïcs qui font le plus auto­ri­té, il ne manque pas de voix pour affir­mer leur oppo­si­tion. Et, ces jours der­niers, ces per­sonnes se sont expri­mées vigou­reu­se­ment. L’évêque de Passau, Stefan Oster, salé­sien, qui a été nom­mé à ce poste par le pape François au mois d’avril 2014, a contes­té la décla­ra­tion du Zentralkomitee der Deutschen Katholiken, point par point, dans une inter­ven­tion tran­chante qu’il a mise en ligne sur sa page Facebook […] Et il a rapi­de­ment reçu l’adhésion publique de cinq autres évêques : Rudolf Voderholzer de Ratisbonne, Konrad Zdarsa d’Augsbourg, Gregor M. Hanke d’Eichstätt, Wolfgang Ipolt de Görlitz, Friedhelm Hofmann de Wurtzbourg […] On note­ra avec inté­rêt que, par­mi ces cinq évêques, figure celui de Wurtzbourg, la ville où le Zentralkomitee der Deutschen Katholiken s’est réuni et a émis sa décla­ra­tion dans le silence/​avec l’accord du guide spi­ri­tuel du comi­té, l’évêque Gebhard Fürst de Rottenburg-​Stuttgart, dio­cèse qui a eu Kasper comme titu­laire dans les années 90. Et on note­ra avec encore plus d’intérêt que les évêques cités appar­tiennent tous, à l’exception de celui de Görlitz, à la région ecclé­sias­tique de Bavière, ce qui a pour résul­tat de mettre en mino­ri­té (5 sur 8) le car­di­nal Marx, arche­vêque de Munich, pré­ci­sé­ment dans cette région qui est la sienne et pré­ci­sé­ment à pro­pos des ques­tions dans les­quelles il est le plus impliqué.

Mais il y a plus. Parmi les laïcs d’Allemagne aus­si, il y a de fortes per­son­na­li­tés qui font entendre une mélo­die dis­cor­dante. La sévé­ri­té avec laquelle Robert Spaemann – il est consi­dé­ré comme l’un des plus grands phi­lo­sophes catho­liques vivants et c’est un ami de longue date de Joseph Ratzinger – a cri­ti­qué, au début du mois de mai, non seule­ment l’épiscopat alle­mand mais éga­le­ment la manière de gou­ver­ner du pape François qui, d’après lui, serait à la fois « auto­cra­tique » et « chao­tique », a frap­pé les esprits. Spaemann a for­mu­lé ses cri­tiques dans le cadre d’un dia­logue avec Hans Joas pour la revue « Herder Korrespondenz », qui appar­tient à la mai­son d’édition qui assure la publi­ca­tion des œuvres com­plètes de Benoît XVI […]

Par ailleurs un livre écrit par un juriste et magis­trat alle­mand a été publié simul­ta­né­ment, ces jours-​ci, en Allemagne et en Italie. Il consti­tue une réfu­ta­tion radi­cale, à la fois théo­rique et pra­tique, des prises de posi­tion du car­di­nal Kasper à pro­pos de l’accès des divor­cés rema­riés à la com­mu­nion […] L’auteur de cet ouvrage, Rainer Beckmann, est âgé de 54 ans et il est juge à Wurtzbourg. Entre 2000 et 2005, il a été expert offi­ciel auprès des com­mis­sions char­gées du droit et de l’éthique de la méde­cine au sein du par­le­ment fédé­ral alle­mand. Il a publié des essais scien­ti­fiques consa­crés à l’avortement, aux tech­niques de la repro­duc­tion, à la mort céré­brale et à l’euthanasie. Il est vice-​président d’une asso­cia­tion de juristes pour le droit à la vie et il dirige la revue « Zeitschrift für Lebensrecht ». Il donne des cours à l’université de Heidelberg. Mais, comme l’indique le car­di­nal alle­mand Cordes dans la pré­face qu’il a don­née à ce livre, Beckmann, qui est père de quatre enfants, est éga­le­ment « un croyant ayant vécu per­son­nel­le­ment la souf­france d’une rela­tion qui a échoué et, en tout cas, il n’a pas com­men­cé une nou­velle rela­tion après avoir divor­cé : il veut conti­nuer à croire à sa pro­messe de fidé­li­té… jusqu’à ce que la mort les sépare, lui et son épouse ». Et c’est pré­ci­sé­ment pour cette rai­son que « son témoi­gnage est désor­mais incon­tour­nable au point de vue pas­to­ral, réa­liste au point de vue fac­tuel et sou­mis à la Sainte Écriture ». À la fin de son ouvrage, Beckmann sou­ligne que le pape François, « dans les décla­ra­tions dont nous avons connais­sance », ne s’est pas une seule fois dis­so­cié de la doc­trine tra­di­tion­nelle de l’Église. Tandis que, au contraire, « la solu­tion pro­po­sée par le car­di­nal Kasper mine à leur base non seule­ment le sacre­ment de mariage, mais éga­le­ment ceux de la péni­tence et de l’eucharistie ».

Sources : Corriere del­la Sera/​La Croix/​Apic/​Le Salon Beige/Chiesa-espressoline.it

Notes de bas de page
  1. Lire : Des évêques fran­çais, suisses et alle­mands en réunion secrète ce lun­di pour pré­pa­rer le Synode… contre la Famille[]