Abbé Régis de Cacqueray, Supérieur du District de France
Suresnes, le 14 septembre 2009
Deuxième partie : « Son contenu philosophique »
Polythéisme ou monothéisme.
L’expression qui retient notre attention a réuni ces trois religions ensemble aux deux motifs principaux de leur grandeur et de leur monothéisme. En ce qui concerne le second de ces deux motifs, il apparaît visiblement comme un gage de leur honorabilité et de leur sérieux : s’il est mis en avant, c’est parce qu’il en impose. Le monde lui-même se trouverait certainement plus embarrassé de parler des religions polythéistes avec le même respect. Entendu dans un sens strict, le polythéisme est en effet un non-sens philosophique que l’on pressent confusément. Saint Thomas en fait la réfutation en montrant l’impossibilité pour plusieurs individus (chacun ayant sa substance propre, le concept de consubstantialité n’étant même pas imaginé) d’avoir la nature proprement divine : acte pur, esprit pur, tout-puissant, créateur et maître de toutes choses. En effet, s’il existe plusieurs dieux possédant la nature proprement divine, chacun d’entre eux se devrait pourtant d’être à l’origine de l’existence des autres dieux. Ce qui contredit alors la toute-puissance de chacun d’entre eux. En ce sens strict, le polythéisme n’a pas existé historiquement ou à peine.
Les polythéismes, qui sont donnés dans l’histoire des religions, s’il leur arrive de concéder à l’un des « êtres divins » auxquels ils croient, la nature proprement divine, ne parlent pour tous les autres d’ « êtres divins » qu’au sens analogique de ce mot : ce sont des esprits supérieurs aux hommes, qui peuvent avoir parfois des corps et qui sont répartis hiérarchiquement. Ils se perdent alors en ces mythologies et en ces fables grossières sur la coexistence de ces dieux à qui sont prêtés les qualités et les défauts des hommes.
La mise en valeur du monothéisme que semble favoriser notre formule ne peut donc nous être a priori désagréable par l’éloignement où elle se tient des absurdités ou des fables du polythéisme. Elle rejoint les conclusions les plus solides auxquelles nous a accoutumés la théologie naturelle. En effet, la vérité de l’existence d’un seul Dieu n’est une croyance qu’en raison de la corruption du péché originel qui rend difficile la découverte de cette vérité à beaucoup d’hommes. Mais, en soi, il s’agit d’une connaissance accessible à la seule raison et non d’une foi.
Bien loin de ce non-sens du polythéisme compris dans son sens strict ou des fables véhiculées par les polythéismes historiques, nous nous plaçons donc résolument sur le chemin frayé par Aristote et si bien distingué ensuite par saint Thomas d’Aquin en ses fameuses « cinq voies de l’existence de Dieu ». Nous affirmons que la raison seule est déjà apte à parvenir à la certitude de l’existence de Dieu et de son unicité.
Le possible et le contradictoire.
Si nous pouvons donc nous féliciter du bon traitement que le monothéisme reçoit apparemment de cette expression, nous nous trouvons en revanche confrontés à une question qu’elle soulève immédiatement. La fin de la religion est de relier les hommes à Dieu et leur permettre de lui rendre ainsi l’honneur qui lui est dû. Cette formule semble donc accréditer l’idée que trois religions au moins rempliraient ce rôle à l’égard du Dieu unique : un seul Dieu certes, mais au moins trois religions qui se proposeraient aux hommes comme autant de voies pour l’honorer et y avoir accès. En restant encore sur le terrain de la seule philosophie, sans le secours des lumières de la foi, nous nous posons alors la question de la pertinence philosophique de cette expression.
Le Docteur Angélique, dans son traité sur « La Toute Puissance de Dieu » (Somme Théologique, Ia p., q. 25), démontre que Dieu peut absolument tout : « Son être est un être infini, n’étant pas limité par un sujet qui le reçoive. Il y a donc nécessité que la puissance divine soit infinie. » q.25, a.2. Il n’y a donc strictement aucune limitation d’aucune sorte à apporter à sa toute-puissance qui s’étend à tout ce qui existe ou peut exister. Saint Thomas distingue cependant la puissance absolue de Dieu de sa puissance ordonnée. Cette distinction lui permet d’exprimer la différence entre ce qui est à attribuer à la puissance de Dieu seule envisagée et qui comprend tout ce qui est possible avec ce qui est à attribuer à la puissance ordonnée de Dieu et qui regroupe seulement ce qui s’attribue à la puissance divine en tant qu’ exécutrice des ordres de la volonté juste de Dieu.
Nous ne devons donc pas nous laisser duper nous-même par notre manière imparfaite de parler. Lorsque nous disons que même Dieu ne peut pas faire certaines choses, comme par exemple, pour reprendre quelques exemples tirés de la Somme Théologique, que ce qui s’est passé ne se soit pas passé, qu’une femme qui a été séduite ne l’ait pas été, que Socrate qui s’est assis ne se soit pas assis, que le nombre quatre soit plus grand que lui-même, que Dieu ne peut pas se déplacer, nous devons comprendre en réalité que « Dieu ne peut pas les faire, pour exprimer qu’elles-mêmes ne peuvent pas être faites. » Q.25, a.4 ad 3.
C’est cette remarque qui permet d’arriver alors au fond de la question. Dieu peut tout et l’on doit confirmer qu’il n’existe absolument aucune restriction à apporter à cette proposition. A chaque fois qu’il nous apparaît donc que Dieu « ne peut pas quelque chose » c’est en réalité que nous sommes en train d’envisager – que nous en ayons conscience on non, cela ne change rien à l’affaire – quelque chose qui, en réalité, n’a pas la qualité de « possible » parce qu’il est contradictoire. Et par contradictoire, nous entendons l’attribution, à la fois et sous le même rapport, de l’être et du non-être à un objet identique. « Quant aux termes qui impliquent contradiction, ils ne sont pas compris dans la toute-puissance divine, parce qu’ils ne comprennent point la qualité de possibles » Q. 25 a.3
Si Dieu ne peut donc pas réaliser l’impossible, ce n’est pas que sa puissance soit limitée, c’est que l’impossible de soi n’est pas susceptible d’exister, qu’il n’est pas réalisable : « C’est ce que Ockam et Descartes n’ont pas compris, lorsqu’ils ont prétendu que la liberté divine et la toute-puissance ne seraient pas infinies, si elles étaient incapables de faire un cercle carré. Il s’ensuivrait que la réalité du principe de contradiction et de toute essence dépendrait de la liberté divine ; mais alors la liberté divine elle-même s’évanouirait car elle n’aurait aucun fondement : Dieu ne serait pas nécessairement l’Etre, le Bien, l’intelligence, ni par suite la liberté. Il serait libre d’être libre’…’, libre d’être ou de ne pas être. Ce libertisme absolu, destruction de toute vérité et de tout être, est l’absurdité même, il conduit au nihilisme radical. » Garrigou-Lagrange dans : « Dieu, son existence et sa nature ». Saint Thomas a donné sa conclusion concernant une telle opinion : « Soutenir que la justice dépend simplement de la volonté de Dieu, c’est dire que la volonté divine n’est pas dirigée par la sagesse et c’est un blasphème ». De Veritate, q.23, a.6.
Il faut toutefois noter que cette position thomiste, nette et parfaitement étayée, n’a pourtant pas été celle d’un assez grand nombre de philosophes et de théologiens. Pour certains de ces derniers, il a semblé que c’était retirer quelque chose à la transcendance et à la toute-puissance de Dieu que de ne pas la croire assez ample pour contenir même le contradictoire. Avant saint Thomas, saint Albert le Grand avait déjà magistralement répondu à cette objection : « Le principe de non-contradiction est le premier principe de notre intelligence, d’où elle prend toute vérité, contre quoi elle ne reconnaît rien de vrai. Il faut que ce principe soit emprunté à l’exemplaire et au régulateur suprême, qui est l’ordre même de la première vérité. Comme donc Dieu ne peut rien contre l’ordre de la première Vérité, il ne peut rien non plus là contre ; car faire le contradictoire n’évoque pas la puissance, mais l’impuissance. » Somme théologique, Ière partie, Traité 19, Qu.78, Membre 2.
On a peut-être reconnu le débat théologique qui a été récemment remis au goût du jour par le pape Benoît XVI dans le fameux discours de Ratisbonne. Le monde musulman y a vu une attaque d’abord dirigée contre l’Islam. En réalité, l’ancien professeur d’université s’en est pris avec vigueur à toute pensée, de quelque origine qu’elle soit, qui s’énonce ainsi : « Dieu est absolument transcendant, sa volonté n’est liée à aucune de nos catégories, fût-elle celle du raisonnable. » C’est ainsi que se sont trouvés étrangement renvoyées dos à dos les positions du bienheureux Duns Scot et de Ibn Hasm « qui peuvent être totalement rapprochées. » !
Dans ce discours, le pape montre comment une défense peu éclairée de la toute-puissance divine amène infailliblement à l’abdication radicale de la raison dans le discours théologique. Elle confisque en effet l’analogie « entre Dieu et nous, entre son esprit créateur éternel et notre raison créée » en laquelle « les dissimilitudes sont infiniment plus grandes que les similitudes, mais cela ne supprime pas l’analogie et son langage. » Toute la métaphysique, toute la morale s’en trouvent profondément discréditées car une telle pensée jette dans un scepticisme irrémédiable touchant le vrai et le faux. En une métaphore joliment filée, le père Sertillanges a indiqué la redoutable alternative où se trouve l’esprit humain selon que le discours sur Dieu est impossible parce que les créatures ne renvoient d’elles que leur propre image : « L’intelligence sera-t-elle le vaisseau qui reflète dans l’eau unie la savante complexité de ses cordages ? Ou que ce discours est reconnu en sa capacité, même extrêmement modeste, d’exprimer quelque chose de Dieu. Notre auteur poursuit alors le deuxième terme de sa comparaison : « Ou laisserons-nous la pensée marquer ses formes dans le Mystère comme un jeu de vagues éclatantes qui sculptent leurs panaches en fuyant ? »
De même, si la raison ne peut plus rien savoir de Dieu, sa connaissance du juste et de l’injuste se retrouve alors entièrement suspendue à l’arbitraire de Dieu : rien ne permet de penser que Dieu Lui-même, si le choix de la vérité ou du mensonge relève de sa toute-puissance, gardera la même parole. L’assassinat, par exemple, n’est aujourd’hui un acte coupable que parce qu’il a été désigné comme tel par une loi positive de Dieu. Mais Dieu aurait pu tout aussi bien faire ou pourrait décider de faire demain un monde où l’assassinat eût été un acte vertueux.
On trouvera peut-être paradoxal de s’être référé au discours d’un pape assez peu suspect de thomisme et grand utilisateur de l’expression que nous critiquons, pour expliciter cette impossibilité d’admettre les contradictoires au rang des « possibles ». Nous reconnaissons volontiers ces paradoxes mais nous avons trouvé intéressant de les mentionner au passage même si nous n’en avons pas la clef.
Il faudrait citer ici bien d’autres auteurs qui, en amont de leur pensée, commencent, de diverses manières, par affranchir Dieu du principe de non-contradiction au motif qu’il se situe bien au-delà. Nous pensons, par exemple, à l’influence de certains auteurs gnostiques tels que René Guénon (il a apostasié la foi catholique pour devenir musulman). Ces auteurs considèrent les différentes grandes révélations comme des « exotérismes » – qui peuvent laisser l’impression de la contradiction entre elles aux non-initiés – mais ne sont en réalité que des avatars d’une religion plus profonde, ésotérique celle-là, dont le « Dieu », situé au-delà même de l’être, se rit de tout ce qui nous apparaît comme contradictoire et ne peut être connu que par de rares initiés.
Un seul Dieu et trois religions.
A l’aide de ces éclaircissements, nous sommes en mesure de répondre à la question de la possibilité qu’aurait eu Dieu de donner aux hommes différentes religions, trois par exemple. Si nous nous sommes bien expliqués, chacun comprendra en effet qu’il suffira de savoir si une telle hypothèse appartient ou non à l’ordre des possibles. Pourquoi Dieu n’aurait-Il pu en effet, selon son bon plaisir de Dieu, donner aux hommes plusieurs religions qui, toutes, auraient différemment conduit à Lui ? Différentes religions que sa sagesse aurait accommodées à la diversité des races, des civilisations, des âges, des tempéraments des peuples, à travers le monde et au cours des siècles ?
L’hypothèse est attrayante et elle est devenue très populaire. Pour l’admettre, il faudrait alors spécifier que ces religions devraient être seulement différentes, complémentaires, mais non pas contradictoires. Est-ce envisageable ? Le discours que Dieu tiendrait sur lui-même, supposé vrai dans chacune des religions, les différences entre elles ne pourraient alors provenir que de la plus ou moins grande extension ou profondeur des révélations, à l’exemple de celle de l’Ancien Testament qui ne se trouve justement être qu’une révélation partielle, incomplète au regard de la révélation évangélique qui en est la plénitude. L’Islam, à l’imitation, ne prétend se placer lui-même pas ailleurs que dans ce sillage lorsque, exprimant qu’il ne refuse pas les deux premières, il fournit la troisième et ultime révélation.
A considérer ces trois religions concrètement visées, il semble que notre formule, en explicitant qu’elles étaient toutes les trois monothéistes, a pris grand soin de noter leur accord sur ce point essentiel de la théologie naturelle comme pour justement prévenir l’objection évidente qui n’aurait pas manqué d’être donnée si elles n’avaient même pas pu s’accorder sur le nombre de dieux ! Dès lors, établies sur ce socle essentiel du monothéisme, qu’est-ce qui viendrait désormais empêcher la raison de penser que le Christianisme, l’Islam et le Judaïsme sont toutes les trois issues d’un Dieu qui aurait ainsi poussé la délicatesse à se faire tout à tous ?
A cette vision irénique, il existe cependant une difficulté de taille. C’est que ces trois religions, en dépit de leur commun monothéisme, se contredisent gravement. Et, pour se limiter à ce seul exemple, elles commencent d’abord et avant tout par s’opposer à propos de ce que Dieu dit de lui-même. Nous demeurons toujours sous l’éclairage de la seule raison, pour le moment privée des lumières de la Foi, mais nous projetons maintenant ce regard purement rationnel sur le contenu des révélations des « trois grandes religions monothéistes ». Nous parlons donc de leurs différentes croyances d’un point de vue volontairement extérieur à la Foi afin de parvenir à un jugement seulement rationnel. Cette démarche inhabituelle est cependant nécessaire pour pouvoir parvenir à un jugement qui sera recevable par la seule raison.
Pour deux d’entre ces religions, le dogme de la Trinité est un blasphème, un polythéisme qui ne reconnaît pas son nom. Pour ces deux mêmes, l’affirmation de l’Incarnation de Dieu et de la divinité de Jésus-Christ sont d’autres blasphèmes encore, indignes de la conception qu’elles se font de Dieu. En admettant même qu’il eût été possible d’admettre l’hypothèse de l’existence de plusieurs religions différentes, comment en revanche admettre de Dieu qu’Il aurait livré aux hommes, en différentes révélations successives, des assertions contradictoires concernant sa propre identité ?
La conséquence en est, pour la plus grande joie des rationalistes, que, si une portion des hommes croit ( ou croyait encore) au mystère de la Trinité comme à la prunelle de sa Foi, prête à verser son sang pour cette vérité parce qu’Il lui a révélée et qu’Il ne peut ni se tromper ni les tromper, les autres portions de l’humanité, avec une conviction qui semble toute égale, et pareillement au nom de ce que Dieu leur a révélé, combattent farouchement cette même croyance…
L’ambiguïté de cette formule consiste en réalité à n’exprimer que la commune croyance de ces trois religions en l’existence d’un Dieu unique, en laissant miroiter qu’une telle base suffit à fonder l’espoir qu’elles pourraient être toutes les trois de Dieu et à une possibilité d’entente entre elles. Mais elle passe entièrement sous silence, comme s’ils ne prêtaient pas à conséquence, les désaccords irréductibles qui opposent ces mêmes religions au sujet de ce que Dieu a dit de Lui-même. Cette expression fait la magnanime, celle qui parvient à se placer au-dessus des credo religieux et devient ainsi capable d’exhorter les religions à dépasser leurs différences, leurs contradictions internes étant considérées comme quantité négligeable.
Elle laisse accroire qu’il est déjà si satisfaisant que tant d’hommes s’accordent sur la vérité de l’unicité de Dieu que les querelles de révélations, pour tous les hommes sages, devraient vraiment être évacuées. On peut lui appliquer ce que le père Sertillanges a dit de l’agnosticisme : «…Malgré ses allures condescendantes et sa trompeuse largeur, il ne nous approvisionne que d’apparences soigneusement vidées, ne trompe un instant notre imagination que pour se réserver d’en sourire, et lance notre action en déclarant par avance qu’elle ne rime à rien. C’est la duperie proposée comme remède à notre impuissance. » C’est sans doute avec une semblable logique que l’on en arriverait à vouloir consoler des enfants qui ignoreraient l’identité de leurs parents en leur disant que c’est déjà bien assez pour eux d’avoir la certitude qu’ils en ont et exagéré de demander en plus qui ils sont.
Par ailleurs, cette expression dissimule également, sous sa sage apparence, une fourberie conjointe, pas moins fondamentale. Etant donné que ces trois religions se contredisent gravement, Dieu ne peut les avoir données toutes les trois sans avoir menti au moins deux fois, soit à une grande partie d’entre les hommes soit peut-être même à tous. Mais si Dieu se contredit, nous avons montré que Dieu n’est alors pas Dieu. Or, puisque Dieu est Dieu, Il ne se contredit pas, Il ne ment pas. Il ne peut donc être à l’origine d’au moins de deux de ces trois religions et peut-être des trois.
Dès lors, comment ne pas récuser l’usage d’une telle expression laissant accroire que Dieu pourrait être l’auteur de trois religions qui se contredisent, qu’il soit également vrai, en même temps et sous le même rapport que Dieu, en parlant de Lui-même, dise de Lui qu’Il est Trinité et qu’Il n’est pas Trinité, que ce dogme, en même temps et sous le même rapport, est un mystère infiniment digne de notre adoration et le plus exécrable de tous les blasphèmes ? En réalité, c’est Dieu Lui-même qui se trouve subtilement mais magistralement discrédité par cette formule : la raison seule suffit à le prouver.
Monothéisme ou « mono-idolâtrie ».
L’idolâtrie se définit par le culte rendu par les hommes à un « dieu » qui n’est pas le vrai Dieu. En notre esprit, nous associons naturellement l’idolâtrie au polythéisme car, historiquement, les deux se sont trouvés le plus souvent associés. Cependant, le culte voué à un « dieu » unique mais faux relève également de l’idolâtrie. Pour pouvoir en désigner cette espèce particulière, Monseigneur de Castro-Mayer a utilisé le mot de « mono-idolâtrie ».
Or nous venons de le constater : « les trois grandes religions monothéistes » se contredisent manifestement sur la question de l’identité de Dieu. Chacune prétend adorer le seul Dieu véritable et lui prête une identité qui est contradictoire de l’une à l’autre.
Il apparaît donc que, au moins deux d’entre elles, appellent du nom de « Dieu » quelqu’un qui ne l’est pas. Mais telle est précisément la définition de l’idolâtrie. Deux au moins de ces trois religions sont donc des religions idolâtres, plus exactement mono-idolâtres.
L’expression « les trois grandes religions monothéistes » s’avère donc être, pour la raison, une expression trompeuse, absurde et convoyeuse d’athéisme. Trompeuse en cela qu’elle laisse penser que le Christianisme, l’Islam et le Judaïsme pourraient être toutes les trois en même temps des religions données aux hommes par Dieu. Absurde parce qu’il est impossible que Dieu se trouve être à l’origine de religions qui se contredisent. Pourvoyeuse d’athéisme car elle discrédite Dieu d’une manière subtile mais impitoyable. On peut ici rapporter cette réaction pleine de saveur d’un journal de notre pays « La vérité française » après les premières tentatives de congrès des religions à la fin du XIXème siècle : « En présence de tant de religions, on croira plus facilement ou qu’elles sont toutes bonnes, ou qu’elles sont toutes indifférentes : en voyant tant de dieux, on se demandera si tous ne se valent point, ou s’il y en a un seul de vrai. Le Parisien gouailleur refera le mot de ce collectionneur sceptique, dont un ami maladroit venait de faire tomber une idole de l’étagère :’Ah ! Malheureux ! C’était peut-être le vrai Dieu !’ »
A suivre…
Lire la 3° et dernière partie de cette étude sur les « Trois grandes religions monothéistes »
Lire la troisième partie « La Foi au risque de cette expression »