Apostolat des Foyers Chrétiens
Pour devenir disciples du Christ, il suffit de croire dans son cœur en désirant la grâce du baptême. Mais pour être sauvé et mériter sa place parmi les élus, il faut encore faire profession publique de sa foi en cherchant à la répandre autour de soi. Tout baptisé reçoit donc une mission qu’il peut remplir de manière individuelle ou collective mais toujours adaptée à la situation concrète où il est établi. Ainsi pour les laïcs engagés dans les liens du mariage, le rôle d’apôtre comporte des objectifs propres à leur état et à leurs responsabilités.
A l’heure où s’accumulent les menaces et les idéologies contre la conception familiale chrétienne, l’Église compte d’abord sur les foyers pour être les modernes gardiens de l’amour chrétien. Le Sauveur l’a rétabli dans toute sa dignité et sa noblesse en lui rendant ses propriétés d’unité et d’indissolubilité. Ayant reçu le sacrement de mariage avec les remèdes et secours de la communion et de la confession, les époux vérifient l’efficacité de la grâce qui les rend capables de vivre selon un tel idéal .
Ainsi l’Église invite les époux fidèles à servir d’exemple dans la pratique de la loi évangélique non seulement pour les autres chrétiens plus faibles et moins convaincus mais aussi pour les non-chrétiens qui attendent de grands témoignages et de calmes certitudes pour commencer à avoir le goût de croire et l’envie de se convertir.
Une autre tâche est confiée à l’ensemble des foyers chrétiens : alimenter le monde de jeunes baptisés. À toute époque de son histoire, l’Église a réussi à entretenir son espérance et à assurer U son expansion grâce à la fécondité solide et durable des peuples chrétiens. Or, la croissance démographique actuelle donne de plus en plus l’avantage en nombre au monde des athées, païens qui garnissent majoritairement la planète d’êtres humains en attente d’un Sauveur. Ce phénomène rend d’autant plus nécessaire la croissance en quantité et en qualité du royaume de Dieu.
Ce n’est pas dans un esprit de rivalité ni de concurrence que l’Église encourage cette préoccupation à maintenir une juste proportion de catholiques dans le monde. Mais les moyens d’évangélisation doivent rester en rapport avec la volonté du Sauveur « d’enseigner toutes les Nations ». Pour réaliser un tel programme, l’Église s’appuie encore sur la générosité des foyers chrétiens qui sont appelés non seulement à se perpétuer en engendrant des rameaux féconds mais aussi à fournir à l’Église tous les dévouements et toutes les vocations indispensables. C’est pourquoi les sacrements de mariage et d’ordre sont inséparables et complémentaires : les amours des époux et les virginités consacrées sont normalement soeurs et compagnes sur les routes du salut.
On doit bien reconnaître aujourd’hui qu’à cause du malheur des temps et de la méchanceté des hommes, l’Église recule et le mal progresse même là où la foi chrétienne se montrait jusque là la plus visible et la plus féconde. Mais il ne manque pas de signes pour garder l’espérance. Mgr Lefebvre aimait à répéter qu’on trouve l’Église là où rayonne la grâce du Christ dans la fidélité aux commandements divins, et plus précisément dans ces foyers chrétiens où sont appliquées les règles du mariage. Encourageons toutes nos familles, fierté des communautés de la Tradition qui apportent cette garantie si réconfortante de puissance de la grâce et d’appartenance réelle à l’Église
Abbé Pierre-Marie Laurençon †
(1) Extrait de L’Acampado n° 33 de décembre 2008