« Présent » du 12 juillet 2007


« Présent » du 12 Juillet 2007 – Jean Madiran 

Depuis quatre jours je demeure dans l‘émerveillement de la bien­veillance pon­ti­fi­cale mani­fes­tée par le Motu pro­prio et la Lettre aux évêques. Emerveillement inex­pri­mable autre­ment que par l‘éternel Te Deum que nous avons chan­té dimanche au Barroux.

Avec la bien­veillance tout devient pos­sible et vivable, même les désac­cords. Avec la mal­veillance tout est fra­gi­li­sé, tout est conta­mi­né, même les accords éventuels.

C’est une res­pi­ra­tion de l‘âme. La mer­veilleuse bien­veillance du pape Benoît XVI se res­pire à cha­cune de ses phrases. A tra­vers les mots, qui ont aus­si leur valeur pré­cise, on se sent hap­pé par une ins­pi­ra­tion qui parle direc­te­ment au cœur, comme un sou­rire. Et pour les dis­traits qui seraient pas­sés à côté de cette bien­veillance mer­veilleuse, la voi­ci éclai­rée, mise en relief, rehaus­sée par le violent contraste que s’obstine à lui faire la mal­veillance épiscopale.

Bienveillance, mal­veillance, je ne parle évi­dem­ment pas du secret des consciences, que nous ne pou­vons connaître et encore moins juger. Je parle des signes exté­rieurs. La voca­tion et la fonc­tion des évêques les dis­posent à exer­cer visi­ble­ment une pater­nelle bien­veillance, mais sou­vent elle reste enfouie on ne sait où, et ce que l’on reçoit en pleine figure, ce sont des signes exté­rieurs non équi­voques de mépris, de mal­veillance, on dirait de haine, en tout cas de détes­ta­tion, et de morne incom­pré­hen­sion. Il en va de même pour la bien­veillance. Les paroles peuvent la dire, à tra­vers elles les actes le prouvent, ils sont des signes exté­rieurs plus ou moins consis­tants, et d’une den­si­té objec­tive effec­ti­ve­ment consta­table. Ces signes exté­rieurs ont une pré­sence, une por­tée spi­ri­tuelles. Pour être les cham­pions de la mal­veillance sys­té­ma­tique à l‘égard de la messe tra­di­tion­nelle et de ses fidèles, il y eut long­temps la quasi-​unanimité de l‘épiscopat fran­çais. Et même, fort expli­cite de 1970 à 1978, celle d’un pon­tife. C’est en 1978, on le com­prend mieux main­te­nant, que l’hostilité a subrep­ti­ce­ment com­men­cé à décroître. En cela 1978 est une date his­to­rique. Mais le 7 juillet 2007 l’est plus encore, car la bien­veillance retrou­vée s’est mani­fes­tée avec l‘éclat d’un miracle.

Depuis trente-​sept ans, toute une géné­ra­tion de catho­liques mili­tants, membres reli­gieux ou laïcs de l’Eglise mili­tante (une géné­ra­tion élar­gie de 7 à 97 ans), a subi sans céder, a ouver­te­ment contes­té l’interdiction arbi­traire de la messe tra­di­tion­nelle. Nous pen­sons à nos morts : le car­di­nal Ottaviani, le P. Calmel, l’abbé Raymond Dulac, Mgr Renato Pozzi, Mgr Lefebvre, le P. Guérard. Et par­mi les laïcs : Cristina Campo, Luce Quenette, Louis Salleron, Eric de Saventhem. La bien­veillance pon­ti­fi­cale est pour eux comme un souffle léger qui vient dou­ce­ment appor­ter la paix sur leurs tom­beaux. Où ils sont main­te­nant, ils n’en ont plus besoin. Mais c’est leur mémoire par­mi nous qui s’en trouve apai­sée et relevée.

Dans le rayon­ne­ment de la bien­veillance pon­ti­fi­cale, Jeanne Smits, Rémy Fontaine, Jacques Trémolet de Villers ont immé­dia­te­ment dit dans ce jour­nal, et bien dit, à quelles graves et joyeuses réflexions incitent les dis­po­si­tifs pré­cis du Motu pro­prio. Il en est d’autres encore. A demain.

JEAN MADIRAN

Article extrait du n° 6376 de Présent, du Jeudi 12 juillet 2007, p.1