La « conversion » insolite de Mgr Fernando Areas Rifan

De concession en concession…

Nombreux sont ceux qui ont cru à sa bonne foi et se sont lais­sé prendre au double lan­gage de ce per­son­nage qui, de sour­noises dérives en dérives assu­mées, en est arri­vé à concé­lé­brer dans le rite « ordi­naire » [1] sans aucun état d’âme.

Même l’ab­bé Paul Aulagnier, membre émi­nent de l’IBP, alors encore prêtre de la FSSPX, décla­rait en 2002 :

« ITEM est heu­reux de dif­fu­ser cette inter­view impor­tante de Mgr RIFAN à l’oc­ca­sion du deuxième anni­ver­saire de la fon­da­tion, par Rome, de l’Administration Apostolique Saint Jean Marie Vianney : le 18 jan­vier 2002, dans le dio­cèse de Campos au Brésil. Ces prêtres connaissent tou­jours le même rayon­ne­ment et même plus encore, comme l’ex­plique Mgr Rifan, depuis la nor­ma­li­sa­tion de leur situa­tion avec Rome. Contrairement à ce que cer­tains col­portent, les pères de Campos ne souffrent d’au­cune divi­sion interne. Ils s’a­donnent à leur apos­to­lat avec tou­jours la même pas­sion, la même fidé­li­té au dépôt de la foi, avec le même amour de l’Eglise, avec le même zèle des âmes, avec la même fidé­li­té à la messe dite de Saint Pie V. » [2]

En fait, ayant chan­gé de camp, Mgr Rifan n’a pas ces­sé d’ac­cu­mu­ler les preuves de la sin­cé­ri­té de son ral­lie­ment. Comme disait Abel Bonnard : « Un ral­lié n’est jamais assez ral­lié. » Autorité de Vatican II, légi­ti­mi­té de la nou­velle Messe, obli­ga­tion de se sou­mettre au » magis­tère vivant » des Papes libé­raux, condam­na­tion de Mgr Lefebvre : tout cela Mgr Rifan l’a approu­vé et le pro­clame toute honte bue. Il l’a fait avec une assu­rance sans faille et crois­sante. On aurait dit même qu’il y met­tait plus de zèle que la plu­part des progressistes.

Et pour­tant ses décla­ra­tions de ne jamais bi-​rutualiser résonnent encore à nos oreilles comme les trois renie­ments de saint Pierre :

« À l’occasion de la der­nière assem­blée géné­rale de l’épiscopat bré­si­lien, qui compte 414 évêques, je me suis pré­sen­té à tous, publi­que­ment, en expli­quant notre posi­tion. Beaucoup d’évêques m’ont féli­ci­té. Même si tous n’ont pas applau­di notre posi­tion, au moins ai-​je trou­vé des com­pré­hen­sions et des sym­pa­thies. Une semaine avant l’assemblée, qui dure dix jours, un évêque m’a télé­pho­né en me disant qu’il avait reçu l’ordre de l’évêque pré­sident de notre région apos­to­lique, pour me pré­pa­rer une cha­pelle pri­vée pour que je puisse dire ma messe, puisqu’il savait que je ne concé­lè­bre­rai pas. » [3]

Et que reste-​t-​il de ses posi­tions d’alors ? :

« Nous sommes pour la royau­té sociale du Christ-​Roi, nous sommes contre la liber­té reli­gieuse en tant que rela­ti­visme doc­tri­nal, laï­cisme de l’État, indif­fé­ren­tisme et syn­cré­tisme reli­gieux, éga­li­té de toutes les reli­gions devant la loi, en un mot contre la liber­té reli­gieuse condam­née par Grégoire XVI, Pie IX et Pie XII. Nous sommes contre l’œcuménisme de com­plé­men­ta­ri­té, ou d’irénisme et nous sommes pour le retour ou la conver­sion des sépa­rés. Nous sommes contre la démo­cra­ti­sa­tion de l’Église à tous les niveaux. » [4]

Ce n’est plus une conver­sion, c’est un exemple emblé­ma­tique de tra­hi­son du com­bat de la Tradition pour lequel il a été sacré.

Alors peut-​on dire que que ce revi­re­ment est inso­lite ? Oui, si l’on sait que « inso­li­tus » en latin signi­fie aus­si « inoui » !

La Porte Latine – Janvier 2014

Notes de bas de page
  1. Nous enten­dons par ordi­naire le rite très ordi­naire d’une messe bâtarde : « De cette union adul­tère ne peut venir que des bâtards. Et qui sont ces bâtards ? Ce sont nos rites. Le rite de la nou­velle messe est un rite bâtard. Les sacre­ments sont des sacre­ments bâtards. Nous ne savons plus si ce sont des sacre­ments qui donnent la grâce ou qui ne la donnent pas. Nous ne savons plus si cette messe nous donne le Corps et le Sang de Notre-​Seigneur Jésus-​Christ ou si elle ne les donne pas. Les prêtres qui sortent des sémi­naires ne savent plus eux-​mêmes ce qu’ils sont. C’est le car­di­nal de Cincinnati qui, à Rome, disait pour­quoi il n’y a plus de voca­tions, parce que l’Eglise ne sait plus ce qu’est un prêtre. Alors, com­ment peut-​elle encore for­mer des prêtres si elle ne sait plus ce qu’est un prêtre ? Les prêtres qui sortent des sémi­naires sont des prêtres bâtards. » Mgr Lefebvre, Sermon his­to­rique du 29 août 1976, à Lille.[]
  2. http://​la​.revue​.item​.free​.fr/​i​n​t​e​r​v​i​e​w​_​r​i​f​a​n​0​1​0​4​.​htm[]
  3. Ibidem[]
  4. Ibidem []