Lettre sur les vocations n° 14 – Captivés par Notre Seigneur et son sacrifice

Demandons au Saint-​Esprit de bien vou­loir encore davan­tage éclai­rer toute la socié­té chré­tienne, et les âmes des jeunes gar­çons en par­ti­cu­lier, sur les beau­tés du sacer­doce catho­lique. Quelle plus belle voca­tion que de pou­voir, en effet, emboî­ter le pas à Notre Seigneur Jésus-​Christ et quel plus bel élan que de répondre à son appel pour le suivre dans son ministère ?

En rai­son même de la dégra­da­tion des socié­tés, de l’hu­mi­lia­tion de l’Église qui en est venue à une sorte d’au­to­mu­ti­la­tion, de course au sui­cide, la néces­si­té de prêtres vrai­ment catho­liques est deve­nue extrême. N’y a‑t-​il pas, en face de cette pénu­rie, comme un motif plus par­ti­cu­lier que les âmes bien nées doivent recon­naître comme tel, de rejoindre cette poi­gnée d’hommes qui se battent en nombre insuf­fi­sant pour cette guerre des âmes ?

Voulue pour le sacer­doce catho­lique, pour qu’il conti­nue de répandre ses bien­faits sur la terre, la Fraternité Sacerdotale Saint- Pie X sait qu’il lui revient d’en mon­trer les traits véri­tables tant dans la pré­di­ca­tion que par l’exemple de ses membres.

Pour ce faire, elle com­mence par redire et par renou­ve­ler sur ses autels le sacri­fice de Notre Seigneur Jésus-​Christ. Elle ne peut mieux mani­fes­ter la gran­deur du sacer­doce qu’en appe­lant les prêtres les hommes de la messe, et la messe le coeur de toute la vie chré­tienne. Vivre de l’es­prit de l’Église, c’est appro­fon­dir ce grand mys­tère de foi qu’est la sainte messe, avoir pour lui une dévo­tion sans bornes, le pla­cer au centre de nos pen­sées et de toute notre vie intérieure.

Toute la sainte Écriture est orien­tée vers la croix de Notre Seigneur, vers la vic­time rédemp­trice et rayon­nante de gloire ; toute la vie de l’Église est tour­née vers l’au­tel du sacri­fice et, par consé­quent, sa prin­ci­pale sol­li­ci­tude ne peut être que la sain­te­té sacer­do­tale. La Fraternité Saint-​Pie X porte en elle cette convic­tion à un tel point qu’elle consacre tous ses efforts à la for­ma­tion de futurs prêtres. Cette pré­oc­cu­pa­tion est celle des prieu­rés, des écoles et sur­tout des séminaires.

Pour les sémi­na­ristes, la décou­verte tou­jours plus éten­due du grand mys­tère auquel ils sont des­ti­nés doit com­mu­ni­quer un carac­tère tout par­ti­cu­lier à leur vie : cap­ti­vés par Notre Seigneur et son sacri­fice, ils doivent par-​là même renon­cer au monde, à ses vani­tés, à ses futi­li­tés et mani­fes­ter ce déta­che­ment par leur vête­ment, leur atti­tude, l’a­mour du silence et de la retraite, même si l’a­pos­to­lat leur deman­de­ra plus tard d’al­ler aux âmes.

Le prêtre se trouve au coeur de cette œuvre divine de renais­sance des âmes, de leur divi­ni­sa­tion pour leur glo­ri­fi­ca­tion future , et devient par son ordi­na­tion un autre Christ. Un prêtre ne doit pas avoir en soi de vie humaine : il ne doit plus agir et se mou­voir en homme, mais l’es­prit de Jésus-​Christ doit être en lui tout mou­ve­ment et toute vie. Toutes ses pen­sées, ses aspi­ra­tions, ses actions doivent être ins­pi­rées de cet esprit de foi qui est d’a­bord un esprit de contem­pla­tion de Jésus cru­ci­fié et glo­ri­fié. La foi est la semence de la vision béa­ti­fique qui sera la bien­heu­reuse contem­pla­tion éternelle.

Si l’Église insiste sur la prière du prêtre, son bré­viaire, son orai­son quo­ti­dienne, c’est-​à-​dire tout ce qui fait que son âme est toute don­née à Jésus-​Christ, c’est pour réa­li­ser en lui les quatre fins de la prière : louange, action de grâces, demande et pro­pi­tia­tion. Contemplation, obéis­sance, humi­li­té sont les élé­ments d’une même réa­li­té : l’i­mi­ta­tion de Jésus-​Christ et la par­ti­ci­pa­tion à son amour infini.

Cette par­ti­ci­pa­tion à l’œuvre de la Rédemption est une réa­li­té si belle qu’elle dépasse nos pauvres intel­li­gences qui arrivent tout juste à sai­sir leur indi­gni­té au regard d’une telle voca­tion. Cette voca­tion est l’ap­pel à la sain­te­té que Dieu adresse à toute âme et sur­tout aux prêtres, car le prêtre est le ministre pri­vi­lé­gié et choi­si par Dieu pour se don­ner lui-​même aux hommes. De même que Notre Seigneur a souf­fert et est mort en s’of­frant à son Père pour l’ex­pia­tion de nos péchés et pour nous rache­ter de l’es­cla­vage de l’en­fer, ain­si le prêtre - alter Christus – se trouve au cœur de sa voca­tion lors­qu’il com­prend que chaque ins­tant de son exis­tence lui per­met à son tour de se don­ner à Dieu et aux âmes, de se livrer au bon plai­sir de la Sainte Trinité pour leur salut :

« Et je vis, non ce n’est plus moi, mais c’est le Christ qui vit en moi, et si je vis mainte nant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et s’est livré lui-​même pour moi » (Ga 2, 20).

Puisque les coups de bou­toir de la socié­té moderne se sont prin­ci­pa­le­ment achar­nés sur la messe et le sacer­doce, toutes les âmes doivent avoir à cœur de recons­truire par là une socié­té pro­fon­dé­ment chré­tienne. Et nous vous remer­cions, chers Croisés, de per­sé­vé­rer dans cette croi­sade si belle de la prière en laquelle vous avez choi­si de vous engager.

Abbé Régis DE CACQUERAY † 
Supérieur du District de France

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