Lettre sur les vocations n° 15 de juillet 2007

Le bon Dieu aurait très bien pu déci­der de tout faire « tout seul » pour assu­rer notre salut et notre sanctification

Par recon­nais­sance à l’é­gard de tous ceux qui s’as­so­cient à notre Croisade pour les Vocations et pour les encou­ra­ger à y per­sé­vé­rer, en ren­for­çant même leurs prières, il est utile de dire le pou­voir de celles-​ci dans l’Économie de la Rédemption, au fur et à mesure qu’elles deviennent plus ferventes.

La Volonté infi­nie que le bon Dieu a de notre salut se mesure au Sacrifice offert par Son divin Fils sur la Croix, au don qu’Il a fait de Son Sang pour notre régé­né­ra­tion spi­ri­tuelle et à la Soif de nos âmes expri­mée par l’une des sept paroles pro­non­cées pen­dant le temps de sa cru­ci­fixion. Elle se révèle encore par le tré­sor de ses sacre­ments, et tout spé­cia­le­ment celui de la sainte Messe, légué à Son Église pour que ses grâces soient dis­tri­buées à toutes les âmes jus­qu’à la consom­ma­tion des siècles.

Le bon Dieu aurait très bien pu déci­der de tout faire « tout seul » pour assu­rer notre salut et notre sanc­ti­fi­ca­tion. Il n’a­vait pas besoin de l’aide de Simon de Cyrène pour por­ter sa Croix, de celle de ses Apôtres ou de celle de tous les prêtres de tous les temps. Il est Dieu et sa toute-​puissance lui per­met d’a­gir par lui-​même, comme Il le veut.

Mais saint Thomas d’Aquin nous explique pour­quoi Dieu a vou­lu une hié­rar­chie par­mi ses créa­tures en ver­tu de laquelle les plus éle­vées d’entre elles doivent conduire les autres :

« Afin de mani­fes­ter dans ses ouvres non seule­ment les per­fec­tions de son essence, mais celles de son action sur les créa­tures, Dieu a impo­sé à tout être cette loi de nature : les êtres infé­rieurs seront conduits et pous­sés à leur per­fec­tion par des êtres inter­mé­diaires ; ceux-​ci à leur tour par des êtres supé­rieurs. Pour que cette har­mo­nie ne man­quât pas à l’Eglise, il éta­blit un ordre en elle : cer­tains dis­pen­se­raient les sacre­ments aux autres, en cela imi­tant Dieu à leur manière, col­la­bo­rant en quelque sorte avec Dieu : ain­si dans le corps vivant cer­tains organes communiquent-​ils la vie aux autres. »

La plus noble de toutes les mis­sions est celle qu’Il a pré­ci­sé­ment confiée à ses prêtres puisqu’Il en a fait les pas­teurs de son trou­peau et qu’Il les a char­gés de mener les âmes à tra­vers les inclé­mences de la vie, vers les joies éter­nelles. C’est ain­si que la pré­sence d’un prêtre ne cesse d’ac­com­pa­gner l’exis­tence chré­tienne, depuis l’eau qu’il verse sur le front du petit bébé jus­qu’aux prières encore mur­mu­rées à l’o­reille du mourant.

Mais le bon Dieu, qui a vou­lu s’as­so­cier étroi­te­ment des hommes – les prêtres – pour le salut des âmes, a éga­le­ment dési­ré que l’en­voi de pas­teurs nom­breux et zélés pour son trou­peau dépende de la prière de tous : que nous lui deman­dions donc, nous qui sommes concer­nés au pre­mier chef par la sur­vie de cette pré­sence sacer­do­tale, de nous don­ner des prêtres :

« La mois­son est abon­dante, mais les ouvriers sont rares ; priez donc le Maître de la mois­son pour qu’il y envoie des moissonneurs. »

Il en résulte qu’une prière mon­tant des cours vers le bon Dieu pour obte­nir des voca­tions contri­bue effi­ca­ce­ment à les obte­nir de Lui. D’autant plus que cette demande est tout par­ti­cu­liè­re­ment aimée à Dieu, comme le remarque le pape Pie XI :

« Quelle prière pour­rait être plus agréable au Cour sacré du Rédempteur ? Quelle prière peut espé­rer d’être exau­cée plus vite et plus plei­ne­ment que celle-​là, si conforme aux ardents dési­rs de ce Cour divin ? Demandez donc et l’on vous don­ne­ra ; deman­dez de bons et saints prêtres, le Seigneur ne les refu­se­ra pas à son Eglise : il lui en a tou­jours don­né au cours des siècles, aux époques même qui sem­blaient moins pro­pices à l’é­clo­sion de voca­tions sacer­do­tales ; bien plus, il les don­nait alors en plus grande abondance. »

La cer­ti­tude que l’en­voi de voca­tions saintes et nom­breuses dépend si inti­me­ment de la demande que l’on en fait doit nous don­ner un zèle infa­ti­gable à répé­ter nos prières, à les recom­men­cer avec une géné­ro­si­té tou­jours nouvelle.

Mais ne nous conten­tons pas de for­mules hâtives, mur­mu­rées trop sou­vent avec les lèvres plus qu’a­vec le cour. Le caté­chisme du concile de Trente, dans la recen­sion qu’il donne des rai­sons pour les­quelles Dieu ne nous exauce pas tou­jours, four­nit en effet celle-ci :

« D’autres fois aus­si notre prière est si tiède et si non­cha­lante que nous ne pen­sons même pas à ce que nous disons. Cependant la prière est l’é­lé­va­tion de notre âme vers Dieu. Mais, si en priant, l’es­prit qui ne devrait s’oc­cu­per que de Dieu, s’é­gare sur toutes sortes d’ob­jets, et si l’on débite sans atten­tion, sans pié­té, presque au hasard les for­mules qu’on récite, com­ment don­ner le nom de prière chré­tienne à ce vain bruit de paroles ? Est-​il éton­nant alors que Dieu se montre insen­sible à nos dési­rs, puisque par notre négli­gence et notre indif­fé­rence même, nous sem­blons prou­ver que nous ne tenons pas du tout à ce que nous demandons. »

Chacun d’entre nous peut cer­tai­ne­ment s’hu­mi­lier à la lec­ture de ces lignes. Mais qu’il y trouve sur­tout un puis­sant trem­plin pour s’a­don­ner désor­mais à une prière plus pro­fonde et plus ardente, dont l’ef­fi­ca­ci­té, n’en dou­tons pas, repeu­ple­ra notre France et le monde entier d’une race sacer­do­tale selon le Cour de Dieu. Nous nous retrou­vons donc bien tous, dès main­te­nant, dans une union de prières beau­coup plus étroite pour ne plus ces­ser de frap­per à la porte du Cour Douloureux et Immaculé de notre Mère et à celle de notre Dieu afin d’ob­te­nir ces nou­velles vocations.

En avant !

Abbé Régis DE CACQUERAY †
Supérieur du District de France

Source : Lettre sur les voca­tions n° 15 au for­mat pdf

Capucin de Morgon

Le Père Joseph fut ancien­ne­ment l’ab­bé Régis de Cacqueray-​Valménier, FSSPX. Il a été ordon­né dans la FSSPX en 1992 et a exer­cé la charge de Supérieur du District de France durant deux fois six années de 2002 à 2014. Il quitte son poste avec l’ac­cord de ses supé­rieurs le 15 août 2014 pour prendre le che­min du cloître au Couvent Saint François de Morgon.