Le bon Dieu aurait très bien pu décider de tout faire « tout seul » pour assurer notre salut et notre sanctification
Par reconnaissance à l’égard de tous ceux qui s’associent à notre Croisade pour les Vocations et pour les encourager à y persévérer, en renforçant même leurs prières, il est utile de dire le pouvoir de celles-ci dans l’Économie de la Rédemption, au fur et à mesure qu’elles deviennent plus ferventes.
La Volonté infinie que le bon Dieu a de notre salut se mesure au Sacrifice offert par Son divin Fils sur la Croix, au don qu’Il a fait de Son Sang pour notre régénération spirituelle et à la Soif de nos âmes exprimée par l’une des sept paroles prononcées pendant le temps de sa crucifixion. Elle se révèle encore par le trésor de ses sacrements, et tout spécialement celui de la sainte Messe, légué à Son Église pour que ses grâces soient distribuées à toutes les âmes jusqu’à la consommation des siècles.
Le bon Dieu aurait très bien pu décider de tout faire « tout seul » pour assurer notre salut et notre sanctification. Il n’avait pas besoin de l’aide de Simon de Cyrène pour porter sa Croix, de celle de ses Apôtres ou de celle de tous les prêtres de tous les temps. Il est Dieu et sa toute-puissance lui permet d’agir par lui-même, comme Il le veut.
Mais saint Thomas d’Aquin nous explique pourquoi Dieu a voulu une hiérarchie parmi ses créatures en vertu de laquelle les plus élevées d’entre elles doivent conduire les autres :
« Afin de manifester dans ses ouvres non seulement les perfections de son essence, mais celles de son action sur les créatures, Dieu a imposé à tout être cette loi de nature : les êtres inférieurs seront conduits et poussés à leur perfection par des êtres intermédiaires ; ceux-ci à leur tour par des êtres supérieurs. Pour que cette harmonie ne manquât pas à l’Eglise, il établit un ordre en elle : certains dispenseraient les sacrements aux autres, en cela imitant Dieu à leur manière, collaborant en quelque sorte avec Dieu : ainsi dans le corps vivant certains organes communiquent-ils la vie aux autres. »
La plus noble de toutes les missions est celle qu’Il a précisément confiée à ses prêtres puisqu’Il en a fait les pasteurs de son troupeau et qu’Il les a chargés de mener les âmes à travers les inclémences de la vie, vers les joies éternelles. C’est ainsi que la présence d’un prêtre ne cesse d’accompagner l’existence chrétienne, depuis l’eau qu’il verse sur le front du petit bébé jusqu’aux prières encore murmurées à l’oreille du mourant.
Mais le bon Dieu, qui a voulu s’associer étroitement des hommes – les prêtres – pour le salut des âmes, a également désiré que l’envoi de pasteurs nombreux et zélés pour son troupeau dépende de la prière de tous : que nous lui demandions donc, nous qui sommes concernés au premier chef par la survie de cette présence sacerdotale, de nous donner des prêtres :
« La moisson est abondante, mais les ouvriers sont rares ; priez donc le Maître de la moisson pour qu’il y envoie des moissonneurs. »
Il en résulte qu’une prière montant des cours vers le bon Dieu pour obtenir des vocations contribue efficacement à les obtenir de Lui. D’autant plus que cette demande est tout particulièrement aimée à Dieu, comme le remarque le pape Pie XI :
« Quelle prière pourrait être plus agréable au Cour sacré du Rédempteur ? Quelle prière peut espérer d’être exaucée plus vite et plus pleinement que celle-là, si conforme aux ardents désirs de ce Cour divin ? Demandez donc et l’on vous donnera ; demandez de bons et saints prêtres, le Seigneur ne les refusera pas à son Eglise : il lui en a toujours donné au cours des siècles, aux époques même qui semblaient moins propices à l’éclosion de vocations sacerdotales ; bien plus, il les donnait alors en plus grande abondance. »
La certitude que l’envoi de vocations saintes et nombreuses dépend si intimement de la demande que l’on en fait doit nous donner un zèle infatigable à répéter nos prières, à les recommencer avec une générosité toujours nouvelle.
Mais ne nous contentons pas de formules hâtives, murmurées trop souvent avec les lèvres plus qu’avec le cour. Le catéchisme du concile de Trente, dans la recension qu’il donne des raisons pour lesquelles Dieu ne nous exauce pas toujours, fournit en effet celle-ci :
« D’autres fois aussi notre prière est si tiède et si nonchalante que nous ne pensons même pas à ce que nous disons. Cependant la prière est l’élévation de notre âme vers Dieu. Mais, si en priant, l’esprit qui ne devrait s’occuper que de Dieu, s’égare sur toutes sortes d’objets, et si l’on débite sans attention, sans piété, presque au hasard les formules qu’on récite, comment donner le nom de prière chrétienne à ce vain bruit de paroles ? Est-il étonnant alors que Dieu se montre insensible à nos désirs, puisque par notre négligence et notre indifférence même, nous semblons prouver que nous ne tenons pas du tout à ce que nous demandons. »
Chacun d’entre nous peut certainement s’humilier à la lecture de ces lignes. Mais qu’il y trouve surtout un puissant tremplin pour s’adonner désormais à une prière plus profonde et plus ardente, dont l’efficacité, n’en doutons pas, repeuplera notre France et le monde entier d’une race sacerdotale selon le Cour de Dieu. Nous nous retrouvons donc bien tous, dès maintenant, dans une union de prières beaucoup plus étroite pour ne plus cesser de frapper à la porte du Cour Douloureux et Immaculé de notre Mère et à celle de notre Dieu afin d’obtenir ces nouvelles vocations.
En avant !
Abbé Régis DE CACQUERAY †
Supérieur du District de France