Demandons au Saint-Esprit de bien vouloir encore davantage éclairer toute la société chrétienne, et les âmes des jeunes garçons en particulier, sur les beautés du sacerdoce catholique. Quelle plus belle vocation que de pouvoir, en effet, emboîter le pas à Notre-Seigneur Jésus-Christ et quel plus bel élan que de répondre à son appel pour Le suivre dans son ministère ?
En raison même de la dégradation des sociétés, de l’humiliation de l’Eglise qui en est venue à une sorte d’automutilation, de course au suicide, la nécessité de prêtres vraiment catholiques est devenue extrême. N’y a‑t-il pas, en face de cette pénurie, comme un motif plus particulier que les âmes bien nées doivent reconnaître comme tel, de rejoindre cette poignée d’hommes qui se battent en nombre insuffisant pour cette guerre des âmes ?
Voulue pour le sacerdoce catholique, pour qu’il continue de répandre ses bienfaits sur la terre, la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X sait qu’il lui revient d’en montrer les traits véritables tant dans la prédication que par l’exemple de ses membres.
Pour ce faire, elle commence par redire et par renouveler sur ses autels le Sacrifice de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Elle ne peut mieux manifester la grandeur du sacerdoce qu’en appelant les prêtres les hommes de la messe, et la messe le cour de toute la vie chrétienne. Vivre de l’esprit de l’Eglise, c’est approfondir ce grand mystère de Foi qu’est la sainte messe, avoir pour lui une dévotion sans bornes, le placer au centre de nos pensées et de toute notre vie intérieure.
Toute la sainte Ecriture est orientée vers la croix de Notre Seigneur, vers la victime rédemptrice et rayonnante de gloire ; toute la vie de l’Eglise est tournée vers l’Autel du sacrifice et, par conséquent, sa principale sollicitude ne peut être que la sainteté sacerdotale. La Fraternité Saint-Pie X porte en elle cette conviction à un tel point qu’elle consacre tous ses efforts à la formation de futurs prêtres . Cette préoccupation est celle des prieurés, des écoles et surtout des séminaires.
Pour les séminaristes, la découverte toujours plus étendue du grand mystère auquel ils sont destinés doit communiquer un caractère tout particulier à leur vie : captivés par Notre Seigneur et Son sacrifice, ils doivent par là-même renoncer au monde, à ses vanités, à ses futilités et manifester ce détachement par leur vêtement, leur attitude, l’amour du silence et de la retraite, même si l’apostolat leur demandera plus tard d’aller aux âmes.
Le prêtre se trouve au cour de cette ouvre divine de renaissance des âmes, de leur divinisation pour leur glorification future, et devient par son ordination un autre Christ. Un prêtre ne doit pas avoir en soi de vie humaine : il ne doit plus agir et se mouvoir en homme, mais l’esprit de Jésus-Christ doit être en lui tout mouvement et toute vie. Toutes ses pensées, ses aspirations, ses actions doivent être inspirées de cet esprit de Foi qui est d’abord un esprit de contemplation de Jésus crucifié et glorifié. La Foi est la semence de la vision béatifique qui sera la bienheureuse contemplation éternelle.
Si l’Eglise insiste sur la prière du prêtre, son bréviaire, son oraison quotidienne, c’est-à-dire tout ce qui fait que son âme est toute donnée à Jésus-Christ, c’est pour réaliser en lui les quatre fins de la prière : louange, action de grâces, demande et propitiation. Contemplation, obéissance, humilité sont les éléments d’une même réalité : l’imitation de Jésus-Christ et la participation à son amour infini.
Cette participation à l’ouvre de la Rédemption est une réalité si belle qu’elle dépasse nos pauvres intelligences qui arrivent tout juste à saisir leur indignité au regard d’une telle vocation. Cette vocation est l’appel à la sainteté que Dieu adresse à toute âme et surtout aux prêtres, car le prêtre est le ministre privilégié et choisi par Dieu pour se donner Lui-même aux hommes. De même que Notre Seigneur a souffert et est mort en s’offrant à Son Père pour l’expiation de nos péchés et pour nous racheter de l’esclavage de l’enfer, ainsi le prêtre -alter Christus- se trouve au cour de sa vocation lorsqu’il comprend que chaque instant de son existence lui permet à son tour de se donner à Dieu et aux âmes, de se livrer au bon plaisir de la Sainte Trinité pour leur salut :
« Et je vis, non ce n’est plus moi, mais c’est le Christ qui vit en moi, et si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la Foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et s’est livré Lui-même pour moi » (Gal. II, 20).
Puisque les coups de boutoir de la société moderne se sont principalement acharnés sur la messe et le sacerdoce, toutes les âmes doivent avoir à cour de reconstruire par là une société profondément chrétienne. Et nous vous remercions, chers Croisés, de persévérer dans cette croisade si belle de la prière en laquelle vous avez choisi de vous engager.
Abbé Régis de CACQUERAY †
Supérieur du district de France
(Editorial de La Lettre sur les Vocations n° 14 – Juillet 2006)