« Rien ne serait plus contraire à notre sainte religion que de baisser les bras
d’un air résigné comme si cette catastrophe nous trouvait impuissants. »
En reprenant la plume au début de cette lettre annuelle, je désire d’abord vous exprimer ma profonde gratitude pour votre fidélité et votre attachement à cette œuvre toute surnaturelle de la croisade des vocations. Nous sommes vraiment persuadés que la constance de vos prières quotidiennes à cette intention contribue d’une manière décisive au courage de bien des jeunes gens pour répondre à l’appel de Dieu, ou à leur force pour persévérer dans cette voie.
Cette certitude nous amène à la conviction que l’augmentation du nombre des croisés, jointe au redoublement de leur ferveur et de leurs sacrifices, signifiera l’accroissement de la quantité comme de la qualité des vocations attirées par les maisons de formation sacerdotale ou religieuse.
Puissiez-vous donc, à la générosité de vos prières, ajouter cette autre de vouloir, sans manquer une seule occasion pour cela, être les avocats et les missionnaires d’une telle œuvre. Il n’est point utile, dans ce but, de rechercher des formules savantes. Parlez avec votre foi ; évoquez la douleur de votre cœur en face de la situation où se trouve réduite l’Eglise. Faites constater l’apostasie et la dégénérescence de la France.
Rien ne serait plus contraire à notre sainte religion que de baisser les bras d’un air résigné comme si cette catastrophe nous trouvait impuissants. Certes, il n’en est pas ainsi ! Une telle attitude méconnaîtrait les grandes promesses de Notre-Seigneur concernant l’efficacité et l’infaillibilité de la prière, fondements de la confiance chrétienne. Dieu n’est-Il pas encore infiniment plus sensible à nos demandes angoissées que ne le serait une mère en présence de son enfant gémissant de faim ou de soif ?
En réalité, il nous faut à tous reconnaître le caractère hésitant de notre Foi. Nous prions mais nous prions peu, nous prions mal, nous prions comme des gens peu sûrs d’être entendus de Dieu ou sans vraiment croire que nous allons être exaucés. Le doute est là qui stérilise partiellement nos demandes. Supplions Dieu de nous en défaire pour Lui rendre celles-ci toujours plus agréables. La prière est toute-puissante sur le cœur de Dieu mais il faut prier sans hésitation d’âme.
Bien qu’il s’agisse de deux croisades différentes, je ne puis m’empêcher de penser également à la croisade du rosaire qui s’est si bien développée elle aussi. Hors la messe et le bréviaire, quelle prière recommander davantage que celle-là, révélée par Notre-Dame à Saint Dominique ? Où trouver davantage que dans le Rosaire la savoureuse méditation de la vie de notre Sauveur, récapitulée par sa Mère en quinze scènes ? Comment mieux nous approprier ces trésors que par la récitation des mystères, qui nous permettent de revivre en nous-mêmes la divine existence de Jésus sur la terre ?
En ce cent cinquantième anniversaire des apparitions de Lourdes, nous croyons bien qu’au bout de notre dévotion mariale et de nos rosaires se trouvent ces vocations saintes et nombreuse dont nous avons tant besoin pour le salut des âmes. Puisse, mes chers amis, votre générosité s’accroître encore dans la prière et les sacrifices !
Je vous en remercie de tout cœur au nom de cette grande œuvre de résistance à l’apostasie et pour la transmission de la foi que mènent la Fraternité et les communautés qui lui sont liées.
Abbé Régis DE CACQUERAY †
Supérieur du District de France