Pie VIII

253ᵉ Pape ; de 1829 à 1830

24 mai 1829

Lettre encyclique Traditi humilitati nostrae

Sur les sociétés secrètes

Donné à Rome à Saint-​Pierre le 24 mai 1829,
la pre­mière année de notre pontificat.

À nos véné­rables Frères les Patriarches, Primats, Archevêques et Évêques.
Vénérables Frères, Salut et Bénédiction Apostolique.

Au moment de prendre pos­ses­sion dans la basi­lique de Latran, sui­vant l’u­sage de nos pré­dé­ces­seurs, du pon­ti­fi­cat confié à notre fai­blesse, nous vous ouvrons avec joie notre cœur, véné­rables Frères, qui nous avez été don­nés pour auxi­liaires dans une si haute charge par celui qui dis­pose des emplois comme des évé­ne­ments. Ce n’est pas seule­ment pour nous une satis­fac­tion et un plai­sir de vous décla­rer nos inten­tions et nos sen­ti­ments pour vous, mais il est très impor­tant pour la reli­gion que nous nous entre­te­nions ensemble pour recher­cher les choses qui lui sont et doivent lui être les plus utiles.

En effet, c’est pour nous un devoir que le divin fon­da­teur de l’Église nous a impo­sé dans la per­sonne de Saint Pierre, de paître, de diri­ger et de gou­ver­ner non seule­ment les agneaux, c’est-​à-​dire le peuple chré­tien, mais aus­si les bre­bis, c’est-​à-​dire les pas­teurs eux-mêmes.

Certes nous nous réjouis­sons, et nous bénis­sons le prince des pas­teurs qui a confié la garde de son trou­peau à des chefs qui n’ont d’autre soin et d’autre pen­sée que de conduire dans les voies de la jus­tice tous ceux qu’ils ont reçus de la main de leur père, et qui en éloignent avec sol­li­ci­tude tous les dan­gers pour n’en perdre aucun : car nous connais­sons par­fai­te­ment, véné­rables frères, votre foi inébran­lable, votre zèle constant pour la reli­gion, l’ad­mi­rable sain­te­té de votre vie, et votre rare sagesse. Aussi nous atten­dons avec confiance tous les avan­tages que doit pro­cu­rer à l’Église, à notre Saint-​Siège et à nous-​mêmes un tel concours d’ou­vriers que rien ne sau­rait confondre. Cet espoir nous for­ti­fie contre la crainte que nous ins­pire le poids de notre charge ; il nous sou­tient et nous relève au milieu des sol­li­ci­tudes amères dont nous sommes acca­blés : aus­si nous nous dis­pen­sons volon­tiers de vous adres­ser de longs avis pour vous rap­pe­ler ce que vous devez tou­jours avoir sous les yeux pour admi­nis­trer conve­na­ble­ment les choses saintes et suivre les canons. Pourquoi voudrions-​nous exci­ter votre zèle, alors que de vous-​mêmes vous tra­vaillez avec tant d’ar­deur ? Nous ne vous dirons pas non plus que per­sonne ne doit se sépa­rer de son trou­peau ni le négli­ger, et avec quelle atten­tion, quelle cir­cons­pec­tion vous devez choi­sir les ministres des autels. Nous aimons mieux adres­ser des vœux au Dieu sau­veur pour qu’il vous sou­tienne par sa pro­tec­tion toute puis­sante, et qu’il fasse pros­pé­rer vos actions et vos efforts.

Cependant, bien que cet aspect de votre ver­tu soit une conso­la­tion que Dieu nous donne, véné­rables Frères, il faut que la tris­tesse nous accable encore, nous qui au sein de la paix sen­tons l’a­mère dou­leur qui nous vient des enfants du siècle. Nous vous par­lons de choses qui sont connues, qui sont mani­festes, que nous déplo­rons tous ensemble, et qu’il faut par consé­quent atta­quer d’un com­mun effort pour les réfor­mer et les détruire ; nous vous par­lons de ces erreurs innom­brables, de ces doc­trines per­verses à l’aide des­quelles on attaque la foi catho­lique, non plus en secret et avec dégui­se­ment, mais publi­que­ment et avec vio­lence. Vous connais­sez la ligue cri­mi­nelle de ces hommes qui font la guerre à la reli­gion au nom d’une phi­lo­so­phie dont ils se pro­clament les doc­teurs, et à l’aide de vaines impos­tures appro­priées aux maximes du monde ; c’est sur­tout contre le siège du bien­heu­reux Pierre, dans lequel Jésus-​Christ a éta­bli la force de son Église, qu’ils dirigent leurs coups ; et par suite les liens de l’u­ni­té se relâchent de jour en jour : l’au­to­ri­té de l’Église est mécon­nue ; les ministres des choses saintes sont un objet de haine et de mépris ; les pré­ceptes les plus sacrés sont vio­lés ; les pra­tiques saintes sont un sujet de moque­rie ; et le pécheur ayant en exé­cra­tion le culte du vrai Dieu, tous les ensei­gne­ments de la reli­gion sont assi­mi­lés à de vieilles fables et à de vaines superstitions.

Hélas ! il n’est que trop vrai, et nous ne pou­vons le dire sans ver­ser des larmes : « Les lions ont rugi contre Israël. Oui, ils se sont réunis contre le Seigneur et contre son Christ, et les impies se sont écriés : Détruisez-​la, détruisez-​la jus­qu’aux fon­de­ments. »

Voilà où tend cette hor­rible conspi­ra­tion des sophistes de ce siècle, qui n’ad­mettent point de dif­fé­rence entre les diverses pro­fes­sions de foi ; pensent que chaque reli­gion offre à tous un port de salut, et flé­trissent d’une tache de légè­re­té et de folie ceux qui abju­rant la reli­gion dans laquelle ils ont été éle­vés en embrassent une autre, fût-​ce même la reli­gion catho­lique. Prodige hor­rible d’im­pié­té, qui confond dans les mêmes hom­mages la véri­té et l’er­reur, la ver­tu et le vice, l’hon­neur et l’in­fa­mie ! Les seules lumières de la rai­son suf­fisent pour ren­ver­ser ce sys­tème mor­tel d’in­dif­fé­rence en matière de reli­gion, et nous aver­tissent que si deux reli­gions dif­fèrent, et que l’une soit vraie, l’autre est néces­sai­re­ment fausse, et qu’il ne peut exis­ter aucun accord entre les ténèbres et la lumière.

Ayez soin, véné­rables Frères, de vous oppo­ser à ces faux doc­teurs, et ensei­gnez aux peuples que la foi catho­lique est la seule véri­table, qu’ain­si que le dit l’Apôtre, Il n’y a qu’un Seigneur, qu’une foi, qu’un bap­tême : que l’on est pro­fane, sui­vant la parole de Saint Jérôme, si l’on mange l’a­gneau hors de cette mai­son, et que qui­conque n’en­tre­ra pas dans l’arche de Noé péri­ra dans le déluge ; car excep­té le nom de JÉSUS « il n’est point de nom accor­dé aux hommes par lequel nous puis­sions être sau­vés. Celui qui aura cru sera sau­vé ; celui qui n’au­ra pas cru sera condamné.

Il faut aus­si veiller sur ces socié­tés qui, au mépris des règles les plus salu­taires de l’Église, font des tra­duc­tions nou­velles de la Bible, où, d’après le sens pri­vé, le sens véri­table est habi­le­ment alté­ré, impriment ces tra­duc­tions dans toutes les langues vul­gaires, les répandent de toutes parts avec une incroyable pro­di­ga­li­té ; les don­nant gra­tui­te­ment aux plus igno­rants, et sou­vent même y joi­gnant de mau­vais petits livres, afin qu’ils sucent un poi­son mor­tel là où ils pensent pui­ser les eaux salu­taires de la sagesse. Depuis long­temps le siège apos­to­lique a vou­lu que le peuple chré­tien fût pré­ve­nu contre ce ter­rible écueil de la foi, et a frap­pé de ses ana­thèmes les auteurs de ce grand mal. Aussi après les règles publiées par ordre du concile de Trente et par la congré­ga­tion de l’Index, il fut encore rap­pe­lé à tous les fidèles que les tra­duc­tions de la Bible, en langue vul­gaire ne doivent pas être per­mises, si elles ne sont approu­vées du Siège apos­to­lique, et impri­mées avec des notes extraites des saints pères de l’Église. C’est dans ce but que le saint concile de Trente avait décré­té pour com­pri­mer les esprits har­dis, que per­sonne dans les matières de foi ou de mœurs qui se rat­tachent à la doc­trine chré­tienne, ne s’ap­puie sur sa propre sagesse, et ne détourne à son sens l’Écriture Sainte, ou ne l’in­ter­prète contre le sens consa­cré par notre sainte mère l’Église, ou contre le sen­ti­ment una­nime des Pères.

Quoiqu’il soit bien évident, d’a­près ces règles cano­niques, que ces entre­prises contre la foi catho­lique étaient réprou­vées depuis long­temps, cepen­dant nos der­niers pré­dé­ces­seurs d’heu­reuse mémoire dans leur sol­li­ci­tude pour le bien du peuple chré­tien, eurent un soin tout par­ti­cu­lier de com­pri­mer par des lettres apos­to­liques les cri­mi­nelles ten­ta­tives de ce genre qui se renou­ve­laient de toutes parts. Efforcez-​vous, véné­rables Frères, de sou­te­nir avec les mêmes armes la cause du Seigneur, dans un si grand dan­ger des saintes doc­trines, de peur que ce poi­son ne se répande dans votre trou­peau, et ne fasse sur­tout périr les simples.

Après avoir ain­si pré­ser­vé des alté­ra­tions les saintes Écritures vous devez encore, véné­rables Frères, tour­ner vos soins contre ces socié­tés secrètes d’hommes fac­tieux qui, dans la haine qu’ils portent à Dieu et aux princes, tra­vaillent avec ardeur à la des­truc­tion de l’Église, à la ruine des états et au bou­le­ver­se­ment de l’u­ni­vers, et brisent le frein de la foi pour ouvrir le che­min à tous les crimes. Les pré­cau­tions qu’ils prennent de cacher sous la foi d’un ser­ment téné­breux leurs assem­blées per­verses et les pro­jets qu’elles voient éclore, les font for­te­ment soup­çon­ner de ces crimes qui dans les temps mal­heu­reux sem­blaient, pour la déso­la­tion de l’Église et des états, sor­tir du puits de l’a­bîme. C’est pour­quoi ces socié­tés secrètes, quel que fût leur nom, ont été frap­pées d’a­na­thème par les sou­ve­rains pon­tifes nos pré­dé­ces­seurs Clément XII, Benoit XIV, Pie VII, Léon XII, aux­quels nous sommes appe­lé à suc­cé­der mal­gré noire fai­blesse. Nous confir­mons leurs lettres apos­to­liques à ce sujet de toute la plé­ni­tude de notre pou­voir, et ordon­nons qu’elles soient entiè­re­ment obser­vées. Nous ne négli­ge­rons rien pour pré­ser­ver l’Église et les étals de la conspi­ra­tion de ces sectes, après vous avoir enga­gés à nous aider tous les jours de votre cou­rage, afin que cou­verts de l’ar­mure du zèle nous sou­te­nions avec force et dans un même esprit notre cause, ou plu­tôt la cause de Dieu, pour ren­ver­ser ce retran­che­ment où s’a­brite l’im­pié­té hideuse des méchants.

Nous avons vou­lu vous dési­gner en par­ti­cu­lier une de ces socié­tés secrètes éta­blies depuis peu pour cor­rompre les jeunes gens que l’on ins­truit dans les gym­nases et les lycées. Sa tac­tique consiste à recher­cher des maîtres dépra­vés, qui conduisent les élèves dans les voies de Baal par des maximes contraires aux ensei­gne­ments de Dieu, parce qu’on sait bien que ce sont les leçons des maîtres qui forment l’es­prit et le cœur de ceux qui les écoutent. De là viennent ces pro­grès affli­geants de la licence chez les jeunes gens, qui, repous­sant toute crainte de la reli­gion, secouent le frein des mœurs, attaquent la doc­trine sainte, foulent aux pieds les lois divines et humaines, et se jettent sans pudeur dans tous les crimes, dans toutes les erreurs. C’est d’eux que l’on peut dire avec le grand Saint Léon : Ils ont pour loi le men­songe, ils n’a­dorent que les démons et leurs sacri­fices sont l’as­sem­blage de toutes les infa­mies. Repoussez ces maux de vos dio­cèses, véné­rables Frères, et tâchez par la force de votre auto­ri­té et par vos conseils que les jeunes gens n’aient pour maîtres que des hommes qui ne se recom­mandent pas seule­ment par leur ins­truc­tion, mais aus­si par leur conduite et leur piété.

Veillez sur­tout et avec plus de sol­li­ci­tude encore sur vos sémi­naires, dont la direc­tion vous est exclu­si­ve­ment attri­buée par le concile de Trente. C’est là que vous devez trou­ver des hommes qui joignent à l’ins­truc­tion de la dis­ci­pline chré­tienne et ecclé­sias­tique, et des prin­cipes de la saine doc­trine, tant de pié­té dans la pra­tique de leurs fonc­tions divines, tant de science dans l’ins­truc­tion des peuples, tant de gra­vi­té dans leurs mœurs que leur minis­tère soit res­pec­té par ceux-​là mêmes qui ne s’y sou­mettent pas, et qu’ils puissent, par la force de leurs paroles, rame­ner ceux qui s’é­loignent des sen­tiers de la justice !

Aussi nous deman­dons de votre zèle pour le bien de l’Église que vous appli­quiez tous vos soins au choix de ceux à qui vous confie­rez la conduite des âmes, puisque c’est du meilleur choix des pas­teurs que dépend sur­tout le salut des peuples, et que rien ne contri­bue plus à la perte des âmes que d’a­voir pour guides des hommes qui tra­vaillent pour eux et non pour Jésus-​Christ, ou qui, peu ins­truits de la vraie science, sont empor­tés à tout vent, et ne sau­raient conduire le trou­peau aux saints pâtu­rages qu’ils ignorent ou qu’ils dédaignent.

Comme les mau­vais livres se pro­pagent de toute part en nombre infi­ni, et qu’à leur aide le lan­gage des impies s’é­tend comme une gan­grène dans tout le corps de l’Église, veillez sur votre trou­peau, et n’é­par­gnez rien pour le mettre à l’a­bri de cette peste, la plus dan­ge­reuse de toutes.

Avertissez sou­vent les bre­bis de Jésus-​Christ qui vous sont confiées, comme le fai­sait notre saint pré­dé­ces­seur et bien­fai­teur Pie VII, que, si elles veulent se sau­ver elles ne paissent que dans les pâtu­rages où les conduit la voix et l’au­to­ri­té de Pierre. Dès qu’elle les rap­pelle ou les détourne qu’elles fuient avec hor­reur, comme d’un lieu dan­ge­reux et pes­ti­len­tiel, sans s’ar­rê­ter aux appa­rences qui trompent et aux attraits qui corrompent.

Dans le temps où nous vivons, nous avons cru devoir encore recom­man­der ins­tam­ment à votre zèle pour le salut des hommes une grande sol­li­ci­tude pour la sain­te­té du mariage. Que votre peuple apprenne à res­pec­ter ce Sacrement auguste, afin qu’il n’ar­rive rien qui le pro­fane, rien qui souille la pure­té de la couche nup­tiale, rien enfin qui jette du doute sur l’in­dis­so­lu­bi­li­té de ce lien : il n’y a qu’un moyen pour y réus­sir ; il faut que le peuple chré­tien sache bien que le mariage n’est pas seule­ment régi par de lois humaines, mais par la loi divine ; que ce n’est pas une chose ter­restre, mais bien une chose sainte et par suite subor­don­née entiè­re­ment à la puis­sance de l’Église. Car l’u­nion conju­gale qui n’a­vait d’a­bord d’autre but que la repro­duc­tion et la per­pé­tui­té de l’es­pèce humaine a été éle­vée par Notre Seigneur Jésus-​Christ à la digni­té de Sacrement et enri­chie des dons célestes. La grâce a per­fec­tion­né la nature, et main­te­nant la nais­sance des enfants est moins un sujet de joie que l’of­frande que l’on en fait au vrai Dieu pour les éle­ver dans la Religion, et aug­men­ter ain­si le nombre des fidèles. Il est bien constant en effet que cette union du mariage, dont Dieu est l’au­teur, est la figure de l’u­nion intime et éter­nelle de Notre Seigneur Jésus-​Christ avec son Église ; et que cette socié­té étroite du mari et de la femme est un sacre­ment, c’est à dire un signe sacré de l’a­mour immor­tel de Jésus-​Christ pour son épouse. Il faut donc ins­truire les peuples sur ce point, leur expli­quer ce qui est ordon­né et ce qui est défen­du par les lois de l’Église et les décrets des conciles, afin qu’ils se conforment à ce qui est de l’es­sence du Sacrement et évitent avec soin tout ce que l’Église a condam­né. C’est ce à quoi nous vous enga­geons autant qu’il est en nous, et nous nous en rap­por­tons à votre pié­té, à votre sagesse et à votre zèle.

Telles sont, véné­rables Frères, les choses qui nous affligent le plus vive­ment dans ce moment, où pla­cés sur la chaire du prince des apôtres nous devons nous sen­tir enflam­més du zèle de la mai­son de Dieu. Il en est d’autres en grand nombre et bien graves aus­si, que vous connais­sez bien et qu’il serait trop long d’é­nu­mé­rer ici. Nous est-​il pos­sible de rete­nir notre voix au milieu des dan­gers de l’Église ? Nous est-​il pos­sible de céder à des rai­sons humaines, ou de nous endor­mir lâche­ment et de nous taire lorsque la tunique de notre Sauveur, qui avait échap­pé à la rage des bour­reaux qui le cru­ci­fièrent, est aujourd’­hui déchi­rée en lam­beaux ? Non, non, nos très chers frères, ce n’est pas lorsque le trou­peau est pour­sui­vi à outrance que le pas­teur qui l’aime lui refuse ses soins empres­sés. Nous sommes convain­cu que vous en feriez plus encore que nous ne vous deman­dons, dans votre zèle pour sou­te­nir, étendre et pro­té­ger la reli­gion de nos ancêtres pour vos man­de­ments, vos conseils, vos tra­vaux et vos efforts.

Mais dans des temps aus­si fâcheux, il faut sur­tout prier du fond du cœur, et sup­plier Dieu avec fer­veur et per­sé­vé­rance qu’a­près avoir réta­bli Israël de ses bles­sures, il fasse fleu­rir par­tout la reli­gion sainte et accorde aux peuples une paix vraie et durable. Qu’il daigne dans sa misé­ri­corde jeter un regard de pro­pi­tia­tion sur les temps de notre minis­tère et diri­ger et sou­te­nir lui-​même le pas­teur de ses bre­bis. Que les princes puis­sants et magna­nimes favo­risent nos tra­vaux et notre zèle, et que celui qui a dis­po­sé leurs cœurs à entrer dans les voies de sa jus­tice les for­ti­fie encore par un sur­croît de ses dons sacrés, afin qu’ils tra­vaillent avec cou­rage à la pros­pé­ri­té et au salut de l’Église, que tant de mal­heurs plongent dans le deuil.

Recourons à l’in­ter­ces­sion de la très sainte mère de Dieu, Marie. C’est elle qui a détruit toutes les héré­sies ; c’est elle que nous saluons de nos hom­mages sous le titre de secours des chré­tiens pour avoir ren­du à cette ville de Rome, après tant d’af­flic­tions de tout genre, notre très saint pré­dé­ces­seur Pie VII. Demandons avec ins­tance au prince des apôtres Pierre et à son com­pa­gnon Paul qu’ils nous main­tiennent sur la pierre de la foi catho­lique, et nous pré­servent de tous les ébran­le­ments et de tous les orages ; qu’ils nous obtiennent ces faveurs du prince des pas­teurs, Jésus-​Christ notre Seigneur, que nous conju­rons de répandre sur vous, véné­rables frères, et sur vos trou­peaux les dons les plus abon­dants de la grâce, de la paix et de la joie. Nous vous don­nons notre béné­dic­tion apos­to­lique comme un gage de notre affection.

Donné à Rome à Saint-​Pierre le 24 mai 1829, la pre­mière année de notre pon­ti­fi­cat.

Pie VIII, Pape