LAB de l’école Saint-​benard de Courbevoie (92) – Mai 2011

Lettre aux parents, amis et bienfaiteurs


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Editorial de l’abbé Bernard de Lacoste

D’homme, il est devenu femme !

Lorsqu’en juin 2010, ce pro­fes­seur de physique-​chimie au lycée Saint-​Dominique de Saint-​Herblain, près de Nantes, a quit­té ses élèves, à la fin de l’année sco­laire, il se pré­nom­mait Vincent. A la ren­trée de sep­tembre, il se pré­nom­mait Martine. Pendant les grandes vacances, il avait chan­gé de sexe, a‑t-​il expliqué.

Face à la sur­prise des élèves et au mécon­ten­te­ment de cer­tains parents, le chef d’établissement a décla­ré : « ce chan­ge­ment d’identité est un che­mi­ne­ment per­son­nel qui s’impose à nous, et nous n’avons pas à nous posi­tion­ner là-​dessus. Ce qui compte, c’est le pro­fes­sion­na­lisme de ce pro­fes­seur ». Quant à la direc­tion dio­cé­saine de l’enseignement catho­lique, elle a sim­ple­ment dépê­ché une psy­cho­logue pour répondre à l’éventuel trouble des adolescents.

Cette anec­dote est la consé­quence pra­tique d’une théo­rie appe­lée « gen­der », d’après laquelle l’être humain choi­sit s’il veut être un homme ou une femme. Cette théo­rie repose sur la dis­tinc­tion entre le sexe d’une per­sonne, qui est une réa­li­té bio­lo­gique, et son genre (homme ou femme), qui est une réa­li­té psy­cho­lo­gique. Un être humain pour­vu d’un sexe fémi­nin ne serait pas pour autant une femme.

Cette théo­rie se fonde sur une phi­lo­so­phie erro­née appe­lée exis­ten­tia­lisme. Son prin­ci­pal repré­sen­tant, Jean-​Paul Sartre, affirme : « L’homme est liber­té (…). L’homme existe d’abord et se défi­nit après. Il n’y a pas de nature humaine (…). L’homme n’est rien d’autre que ce qu’il se fait »((L’existentialisme est un huma­nisme, 1945)). Dans le même esprit, Simone de Beauvoir, la com­pagne de Sartre dans le péché comme dans l’absurdité intel­lec­tuelle, écrit : « On ne naît pas femme : on le devient »((Le deuxième sexe, 1949)). Elle ose même ajou­ter : « La mater­ni­té est incom­pa­tible avec l’émancipation de la femme ».

Comment réagir devant de telles aber­ra­tions ? En ouvrant les yeux, en gar­dant les pieds sur terre et en réflé­chis­sant sai­ne­ment. Qu’il y ait une nature humaine, c’est mani­feste. Sinon, com­ment dis­tin­guer un être humain d’un ani­mal ou d’un végé­tal ? Les chiens ne font pas les chats. Les dro­ma­daires n’engendrent pas des pom­miers. Jamais une écre­visse ne sera la mère d’un nénu­phar. Et si nous uti­li­sons l’expression « être humain » ou « homme », n’est-ce pas la preuve que ces mots dési­gnent une réa­li­té ? Ou alors, le lan­gage ne signi­fie rien. Il ne res­te­rait plus qu’à se taire ! Allons plus loin. Il existe une nature humaine, mais il existe aus­si dans cette nature humaine une dis­tinc­tion entre deux caté­go­ries de per­sonnes : les hommes et les femmes. Certains vou­draient pou­voir choisir.

Ne pas le pou­voir serait une atteinte à leur liber­té ! Hélas, de même que nous ne choi­sis­sons pas notre nature, et que l’homme qui vou­drait être un oiseau res­te­ra un homme, de même nous ne choi­sis­sons pas notre sexe. Saint Thomas d’Aquin explique que l’âme et le corps forment un tout, et non deux par­ties indé­pen­dante s . Ainsi, lorsque le corps est mas­cu­lin, l’âme l’est aus­si. Une femme est donc femme dans toute son âme et sa psy­cho­lo­gie. On ne peut donc pas dis­tin­guer le sexe du genre.

Derrière ce débat, qui serait risible s’il ne cor­res­pon­dait pas à une triste réa­li­té, se cache une doc­trine per­ni­cieuse qui conta­mine les men­ta­li­tés. Le monde actuel veut nous faire croire qu’il n’y a aucune dif­fé­rence entre un homme et une femme ; peut-​être quelques dif­fé­rences phy­siques, mais rien de plus. Par consé­quent, les femmes auraient exac­te­ment les mêmes droits et les mêmes devoirs que les hommes. Elles auraient le même rôle à rem­plir dans la famille et dans la société.

Pour nous convaincre de la faus­se­té de ces pro­pos, rappelons-​nous la créa­tion : Dieu crée d’abord Adam, puis constate qu’il souffre de la soli­tude, et donc crée Eve, « une aide sem­blable à lui ». Dieu leur demande ensuite d’être féconds et de se multiplier.

Bien que l’homme comme la femme aient été créés à l’image de Dieu, le récit de la créa­tion montre que la femme n’est pas un homme. C’est sur­tout par la pro­créa­tion que leurs dif­fé­rences appa­raissent. Tandis que le père donne la vie à titre de source, la mère l’accueille et la déve­loppe. Le père donne la vie. La mère la trans­met. Le corps mater­nel est comme un nid où va éclore la vie, où l’enfant sera pro­té­gé et aimé, nour­ri et réchauf­fé, où il pour­ra s’abandonner en toute sécu­ri­té à l’abri du cœur de sa mère. La mis­sion de la femme consiste donc prin­ci­pa­le­ment dans la mater­ni­té : enfan­te­ment et édu­ca­tion des enfants. « La femme se sauve par la mater­ni­té »((I Tim II 15)) dit saint Paul. Quant aux jeunes filles appe­lées à consa­crer leur vir­gi­ni­té à Dieu, elles deviennent mères elles aus­si, mais de façon spi­ri­tuelle, par une géné­ra­tion invi­sible mais bien réelle. L’union de l’amour du Christ avec l’amour de la vierge consa­crée enfante les âmes à la vie surnaturelle.

La pre­mière consé­quence concerne la place à occu­per dans la socié­té. La pré­sence de la mère auprès de ses enfants est plus indis­pen­sable que celle du père. Les femmes ont une place essen­tielle dans la socié­té fami­liale ; une place que les hommes n’ont ni la voca­tion ni la capa­ci­té d’occuper. Une édu­ca­trice d’enfants défa­vo­ri­sés remar­quait : « La femme est le cœur de la famille. Si nous avons aujourd’hui de graves pro­blèmes à résoudre, cela vient de ce que la femme n’est plus le cœur de la famille, et l’enfant, quand il rentre à la mai­son, ne trouve plus sa mère pour l’accueillir ». Le pape Pie XII consta­tait la même chose : « C’est la femme qui fait le foyer et qui en a le soin, et jamais l’homme ne sau­rait la rem­pla­cer dans cette tache. C’est la mis­sion qui lui est impo­sée par la nature et par son union avec l’homme, pour le bien même de la socié­té. Entraînez-​la hors de sa famille, vous ver­rez la femme négli­ger son foyer, et qu’arrivera-t-il sans cette flamme ? L’air de la mai­son se refroi­di­ra ; le foyer ces­se­ra pra­ti­que­ment d’exister et il se chan­ge­ra en un pré­caire refuge de quelques heures ».

Certaines fémi­nistes trouvent que le tra­vail de la femme au foyer est humi­liant. Mais que fai­sait la très sainte Vierge Marie chaque jour ? Or, n’était-elle pas la mère de Dieu ? Son divin Fils ne lui a‑t-​il pas réser­vé les acti­vi­tés les plus belles et les plus conformes à sa nature ? D’ailleurs, pour faire une bonne mère au foyer, les com­pé­tences requises sont éle­vées et nom­breuses : la femme doit être tout à la fois cui­si­nière, cou­tu­rière, infir­mière, lin­gère, pay­sa­giste, ins­ti­tu­trice, jar­di­nière, chauf­feur de taxi, hôte­lière, secré­taire, comp­table ! Qui ose­ra pré­tendre que la conjonc­tion har­mo­nieuse de ces mul­tiples métiers est dégra­dante ? On voit au contraire que la mère au foyer doit être très com­pé­tente, d’où la néces­si­té de se pré­pa­rer à cette noble tache dès le plus jeune âge en famille, à l’école et dans les autres activités.

Si la mis­sion de la femme consiste dans la mater­ni­té, celle de l’homme se résume dans l’autorité, comme l’explique Pie XII :

« Maris, vous avez été inves­tis de l’autorité. Dans votre foyer, cha­cun de vous est le chef, avec toutes les obli­ga­tions et les res­pon­sa­bi­li­tés que ce titre com­porte. N’hésitez donc pas à exer­cer cette auto­ri­té ; ne vous sous­trayez pas à ces devoirs, ne fuyez pas ces res­pon­sa­bi­li­tés. Que l’indolence, la négli­gence, l’égoïsme et les passe-​temps ne vous fassent pas aban­don­ner le gou­ver­nail du navire fami­lial confié à vos soins ».

C’est une mis­sion éle­vée, qui sup­pose de mul­tiples qua­li­tés, notam­ment la fer­me­té de carac­tère, la maî­trise de soi, la pru­dence, la bon­té, l’esprit de déci­sion et le sens des res­pon­sa­bi­li­tés. Par ana­lo­gie avec le corps humain, si la mère est le cœur de la famille, le père en est la tête. De la même façon, il appar­tient donc aux hommes, plus qu’aux femmes d’exercer des res­pon­sa­bi­li­tés impor­tantes à l’extérieur du foyer, dans la vie poli­tique ou dans le monde de l’entreprise.

La deuxième consé­quence du plan divin regarde les qua­li­tés spé­ci­fiques. Comme l’homme a un rôle dif­fé­rent de la femme, Dieu lui a don­né des qua­li­tés dif­fé­rentes. Ordinairement, on constate que les hommes sont doués d’une cer­taine hau­teur de vue, d’un juge­ment réflé­chi et logique, du sens de l’abstraction et de l’universel. Comme la nature ne fait rien au hasard, ces qua­li­tés leur per­mettent de bien exer­cer leur rôle de chef. Quant aux femmes, Dieu leur a don­né des qua­li­tés com­plé­men­taires : plus que les hommes, elles sont douées d’une vive sen­si­bi­li­té, de ten­dresse, d’intuition, de déli­ca­tesse, du sens du concret et du détail. Ces qua­li­tés per­mettent à la femme de bien réa­li­ser sa mis­sion de mère.

Le fémi­nisme, cher­chant à tout prix l’égalité, veut gom­mer toutes les dif­fé­rences entre les hommes et les femmes, non seule­ment sur le plan ves­ti­men­taire, en impo­sant le pan­ta­lon aux femmes, mais sur­tout sur le plan social et pro­fes­sion­nel. Il est impen­sable, disent les fémi­nistes, que cer­tains métiers soient réser­vés aux hommes, et d’autres aux femmes. Pourtant, Notre-​Seigneur n’a choi­si que des hommes pour être prêtres. Cela s’explique par le fait que le sacer­doce est une fonc­tion d’autorité dans l’Eglise. On recon­naî­tra aus­si aisé­ment que cer­tains métiers éprou­vants phy­si­que­ment comme celui de démé­na­geur, de légion­naire ou de pom­pier sont spé­ci­fi­que­ment mas­cu­lins, parce que les hommes sont plus forts que les femmes sur le plan phy­sique. A l’inverse, la mater­ni­té est réser­vée à la femme, et tous les métiers qui s’y rap­portent sont mieux pra­ti­qués par les femmes, parce que le soin des petits enfants demande ten­dresse, intui­tion et sen­si­bi­li­té, domaines dans les­quels les femmes sont supé­rieures aux hommes. Pensons par exemple aux sages-​femmes et aux pué­ri­cul­trices. Remarquons aus­si qu’il y a davan­tage d’institutrices que d’instituteurs, sur­tout en mater­nelle et en CP.

Admirons donc l’harmonie de l’œuvre de Dieu. Mais qui dit har­mo­nie dit ordre, et donc hié­rar­chie et inéga­li­té. Dans la famille, le chef est l’homme, et son épouse est sa com­pagne, non sa ser­vante. Par ses qua­li­tés spé­ci­fiques, elle apporte à son mari un enri­chis­se­ment pré­cieux qui com­plète les qua­li­tés mas­cu­lines. Il est donc indis­pen­sable que les hommes soient virils et que les femmes déve­loppent leurs qua­li­tés fémi­nines. C’est seule­ment à ces condi­tions que l’ordre natu­rel et divin sera conser­vé, et qu’ainsi la famille et la socié­té survivront.

Nous devons sou­li­gner les dif­fé­rences, parce que l’un des vices de notre temps est de recher­cher la sim­pli­fi­ca­tion dans l’uniformité.

Le désordre de notre temps consiste à tendre vers une socié­té sans classe, des êtres sans nature, une vie sans règle, une huma­ni­té sans discrimination((voir Gustave Corçao, Les fron­tières de la tech­nique, 1973)). Au contraire, la socié­té que nous vou­lons bâtir est riche­ment dif­fé­ren­ciée et net­te­ment hié­rar­chi­sée. Il serait impos­sible de peindre un joli tableau si le rouge n’était pas dif­fé­rent du bleu. Il serait éga­le­ment impos­sible de jouer une belle musique si toutes les notes étaient de même fré­quence. Imaginons ce qui nous arri­ve­rait si les vété­ri­naires déci­daient de res­sem­bler le plus pos­sible aux plom­biers, et réci­pro­que­ment. Les vété­ri­naires cher­che­raient à gué­rir les ani­maux avec la tech­nique de la sou­dure et de la vidange ! Cet éga­li­ta­risme ne pro­fi­te­ra ni aux ani­maux ni à la plom­be­rie. Aucune socié­té ne peut se per­mettre de tolé­rer l’idée selon laquelle un ani­mal et une plom­be­rie seraient sen­si­ble­ment la même chose. Aucune socié­té ne peut se per­mettre de tolé­rer l’idée selon laquelle un homme et une femme seraient sen­si­ble­ment la même chose. Plus fémi­nine sera la femme, plus viril sera l’homme, mieux nous obtien­drons l’ordre véri­table et vivant qui est le fon­de­ment du bon­heur des hommes.

Abbé Bernard de Lacoste, Directeur