« Aux catholiques du diocèse de Créteil » par Mgr Santier

Sauf avis contraire, les articles ou confé­rences qui n’é­manent pas des
membres de la FSSPX ne peuvent être consi­dé­rés comme reflétant
la posi­tion offi­cielle de la Fraternité Saint-​Pie X

« Aux catholiques du diocèse de Créteil, aux habitants du Val de Marne »

Je com­prends l’émotion et le trouble de beau­coup d’entre vous, et de ceux que vous côtoyez chaque jour, suite à la déci­sion du Pape Benoît XVI.

Le trouble est accen­tué par la simul­ta­néi­té de l’annonce, dans les médias, de la déci­sion du Pape et des décla­ra­tions néga­tion­nistes de Monseigneur Richard Williamson.

Il est impor­tant de dis­tin­guer les deux évé­ne­ments. Les pro­pos de Monseigneur Williamson sont inac­cep­tables et inad­mis­sibles, un déni de la véri­té his­to­rique, et nous ne pou­vons admettre sur ce point aucune concession.

Nos frères Juifs, habi­tant dans Val de Marne, peuvent être assu­rés de mon enga­ge­ment et de celui de l’Église dio­cé­saine, à com­battre toute forme d’antisémitisme, comme toute forme d’exclusion vis à vis d’autres com­mu­nau­tés croyantes, ou toute forme de racisme, et je par­tage leur émotion.

La déci­sion du Pape Benoît XVI de lever l’excommunication des quatre évêques, ordon­nés par Monseigneur Lefebvre, est d’un autre ordre. Cette déci­sion est loin de conclure le dossier.

Il est hors de ques­tion, dans notre dio­cèse, de remettre en cause l’enseignement du Concile Vatican II : l’émergence du visage de l’Église comme com­mu­nion et com­plé­men­ta­ri­té des voca­tions au ser­vice du Peuple de Dieu, l’engagement de l’Église dans la socié­té, notam­ment auprès des plus pauvres, la liber­té de conscience, le dia­logue œcu­mé­nique, qui a un fon­de­ment évan­gé­lique, et les rela­tions avec les autre religions.

Mais, nous pou­vons entrer dans la com­pré­hen­sion de l’intention du Pape. Il a essayé jusqu’au der­nier moment d’empêcher Monseigneur Lefebvre de com­mettre l’irréparable qui bri­sait la com­mu­nion. Il a par­ta­gé la souf­france de Jean-​Paul II : la rup­ture de com­mu­nion dans l’Église. Il ne veut pas que cette frac­ture demeure durant des siècles.

En don­nant la pos­si­bi­li­té de célé­brer la messe dans le rite pré­cé­dant le Concile, et en levant l’excommunication, il veut ouvrir le che­min du dia­logue en véri­té et de la récon­ci­lia­tion.

Mais ce dia­logue deman­de­ra encore du temps pour che­mi­ner vers la pleine com­mu­nion, et le décret sou­ligne bien que l’acceptation de l’enseignement du Magistère du Pape com­prend l’acceptation entière du Concile Vatican II.

En accueillant ce désir légi­time du Saint Père, notre Église dio­cé­saine ne change pas de cap : elle demeure une Église à l’écoute de la Parole de Dieu et à l’écoute des hommes et des femmes de ce temps, enga­gée dans l’histoire. Elle est faite pour le monde, pour annon­cer l’Évangile à toutes les géné­ra­tions, sou­te­nir l’espé­rance des hommes en ce temps de crise éco­no­mique et sociale.

Ne nous lais­sons pas trou­bler. Que l’espé­rance habite nos cœurs.

Tournons-​nous vers ce qui doit nous pré­oc­cu­per : pro­po­ser la Parole de Dieu à tous, comme nous le vivrons dans le grand ras­sem­ble­ment du 14 juin, où j’invite cha­cun et cha­cune d’entre vous.

Mgr Michel Santier, Evêque de Créteil