Avatar au Vatican

Le lec­teur se sou­vient peut-​être du film Avatar qui raconte l’his­toire édi­fiante d’un petit bon à rien cor­rom­pu par la socié­té tech­no­lo­gique, et qui est enga­gé pour « péné­trer » une tri­bu des mer­veilleux huma­noïdes bleus de la pla­nète Avatar. Ils vivent dans le bon­heur en sym­biose avec la nature, mais ils ne veulent pas lais­ser les tech­no­crates avides et méchants leur voler leur métal pré­cieux. Il est accep­té dans la tri­bu, il est conver­ti à la reli­gion de la nature et des arbres-​qui-​pensent, et il les sauve fina­le­ment en tuant les vilains hommes-robots-technologiques-névrosés.

Vous avez vision­né Avatar ? Alors vous savez tout sur l’Instrumentum Laboris du futur synode. Lisez la suite si vous y tenez.

L’Instrumentum Laboris parle les indi­gènes ama­zo­niens. Des indi­gènes aus­si réels et vrai­sem­blables que les huma­noïdes bleus. Ils ont toutes les qua­li­tés, ils sont bons, heu­reux, pro­phètes, ins­pi­rés par le Saint Esprit. Il faut se mettre à leur écoute. 160 pages de fan­tasmes en ape­san­teur pour une nou­velle révélation.

Tout le mal vient de la « rup­ture de l’al­liance ori­gi­nelle de l’être humain avec la créa­tion (…) et avec Dieu ». Les pro­phètes ama­zo­niens dans leur grande bon­té et leur sagesse vont nous apprendre à « se connec­ter avec soi-​même, avec les autres, avec la nature » (page 117).

Nous nous trom­pions. On nous a trom­pé. Jésus-​Christ n’a­vait rien com­pris. « (Il faut) se lais­ser sur­prendre par la sagesse des peuples autoch­tones » (…), Acquérir « notre vision croyante de la réa­li­té ama­zo­nienne ». « L’esprit créa­teur qui rem­plit l’u­ni­vers (…) a nour­ri la spi­ri­tua­li­té de ces peuples bien avant l’an­nonce de l’Évangile ». Les indi­gènes savent. Braves nigauds de catho­liques, ayez « une écoute res­pec­tueuse, la voix du Christ qui parle à tra­vers le peuple de Dieu » (page 133).

Pour être clair : pas de péché ori­gi­nel, un « péché éco­lo­gique » ; donc pas de bap­tême : le remède, « faire un che­mi­ne­ment inté­rieur pour recon­naître les atti­tudes et les men­ta­li­tés qui empêchent de se connec­ter avec soi-​même, avec les autres, avec la nature ».

Évidemment il faut la contri­tion, le ferme pro­pos. Soyons : « une église en sor­tie qui laisse der­rière elle une tra­di­tion faite de colo­nia­lisme mono cultu­rel, de cléricalisme… ».

Disciple, répète : « Je renonce à Jésus-​Christ à ses men­songes et à ses séduc­tions, et je m’at­tache à la nature ama­zo­nienne pour toujours ».

Il est clair qu’il faut éli­mi­ner le cler­gé. L’église devra recon­naître : « le minis­tère spé­cial de l’agent pas­to­ral qui œuvre pour la sau­ve­garde de la Maison Commune » (avec majus­cule s’il vous plaît).

C’est mai 68 en ver­sion clé­ri­cale, avec 50 ans de retard. En 68, c’é­taient des fils de bour­geois qui se dégui­saient en bleu de chauffe Mao Tsé Toung. Maintenant ce sont des curés gras­souillets dans leur salle de confé­rence cli­ma­ti­sée qui s’en­ca­naillent avec les sor­ciers, fiers de leur audace, et qui crient : « l’i­ma­gi­na­tion au pou­voir, sous les pavés, la plage, et demain le bon­heur pour le genre humain ».

Abbé P. Marcille

Les numé­ros de page font réfé­rence à l’Ed. San Paolo 2019

Source : La Porte Latine du 16 octobre 2019